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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LA BIBLE


3° Nature et al tributs de Jahvê pour Moïse et les

Israélites de son temps. — 1. D’après les livres du milieu (Exode, Lévilique, Nombres). — Si, avec les eritiques rationalistes, on y distingue trois documents, pour le jéhoviste, voir Bæntsch, E.rodus, Leviticus, iXitmeri, p. xvin-xx, pour l'élohiste, ibid., p. xxxixxxii, et pour le code sacerdotal. Ibid., p. xi.iv-xi.v. Cf. E. Mangenot, L’authenticité mosaïque du Pentateuque, Paris, 1907, p. 55-56, 83-85, 142-144. Mais en considérant ces trois livres comme l'œuvre de Moïse, on y trouve une doctrine sur Dieu, qui a son point de départ dans la révélation du Sinaï et qui est d’accord avec elle. Jahvé, le Dieu des pères, s'étant manifesté à Moïse comme l’Etre par excellence, l'Être en soi, a tous les attributs du vrai Dieu. Il est le Dieu unique, qui veut pour lui seul le culte de son peuple et qui interdit rigoureusement à ses adorateurs d’honorer d’autres dieux et de se faire aucune idole, d’aucune forme et d’aucune matière. Exod., xx, 3, 5, 23 ; xxiii, 13 ; xxxiv. 14, 17. Il ordonne de détruire les autels des dieux chananéens et défend de s’allier aux habitants idolâtres de la Terre promise, afin d'éviter la contagion de l’idolâtrie. Exod., xxiii, 24 ; xxxiv, 12-16. Il est un Dieu puissant et jaloux, Exod., xx, 5 ; xxxiv, 14 ; il ne tolère pas en Israél un autre Dieu que lui, comme l'époux qui ne veut pas qu’un autre ait part à l’amour de son épouse. Il punit l’iniquité des pères jusqu'à la troisième et la quatrième générations, mais sa miséricorde s'étend jusqu'à mille générations sur ceux qui l’aiment et qui observent ses préceptes. Exod., xx, 5, 6. Il hait l’impie. Exod., xxiii, 7. Il a formé l’homme, et il a créé le sourd et le muet, l’aveugle et le clairvoyant. Exod., IV, 11. Il est le Dieu universel, et il agit en Egypte, sur les forces de la nature, pour montrer qu’il est le maître de la terre entière. Exod., IX, 29. Il manifeste aussi sa souveraineté universelle en disposant des biens des Égyptiens, Exod., iii, 21, 22, et du pays de Chanaan en faveur des Israélites et par fidélité aux promesses qu’il avait faites à leurs pères. Exod., iii, 8, 17 ; vi, 8. Il règle le sort des tribus chananéennes. Exod., xxiii, 27-33 ; xxxiv, 24. Il choisit spécialement Israël pour son peuple et il en fait son premier-né. Exod., iv, 22. Aussi s’intéresse-t-il à son sort pénible en Egypte et le tire-t il de la servitude, Exod., iii, 7, 10, 16, 17, en opérant des coups de puissance pour décider Pharaon à laisser sortir les Israélites, 19, 20 ; vi, 6 ; vii, 4, 5. Il intervient ainsi dans les événements de l’histoire, et par les prodiges qu’il accomplit, il se montre le maître des éléments, qu’il fait servir à ses desseins. Les plaies d’Egypte sont en même temps des représailles de sa vengeance sur les oppresseurs d’Israël et des marques de sa souveraineté. Exod., vii, 17 ; viii, 22 ; ix, 14-16 ; xiv, 4, 31. Il sera désormais le Dieu d’Israël, Exod., vi, 7, qui sera son peuple. Exod., xix, 4-6. Jahvé n’est donc pas la divinité a bstraite ; c’est le Dieu vivant, qui s’occupe des hommes et règle les destinées d’Israël. C’est pourquoi il guidait ce peuple, Exod., xui, 21, 22 ; il combattait pour lui, xiv, 14. Aussi, après le passage de la mer Rouge, Moïse célèbre-t-il la toute-puissance, la sainteté et la bonté du Sauveur d’Israël. Exod., xv, 3-13. La providence spéciale de Dieu sur son peuple se manifeste durant tout le séjour de celui-ci au désert, malgré ses ingratitudes et ses révoltes réitérées. Dieu lui donne une législation religieuse, morale et sociale. Il lui promet de le protéger s’il est fidèle et de l’introduire dans la Terre promise, dont il fixe les limites. Exod., xxiii, 20-33. Il fait un pacte solennel avec lui. Exod., xxiv, 7, 8. Israël obéira à tous les ordres de son Dieu. Après une première infidélité de ce peuple à tête dure, Exod., XXXII, 9 ; xxxiii, 5, qui avait adoré le veau d’or, Dieu, qui est miséricordieux, palient et fidèle à sa parole, Exod., xxxiv, 7 ; Num., xiv, 18, renouvelle solennellement le pacte violé. Exod., xxxiv, 10, 27. Les Israélites, plusieurs fois révoltés, sont

