blés, qui se disent do Dieu ou de ce qui le concerne, 71ep 0eoO rj jrepï 0sôv, il remarque que, pour exprimer la nature de Dieu, ce n’est pas assez de dire ce qu’il n’est point. A qui demande : Combien font deux fois cinq, ce n’est pas répondre que de dire : Ni deux, ni trois, ni quatre, ni cinq, ni vingt, ni trente, etc., n. 9, col. 37. 11 est d’autres noms, positifs ceux-là, comme : esprit, feu, lumière, cliarité, sagesse, justice, etc., n. 13, col. 41. D’autres encore, que saint Grégoire appelle ailleurs noms de puissance, tïjç llov<s : .a.c, comme roi de gloire, seigneur des armées, etc. ; ou noms de providence, t ?, ; o£xovo[j.îa ; , comme Dieu du salut, des vengeances, d’Abraham, etc. Oral., xxx, n. 19, col. 128.
Parmi les noms positifs, deux attirent particulièrement l’attention de l’évêque de Nazianze : ô i.vi "Uv -Loù 6 0sôç u.âXXôv TCdj ; tt)ç ojuia ; ovôjj.aTa. Oral., XXX, n. 18, col. 125. Ainsi, Être et Dieu sont, non pas précisément des noms propres de l’essence divine, mais des noms plus aptes à la désigner ; le premier surtout, à un double titre. Dieu s’est appelé lui-même Celui qui est, Exod., iii, 14 ; par ailleurs, nous jugeons facilement cette appellation plus propre que les autres, Ljptovrépav. Le mot Qeôç venant, à s’en tenir à l’avis des gens entendus, de Ôéetv, courir, ou d’ai’ôeiv, brûler, convient à la divinité à cause de sa perpétuelle activité et de sa vertu purificatrice des vices ; il rentre dans la catégorie des noms relatifs, tùv Tipô ; Tt Xeyo|jiva>v, comme celui de Seigneur ; il n’exprime pas ce que nous cherchons, la nature qui existe par elle-même, r t tô îlvaiy.aô’éauxô, et d’une manière absolument indépendante. Mais l’être est vraiment propre à Dieu, l’être dans sa plénitude, tô 8è ov, ïStov o’vTtùç 0eoî, y.ai ô’Xov, sans délimitation ni restriction d’aucune sorte. Ibid., col. 128 ; cf. Orat., XXXVIII, n. 7, col. 317 : ocôv ti TréXayoî o-jo-iaç aTtetpov y.ai aép’.tfTOv.
Saint Grégoire de Nysse marche plus strictement sur les traces de saint Basile. Il reprend et défend sa doctrine sur les noms absolus et relatifs, positifs et négatifs. Contra Eunorti., 1. I, col. 426 sq. ; 1. XII, col. 953. Il ajoute, au second endroit, une considération qui a sa valeur. Entre les noms négatifs et les noms positifs, se rapportant à un même objet, il y a corrélation ; on peut toujours ramener le nom négatif à un nom positif. Ainsi, nier que Dieu soit capable de méchanceté, c’est le dire bon ; le proclamer immortel, c’est dire qu’il est toujours vivant : Ta-JTÔ yâp èotiv… àââvaxov ôuoXoyrio-at, Lai àei Çwvxa eItkïv. Mais aucun nom n’est capable d’exprimer pleinement la nature divine : oùSèv ovo[i.ot TC£pi).Y-|7my.ôv Tr, ; 6etaç âije’jpyiTat O’Jæto ; . Ibid., col. 957 ; cf. Quod non sint très dii, t. xlv, col. 121.
Dans ce dernier passage, l’évêque de Nysse constate que le mot 0sô ; est appliqué par certains à la divinité comme un nom propre, tûoicep ti xûpiov fi’iop.% ; opinion qui explique la façon réservée dont il parle plus loin, col. 133, quand il met de côté la question de savoir si ce nom se rapporte à la nature ou à l’activité divine : iitz Tzph ; ç-Jtiv, eïxs Ttpôç èvspysiav flXiitElv ti ; XÉyr, . Pour lui, s’attachant à l’une des étymologies signalées par son frère : 8e50-Ûa’., voir ou inspecter, il prend le mot pour un nom d’opération, relatif à la science et à la providence divine. Ibid., col. 121 sq. ; Contra Eunom., 1. XII, col. 1108. Ailleurs, cependant, il en parle comme d’un nom qui désigne la nature, ovojia o-Jo-t’a ; o-Y)u.avt’.Lov, mais dans un sens plus général, celui de nom essentiel, qui s’attache à la nature considérée en ellemême ou dans ses attributs et qui, par suite, convient indivisiblement aux trois personnes de la Trinité, kicA jj.tà ; ouata ; sv ô’vop.a tô 0eô ; ëtti. par opposition aux noms propres ou notionnels, qui conviennent exclusivement à chaque personne en particulier. De communibus notionibus, t. xi.v. col. 176. Voir F. Diekamp, Die Gotteslehre des hl. Gregor ron Nyssa, p. 198 sq., sur cette opposition purement apparente, dont
W. Meyer, 075. cit., p. 22 sq., a prétendu profiter pour confirmer sa thèse superficielle sur a les deux àrnes que Grégoire portait en sa poitrine, a une âme de chrétien croyant au Dieu vivant de l’Evangile et une ârne de philosophe néoplatonicien rêvant un Dieu abstrait.
