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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LES PÈRES)


téristiques sur la cognoscibilité de Dieu, sa notion et sa transcendance.

La connaissance de Dieu est naturelle aux hommes. Quia enim mundum contuens, s’écrie saint llilaire, Deum esse non sential ? In ps. iil n. 2 ; lxv, n. 10, P. L., t. ix, col. 326, 428 ; cf. De Trinitate, xii, 53, t. x, col 467. Si l’homme a reçu la raison, qui lui permet de connaître les créatures, c’est pour qu’il s’élève des choses visibles à l’invisible majesté de Dieu. In ps. cxxxyii, n. 13, t. ix, col. 790. Saint Ambroise évoque l’ensemble de la création : hic mundus diviuæ majestatis insigne est. Hexæm., 1. I, c. v, n. 17 ; De fuga sœculi, n. 10, t. xiv, col. 131, 574. Il insiste, en outre, sur le témoignage que les êtres pris en particulier rendent à la sagesse et à la providence divine. Hexæm., 1. VI, c. IV sq., col. 247 sq. Pensée qui se retrouve chez saint Jérôme. Epist., lx, ad Ileliodorum, n. 12, t. xxii, col. 596. Aussi, d’après le docteur dalmate, ce n’est pas d’abord par la loi écrite, mais par la loi naturelle que Dieu enseigna le néant des idoles et sa propre divinité ; et la loi naturelle désigne ici, d’après tout le contexte, l’inclination native de l’esprit humain à s’élever du monde sensible à son auteur. In Isaiam, xl, 21, t. xxiv, col. 408. La même idée revient dans les passages où l’âme nous est dépeinte comme possédant en germe la connaissance de Dieu. In Gal., 1, 15 ; In Tit., i, 10, t. xxvi, col. 326, 570 ; Commentariolus in ps. xviii, 7 : Nulius quippe est, qui non habeat semina intelleclus Dei. Anecdota Maredsolana, publiés par dom G. Morin, Maredsous, 1895 sq., t. ma, p. 29. Même dans les erreurs des païens Jérôme retrouve quelque chose de l’inclination naturelle ; car le païen se croit inférieur à l’objet de son culte, et, quand il veut prendre à témoin ou faire une invocation, il dit : Dieu voit, Dieu entend ! Trac talus in ps. ai’, 10, ibid., t. m b, p. 137. En nous attestant l’existence de Dieu, les créatures nous le font connaître par voie de conséquence : a condilionibus conditor consequenler agnoscitur. Sap., xiii, 5. De l’œuvre nous concluons aux perfections de l’ouvrier. « L’art qui brille dans les œuvres de raison ne révèle-t-il pas l’intelligence invisible dont il est l’effet ? » In Isaiam tractatus duo, ibid., t. m c, p. 111. C’est par le même principe et en s’appuyant sur le même texte de la Sagesse, que saint Hilaire s’élève de la grandeur et de la beauté des créatures à la grandeur et à la beauté suprême du créateur : Magnorum creator in maximis est, et pulcherrimorum condilor in pulcherrimis est. De Trinilate, i, 7, t. x, col. 30.

La théologie des païens n’en est pas moins remplie d’obscurités et d’erreurs, ajoute l’évêque de Poitiers. Quelle lumière, en revanche, dans nos livres sacrés ! La foi seule a ce qu’il faut pour calmer l’esprit. In ps. lxi, 2, t. ix, col. 395 sq. Le passage où le saint docteur raconte sa conversion, De Trinilate, i, 3 sq., t. x, col. 27, est comme le commentaire pratique de cette vérité. L’examen des opinions multiples etdiverses des anciens philosophes sur Dieu l’avait amené à ces conclusions : La divinité ne va pas sans la providence, elle ne comporte pas de sexe, elle ne peut être qu’éternelle, une, simple, se suffisant à elle-même, toutepuissante, n. 4. Le texte de l’Exode, iii, 14, où Dieu se donne pour nom : Ego sum qui sum, ou : Qui est, jeta le penseur gaulois dans l’admiration par la profondeur du sens contenu dans cette appellation et son aptitude à exprimer ce que nous pouvons concevoir de plus propre à Dieu, l’être : non enim aliud proprium magis Deo, quam esse, intelligitur, n. 5. llilaire entend ici, comme on le voit plus loin, xii, 24, col. 447, l’être pur et simple, sans aucun mélange de non-être : quia id quod est, non potest intelligi dicique non esse ; esse enim et non esse contraria sunt. Etant l’Etre par nature, Dieu est essentiellement

