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DANIEL (LES SOIXANTE-DIX SEMAINES DU PROPHÈTE ;


voyant de Babylone s’attacha de préférence, pour en bien saisir les rapports avec l’histoire de son époque, à des notions déjà familières telles que les paroles dites à Jérérnie le prophète, plutôt qu'à de futurs édits dont il ne pouvait avoir à ce moment aucune connaissance naturelle, et dont l’ange Gabriel ne lui a donné ou le « fils de l’homme » du c. x, 16 sq., ne lui donnera aucune connaissance prophétique. De même pour les rapports de l’oracle avec l’histoire de l’avenir, Daniel dut « avoir à cœur de la comprendre », cette histoire encadrée qu’elle était maintenant par la chronologie desdites semaines, en se référant d’abord à la vision du c. vin dont celle chronologie devait lui préparer l’intelligence, ix, 22, 24 ; x, 1, etc., et dont une explication sommaire lui avait déjà été donnée, iii, 13 sq., et en des termes que tous les interprètes, sans exception, reconnaissent viser spécialement l'époque d’Antiochus Épiphane. Car, aussi bien, s’unissent, se compénètrent, s’identifient, du c. vu au c. xii du livre, dans un ordre à peu près constant, pour définir à chaque nouvelle fois un seul et même objet prophétique, à savoir les événements fâcheux qui doivent signaler à Jérusalem et dans toute la Judée les dernières années du prince syrien, nombre de traits qui ne peuvent raisonnablement, à si peu de distance les uns des autres, signifier des choses différentes. Ainsila^i/erreet la dévastation qui fondent sur le peuple des saints et sur la cité, cf. vii, 21 ; viii, 21. 25 ; ix, 26 ; xi, 31, 33-3'i- ; l’hostilité du prince étranger à l'égard de l’alliance d’Israël avec Jahvé, cf. ix, 27a ; xi, 28, 30, 32 ; la cessation ou plutôt Yaholilion du thàmid ou sacrifice perpétuel, cf. viii, 11, 13 ; ix, 276 ; xi, 31 ; xii, 11, et aussi Exod., xxix, 38-42 ; l’abomination du prince dévastateur substituée, dans le temple, à l’offrande quotidienne, cf. viii, 13 ; ix, 27 c ; xi, 31 ; xii, 11 ; la durée de ces épreuves, évaluée à trois ans et demi environ, cf. vii, 25 ; viii, 14 ; ix, Ttb ; xii, 7, 11-12 ; la chute lamentable du persécuteur, cf. vii, 26 ; viii, 26 ; ix. 26e, 27 c/ ; xi, 15 ; l’arrêté ou décret divin par l’effet duquel sont arrivées et la guerre faite aux saints et la ruine du prince, cf. ix, 26(/, 27 rf ; xi, 36 ; le temps de la fin où doit cesser la persécution et commencer le règne de la justice étemelle, cf. viii, 17-19 ; ix, 26d ; xi, 27, 3536. 'itl : xii, V. 9, 13. Il est vrai que l’intervalle compris entre les dernières années deSédécias et la mort d’Antiochus devient alors trop court et ne peut que laisser déborder d’au moins soixante-cinq les 490 années des semaines 589, 10" année de Sédécias — 164, mort d’Antiochus = 125). Mais il n’est pas bien sur que ces 190 années doivent être prises, non plus que leurs subdivisions 49 sept semaines), 434 (soixante-deux semaines el ' me' semaine. pour autre chose que des nombreronds, approximatifs, Les soixante-dix ans de Jérérnie, xxv, 12, dépassent aussi île vingt ans la période réelle de la captivité (586, prise de Jérusalem — 536, éditdu retour.Ml). Les nombres 7, 70 sont, dans ibliques, plutôt symboliques ; cf. seulement I.ev.. xxvi, 27-39, passage auquel se réfèrent, du reste, leversets M et 13 de la prière de Daniel, comme pour entir la conversion des 70 ans de Jérérnie en 70 années sabbatiques ou semaines d’années ; puis Mattb., xvill, 32, etc. Dans l’explication de la prophétie des semaines donnée au c. xi, le « lils de l’homme », enfin, laisse de côté toute chronologie précise et se contente de rattacher les événements à lu série des principaux rois étrangers qui doivent occuper la scène « le l’histoire, de Cyrus a Antiochus IV.

