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DANIEL (LES SOIXANTE-DIX SEMAINES DU PROPHÈTE 1


1' « erreur » commise par l’auteur du livre dans l’appréciation du temps écoulé entre la chute de l’empire chaldéen et la mort du grand-prêtre Onias III. Bevan, op. cit., p. 148-149 ; Marti, op. cit., p. 72-73. Le mot dépasse assurément la mesure ; aussi, dans l’hypothèse critique, la seule base acceptable pour la computation des semaines serait-elle le symbolisme du schéma de « soixante-dix » imposé en quelque sorte par les 70 ans de Jérémie, partageable par à peu près en schémas secondaires de 7, 62 et 1, selon la situation chronologique approximativement appréciée par le prophète écrivain, et sans que celui-ci se fût autrement soucié de la faire matériellement exacte, des jalons posés par l’histoire : Cyrus, reconstruction de Jérusalem, Onias III, Antiochus, etc., sur la route à parcourir à partir des temps daniéliques. Driver, op. cit., c. IX, dissertation appendiculaire. — b) Un autre fondement du système et qui, une fois bien assis, cadrerait fort à la symbolisation des semaines, c’est la thèse critique de la composition du livre au temps d’Antiochus IV par un écrivain juif machabéen. Voir col. 72-73. Abstraction faite de j la vision du c. ix, toutes les visions paraissent aboutir à l’impie Anliochus dont l’auteur nous fait connaître la vie en détail jusqu’en 168, spécialement au c. xi, ainsi que les démêlés et les alliances des Séleucides et des Lapides au début du IIe siècle avant notre ère ; mais l’abondance et la précision des détails historiques sont restreintes à cette seule période gréco-syrienne, les quatre empires sont à peine esquissés et l'écrivain en déroule l’histoire comme si elle appartenait à un passé déjà éloigné ; d’autre part, le vague du détail recommence justement lorsqu’il s’agit de prédire la mort d’Antiochus et les événements qui la devaient circonstancier et conditionner. Or, la prophétie des semaines coïncide dans Ion to hypothèse, pour une bonne part, à savoir pour les semaines correspondantes aux iv et nie siècles avant notre ère, avec l'époque imprécise et obscure des autres visions ; elle n’indique même aucun événement pour cette période ; elle détaille pourtant avec complaisance et clarté suffisante la dernière semaine, où les faits et les temps vont d’eux-mêmes à - identifier aux faits et aux temps de la persécution de l’Kpiphane marqués dans les autres visions ; elle se garde enfin de rien dire de précis sur la ruine du persécuteur. L’auteur agirait donc en tout comme s’il écrivait en l’année 168 ; et l’oracle des semaines ne serait, lui aussi, qu’une vue rétrospective des temps écoulés depuis la captivité, un cadre chronologique ou approximatif, ou symbolique, donné aux événements intéressant particulièrement la nation juive durant les siècles compris entre la date du retour et les jours d'épreuves amenés par l’oppression syrienne sous Antiochus IV. Le pseudo-Daniel aurait esquissé ce cadre i n ^ile prophétique, ou mieux apocalyptique, dans l’intention de mettre en relief, par une fiction dont tuèrent dans une si large mesure les auteurs d’apocalypses juives, l’action de la providence divine sur la heureuse ou malheureuse pour le peuple choisi des rapports de ce dernier avec les autres nations : hien qui a tiré de peine « les saints de son royaumes lors de Cyrus et de la reconstruction de Jérusalem le retour, ne saurail manquer de les sauveraussi

lors des attentats coi is contre eux, contre le temple

et le sacerdoce, contre la ville, par le plus cruel et le pins implacable des rois païens, par l’impie et lartifiÉpiphane. c Le eclionnement du t. 585 dans le texte massorétique a eu aussi sa pari d’influence dan re de l’interprétation critique. Un i oint i, gratifié trcroll du litre de <> prince », se trouvant placi 1 la fin di - jepl premières semaines, il devenait Emile d’attribuer cette double qualification a quelque

important personnagi qui ie fui tur la lisière c muiie des et iv< sii des, 19 an ' 7 environ

l'édit d’Artaxerxès (soit 454). Et encore que les 62 semaines fussent peut-être à considérer comme un chiffre rond, approximatif, symbolique, attendu qu’elles ne pouvaient plus être rétrécies, il fallait en faire remonter le point de départ beaucoup plus haut qu’Artaxerxès, jusqu'à l'édit de Cyrus, sinon jusqu'à l’avènement de ce prince au trône des Perses, moments indiqués par Isaïe, xliv, xlv. Le point initial des 70 semaines reculait encore de 49 ans en arrière et atteignait les temps des plus ardentes prédications de Jérémie, xxv, xxx-xxxi.