éternel, sans commencement ni fin : quia idipsum quod est, neque detinentù est aliquando, neque cœpli, i, 5. Il est par lui-rnêrne, en lui-rnêrne, pour lui-même, se suffisant pleinement à lui-même, immuable en ce qu’il est, c’est-à-dire dans la plénitude de l’être, ii, 6 ; xi, 47, col. 55, 431 ; plus complètement, hips. ii, n. 13, t. ix, col. 269 : Ipsb i : <i, qui quod est, non aliunde est ; in sese est, secum est, a se [ou ad se] est, suus sibi est, et ipse sibi omnia est, carens omni demutatione novitatis. Immuable dans sa pure raison d’Etre, Dieu est, au même titre, un et simple en tout ce qu’il est : tolum in eo quod estunum est ; ut quod spiritus est, et lux et virlus et vita sit… Non humano modo ex composilis Deus est, ut in eo aliud sit quod ab eo habetur, et aliud sit ipse qui habeat ; sed totuni quod est, vita est, natura scilicet perfecla et absoluta et infinila, et non ex disparibus constituta, sed vivens ipsa per tolum. De Trinilate, iiv 27 ; iivi 43, t. x, col. 223, 269. La notion d’Être devient ainsi, pour le docteur gaulois, une notion première à laquelle se rattachent, immédiatement ou par voie de conséquence, toutes les propriétés essentielles de la divinité. Voir, pour le détail et le groupement des textes, A. Beck, Die Trinilàtslehre des hl. Hilarius, c. II.

Saint Ambroise et saint Jérôme ne présentent pas une synthèse aussi pleine, mais ils attachent la même importance au nom révélé à Moïse sur le mont Horeb. En répondant : Ego sum qui sum, dit le premier de ces docteurs, Dieu n’énonça pas une simpleappellation, il exprima une réalité, car rien n’est aussi propre à Dieu que d’être toujours : rem expressit, non appellationem, dicens : Ego sum qui sum, quia niliil tam proprium Deo quam semper esse, In ps. XLIJI, n. 19, t. xiv, col. 1100 ; hoc est verum nomen Dei, esse semper. Epist., iivi n. 8, t. xvi, col. 914. C’est en ce sens que, d’après une étymologie risquée, oocti à :  :’, le docteur milanais affirme que le nom d’o-jtrt’a, essence, convient à Dieu dans toute la force du terme. De fuie, 1. III, c. xv, n. 127, t. xvi, col. 614. Cette essentielle éternité s’applique à tout ce qu’est Dieu ; d’où l’immutabilité absolue de l’Être divin, mais immutabilité dans la plénitude même de la perfection : Soins enim sine processu Deus, quia in omni perfeclione semper xlernus est. Ibid., 1. IV, c. i. n. 10, col. 619 ; cf. 1. I. c. ii n. 14, col. 532 : cum in natura Dei plenitudo bonitatis sit ; De officiis, 1. III, c. ii, n. 11, t. xvi. col. 48 : Deus justus per omnia, sapiens super omnia, jerfeclus in omnibus. Par là, Dieu se distingue essentiellement de toute créature, dont la bonté, comme toute perfection, n’est jamais que partielle : Deus univers*taie bonus, homo ex parle. In Luc, 1. VIII, n. 65, t. xv, col. 1785.

Dans ses Commentarioli, saint Jérôme considère le nom de Dieu que les Juifs déclaraient ineffable, comme un nom propre : quod proprie Dei vocabulum sonal ; quoi ! proprie in Deo ponitur. In ps. iivi 2 ; CIX, 1, Anecd. Mareds., t. m a, p. 21, 80. Mais comment Dieu a-t-il pu, Exod., m. li, s’attribuer en propre l’être ? N’est-ce pas là un nom commun de substance’.’La réponse n’est pas difficile. Tous les autres êtres ne sont que grâce à Dieu et dans les limites où ils ont reçu de lui l’existence ; ils ne sont pas par nature. Mais Dieu, essentiellement éternel, a lui-même le principe de son être, et ipse sui origo est, suwque causa substantise ; seul il est par nature, comme seul il est bon par nature. AdEph., iii, 1 î. t.xxvi, col.488sq. Aussi peut-on dire de la nature divine que seule elle est vraiment : una est Dei et sola natura qux ver » est. Les créatures, au contraire, semblent plutôt être qu’elles ne sont ; car il fut un temps où elles n’existaient point, et elles peuvent cesser d’exister. Epist., xv. ad Damasum, n. 4, t. xxii, col. 357. Assertion qui, dans la pensée du saint docteur, ne tend pas à nier la.