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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE)


b. Conclusions agnostiques des modernistes. — Sans rien répéter de ce qui précède sur le sens du concile, nous pouvons affirmer que dans les passages que nous étudions, le concile par « raison naturelle » entend le pouvoir physique que nous avons d’atteindre et de distinguer le réel, suprasensible, matériel ou non, de façon à porter sur lui des jugements valables fondés sur la connaissance de la nature intrinsèque deschoses. Cela suit de ce que le concile définit qu’on peut connaître Dieu « par les choses » , et de ce qu’avec l’apôtre saint Paul il entend parler d’une connaissance de Dieu telle que, si nous ne l’honorons pas d’un culte religieux, après l’avoir connu par ce moyen nous sommes inexcusables. Il est vrai que la considération du a monde phénoménal » peut amènera la connaissance d’une première cause, d’un premier moteur. Stuart MiU admet cette conséquence ; mais, positiviste, il conclut au matérialisme. Cf. Maillet, La création et la providence devant la science moderne, Paris, 1897, p. 107. Or, ce n’est que par la connaissance de la nature intrinsèque des choses que l’on exclura l’hypothèse matérialiste ou panthéiste, Denzinger, n. 16481651 ; et, d’un autre côté, si l’on n’admet pas que la raison est capable de porter sur la nature intrinsèque des choses, et par conséquent de Dieu, des jugements objectivement valables, il est impossible de légitimer le devoir du culte. Cf. Dictionnaire apologétique de la foi, t. i, col. 7. Nous n’ajoutons donc rien au concile, en décrivant la raison comme nous venons de le faire.

Sans doute, cette description en un sens ne dépasse pas le sens commun, si dépasser le sens commun c’est, comme les philosophies nouvelles l’entendent, le contredire, en cessant d'être avec lui objectiviste et dogmatique. Elle ne dépasse pas non plus le sens commun en ce sens que, moralement parlant, tout homme venu en ce monde est capable de faire les actes qu’elle implique. Mais elle le dépasse de beaucoup, si dépasser le sens commun, c’est distinguer par l’analyse ce qu’impliquent nos actes directs, ce qu’expriment les textes de la Sagesse, xiii, et de saint Paul, Rom., i, qui interprétés par la tradition chrétienne ont servi de i la décision conciliaire.

Il est donc certain que le concile n’admet pas qu’on soit confiné dans l’agnosticisme, ni avant ni après la première adhésion de la raison à l’existence de Dieu, ni avant ni après le premier acte de foi proprement dite. Or les modernistes préfèrent, avant la croyance ou la foi, se rallier à l’opinion des positivistes ou des kantistes, sauf à essayer avec If. Brunetière d’utiliser l’inconnaissable de Spencer. Brunetii re, Pour le centenaire d’A uguste Comte, dans la Revue des Deua Mondes, 1-- juin 1902, p. 691 sqCf. Itevue de philosophie, février 1903, p. 237. après ou dans la croyance et la foi. ils préfèrent se rallier a l’opin i<>ti des protestants libéraux. Pour eux, comme pour M. Ménégoz, la raison est impuissante en matière religieuse — el il s’agit bien de la raison des philosophes, telle que je viens de la décrire ; nous n’atteignons Dieu que par la croyance, et nous exprimons cette croyance par des images (Tyrrell), dos symboles, des anthi opomorphismes, des formules absti

mes un caractère s mbolique, car. Iles

s riment direi li ment que les luis de notre esprit,

ibitudes de conduite qui résultent de

notre croyance & la vérité du conc< pi de Dien, de même

que les formules mathématiqui - n i (priment que notre

lion aux intuitions du réel et aussi notre action,

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/ he eality of God, danUibbert i ctobn 1906, p 106

bien plus, cet t ipn Ions sont contingentes, variables, comme tout le reste, aux I". lution

| >I. dans I 1907, II. I.

Cf. Denzinger, 10e édit., n. 2074, 2079 sq., 2094, 2026, 205$. M. Le Roy ayant proposé son symbolisme mathématique ou pragmatique, M. Sertillanges prononça que « la foi est un problème de vie, non un problème philosophique ; » et que « fùt-on relativiste en philosophie, si l’on maintient — et cela se peut — dans le système des relations une place pour les réalités dogmatiques, qu’importe que la réalité totale ait été définie tout d’abord, philosophiquement, par la relation ou par autre chose'.' » Cf. Revue du clergé français, novembre 1905, p. 5't3 ; octobre, p. 317. M. Desbuts marcha sur les traces de M. Sertillanges et exténua l’analogie de proportionalité de Cajetan, en « prolongeant » , dit-il, la pensée de saint Thomas, p. 384, au point de pouvoir, dans des vues apologétiques, proposer sérieusement de renoncer « à connaître Dieu par et dans nos concepts. » Desbuts, La notion d’analogie, dans les Annales de philosophie chrétienne, janvier 1906, t. eu, p. 385. Depuis, le même écrivain a écrit sans embarras : « Selon le saint docteur [saint Thomas], notre idée de Dieu est une idée analogue selon l’analogie de proportionalité. Une telle idée n’exprime pas une propriété abstraite commune à Dieu et aux créatures ; elle n’est, en aucune façon, une représentation, même obscure, de la nature divine. » Ibid., juin 1908, p. 255. Voir sur la position réelle de l’ancienne école thomiste, Dictionnaire apologétique de la foi, Paris, 1908, 1. 1, col. 45.

Toutes ces formules reconnaissent avec la scolastique et avec Kant que nous pouvons désigner Dieu par des périphrases tirées de nos états subjectifs, par des dénominations extrinsèques ; mais elles nient avec le même kant, non pas seulement contre la scolastique, mais bien contre la pensée de l’Eglise et de tous les fidèles, S. Thomas, Sum. theol., I a, q. xiii, a. 2, que nous soyons capables de porter un jugement défini, ayant une valeur de connaissance objective précise, sur la nature intrinsèque de Dieu. Peu importe ici, où il s’agit de l’aboutissement, de savoir si toutes ces philosophies ont ou n’ont pas dépassé Kant, si elles ont ou n’ont pas retrouvé le réel ; peu importe de même les diverses allonges essayées ; nous parlons du résultat. Or, qu’ils soient à la remorque de Spencer et de ses idées héréditaires, comme M. Loisy ; qu’ils tiennent que tous les termes de l’Ecriture sur Dieu sont figurés, comme le juif Maimonide et M. Tyrrell ; que leur symbolisme soit métaphysique, avec M. Desbuts, ou pragmatique, etc., avec M. Le Roy, etc. ; tous s’accordent à nier que la raison humaine ait le pouvoir de se faire une idée rationnelle valable de l’absolu, de façon à pouvoir porter sur la nature intrinsèque de l’ion desjugements définis ; tous s’accordent avec il. Dunanà considérer le et et l’estime de l'Église pour la raison « comme une erreur » . Cf. Rifaux, Les conditions du retour au catholicisme. Enquête, réponse de M. Ounan, p. 205. Ceux-là seuls qui ne connaissaient ni le sens de la définition du Vatican, ni les prétentions du modernisme, ont pu s'étonner de la condamnation de ce « rendez-vous de toutes les hérésies » . L’expression a froiss. ii tins protestants libéraux, qu’elle démasquait — car ces messieurs sont souvent gens d'église et vivent de ri venus ou d’aumônes ecclésiastiques et d’i

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dinairei n’errent que sur quelques points ; mais la

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que ne faisaient ni le luthéranisme, ni le calvinisme,

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