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DANIEL [LIVRE DE

mais des interprètes catholiques, tels que Riessler, Dot Buch Daniel, Vienne, 1903, et le P. Lagrange, Les propltétiei messianiques de Daniel, dans la I biblique, 1004, p. 194 aq., préfèrent maintenant trouver la solution des antinomies historiques du livre de Daniel, en dernier ressort et comme en désespoir de cause, dans le mauvais état relatif do texte hébreu-araniii-n retouché par des éditeurs ou des copistes mal informés il » ' l’histoire ancienne de l’Orient babylonien. Ainsi, dans Dan.. I, 1-2. où les < années » du règne de Joakim paraissent confondues, cf. II Reg., xxiv, 7 ; Jer., xlvi, 2, Riessler propose de lire « le troisième mois de Jéchonias » . Cf. II Reg., xxiv, 8-16. Dans lian.. iv, 28 sq., où la maladie septennaire de Nabuebodonosor ne semble pouvoir, malgré l’allusion hypothétiquede Bérose, dans Josépbe, Conl. Apion., i, 20, et la relation d'Âbydène, dans Eusèbe, Prsep. evang., ix. M, 6, P. ', t. xxi. col. 761. s’intercaler dans aucune des périodes de la vie de ce roi bien connue par ailleurs. Riessler, p. 42-44, 125-126, et Lagrange, loc. cit., p. 500, liraient volontiers, au lieu de Nabucbodonosor, Nabonide. Annales de Nabonide, col. 2, lig. 5-23, dans Schrader, Eeilinschriflliche Bibliothek, t. iii, 2, p. 130133, où le dernier roi de Rabylone paraît dépouillé momentanément du pouvoir, enfermé « dans Tém ; 'i i Il en serait de même dans Dan., v, où Baltbasar est affirmé à plusieurs reprises « fils » et successeur de .Nabucbodonosor, contrairement à II Reg., xxv, 27 ; .1er., ni, 31 ; Bérose, Fragment 14 (Mûller-Didot, Fragmenta historié, grmeorum, t. ii, p. 507 sq.), où le successeur de Nabucbodonosor est Amèl-Mardouk (Evilmérodacb), et à la petite inscription d’Our. col. ii, lig. 14 sq., dans Schrader, ibid., p. 97, où Belsharouzour (Baltbasar) est fils de Nabonide. Cf. Riessler, p. 51 sq. ; Lagrange, loc. cit., p. 500. Dans Dan., v, 30 ; vi, 29 ; ix, I. où un empire méde, ayant pour chef Darius le Méde, succède à l’empire cbaldéen, ce qui se trouverait contredire le Cylindre de Cyrus, lig. 25-36, et les Annales de Xabonide, col. 3, lig. 18-28, cf. Schrader. op. cit., t. ni. p. 124-127, où Cyrus succède immédiatement, Riessler, p. 53, combinant une donnée des LXX (v. 30) avec la chronologie des contrats babyloniens datés du commencement du règne de Cyrus (Schrader, Keil. BibL, t. iv, p. 261 sq.) identifie Darius à Cambyse associé par son père au gouvernement, tandis que le P. Lagrange opine pour Darius, lils d’IIystaspe, introduit dans le texte hébreu par une « série d’altérations » . Loc. cit., p. 501-502.

VII. A.UTEUR. — L’auteur du livre de Daniel serait, ou bien le prophète de ce nom qui aurait vécu à Iial.ylone depuis le début du règne de Nabucbodonosor II (605-562), sous Évilmérodach (562-560), Nériglissor (560556), Laborosoarchod (5561, Nabonide (556-539), jusqu'à la troisième année au moins de la prise de cette ville par Cyrus en 539, Dan., x. 1 ; ou bien un Juif du parti machabéen, écrivant vers l’année 168, sous le règne d'Ântiochus IV Épiphane.

1° La première de ces deux opinions allègue en sa faveur, et comme les plus capables de convaincre, les raisons suivantes : 1. le témoignage du livre lui-même : a) ses affirmations touchant la mise par écril des isions par le prophète qui en fut favorisé, vu. 1, voire de tout le livre, xii, 4 ; l’emploi continuel de la première personne dans les c. vii-xii. très souvent par la formule < moi, Daniel » , et, pour la première partie, i-vi, la façon minutieuse dont les événements v sont rapportés, ainsi que les discours : souci du détail qui trahit, dit-on, le témoin contemporain, voir Hebbelyncli. De auctoritate, p. 10 sq. : Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 1257 ; — b) « la coïncidence merveilleusement exacte qui existe entre les données du livre, données historiques, archéologiques, orientales, et ce que nous savons sûrement d’ailleurs, Dictionnaire

dv ta Bible, t. i. col. 1257-1259, et les auu

— 2. les témoignages de la tradition jui < tienne : a) allusion de Zacharie en 520-518), i. 11-7. aux quatre empires décrits dans Dan., n et vu ;

