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DIEU (SA NATURE SELON LES SCOLASTIQUES)

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une nouvelle question à la foi cherchant l’intelligence, et servit de base certaine aux spéculations philosophiques des siècles suivants. Peu à peu le problème s’éclaircit, et le dernier concile consigna clans son texte les résultats de l’enquête, après que par les travaux des Petau, des Thomassin il fut bien constaté que la doctrine de l’École était, quant à la chose signifiée, de tout point conforme à l’enseignement des Pères.

Les recherches sur la nature théologique de Dieu ne tardèrent pas à faire naître dans le courant du XIV e siècle une question analogue sur la nature métaphysique de Dieu. Voir le sens du problème, t. i, col. 2228. A cette question le XII e siècle, non plus que le xiii’-, ne donna pas de réponse formelle ; et c’est ce qui explique pourquoi toutes les opinions qui se sont produites à partir du xv e sont parvenues à se trouver des parrains dans les siècles précédents. Mais, ici encore, le xii" siècle posa un principe qui servit de base aux études ultérieures, et ce fut à propos de Gilbert de la Porrée.

2. Ce n’est pas le lieu d’entrer ici dans le détail des discussions sur l’ensemble des erreurs de Gilbert. Un point seul touche à notre sujet, et ce qui nous intéresse, c’est surtout la doctrine qu’on y opposa. Denzinger, n. 329. Saint Bernard reproche à Gilbert. Sermones in Cantica, serm.i.xxx. n.6 sq., P. L., t. Clxxxiii, col. 1109. d’avoir, en glosant sur Uoèce, Vtrum Pater et Filius et Spiritus Sanctus de divinitale substantialiter prsentur, P. L., t. lxiv, col. 1307, écrit:Simili ter diximus veritatem, quse eorumdem essentiel est, nec alia quam divinitas, de ilhs et divisim et collectim prœdicari. Kam ri divisim Pater est verilas, id est venu est ; item Filius vèritas, id est verus est ; item Spiritus Sanctus verilas est, id est verus est; et collectim, Pater et Filius el Spiritus Sanctus non sunt 1res veritates, sed sunt una sinç/ulariter et simplex verilas, id est « nus verus. Gilbert de la Porrée admettait donc une distinction réelle entre la divinité et les relations constitutives des trois personnes divines, et par suile une quatemité comme le remarque saint Bernard, De considérations, I. V. c, vu. /’. L., I. CLXXXII, col. 7 ! i7. Cf. Frassen, Scolus academicus, 1. I, disp. II, a. 2, q. i sq., Rome, 1900, 1. 1. p. 187, 198. Le même auteur nous apprend que la racin>’de la conclusion i i ronée de Gilbert se trouvait dans le commentaire du De Trinitate de lïoèce, c. ni. ibid., col. 1251, on on lit:Cum dicilur tint* Pater, Deus Filius, Unis Spiritus Sanctus, repetitio de eodem mugis quam enumeratio diversi videtur; et où Gilbert glose : sed m liis tam ejus rjuod est, quam ejus que est, repelitiii facta est, col. 1278, quod est étant pris pour tubsistens, c’est-à-dire pour les personne quo est pour subsistentia, c’est-à-dire pour la divinité’, col. 1279. Non-— avons dit que Gilbert avait évité d’appliquer aux attributs divins sa doctrine de la distinction réelle du quod est cl du quo est, de l’abstrait et du concret. Là où Abélard disait : il est impossible que la même chose soit la justice et la miséricorde, et recourait au symbolisme pour concilier l’antinomie, Gilbert admettait l’objectivité et i identité des deux attributs ; bien plus, il admettait l’identité des attributs avec la divinité, cum enim dicitur, est honio jus tus, non dicitur esse juslus toto 7e./ ipse est, e justifia <la dicitur esse justu id est, ■■

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parfaite simplicité, naluram, et aux relations constitutives des personnes, personam ; d’où, la quaternité que lui reprochait justement saint Bernard, et la distinction réelle entre la personne et la nature en Dieu, que proscrivit Eugène III ; d’où aussi, par voie de conséquence, que Dieu au concret, persona Italiens deitatem, n’est pas la divinité, Deus non est divinitas quse Deus est, sed qua est, et, par suite, Pater est verus, non verilas.

C’est par cette dernière conséquence que saint Bernard combattit les principes de Gilbert ; et, par suite, ce furent ces dernières formules que le concile de Beims (11 18) rejeta. L’argumentation de saint Bernard est restée classique. Ces hérétiques, dit-il, prétendent que Dieu est par la divinité, mais que Dieu n’est pas la divinité. Mais cette divinité, ou est Dieu, ou est quelque chose qui n’est pas Dieu, ou n’est rien. Gilbert ne concède pas qu’elle n’est rien, ni qu’elle est Dieu. Beste donc qu’elle est quelque chose qui n’est pas Dieu. Mais ce quelque chose ou est plus petit que Dieu ou plus grand, ou égal. Il ne peut pas être plus petit, puisque d’après vous c’est par cela que Dieu est Dieu. Il ne saurait être plus grand, car Dieu est au-dessus de tout ; ni égal, car alors il y aurait deux dieux. Le même raisonnement vaut pour tous les attributs. Donc soutenir qu’il y a en Dieu quelque chose par quoi il est Dieu et qui n’est pas Dieu, détruit la simplicité divine, telle que l’ont enseignée les Pères lorsqu’ils ont préféré l’emploi des noms abstraits à celui des noms concrets : rectius congruenliusque dicitur : Deus est magnitudo quam : Deus est magnus. In Cantica, ibid., n. 6, col. 1169 sq. Cf. S. Auguslin. De Trinitate, 1. V, c. x, n. 11, P. L., t. xi.ii, col. 918. Le concile de Beims sanctionna la conclusion de saint Bernard ; et cette décision domina par la suite toutes les discussions sur les rapports des attributs et de l’essence métaphysique de Dieu.

[II, Apport péripatêticien et néoplatonicien dans la théodicée au xiii e siècle, — Quand on passe de la littérature philosophique que nous abaissée l’école spiritualiste française à notre littérature philosophique actuelle, il semble qu’on passe d’un monde à un autre, tant la terminologie, les problèmes discutés et les procédés d’argumentation ont varié. On éprouve une impression analogue lorsqu’on passe subitement des écrivains du ir siècle aux scolastiques du xiir. Ces variations s’expliquent, la première, par l’invasion du Kantisme el du positivisme anglais ; la seconde, par i introduction dans le momie latin de la philosophie d’Aristote et de certains éléments néoplatoniciens par le moyen des penseurs arabes et juifs. Voir AniSTOTi lishi. Avi rroïsm]. 1. 1, col. 1278, 2628. Sur ce dernier fail le désaccord n’est pas possible ; mais on est loin de s’entendre quand il s’agit d’en mesurer l’importanci d’en apprécier la portée pour le développement de la théodicée chrétienne,

/. IPPHÊCtATIOltS lieu. Voici les principales raisons que l’on met en avant pour justifier celle conclusion, et les pic l’on en déduit. — I <hi procède d’une main raie el l’on dit : Les documenta pontificaux recommandent aux catholiques l’étude de le retour à saint Thomas ; or la scolastique du xiit 1 siècle doil beaucoup i axistote el au itonisme du paeudo-Denys el des Arabes, el il est par ailleurs certain que les doctrines péripatéticii

platonicienne ! sur Dieu ne sont pas chrétiennes ; donc’iibniique non seule ni admet le util