III [NTERPR1 iwuin CRITIQUE. — 1° Son histoire. —

I. I)tm l’antiquité. — Des avant Jésus-Christ, l’oracle

m. me lui rapporté aui temps d’Antiochus Êpi phane indépendan ni de l’explication qui paraît bien

en avoir été donnée aux c. x-xii du livre. Voir plus haut. Peut-être l’auteur de la section iv du livre d’Hénoch, lxxxv-xc, n’a-t-il partagé en 70 périodi

DICT. Hl. 1 III DICATII L.

temps écoulé depuis la captivité jusqu’au soulèvement machabéen, i.xxxix, 59 ; xc, 14. que pour se mettre à l’unisson d’une tradition juive qui enfermait les 70 semaines dans le même espace de temps. Voir F. Martin, Le livre d’Hénoch traduit sur le texte éthiopien, Paris, 1906, p. 218. Mais un document de première valeur qui accuse sûrement cette tradition, c’est la version alexandrine des versets 24-27 du c. ix, bien qu’elle présente une grande divergence dans les indications chronologiques de ces versets par rapport au texte hébreu. Dans celui-ci, il est constamment question de semaines d’années, tandis que, dans la traduction grecque, l’expression de « semaine » d’abord n’est conservée qu’aux versets 24 et 27 et ensuite doit s’entendre, en ces deux passages, de semaine de jours, à côté d’autres données chronologiques ayant gardé, 25, 26, la signification première d’années. D’après ce complexus nouveau, l’exil doit durer 70 semaines encore, soit un an et quatre mois à partir de la première année du règne de Darius le Mède ; puis s’accompliront tous les oracles antérieurs, et celui de Jérérnie en particulier, par le rachat spirituel du péché et le relèvement de la ville sainte. Daniel lui-même contribuera à ce relèvement (chxoSo^ctecç, 25). Cependant il y aura dans l’avenir une autre reconstruction après une autre dévastation, à savoir dans 139 ans (Ltexà 77 xaipov ; -Lou. 62 ëtïj), que l’on doit compter très probablement de l’an 312 avant notre ère, soit de l’an 1° de l'ère des Séleucides. Ainsi nous tombons en pleine persécution religieuse organisée dès l’an 170 contre les Juifs par AntiochusIV. Aussi le Daniel alexandrin voit-il successivement l’onction sacerdotale légitime disparaître (àirors-ubrpiza.i. ypiiTij.a) avec Onias III, l’armée syrienne saccager la ville et le sanctuaire, l’autel des holocaustes profané, le sacrifice quotidien interrompu, puis enfin l’alliance rétablie pour longtemps (La-rirr/'ja’ai t^v 61a6/, y.v sm 7 : o>,).à ; ïôoQj.ifjy.ç). V. F raidi. Die Exégèse der 70 Woclien, p. 4-21 ; Bludau, Die alex. Uebersetzung des B. Daniel, p. 104-130.

Dans l’antiquité chrétienne, seuls Julius Hilarianus (fin du iv siècle) et quelques exégétes contemporains de ïhéodoret, In Dan., P. G., t. lxxxi, col. 1236 sq., ont émissur Dan., ix, 2'f-27, des conclusions semblables à celles des critiques modernes. Hilarianus, De duratione mundi, P. L., t. xiii, col. 1097 sq., compte les 7 premières semaines de l’an 1 er de Darius le Mède (la 2b de la captivité) jusqu'à l’an 1 ' de Cyrus le l’erse fia 70* de la captivité) ; le Christum ducemdu ꝟ. 25 est Zorobabel, qui > ramène le peuple juif de Iîabylonie » en Judée. Les 62 semaines finissent l’an 141 de l'ère des Séleucides (171 avant Jésus-Christ ; l’unctio OU /pt’uLia du v. 26 est ou bien le sacerdoce, ou bien l’ensemble du culte du vrai Dieu. Au milieu de la dernière semainequi se termine l’an 148 (164 avant Jésus-Christ), Antiochus interrompt le sacrifice et dresse sur l’autel la statue de Jupiter Olympien (l’abomination). Selon l'évéque africain, Darius le Vfède aurait donc régné 19 ans, et la première année de Cyrus serait non pas

l’an 1e " de la prise de l !  ; ibylone, mais de son élévation

au tn des Perses : les : i(l années du règne total de

Cyrus seraient a compter dans les 62 semaines. Pour atteindre l’an lil des Séleucides, Hilarianus augmente de 33 années la réelle durée de l’empire perse, el de 11 à 12 celle de la période gréco-s rienne.

2. Le XVI siècle vit renaître le systé dans les ou dea théologiens Sixte de Sienne. Bibliolheca s, , , , , iii, i. vin. lier. , Venise, 1556, p. 1040, et de William Hessels, van Est (Guill, Estius), Annotatù m pradpua ae difftciliora sac. Script, loca, Anvers, 1699. p. : s7'i : 17.">. Au xvii*, le chevalier Jean Marsliam Chronicut canon mgypliacua, etc., Londres. 1672. - 1, wiii. le reconstruisit sur le plan que lui avait donni i Hilarianu » ; sauf que les 69 semaines corn IV.

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