// emprunts faits a Dan., ix, 5-20 par Kéhémie 444-432) et les lévites ses contemporains dans les prières, Ni h., i.."(-11. ix. 6-37, Hebbelynck, p. 44-46 ; cf. pourtant Dictionnaire de la Bible, t. i. col. 1259 ; — c Bence du livre dans le canon juif palestinien de » Ecritures quil’on dit. sur la foi du IV « livre d’Esdras, xiv, et du Talmud, Baba bathra, lia, 156, clos par Esdras MO), Hebbelynck, p. 55 sq. ; -- an.,

vu, 7. 8, 11, 20, vers l’an 170 ; — e) allusion de Mathathias, dans son discours, I Mach., Il, 59. 60, aux faits concernant Daniel et ses compagnons (Dan., in comme à des exemples < anciens >, Hebbelynck. ; B q- î — f> conviction deJosèphe, Ant.jud., X. xi. 7 ; Bell. /"-/., I. IV. c. vi, 3 ; I. VI, c. ii, 1. Hebbelynck, p. 50 des évangélistes, Matth., xxiv. 15 ; Marc. xiii. 1°. Hebbelynck, p. 61 sq. ; des réfulateurs de Porphyre ; Métbodius, Apollinaire, Kusèbe. cf. S..brome. In Dan., /'. /.., t. xxv. col. 191 sq., 580 ; de Tbéodoret, lu Dan., vu. /'. G., t. i.xxxi. col. 1111 ; de la tradition chrétienne jusqu'à nos jours. Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 1260.

2° L’autre opinion, qui se rattache à Porphyre, critique d’abord ces témoignages, puis apporte ses raisons.

— 1. Critique. — a) La mise par écrit des visions ou révélations, l’emploi de la première personne dans le récit, le rapport circonstancié des événements sont choses communes dans les apocal ne les empêchent pas d'être pseudonymes, pseudépigraphes, apocryphes. — b) La coïncidence des données du livre avec nos connaissances archéologiques et historiques de l'époque cbaldéo-persane est précisément sujette à caution. Bevan, p. 15-22 ; Driver. Introduction, p. 498 sq. — c) Les ell’orts des apologistes à trouver dans la littérature juive prémacbabéenne « des traces du livre de Daniel » sont jugés « désespérés » , et les résultats, de l’aveu de ces apologistes, n’en sont point concluants. Bevan, p. 13. Cf. Hengstenber-, Die Aulhentie des Daniel, 1831, p. 277 ; Dictionnaire de la Bible, t. î. col. 1259. — d) Le canon des écrits prophétiques n’ayant pu être clos qu’après l’exil, il est inexplicable que le livre de Daniel, s’il existait alors et devait être connu des Juifs, n’ait trouvé place que parmi les h. biographes et n’ait pas été mentionné par Eccli.. xuv-i., parmi les écrits des prophètes. Bevan, p. Il si]. ; Driver, p. 497 sq. — e) Le témoignage des oracles sibyllins, 1. III. doit être descendu jusque vers l’an lin. la référence de I Mach., n. ne prouve pas que le livre de Daniel ait existé comme tel avant l’an 168, Matbathias invoquait plutôt des souvenirs traditionnels. Bevan, p. 1 i — f) La tradition juive postmachabéenne et la tradition chrétienne ne tirent pas plus de difficultés à croire le livre l'œuvre du prophète Daniel qu’elles n’en firent à croire les apocalypses apocryphes ouvris d’Hénoch, d’Adam, de Moïse. d’Abraham, etc.

2. A cette critique s’ajoutent les raisons suivantes :

— a) Il serait surprenant que Daniel, avant la conquête de Cyrus, ait. pour décrire les institutions chaldéennes, fait usage de mois persans tels qu’il s’en trouve dan^ les livres d’Esdras et Néhémie, d’Esther, des Cbroniques, el de mots grecs. Driver, loc. cit., p. 501 sq.

— b) l.'arameen et l’hébreu du livre sont d'époque beaucoup plus récente que le vie siècle. Driver, p

sq. —e i Les doctrines du livre sur le Messie, les anges, la résurrection, le jugement du monde, » apparaissent par le i ton général l et surtout par la façon plus claire dont elles sont traitées — ce qui accuse, par rapport au temps de l’exil et.i l'époque immédiatement antérieure, une période nécessaire de développe