Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée
65
06
DANIEL (LIVRE DE (


Interprétation critique.

Pour saint Éphrem,

In Daniel, Opéra sijriaca, Rome, 1740, t. il, p. 205-206, « quelques auteurs » anciens (Tbéodoret, In Dan., H, 13, P. G., t. LXXXI, col. 1306), Polychronius, évêque d’Apamée, dans A. Mai, Scriptorum veter. nov. collectio, t. i c, p. 1-27, et Cosmas Indicopleustès, Christiana topographia, 1. II, dans B. de Montfaucon, Colleclio nova Patrum, Paris, 1707, t. ir, p. 144 sq., les quatre « royaumes » sont les empires chaldéen (Nabuchodonosor), mède (Darius), perse (Cyrus) et gréco-macédonien (Alexandre), et les « dix rois » sont les successeurs d’Alexandre, les Séleucides et les Lagides. Antioclms Épiphane remplace l’Antéchrist. Selon Porphyre, dans saint Jérôme, Comment, in Dan., vii, 7, P. L., t. xxv, col. 530, ces empires auraient été ceux des Chaldéens, des Médo-Perses, d’Alexandre, des successeurs d’Alexandre (A’.âôo/ot) ; le roi persécuteur est aussi l’Épiphane. Bossuet, Discours sur l’hist. univ., part. II, c. ix ; Grotius, Critici sacri, Lyon, 1660, t. V, In Dan. ; IIoubigant, Biblia hebraica, Paris, 1753-4754, t. iv, p. 519 ; Calmet, Commentaire littéral, 2e édit., Paris, 1726. t. vi. p. 619, ont suivi cette opinion dans ses grandes lignes. La plupart des critiques modernes se sont par.’îi Ire ce double système de saint Ephrem et de Porphyre. Pour séparer les empires mède et perse, les premiers s’appuient sur les passages Dan., v, 30 ; VI, 1, S. i, 1, et surtout vi, 29, où le texte fait « succéder » Cyrus le l’erse à Darius le Mède. Les deux mômes empires se distingueraient aussi, l’un venant « après » l’autre, dans Dan., viii, 3, 20, et dans v, 31 ; vi, 28, où la « loi des Mèdes » précède celle des Perses. Le quatrième empire serait ainsi nécessairement l’empire grec et parce que, dans les c. n et vii, cet empire correspond exactement à celui de viii, 21, lequel est d’Alexandre : empire divisé, ii, il, et viii, 22 ; empire finissant avec un roi impie. vu. 8, 24, et VIII, 9, 23, Antioclms IV ; le dernier empire ennemi, II, vii, et VIII, 17, aussi x-xi, où la naissance et le développement de l’empire grec sont relatés en détail, sans qu’il soit parlé d’un autre empire subséquent avanl le s temps de la fin » , Les dix rois, vii, 24, représentés par les dix cornes sont : ou bien Séleucns Nicator, Antiochus Soter, Antioclms Théos, s. I. ueiis Callinicus, Séleucus Céraunus, Antiorliu ^ le Grand, Séleucus Philopator, Héliodore, Ptolémée Philométor, Démétrius Soter ; ou bien Alexandre lui-même el les -uixants, moins Ptolémée Philométor. Auteurs, dans Dûsterwald, op. cit., p. 34. Unissant en un seul empire les Médo-Perses d’après v, 28, et contraints alors de voir l’empire gréco-macédonien il Mexandre dans l’airain de la statue ou la troisième bête de la vision, les autres criti pies identifient le quatrième empire avec le royaume syrien dont les dix rois. