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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LA BIBLE)

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culle constitue la religion véritable. Les faits racontés ne sont que des épisodes choisis. Ce livre ne nous donne donc que la philosophie religieuse de l’histoire d’Israël durant cette période.

Ces récits détachés contiennent cependant, en outre, quelques traits qui caractérisent le Dieu d’Israël. L’unité de l’arche d’alliance, comme symbole de la présence de Jahvé parmi les Israélites, est un fait monothéiste et l’absence d’image dans l’arche, un indice delà prohibition de toute forme idolàlrique. La puissance de Dieu sur la nature est célébrée dans le cantique deDébora par allusion aux faits antérieurs de l’histoire d’Israël. Jud., v, 4, 5. On a conclu de ce passage que Jahvé habitait le Sinaï et qu’il en vint, en passant par Édom, pour secourir Israël, sous la forme d’un orage. Mais, dans l'état actuel du texte, le Sinaï lui-même est une des montagnes qui tremblaient quand Jahvé se mit en marche. Quelques critiques pensent que la mention du Sinaï est une glose, empruntée au Ps. lxvii (lxviii), 9. P. Lagrange, Le livre des Juges, Paris, 1903, p. 81-83. La victoire de Barac sur Sisara lui est attribuée. C'était, de sa part, une œuvre de justice et de bonté, 11. Par la volonté divine, les étoiles elles-mêmes, du haut du ciel, ont combattu contre Sisara, 20. Cela ne veut pas dire qu’elles aient participé au combat parun orage extraordinaire, mais simplement que la nature a pris part à la lutte. P. Lagrange, op. cit., p. 97-98. La cause de Jahvé y était engagée et le poète maudit ceux qui ne sont pas venus la défendre, en combattant pour lui et sous ses ordres, 23. Ibid., p. 100. Ce poète souhaite que tous les ennemis de Jahvé périssent comme Sisara, et que ceux qui aiment le Seigneur brillent comme le soleil à son lever, 31. La religion de Jahvé exigeait donc l’amour de Dieu. Dans l’histoire de Gédéon, Jahvé envoie aux Israélites un prophète pour leur reprocher de l’avoir oublié et leur rappeler qu’il a fait sortir leurs pères de l’Egypte, qu’il les a délivrés de tous leurs ennemis et qu’il est leur Dieu, VI, 8-10. Au souvenir de la même délivrance d’Egypte, Gédéon s'étonne que Jahvé n’intervienne pas pour sauver les siens de l’oppression madianite, vi, 31. L’ange lui annonce précisément le secours de Jahvé et lui confie la, mission de battre les Madianites, 14-16. Il lui donne un signe, 17-21. Gédéon craint de mourir, parce qu’il a vu l’ange de Jahvé ; Jahvé le rassure, 22, 23. Il ordonne à Gédéon de renverser l’autel de Baal et de lui élever un autel à lui-même à la place. Gédéon exécute cet ordre de nuit. Les habitants du lieu voulaient le faire mourir, mais son père déclare que Baal, s’il est Dieu, se défendra seul, 27-32. Pour montrer sa puissance, Jahvé veut vaincre Madian avec 300 hommes, et il réduit l’armée de Gédéon à ce petit nombre, vii, 2-8. Il leur livra le camp des Madianites, sans coup férir, 9-23. Les Israélites offrirent à Gédéon, leur sauveur, la royauté qu’il refusa, en disant : « C’est Jahvé qui est votre maître. » Jud., viii, 22, 23. Avec les anneaux d’or qu’il préleva sur le butin, Gédéon fit un éphod, non pas sansdoule une image de Jahvé, mais plutôt un instrument divinatoire, pour rendre des oracles au nom de Jahvé ; après sa mort, cet objet de culte devint pour les Israélites une cause d’idolâtrie, 27, 28, cꝟ. 33-35.

