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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LA BIBLE)

des idoles insensibles, façonnées de main d’homme, 14-17, ou rendent un culte aux animaux, 18, 19. Ces derniers sont les Égyptiens, punis par Dieu par des plaies provenant des animaux, xvi, 1-9, ou par des maux produits par les forces de la nature, 15-19. Les Israélites étaient seulement châtiés par les mêmes instruments pour les amener à résipiscence, 10-14, ou secourus au moyen des mêmes forces de la nature qui’rappaient leurs ennemis, 20-23. Car la créature, soumise à son créateur, déploie toute son énergie pour tourmenter les méchants et se relâche pour le hien des serviteurs de Pieu, 24. Cette doctrine est illustrée par trois exemples, ceux de la plaie des ténèbres, xvii, 1xviii, 4, de la mort des premiers-nés des Egyptiens, xviii, 5-25, et de la poursuite des Hébreux fugitifs, xix, 1-22. Cf. P. Heinisch, Die griechische Philosophie im Bûche der Weisheit, Munster, 1908, p. 47-51, 122126. Le monothéisme d’Israël, sans image de la divinité, a toujours été d’une supériorité marquée sur tous les polythéismes idolâtriques de l’antiquité. Malgré les progrès successifs que l’idée de Dieu a faits dans la révélation de l’Ancien Testament, elle est demeurée cependant toujours plus ou moins engaînée dans deux idées caduques, celle du nationalisme qui faisait du Dieu unique, universel en droit, le Dieu spécial d’Israël, et celle des bénédictions temporelles, par lesquelles Jahvé s’était attaché un peuple sensuel, recherchant les biens de la terre. La révélation du Nouveau Testament fut nécessaire pour laisser tomber définitivement ces deux conceptions inférieures, et présenter Dieu comme le Père de tous les hommes, comme le Père qui est au ciel, dont la bonté infinie n’a plus besoin, pour être reconnue de tous, des récompenses de la terre.

On trouvera les éléments de cette théologie, prise au sens strict du mot, épars dans les ouvrages sur la religion juive et la théologie biblique de l’Ancien Testament.

1° Vatke, Religion des Alten Testaments, 1835, 1. 1 ; B. Bauer, Religion des Alten Testaments in der geschichtlichen Enlwickelung Huer Principien, 1 vol., 1838, 1839 ; A. Kuenen, De godsdienst van Israël tôt den ondergang van den joodschen slaat, 2 parties, 1869, 1870 ; Tiele, Geschiedenis van den Godsdienst in de oudheid tôt op Alexander den Groote, 1893, t. i, p. 272-347 ; R. Smend, Lehrbuch der alttestamentlichen Religionsgescliichte, 2’édit., Fribourg-en-Brisgau, 1899, p. 32-45, 96-127, 151-161, etc. ; J. P. P. Valeton, Les Israélites, dans le’Manuel de l’histoire des religions de Chantepie de la Saussaye, trad. franc., Paris, 1904, p. 186-251 ; A. I.oisy, La religion d’Israël, Paris, 1901 ; Marti, Die Religion des Alten Testaments unter den Religionen des vorderen Orients, Tubingue, 1906 ; Hunnius, Natur und Cliarakter Jalnuehs nach der vordeuteromisclien Quelten der Bûcher Genesis-Konige, Strasbourg, 1902 ; P. Volz, Mose, ein Beitrag zur Unlersuchnng iiber die Urspriinge der isrælitischen Religion, Tubingue, 1907. Voir aussi Davidson, God in O. T., dans Dictionarij ofthe Bible, de Hastings, t. il, p. 196-205.

2° H. Ewald, Die Lehre der Bibel von Gott, 4 vol., 18711876 ; Œhler, Théologie des Alten Testaments, 3’édit., Stuttgart, 1891 ; H. Schultz, Alttestamentliche Théologie, 5e édit., 2 in-8, Gœttingue, 1896 ; A. Kayser, Die Théologie des Allen Testaments in ihrer geschichtlichen Entwickelung, 2’édit., 1894 ; F. Hitzig, Vorlesungen ùber biblische Théologie und messianische Weissagungen des Alten Testaments, Berlin, 1880 ; A. Dillmann, fiandbuch der alttestamentlichen Théologie, Leipzig, 1895 ; B. Stade, Biblische Théologie des Allen Testaments, Tubingue, 1905, t. î (seul paru), p. 72-121, 191-190, etpassim ; B. Bæntsch, Altorientalischer und isrælitischer Monotheismus, Tubingue, 1906. Ces écrits sont composés plus ou moins d’après les principes rationalistes de l’évolutionnisme religieux. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, i édit., Paris, 1896, t. iv, p. 423-496 ; M. Hetzenauer, Theologia biblica, Fribourg-en-Brisgau, 1908, t. î, p. 372-488 (traite des noms divins.de l’essence, des attributs, des personnes et de noscibilité de Dieu) ; F. Prat, art Jéliovah, dans le Dictionnaire de in bible àe.M. Vigouroux, t. iii, col, 1220-1241.

