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DIEU (SA NATURE D’APRÈS LA BIBLE ;


àlten Testaments, Stuttgart, 1882, p. "142, Jahvé est l'être divin qui entre en relations avec les hommes et spécialement avec Israël et qui se montre constamment dans son intervention historique celui qui est et celui qui est qui il est. Il lui reconnaît donc l’indépendance, la constance absolue et la fidélité à ses promesses. Cf. Bænlsch, Exodus, Leviticus, Numeri, Gœttingue. 1903, p. 23. Pour Driver, loc. cit., p. 15 ; The book of Genesis, p. 407-408, Jahvé est celui qui est, non seulement celui qui existe simplement, mais celui qui affirme son existence et qui, différent en cela des faux dieux, entre en relations personnelles avec ses adorateurs. Mais le second sentiment, qui donne à Jahvé le sens de l'être en soi, est plus fondé. Le verbe mn ex prime l'être stable autant que l'être en mouvement, et l’imparfait hébreu s’emploie pour énoncer des maximes générales, faisant ainsi abstraction du temps. Jahvé, du reste, se nomme à Moïse : « Je suis », Exod., ni, 14, et il désigne ainsi ce qu’il est en lui-même, l'être par excellence, comme nous allons le voir.

c) Signification de cette première re’i<élalion. — A Moïse, qui lui demande son nom, Dieu répond : « Je suis celui qui suis. » Cette première réponse ressemble à certaines manières de parler qui, dans la bouche de Dieu, Exod., iv, 13 ; xxxiii, 19, inarquent l’indépendance suprême de celui qui parle, de telle sorte qu’on pourrait la traduire : Je suis qui je suis. » Mais Dieu, loin de déclarer ainsi qu’il est innommable, indique dans la phrase suivante qu’il a révélé son nom véritable, puisqu’il ajoute : « Tu diras aux lils d’Israël : Je suis m’a envoyé vers vous. » Je suis exprime donc bien ce qu’est Dieu, qu’il est l'être. Se délinissant luimême, Dieu devait dire : c Je suis celui qui est je suis. » Toutefois, cette formule à la première personne ne pouvait reproduire le nom de Dieu dans l’usage des hommes. En nommant Dieu, les hommes devaient exprimer son être à la troisième personne. Aussi Dieu, révélant enfin son nom. se nomme mn ». Ce verbe signifie : 6 Il est. et pris comme substantif : « Celui qui est ». Cette révélation montre donc que Dieu a en lui seul sa raison d'être nommé et que l’idée d'être rend le mieux sa propre nature. Jahvé signilie l'être absolu, l'être métaphysique, celui en qui l’essence et l’existence se confondent, et il indique l’attribut de

l’aséité coie caractéristique de la nature divine. Il

est inutile d’objecter que celle notion métaphysique de Dieu 'tait trop abstraite pour être comprise en ces temps primitifs, fin cessaire d’affirmer que les

Israélites du i siècle avanl Jésus-Christ et que Moïse lui-même comprenaient parfaitement la signification

du nom divin. Il suffit que le nom révélé ail contenu ce sens, qui a été plus tard saisi et compris dans la r< élation laite.< Moïse. Voir t. iii, col.

2. Seconde révélation. Exod., VI, 2-8. — Apres l’insuccès île Moïse auprès de Pharaon et les récriminations 'l' Israélites opprimés davantage < la suite de démarche, Exod., v, 1-21, Moïse se plainl à Dieu de la mission qu’il lui a confiée, 22, 23. et Dieu lui ond qu’il obligera le pharaon à laisser partir les id., vi, I. Puis, il ajoute : « Je suis Jahvé. <>r, j’ai apparu à Abraham, à Isaac el à Jacob en qualité àÊl-Sadda, sous mon nom de Jahvé, je m

pas fut connaître à eux. i Exod., m. ! . 3. lie li ibuent au code lacerdolat, il semble résulter que les patriarches, dont pourtant t.ili'.' était le Dieu, ne l’onl pas connu sous ce nom,

il i conclu qu'à partirde Moïse, ce nom. révél la premièn fois, a remplacé celui d"Êl-Saddaî, denznent usité seul Or, cette affirmation ne -accorde l’emploi int< i ieur du nom de Ji hovah dans la i.>n, i ni ave< le fail que le nom nouveau enti composition dant des noms propres intérii

l’Exode, à tout le moins dans celui de Jochabed, mère de Moïse. Exod., vi, 20 ; Num., xxvi, 5, 9.

On a résolu cette difficulté de différentes manières. Plusieurs commentateurs catholiques ont pensé que le nom divin, révélé à Moïse pour la première fois, a été employé dans la Genèse par prolepse ou anticipation, et que le nom de Jochabed n’est pas primitif ; la mère de Moïse se nommait Elichabed ; plus tard, quand le nom de Jahvé a été usité, on a remplacé le nom divin El. qui élait en composition, par celui de Jahvé, comme celui de HôsC a a été changé par Moïse en celui de Jhôëû a. Num., xiii, 8, 16. Cf. Eranzelin, Troc-talus de Deo uno secundum naturam, 2 L ' édit., Rome, 1876, p. 272. Le P. de Hummelauer pensait que le nom de Jahvé a été introduit dans la Genèse par des copistes, longtemps après sa rédaction, et qu’il était entièrement inconnu avant sa révélation à Moïse. Commentarius in Genesim, Paris, 1895, p. 7-9- Il a changé d’avis et il a admis que les patriarches connaissaient le nom de Jahve et sa signification, mais qu’ils ne savaient pas que Dieu lui-même l’avait adopté comme son nom propre. Commentarius in Exodum et Leviticum, Paris, 1897, p. 71, 73. M. lloberg, Moses und der Penlateuch, dans Biblische Studien, Eribourg-en-Brisgau, 1905, l. x, fasc. 4, p. 50-52, admet aussi la permutation des noms divins dans les passages de la Genèse, où sont racontées des révélations surnaturelles, permutation faite par Moïse lui-même ou par les copistes postérieurs. Cf. Die Genesis, 2e édit., Fribourg-én-Brisgau, 1908, p. xxv-xxvii. Ce n’est "qu’une hypothèse, qui ne se vérifie pas partout, puisqu’il y a des récits de révélation surnaturelle dans lesquels le nom d'Élohim a été conservé. M. lloberg n’y voit qu’une inconséquence d’application. La preuve de la substitution n’est pas faite.

D’autres exégètes ont pensé que le nom de Jahvé était connu des patriarches, mais que ceux-ci en ignoraient la signification profonde, n’aant pas compris que l'être est l’attribut caractéristique de Dieu. Le sens et la valeur du nom divin ont été révélés seulement, du temps de l’Exode, a Moïse et, par son intermédiaire, aux Israélites. Cf. Corneh, Introductio specialis in historicos V. T. tibros, Taris. KS87, l. i, p. 108-111. Plus récemment, on a fait remarquer que, dans ce récit, l’antithèse n est pas tant entre deux noms divins qu’entre deux manifestations de la divinité. A l'époque des patriarches. Dieu s'était manifesté en qualité de 'Êl-Saddaï, parce qu’il comblait ses adorateurs de toute sorte de biens, tandis qu’au temps de Moïse, il s’est manifesté connue I lire, le maitre de tout ce qui est, de la terre entii i. et de tous les peuples. Cela ne veut pas dire qu’il a révélé son nom ou en a explique le senI nom était connu, ainsi que sa signification ; mais Dieu, par ses actes et sa conduite à l'égard d’Israël, en a manifesté la pleine signilication. Tandis que par sa manière d’agir avec les patriarches, il se mollirait prolecteur bienfaisant de leur famille, désormais il se montrera h l'égard des Israélites le maitre du monde, disposant des royaumes et des contn es, partageanl la

terre co ! bon lui semble, privant les Ghanan

de leur territoire pour y introduire son peuple choisi. C.Robert, El-Shadda’i et Jéhovah, dans Le Sfui 1891, t. x. p. 372-374 ; I. « révt lu nom divin

Jéhovah, dans la Revue biblique, 1894, i. iii, p. 170172. On a justifié cette distinction entre se manifester

SOUS Ull attribut particulier et révéler OU expliquer le

nom. pai de formules analogues, I. Etobiou, L" révélation du nom divin Jéhovah à Moite, dans i.i Science catholique, 1888, p. 818-624, ei i Bible elle-même. A. Delattre, s ' » c un eniptbi pari u mots i a dont la

Bible, ibid., 1882, p. 673-687. Cf. Van Kasteren, /ovvé

i.e p, Lagi