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DANIEL (LES SOIXANTE-DIX SEMAINES DU PROPHÈTE)


catholicse verilatis, l. IV, c. xiv sq. (1518), où les rabbins, tout en rapportant les 70 semaines à la durée du temple, confessent pourtant uno ore que le Messie devait venir à la fin de cette période, annoncé sous l’expression de « justice éternelle » ; Corneille de la Pierre, Commentaria in Scripturam sacrum, Paris, 1860, In Dan., t. xiii, p. 118 : « passage célèbre où sont consignés la venue du Messie, son origine, son baptême, sa passion et sa mort, années par années : passage manifestement propre à convaincre les Juifs que le Alessie est Jésus-Christ en qui se terminent les 70 semaines, » et il réfute surtout R. Salornon (Raschi, xr siècle) ; Denys Petau, Dogmata theologica, Anvers, 1700, De incarnatione, l. XVI, c. viii, combat R. José, R. Saadias, R. Salornon, Aben-Ezra ; Rossuet, Discours sur l’hist. universelle, part. II, c. ix, dont on connaît le texte impérieux ; Louis Legrand, Traclatus de incarnatione Verbi divini, Paris, 1751, 1754, diss. II, c. i, a. 2, , Sj 1, réfute encore longuement R. Salornon et le juif Orobio (Isaac de Castro), qui rapportait l’oracle aux grands-prêtres post-exiliens, dans Limborch, De veritale religionis christianæ, Gouda, 1687. Mais c’est l'époque aussi où théologiens et critiques commencent à entrevoir un rapport possible de la prophétie des semaines, dans son sens littéral, aux temps d’Anliochus Epiphane, et ne pensent plus pouvoir l’entendre, sinon au sens typique, de la mort du Christ. La Sainte Bible en latin et en françois, Paris, 1749, t. ix, p. 471, 489, répondit à Marsham, Hardouin, Calmet qui mirent cette idée en avant après Sixte de Sienne et Estius, voir col. 98- ! ti), et Legrand, op. cit., $ 1, nivoulut pas moins s'élever contre « ces quelques chrétiens… qui suppriment ainsi ou ébranlent grandement l’argument tiré, contre les Juifs, de la prophétie. »

i 'Critique et conclusions. — 1. Si l’interprétation des « événements » marqués dans l’oracle des semaines, interprétation réalisée parles écrivains dont l’ensemble constitue l’organe autorisé de la tradition, si les « calculs dis temps <> auxquels se sont livrés « tant de commentateurs » se sont trouvés, la première aussi unanime et les autres aussi « exacts » que le disent saint Jean Chrysostome et saint Augustin, cités plus haut, cet oracle pourra bien être réellement messianique au sens direct et littéral, et la preuve qu’on en tire encore aujourd’hui en faveur du fait de la mission divine du Christ pourra rire alors formulée de la manière suivante : Les biens messianiques, dont il est parlé au. 24, ont été prédits pour une date fixe, et, pour que leur survenue put être rendue facilement reconnais^ ! . le à cette date, circonstanciés d’avance relativement à « le certains personnages, dont le Messie luimême, et de certains événements, dont la ruine de la Cité saiulr. Or, les circonstances personnelles et réelles annoncées comme devant signaler ef conditionner les biens messianiques se sont réalisées, et principalement en Jésus-Christ, telles qu’elles avaient été prédites, à la daie même marquée par la prophétie, sauf peut-être un écart négligeable, ladite prophétie ne comportant nullement, en dépil de ses chiffres précis, un caractère strictement mathématiqui : el ces biens eux-mêmes

acquis désormais. L’oracle de Daniel a dune toute la valeur probante qu’un exact accomplissement communique à une prophétie d’origine divine : Jésus de Nazareth est bien le Messie que cel oracle annonçait. — 2. Mais les calculs îles écrivains de la tradition ! calcula basés sur les chiffres de la prophétie, ont ils bien toute l’exactitude que l’on dit, et, en toul

