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DIEU (SA NATURE SELON LES SCOLASTIQUES)


qu’Aristote l’a compris, on passe, dans la régression des causes mouvantes et mues, par les sphères, et que celles-ci chez Aristote comme chez Platon sont mues par des substances séparées, c’est-à-dire par les anges. Opusc, XV, De angelis seu subslantiis separatis, c. ni ; Opusc, X, Besponsio de arliculis xlii, a. 1 sq. Il n’est donc pas surprenant que le premier moteur d’Aristote soit intelligent et voulant comme le premier bien du Phédon. Le premier moteur d’Aristote est ainsi acte pur, c’est-à-dire perfection sans potentialité. In IV Sent., 1. I, dist. VIII, q. iii, a. 1. Et de la sorte, dit-il, Aristote, Platon, saint Augustin enseignent la même doctrine. Ibiil., ad 2 UU >. Cf. Denys le Chartreux, In IV Sent., I. I, dist. II, q. ii, p. 174. D’ailleurs, d’après saint Thomas, Platon a admis la providence divine ; et bien qu’il n’ait qu’une confiance limitée aux philosophes et ne confonde pas le dogme et la philosophie, cf. Opusc, X, Besponsio de artic. XLII, prolog. ; Mandonnet, Siger de Brabant et l’averroïsme lalin au XIIIe siècle, Fribourg, 1899, p. clxxxiii, il se sert de leur autorité contre les Arabes qui nient ce dogme. Enfin, en ce qui concerne les rapports de Dieu et du monde, il semble qu’au xiiie siècle seul Henri de Gand ait entrevu que la doctrine d’Aristote mettait en péril la dépendance causale du monde à l’égard de Dieu. Au xv siècle, Denys le Chartreux rapporte ce jugement d’Henri de Gand et s’indigne d’un tel soupçon sur l’autorité d’Averroés, qui, dit-il, de tous les commentateurs grecs et arabes, est celui qui a le mieux compris Aristote. De divinis nominibus, c. I, a. 7, Opéra, t. mv, p. 25. Ailleurs, le chartreux en appelle contre Henri à l’autorité de l’École. Et inhis Scotus ralionabiliter coniradicil Henrico, imo solemnissimi doctores, Boelius, Hugo, Alexander, Thomas, Albertus et cseleri fréquenter præallegati fréquenter dicunt et probant contrarium atque déclarant quod Aristotelis intenlio fuit, unirersa qux sunt citra Deum, ab ipso principiative /luxisse. In IV Sent., 1. I, dist. VIII, q. iv, p. 385.

On peut discuter sur la valeur historique des conciliations, des identilications et des appréciations de saint Thomas : l’École ne les a pas toutes adoptées ni retenues, et nous avons dit plus haut, col. 932, qu’elle a rejeté l’argument du premier moteur tel que saint Thomas l’a compris d’après les Arabes. On peut trouver aussi que de tels procédés rendent très difficile l’exégèse de saint Thomas, ce dont nous ne disconviendrons pas, avant depuis longtemps remarqué que la plupart des grandes controverses classiques sur le i " de saint Thomas viennent de ce qu’une partie des théologiens s’applique à l’entendre historiquement en le replaçant dans son milieu, tandis que l’autre partie néglige de prendre cette précaution. Mais quoi qu’il en soitde la vraie pensée d’Aristote et d.’la difficulté que nous pouvons trouver a saisir la vraie pensée (h 1 saint Thomas, on conviendra que rien n’est plus chrétien et, quant a la substance d.— la doctrine, que rien n’esl plus traditionnel que le Dieu péripatéticien qu’il non lente.

2° Elémenti péripalélicieru introduits en théodi — Nous n’avons ici aucune prétention a être complet et nous éviterons de parti pris tout ce qui pourrai !

mbler’un catalogue ou < nue revue des i ries d’Aristote. A qui aurait besoin d’un tel rép< i le premier manuel venu donnera satisfaction, pourvu qu’il connaisse la métaphysique d Irlstote. Ce quen ai roulons indiqu iment an r siècle on em ploya Aristob poui i’loudre les difficultés en face H’iquelles one trouvait. Nous prenons pour point de dépari la doctrine que heu.-, représentant ici le plato nisnie il. ne l.i p u XIII i’cl.’, avait en*

sur h’nom propre.le iii ii, n. qui ition’rat) ront toutes i autn qu M suffira de noter au po

DICT. DB Tin OL. CATHOL.