punis, surtout au désert de Pharan où. après un volte générale, Dieu prive de l’entrée eu Palestine toute la population, ayant 20 ans et au-dessus. N’urn., xiv, 28-35. Cette punition sévère succède à des pardonde séditions moins graves. Dieu tait plus patient, Num., xiv, 18, que Moïse qui se plaignait amèrement à lui d’un peuple indocile, qui lui était à charge. Num., xi. 10-15. Quand les 40 années de pénitence dans le désert fuient accomplies, Dieu fit des miracles pour aider son peuple à parvenir jusqu’aux frontières du pays de Chanaan et à occuper la partie orientale de la contrée, qu’il lui avait destinée. Il régla même les droits de la conquête et les limites du pays à conquérir. Num.. XXXIII, 10 ; xxxiv, 15.

Ce Dieu invisible se manifestait, sous des formes sensibles, à Moïse dans le buisson ardent ; le lieu de sa manifestation était saint par le fait même, et Moïse se voilait la face pour ne pas voirie Seigneur. Exod.. m. 2-6. Au Sinaï, il se montra au peuple dans la nuée, au milieu du tonnerre et des éclairs. Exod., xix, 9, 16-18. Le peuple entendait sa voix, mais ne le voyait pas. Seule, une partie des anciens put d’abord le contempler, sous des formes extérieures. Exod., xxiv, 9, 10. Israël tout entier vit ensuite la gloire de son Dieu, qui apparut sur le Sinaï comme un feu brillant au milieu d’une nuée, 15-17. Dieu se manifestait au tabernacle de l’alliance dans une colonne de nuée, Exod., xl. 32-36 ; Num., xiv, 10, et il y parlait à Moïse bouche à bouche. Exod., xxxiii, 9-11. La plupart des lois ont été portées par Dieu, parlant directement à Moïse. Cependant, Moïse lui-même n’avait pas vu la face du Seigneur. Il demanda à Dieu de lui montrer sa gloire ; mais Jahvé. tout en reconnaissant qu’il était clément et miséricordieux envers qui il lui plait, déclara à son envoyé que personne ne pouvait voir sa face sans mourir, et il lui accorda seulement, dans l’anfractuosité du rocher, de le voir au passage par derrière, autant que le permettait l'écartement momentané de sa main qui le cachait. Exod.. xxxiii, 13-23. Ce fut pour Moïse un privilège unique de parler à Dieu bouche à bouche et publiquement ; les prophètes n’entendront Dieu que par énigmes et par ligures, en vision ou en songe. Num.. xii, 6-8. Dieu parlait de nuit à Balaam. Num., xxii, 8, 20. Dans ses relations avec les hommes, Dieu parfois agit à la manière des hommes et éprouve les mêmes sentiments qu’eux. Il fond sur Moïse et veut le tuer, Exod., îv. -Ji ; il brise les roues des chars égyptiens, Exod., xiv, 25 ; il écrit de son doigt le décaloguesur des tables de pierre. Exod., xxxi. 18 ; xxxii, 16. Il s’irrite contre Moïse, Exod., iv, 14, et contre le peuple coupable et se laisse apaiser par l’intervention de Moïse. Exod.. xxxii, 10-14 ; Num., xi, 1-3 ; xvi, 46-48 ; xxv, 3. Dieu s’irrite aussi contre Marie et Aaron. Num., xii, 9. Il fait des sermenls. Num., xi, 12 ; xiv, 17.

Dieu règle la conduite des hommes et il impose aux Israélites des règles morales par la promulgation du décalogue. Exod.. xx. 1-17. Dans le petit code de sainteté, il ordonne aux Israélites de ne pas imiter les Egyptiens et les Chananéens, mais d’observer les règles qu’il leur a tracées parce qu’il est leur Dieu. Lev., xviii, 1-5 ; xx, 26 ; xxii, 31-33. Il impose la sainteté extérieure, parce qu’il est saint lui-même. Lev.. six, 2. Ses lois morales sont suivies de sa signature : Je suis Jahvé ; je suis Jahvé votre Dieu. Lev., xvin. 6, 21, 30 ; xix. 3, 10, 12, 14, 16, 18, 25, 28, 30, 31, etc. Il sanctifie luimême ses adorateurs fidèles, Lev., xx. 8, et ses prêtres. Lev., xxi, 8, 15 ; xxii, 16. Il veille a l’observation des préceptes positifs et fait punir de mort un Israélite qui avait violé le repos sabbatique. Num., xv. 32-96. Au désert les Israélites sont bénis ou punis selon qu’ils ont été fidèles ou infidèles à ses prescriptions, Dieu n'étend pas seulement sa providence sur le peuple tout entier, il s’occupe de la conduite des individiis.il punit Marie