1 P uns aux autres, n’ont-ils pas abouti à la

plus grande diversité, de sorte qo il n j eu) poinl ici

de calcul.raiment traditionnel, voir col, '. » ">. mais

i irconstani i pi i onnelles et réelles,

Instituée par les organe de la tradition, ne l’est elle

non plus résolue, pour de très important

même essentielles identifications, en un défaut non moins accusé d’entente et d’unanimité relatives, de sorte qu’il n’y eut point ici d’exégèse proprement traditionnelle, voir col. 83-88 ; mais la définition des biens messianiques, par le caractère llotlant de son expression et de son objet dans tel et tel cas, n’a-t-elle pas laissé, à côté de l’enseignement de la tradition, la porte ouverte à d’autres hypothèses, de sorte que, sur la question, non assurément de leur caractère toujours essentiellement messianique, mais bien du degré, du processus de leur réalisation, il n’y aurait point, même ici, d’interprétation traditionnelle, voir col. 95 sq. ; mais enfin, repris, renoulevés, non plus, il est vrai, dans un but immédiat de controverse, mais avec un louable souci d’exactitude critique non moins profitable cependant à l’apologétique, ces calculs des dates fixées, cette exégèse des faits prophétisés, cette interprétation des biens attendus ne peuvent-ils être considérés comme ayant, cette fois, abouti à des résultats plus satisfaisants et, malgré la divergence de leurs conclusions d’avec les conclusions traditionnelles, nullement en contradiction avec celles-ci que ne doit recommander point, du reste, leur instabilité? Voir plus loin les remarques critiques. — 3. Que si la réponse à ces questions allait à faire droit aux conjectures de Sixte de Sienne, d’Estius, de Hardouin et de Calmet, il resterait néanmoins à la tradition catholique et théologique véritable le mérite essentiel d’avoir rapporté l’oracle daniélique à la personne, à l'œuvre et aux temps du Christ ; et il y aurait à reconnaître que ce rapport ne fut point tout à fait le résultat de calculs incertains, d’une exégèse verbale quelque peu arbitraire, d’une interprétation simplement approximative, mais fut basé, au contraire, et premièrement, sur le principe, aussi ancien que l’Eglise, de l’interprétation mystique des Ecritures. Les évangélistes se firent-ils scrupule, dès l’abord, d’entendre en un sens prophétique, plus exactement en un sens typique, de telles circonstances de la vie et de la mort du Messie, d’antiques passages des prophètes ou des Psaumes dont le sens propre et direct allait à signifier de tous autres objets ? Comparer, par exemple, Matth., ii, 15, et Ose., xi, 1 ; il, 17, et Jer., xxxi, 14 ; n, 23, et Is., xi, 1 ; Matth., x.wn, 35, et Ps. xxii, 19 ; Marc, xv. 28, et Is., lui, 12, ele. Il n’est même pas certain que le Christ, Marc, xiii, 14 ; Luc. xxi, 20, n’ait pas cité Daniel, ix, 27, ou xi, 31, ou ut, 11, dans un sens typique, puisque « l’abomination de la désolation », interprétée par saint Luc de la « désolation o de Jérusalem « cernée de campements » romains, sert, dans le long discours apocalyptique du Seigneur, Matth., XXIV sq., de premier plan à la perspective, plus profonde que la ruine de Jérusalem, de la fin du monde. C’est, du reste, ainsi que le dii Ciilinel, g l’usage des prophètes de proposer ordinairement le type et la figure du Messie dans quelque -sujet, ou dans quelque événement de l’Ancien Testament, afin que l’exécution littérale de leur prophétie, en ce premier sens, serve de preuve et d’assurance à c qui doit s’exécuter plus parfaitement en un autre sens, dans la personne et dans la vie du Messie. Ainsi le prince idéal de la lignée de David, désiré par Isaie, xi. l-.">, après l’abaissement de l’Assyrie i verge de la colère de Dieu pour Israël, m' se retrouvera

pleine ni que dans Jésus, roi spirituel ; ainsi la nou velle Jérusalem et la nouvelle Terre promise rendues aux captifs de Babylone selon Êzéchiel, xi-xi.vm. n’a liront leur pleine réalité que dans l’Eglise chrétienm in-i la prophétie des semaines s’appliquani littéralement, par exemple, à l’avénement de Cyrus, à la mort du grand-prêtre Onias lll. aux persécutions d’Antiochus Epiphane, -i la paix et au relèvement machabéens, garderai ! pour la bu vivante et docile toute su ! persuasi ions le couvert de la tradition qui en aurait défini le sens typique, croyant bien en discuter le