S’il n’admet pas de nom propre au st>ns rigoureux et absolu du mot, l’évêque de Nysse reconnaît cependant, avec son homonyme de Nazianze et avec saint Basile, un nom spécialement caractéristique de la vraie divinité, iv i, v6>pt<T(j.a t ?, ; <x).r, 81vf|< ; Seôttjtoç ; celui que Dieu s’est donné lui-même, Exod., m. 1 i :’Eyû zy. : h d>v. Ce nom dit, pour Grégoire, existence essentielle et tout ce qui s’en suit, comme éternité, infinité, immutabilité. Contra Eunom., 1. VIII, col. 768 sq. C’est là ce que le saint docteur appelle être véritablement ou par nature, ce qui est le propre de la divinité : ïStov Œtfrr/ro ; yv< « pt<xii.a, tô à’/rfiGi : sîvat, ibid., 1. X, col. 840 ; û( à>, r, 0â> ; TÔ ov, ô’T>, aÛTOÛ çvjst to ilix : i/i : . De vita Moi/sis, t. xliv, col. 333.
A la controverse sur les noms divins, qui vienld’être rappelée, se rattache un problème qui mérite au moins d’être signalé. Dans son explication de l’èn(vota, saint Basile avait attribué à l’homme la faculté de connaître les êtres créés dans leur nature ou leurs propriétés, et de leur donner des noms. A rencontre de cette doctrine, Eunomius formula une thèse reprise de nos jours par l’école traditionaliste : L’homme est incapable de donner aux êtres de vrais noms ; c’est Dieu luimême qui, en créant chaque être, lui a donné son nom. Saint Grégoire de Nysse rapporte les arguments scripturaires, vraiment pauvres, dont Eunomius prétendait s’autoriser, et la réfutation de l’adversaire l’amène à présenter de brillants développements sur l’origine humaine du langage. Contra Eunom., I. XII, col. 976 sq., 1044 sq. Voir F. Diekamp, op. cit., c. m. §2, 5, 6. Ce n’est pas le lieu de poursuivre cette question, mais l’opinion d’Eunomius sur l’origine divine des noms substantifs, ou même vraiment objectifs, nous force à conclure qu’il ne pouvait attribuer qu’à une révélation positive la connaissance du mot àyÉwYîTo ; , pleinement expressif, selon lui, de la nature divine.
c) Vincompréhensibililé divine. — En prétendant posséder le nom propre de Dieu, Eunomius s’attribuait une connaissance parfaite de la divinité. Saint Basile entreprend vivement L’hérésiarque sur ce terrain. Adv. Eunom., 1. I, n. 12, t. xxix, col. 539 sq. D’où lui vient une pareille connaissance ? De la notion commune de Dieu, £x t ? ( ; xotvîj ; àvvot’aç ? Mais cette notion nous dit que Dieu existe, et non pas ce qu’il est : tô e’vat tôv 0sôv, o*j to —i eivat. D’une révélation positive de l’Esprit ? Qu’on la fasse connaître, qu’on dise où elle s’est faite. Bien de semblable chez les grands privilégiés de l’Esprit, David, Isaïe, saint Paul ; tous ont parlé de l’essence divine comme d’un objet qui surpassait infiniment leurs lumières. Beste la sainte Ecriture, qui ne nous renseigne pas davantage. Aux anciens patriarches, Abraham, Isaac et Jacob, Dieu n’a même pas révélé son nom. Exod.. VI, 3. Saint Basile omet ici de discuter le sens de la révélation faite Moïse, Exod., iii, 14 ; ce témoignage n’avait pas et invoqué par Eunomius dans son apologie. Mais nous avons vu que l’évêque de Césarée n’y trouvait pas la pleine manifestation de l’essence intime de Dieu.
V.n réalité, Dieu est incompréhensible pour tout être créé. Ce qui, dans les auteurs sacrés, semble dépeindre la nature divine, doit manifestement s’entendre dans un sens allégorique ou Iropologique ; autrement, il faudrait souscrire aux rêveries judaïques ou revenir l’erreur païenne d’un Dieu matériel, n. 14, col. 543. L’intelligence nous a été donnée, il est vrai, pour connaître Dieu, mais dans la mesure où l’infinie majesté peut être connue par le tout petit être que nous sommes.