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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LES PÈRES


divine ; par exemple, saint Athanase, De synodis, n.’âb, P. G., t. xxvi, col. 753 : gxo*JovT£{ tô, Ilarrip Lai x’o <-> :’— ; zii tô navTOxpaTWp, où/ jrsp<5v tt, à).’L’avr »)V tï|V toû ovro ; oùsiav oijjjt.atvo^.évïjv vooCasv. De même, quand les Pères répondent à l’objection tirée d’une création contingente et temporelle contre l’immutabilité et l’éternité divines, ils distinguent entre le terme de l’activité créatrice, qui est en dehors de Dieu, et la puissance elle-même, qui est en Dieu ou plutôt Dieu lui-même : Tertullien, col. 1059 ; Augustin, col. 1113 ; Cyrille d’Alexandrie, Thésaurus, ass. xxxi, P. G., t. lxxv, col. 447. Clément d’Alexandrie observe que Dieu était Dieu et qu’il était bon, avant d’être créateur : r.y.-t yàp xTÎ(TTr, v ysvéolîat, 0eôç ïjv, àyaOô ; r, v P&d., 1. I, c. IX, P. G., t. iivi col. 356. C’est donc qu’il conçoit Dieu comme bon en soi, avant de le concevoir comme bon, pour nous, par la création. De fait, pour ce Père comme pour les alexandrins en général, Dieu est en lui-même le Bon. Que signifie la doctrine de la participation, si fortement mise en relief par les plus illustres Pères, si ce n’est que Dieu, bon par essence, la bonté même, communique à tous les êtres qu’il produit quelque chose de sa bonté : ipsum bonum, cujus participalio ? ie bona sunt, sunant la formule de saint Augustin, col. 1107 ? Il s’agit manifestement de la bonté ontologique, immanente, absolue.

Dieu nous est connu dans ses attributs négatifs, et ce sont desattribuls absolus ; car Dieu n’est pas incréé, immortel, immuable, infini, par simple rapport aux créatures, mais en lui-même et par sa nature. Aussi avons-nous vu les Pères indiquer ces attributs comme se rapportant directement à l’essence divine, pour signifier ce qu’elle n’est pas. Mais nous avons vu également que plusieurs d’entre eux se sont parfaitement rendu compte que les attributs négatifs supposent un fondement positif. Dieu n’est incréé que parce qu’il existe essentiellement ;’Dieu n’est éternel que parce qu’il vit essentiellement ; et ainsi du reste.

La cognoscibilité de Dieu dans ses attributs absolus et positifs est donc véritablement un corollaire des précédentes assertions. C’est, en outre, l’un des principaux résultats directs de notre enquête. Les Pères ne se contentent pas de reconnaître les titres d’ordre relatif qui résultent du fait que le monde dépend essentiellement de Dieu dans son existence et sa conservation. Ces titres d’ordre relatif sont, à la vérité, ceux qui, logiquement, nous apparaissent en premier lieu, et ils nous apparaissent aussi en premier lieu historiquement parlant, qu’il s’agisse de la révélation, Gen., i, 1, ou de la théodicée patristique dans l’âge apostolique, col. 1027 sq., ou de la prédication ecclésiastique dans les symboles, suivant ce qui a déjà été dit. Mais il est impossible de réduire à de si minces proportions la théodicée patristique, même en y joignant, comme complément, l’emploi des épithètes et formules négatives.

Il ne suffit pas, il est vrai, pour s’élever plus haut, du seul principe de causalité, car Dieu est cause de tout degré d’être produit, que ce degré d’être se trouve en lui formellement ou non. Il ne suffit pas non plus que tel nom soit appliqué à Dieu dans les saintes Écritures, car, suivant la remarque de saint Augustin, col. 1114, elles appliquent à Dieu des noms manifestement métaphoriques. Mais certains noms ne s’en présentent pas moins, dans des conditions privilégiées, comme ceux d’être, Kxod., ni, H, de bon, Matth., xix, 17, de sage, Rom., XVI, 27, quand il s’agit de Dieu en général ; ou comme ceux de Père et de Fils, quand il s’agit du mystère de la sainte Trinité. Appuyés sur cette circonstance et sur la considération du genre de perfection signifiée, les Pères ont reconnu des noms convenant à Dieu proprement, dans le sens où proprement s’oppose à métaphoriquement. Voir en parlicu lier, Clément, col. 1045 ; Cyrille d’Alexandrie, col. 1073 : Lphrern, col. 1081 ; les trois Cappadociens, col. 1087 sq. ; Pilaire, Ambroise et Jérôme, col. 1099 sq. ; Augustin, col. 1 115sq. ; Pseudo-Denys, col. 1 124 ; Junilius, col. 1132 ; Isidore, col. 1133 ; Jean’Damascène, col. 1129.