Sur les prophètes, voir B. Duhm, Die Théologie der Prophc ten als Grundlage fiir die ntwicklungsgeschi der isrælitischen Religion, Bonn, 1875 ; h. Zscbokke, Théologie der Propheten des Allen Testaments, Fribourg-en-Brisgau, 1877, p. 4-168 (suit l’ordre logique du traite De Deo) ; Kirkpatrik, The Doctrine oj the Prophète, 1892 ; 3’édit., 1001.

Sur les Psaumes, .1. Konig, Die Théologie der Psalmen, I ribourg-en-Brisgau, 1857 ;  !’. Delitzsch, Die Psalmen, b- édit., Leipzig, 1894, t. i, p. 48 sq. ; E. Philippe, Introduction au livre des Psaumes, Paris, 1802, p. 48-54.

Sur la doctrine de Dieu chez les Juifs, en dehors de la Bible, voir E. Stapfer, Les idées religieuses en Palestine à l’époque de Jésus-Christ, 2’édit., Paris, 1878, p. 27-37, et spécialement dans les Apocalypses juives, voir P. Lagrange. Le messianisme chez les Juifs. 1009, p. 52-53, et chez les rabbins, p. 146 ; p"ur Hénocb, voir F. -Martin, Le livre d’Hvin, - h. Paris, 1006, p. xx-XXII. Voir aussi ilackspill, dans la Revue biblique. 1900, t. IX, p. 569-577.

En cours Fait II. Dans le Nouveau Testament.

I. D’APRES L’ENSEIGNEMENT PERSONNEL DE JÉSUS-CHRIST.

Dans les Évangiles synoptiques.

Le Fils de Dieu est descendu du ciel pour apporter aux hommes une révélation nouvelle, plus parfaite que celle de l’ancienne alliance. Sur Dieu, son Père, sa révélation a consistée faire ressortir sa paternité relativement à l’humanité entière. L’idée de paternité divine n’était pas étrangère aux religions sémitiques, voir J. Lagrange, Études sur les religions sémitiques, 2e édit.. Paris, 1905, p. 110-118, ni au monothéisme hébraïque. V. Rose, Études sur les Évangiles, 2e édit., Paris, 1902, p. 132-137 ; J. Lagrange, La paternité de Dieu dans l’Ancien Testament, dans la Revue biblique, 1908, p. 481-491. Mais jamais ni chez les Sémites en général ni même chez les Hébreux, il n’a suffi de dire « le Père » tout court pour désigner Dieu. Ce sentiment de tendresse, qui procède d’une connaissance si parfaite de la bonté infinie de Dieu a été apporté aux hommes par le « Fils de Dieu », qui est venu leur révéler « son Père ». Si Jésus n’a pas créé le nom de Père céleste, il lui a donné une signification qu’il n’avait pas avant lui et on peut dire qu’il est le révélateur de la paternité de Dieu.

Toutefois, ce Dieu père n’est pas un Dieu nouveau, distinct de celui des patriarches et des.luifs, que Jésus prêche. C’est le Dieu, créateur du monde, Marc, xiii, 19, et de l’homme, Marc, x, 6 ; le Dieu qu’adoraient Abraham, Isaac et Jacob, le Dieu, non pas des morts, mais des vivants, puisque ces patriarches vivent, Matth., xxii, 32 ; Marc, xii, 26. 27 ; Luc, xx. 37. 38, et le Dieu d’Israël, l’unique Dieu, qu’il faut aimer de tout son cœur, Marc, xii, 29, 30 ; le seul, qu’on doit adorer et servir. Matth., iv, 10 ; Luc, iv, 8 ; le Dieu juste, qui rend justice, et sans tarder, â ceux qui l’implorent jour et nuit, Luc, xviii. 7 ; qui seul est bon, Matth., xix, 17 ; Marc, x, 18 ; Luc, xviii, 19 ; qui étend sa providence sur la nature, l’herbe des champs, Matth., vi, 30 ; Luc. xviii, 28. sur les oiseaux, les passereaux, les corbeaux. Matth., vi, 20 ; x, 29, 32, 33 ; Luc, xii, 24. Mais ce Dieu de 1 ancienne alliance, le Seigneur du ciel et de la terre, dont le ciel est le trône, Matth., v, 31, devient, sur les lèvres de Jésus, le Père, non seulement son père à lui dans un sens réel et non métaphorique, qui le fait être son fils suivant la nature divine, Matth.. vii, 21 ; xi. 25-27 ; xii. 50 ; xv, 13 ; xvi, 17. 27 ; xviii, 10, 19, 35, le père de ses disciples, leur père qui est aux cieux. Matth.. v. 15 ; vi, 1, 8. 9. 26 ; x, 20, leur unique père, xxiii, 9, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les mauvais et pleuvoir sur les justes et les injustes. Matth., v, 45, qui donne â chacun le pain quotidien, vi. ii, 31, 32, qui voit dans le secret des cœurs, Matth., vi, i. li, 18. qui remet les péchés, li. 15 : Marc, xi. 25. qui accorde les biens qu’on lui demande. Matth., vii, 11 ; Luc. xi. 13, qui donne le royaume céleste à ceux qui font sa volonté. 21, qui chasse loin de lui les ouvriers d’iniquité, 23, et qui veut le salut de tous, xviii, 14. Les justes brilleront Fait