Le XIIIe siècle savait que l’enseignement commun des Pères est que le nom de Dieu révélé à Moïse, qui est, non seulement exprime la substance divine, mais que c’est le nom qui convient le mieux à Dieu, parce qu’il signifie l’être absolu, la plénitude de l’être, et indique l’aséité comme la caractéristique de la nature divine. Cf. col. 957. Mais Denys s’inspirant de Proclus, Instilutio theologica, prop. viii, xiii, édit. Didot, p. LUI, lv, soutenait que la bonté, et non pas l’être, est le nom propre de Dieu. Car l’être ne se dit pas de Dieu au sens absolu, mais seulement relativement, au sens causal, en tant que Dieu est le principe de l’être. De divinis nominibus, c. IV, V, p. 103, 213, 362, 375 du t. xvi de Denys le Chartreux, Opéra, Tournai, 1902, où l’on trouvera avec la traduction de Marsile Ficin les deux principales traductions de Denys en usage au moyen âge, Cette vue de Denys, dont l’explication historique n’a commencé à être bien connue qu’au xvie siècle, cf. Jean Pic de la Mirandole, De ente et imo, 1.1, c. iv ; 1. II, réponse aux secondes objections ; Apologia par Jean François, neveu du précédent, Venise, 1519, cette vue de Denys paraissait confirmée par la 4e proposition du livre De causis, tenu pour péripatéticien’.prima rerum creatarum est esse. D’où l’on inférait : ergo secundum peripateticos esse non prmdicatur de Dco, qui est ens increatum. L’accord de l’Académie et du Portique était imposant. Par ailleurs, refusera Dieu le nom d’être, c’était se séparer de la tradition chrétienne et scripturaire ; enfin concéder que le nom de Dieu ne se dit qu’au sens causal, c’était avec les Arabes concéder que nous ne concevons Dieu que par opposition au monde, que nous l’ignorons en lui-même, et mettre en question la libre création et la distinction de Dieu et du monde. Aucune de ces conséquences ne pouvait échapper à un scolastique qui avait lu les Arabes ou seulement le Guide des égarés de Maimonide ; ceux qui les ont lus en conviendront ; d’ailleurs, elles se trouvent fréquemment indiquées dans les difficultés que se posent les écrivains de cette époque et du siècle suivant, et ils n’ont pas eu ici à inventer les arguments qu’ils s’opposent, comme on est trop porté à l’imaginer. Il fallait donc une réponse.

D’abord, les théologiens notèrent que Denys, comme toute la tradition, concédait que le nom qui est convient à Dieu et appelait Dieu l’être. Restait à expliquer en quel sens orthodoxe il avait bien pu dire que l’être n’est pas le nom propre de Dieu, et surtout que l’être ne se dit de Dieu qu’au sens relatif. Notons que sur ce point ni l’autorité de Denys, ni celle du livre De causis ne remportèrent contre l’enseignement traditionnel. Comme Alexandre de Haies, Summa, Venise, 1576, part. I, q. xi.ix, m. iv, a. 2 ; saint Bonaventure, In I V

Sent., I. I, dist. XXII, a. 1, q. ni ; dist. ii, duh. IV. i d il. Quaracchi, t. i, p. 60 ; dist. XXII, a. 1, q, ni ; Itinerarium, c. v, t. v, p. 308 ; Albert le Grand, In IV Sent., 1. I. dist. II. a. Il ; dist. XXII, a. 1 ; saint Thomas enseigne expressi ment m 11 ’e nom 7°’cs’> 1 U’signifie la plénitude de l’être, P spiritualihus creaturis, q. i. a. I. est le nom propre de Dieu, et qu’il exprime li substance divine, absolument, sans relation ave

ires, bien que de lait nous ne connaissions pas heu indépendamment des créatures. Sum. theol. I. q. xiii, a. Il ; In n Sent., I. I, dist. VIII. q. i Contra gentes, l. I. c. xxii, sxviii, xxxvii sq. Mais quant

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quels procédés p ychologiques nous connaissons Dieu absolument, deux. brmèi ent au un* se

qu.m.i dénommée le couranl augustinien ou l’angustinisme après l’avoir appelée l’école rransiscaine,

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