Au début de l’histoire de Jephté, Dieu semble se lasser des rechutes continuelles des Israélites dans l’idolâtrie et les menacer d’une rupture définitive, en raison du progrès du mal. Le repentir réitéré et la conversion généreuse des fils d’Israël excitèrent la compassion divine sur leurs souffrances, x. 10-10. Les anciens de C.alaad prirent Dieu à témoin de leur serment, quand ils reconnurent Jephté pour chef, XI, 10 Jephté déclare aux Ammonites que les Israélites ont occupé le pays des Amorrhéens par la volonté de Jahvé. Par suite, les Ammonites n’ont pas droit de

reprendre le pays conquis. Est-ce qu’ils ne possèdent pas légitimement les contrées que leur dieu Chamos aenlevées à leurs possesseurs ? xi, 15-24. Ce langage diplomatique n’est pas une profession de foi en la divinité ri.- Chamos. Si on ne peut pas dire que, pour Jephté, Chamos était une vaine idole qui ne pouvait rien posséder, on ne peut pas davantage prétendre que Jephté mettait ce dieu au même rang que Jahvé. Il raisonne selon les idées communes du temps et il part de principes admis par ses contradicteurs. Chacun a donc droit de profiter des victoires de son Dieu. Or. Jahvé n’a pas combattu pour les Ammonites, qui n’ont rien à réclamer du pays conquis sur les Moabites. En parlant des victoires obtenues par Chamos, Jephté ne veut pas limiter le pouvoir de Jahvé, puisqu’il n’est pas question des droits du plus fort. Les droits d’Israël à occuper le pays conquis sont indiscutables et les adversaires doivent les respecter. C’est tout ce que dit Jephté, qui n'établit pas une comparaison entre Jahvé et Chamos. P. Lagrange, op. cit., p. 199-200. D’ailleurs, il considère Jahvé comme juge de la querelle, xi. 27 Le Dieu d’Israël est juge des peuples. Dans le cas particulier, il ne combattra pas seulement pour son peuple, il décidera entre les deux nations en conllil. Jephté ne parle plus de Chamos et n’en appelle pas à son arbitrage. Ibid., p. 203, 215. Aussi l’esprit de Jahvé fut-il sur Jephté, qui voue en sacrifice à son Dieu la première personne qui sortira de sa maison pour venir à sa rencontre après la victoire sur les Ammonites, xi. 29-31. Jahvé ayant livré les ennemis, 32, Jephté exécute son vœu sur la personne de sa fille unique, qui accepte d'être la victime d’un vœu imprudent et brutal. 34-49. De ce fait on ne peut conclure que Jahvé n’a pas toute l’horreur du sang que l’on pourrait attendre d’un Dieu juste et bon. Ce serait accorder trop d’imporlance à un fait particulier. Jephté a voué à Jahvé une victime humaine et il semble qu’il en a laissé le choix à Dieu, arbitre des événements ; il croyait donc que son Dieu agréait de telles victimes. Si, après la victoire, il immole sa propre fille, du plein consentement de celle-ci. c’est que tous deux reconnaissaient l’obligation de tenir un vœu, même imprudent et cruel. Jephté est un aventurier ; bien qu’il apparaisse comme un fidèle serviteur de Jahvé, il a vécu à une époque troublée et avant que les idées morales, contenues dans le culte de Jahvé, aient reçu leur plein développement et aient exercé leur complète inlluence sur un peuple, encore grossier. P. Lagrange, op. cit., p. 215-217.

Manué, père de Samson, oll’re un sacrifice à Jahvé, qui fait des miracles. Jud., xiii, 19. Il craint de mourir, parce qu’il a vu Dieu, mais sa femme le rassure, car sr Jahvé avait eu l’intention de les faire mourir, il n’aurait pas agi à*leur égard comme il venait de le faire. 22. 23. Jahvé veut le mariage de Samson avec une philistine comme un moyen d’arriver à ses fins contre les Philistins, xiv, 4. Du reste, les actes de Samson sont pour la plupart attribués à une forte action de l’esprit de Jahvé sur lui, xiv. 0. 19 ; xv. IL Jahvé opère un miracle pour étnncher la soif de son héros et exaucer sa prière. XV, 18, 19. Jahvé, dont il était nazireen. XVI, 17. était considéré comme la cause immédiate de sa force, puisqu’il l’avait abandonné, des que le rasoir avait coupé la chevelure du héros, 20. Afin de se venger des Philistins. Samson demande à Jahvé de lui accorder pour une fois encore les forces suffisantes pour ébranler les colonnes de l'édifice, où ils étaient réunis, ei pour les écraser tons avec lui. 28 30.

L’histoire de Michas, se fabriquant une idole en l’honneur de Jahvé. un temple, un éphod et tles léraphims, instituant prêtre un de ses fils, puis prenant à son service un lévite de Bethléhem, xvii. 1-13, la con sultation des espions daniles, xviii, 5. 0. le vol îles objets idolàlriques du sanctuaire de Michas par les