Deux controverses montrent clairement que la question était réellement posée dans l’esprit des Pères. La première est celle que saint Grégoire de Nyssea signalée, col. 1089, au sujet de la signification du mol Dieu ; les uns le rapportaient à l’activité divine, les autres à la nature prise en elle-même. Quoi qu’il en soit de la valeur objective des étymologies que nous avons rencontrées, ou plutôt malgré leur insuffisance, voir C. Pesch, De Dco uno, n. 100, le débat prouve que les Pères avaient la notion de noms atteignant plus intimement la nature divine que les noms relatifs ou d’opération. Plus concluante encore est la controverse portant sur le point précis de savoir si tels ou tels noms doivent s’entendre de Dieu proprement ou métaphoriquement, par exemple, les noms d’esprit, col. 1047, de substance, col. 1105, 1116, et même d’essence, o-It : *. comme on le voit par le commentaire de saint Maxime sur le traité des Noms divins, c. v, n. 1, P. G., t. iv, col. 308. Car il reste que les Pères, sauf de rares exceptions, ont considéré comme convenant à Dieu vraiment ou proprement un certain nombre de noms, en particulier ceux d’être, de bonté, de vie, de vérité, de sagesse, de justice. Quelques-uns vont même, on l’a vu, jusqu’à donner, soit l’être, soit la bonté, comme note caractéristique de la divinité.

Leur doctrine reste incomplète sur un point, déjà signalé à propos de saint Augustin, col. 1113 ; ils n’énoncent pas de principe net qui permette de poser une ligne de démarcation rigoureuse entre les noms ou les perfections convenant à Dieu au sens propre, et ceux ou celles qui ne peuvent lui être attribués qu’au sens figuré. La solution est en germe dans cette idée qui, sous une forme ou sous une autre, revient fréquemment : Il faut affirmer de Dieu ce qui est bon, ce qui est parfait. Les théologiens scolastiques diront le dernier mot en énonçant et en éclaircissant la notion de perfection simple et de perfection mixte. Voir S. Thomas, Sum. theol., I a, q. xiii, a. 3, ad l um ; Scheeben, Dogmatique, t. ii n. 51 sq.

5. Dieu connu dans sa nature /irise au sens large ; les textes objectés. — Si Dieu nous est connu dans ses attributs absolus et positifs, il suit que, dans la mesure même de cette connaissance, il nous est également connu dans sa nature prise au sens large ; car la nature ainsi prise s’entend, comme nous l’avons vu col. 1024, de « l’essence d’un être avec les attributs qui lui sont propres. » Nous n’avons pas, de ce chef, une notion de Dieu intime ou adéquate (cognitio per se propria), mais seulement une notion partielle et analogique, suffisante pour savoir quelque chose de ce qu’est Dieu et pour le mettre à part de tout autre être (cognitio per accidens propria). C’est à cette distinction entre l’essence prise au sens rigoureux ou prise au sens large, et aux deux autres distinctions connexes, entre la notion strictement propre et la notion analogique, entre le nom qui contient proprement, c’est-àdire formellement, et le nom propre au sens absolu du mot, c’est-à-dire celui qui exprime l’essence et toute l’essence, comme elle est en elle-même, qu’il faut demander l’interprétation de la vingtaine de témoignages patristiques invoqués par le Rév. Mansel, suivant ce qui a été dit au début de cet article, col. 1023. Tous ces textes, sauf un ou deux, ont paru dans notre (’tude, mais placés dans leur cadre, historique ou littéraire, et interprétés d’après le contexte immédiat ou la doctrine générale des auteurs. On peut les ramener à trois groupes.

Les Pères disent, sous des formes multiples, que