A condition qu’on dût la dépouiller de toute nuance rationaliste et de tout caractère d’hostilité à la véracité de l’auteur sacré, l’interprétation critique pourrait être acceptée par le catholique le plus sincère, soit que celui-ci considérât l’oracle des semaines comme une véritable prophétie, soit qu’il le voulut composé au temps d’Antiochus : annonce prophétique de l’avenir, ou histoire sainte du passé et du présenl, mais type historique, Dan., ix, 24-27, garderait également bien dans son objet direct le sens messianique que lui a reconnu ou attribué la tradition chrétienne depuis l’origine jusqu'à nos jours. Cf. cardinal Meignan, Les derniers prophètes d’Israël, p. 136-165.

Tous les commentaires et les monographies : 1° Catholiques : Hardouin, De lxx hebdomadibus Danielis, dans Opéra setecta, Amsterdam, 1705, p. 880-903 ; Calmet, Dissertation sur les 10 semaines de Daniel, dans Commentaire littéral, t édit., Paris, 1726, t. VI, p. 614-621 ; Sclioll, Comment, exeget. de septuaginta hebdomadibus Danielis, 1829 ; Bade, Christologie des Alten Testament, t. iii, fasc. 2, Munster, 1852, p. 75-13'i ; Reinke, Die messianischen Weissagungen, Giessen, 1862. t. iv, p. 167-440 ; Mayer, Die mess. Prophezien des Daniel, Vienne, 1866, p. 158 sq. ; Stawars, Die Weissagung Daniels in Beziehung auf das Tau/jahr Christi, dans Tùbing. Quartalschrift, 1868, p. 416 sq. ; Reusch, Patristische Berechnung der 10 Jahreswochen, ibid., 1868, p. 536 sq. ; Neteler, Die Zeit der 10 Jahreswochen Daniels, ibid., 1875, p. 133 sq. ; Fraidl, Die Exégèse der Siebzig Wochen Daniels, Graz, 1883 ; Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 188'j, t. i, p. 474-515 ; Lamy, La prophétie de Daniel, dans La controverse, Lyon, février 1886 ; et dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique de Jaugey, Paris, s. d. (1889), col. 698-721 ; Palmieri, Yaticinium Danielis, dans De vcritale historica libri Judith, Gulpen, 1886, p. 61-112 ; Rebbelynek, Interprètatia vaiicinii de septuaginta hebdomadis, dans De auctoritate historica libri Danielis, Louvain. 1887, p. 281 sq. ; cardinal Meignan, Les rs prophètes d’Israël, Paris, 1891, p. 85-135 ; G. Toby (L. Bigot), Les soixante-dix semaines du prophète Daniel. dans la Revue des sciences ecclésiastiques, Lille, 1900, t. II, p. 148-169, 193-216, 289-305, 495-508 ; Van Etten, Expositio prtedictionum Danielis prophétie Circa tempus quo Jésus Christiis. exspectandUS erat et mortuus est, Rome, 1901 ; Tunnel, Prophétie des soixante-dix semaines, dans Étude sur le livre de Daniel, Paris. 1902, p. 13-27 ; l.agrange, Les prophéties messianiques île Daniel, La prophétie des semaines, dans la Revue I, il, li, /ne, 1904, |i 509-514 ; Uémaln, Les 10 semaines de la prophétie de Daniel, 2e édit., Paris, 1904 : Tostivint, Les 1° mis de lie et les 10 semaines de Daniel, Interprétation nouvelle, Bennes, 1906 ; .1. van lîehlior, Zur Berechnung der 10 Wochen Daniels, dans Biblischr Zeitschrift, 1906, t. iv, p. 119-141 ; .1. Hontheim, Das Todesjahr Christi und die Danielieche Wo i s Der Katholik, 1907.

2* Protestantes : cti. Wagenseil, Wantissa de lxh hedomadibus Danielis (contre Marebam), in-v, s. t. n. d. ; Hengstenberg, Die siebensig Wochen Daniels, âsns Christologie, Berlin, t. n. p. 401-ôHi ; Wieæler, Die 70 Wochen und die 63 Jahrwochenil, 1889 ; J. K. Hofmann, Die

10 Jahre des Jeremlas und die siebensig Jahrwochen des Daniel, dans it und Er/uUung, Nordlingen, 1841,

t. i, p. 296-311 ; ii' 70 Jahrwochen Daniels, ix, 24 27, dans les ii, —, i. Sttidien und Kritiken 1858 » 785-762 ; n tiesagung von Jeu ~, n John Lms Jahrbucher fur 270 ; Van i anep ' i Daniel, Utreoht,

1888 ; CornlU, Dis tarwoehen Daniels, dan I

und Shizien uns Ost en.

p. 1 sq. ; ii. Wolf, Dis siebzig H ochm n ie Sin

I heol.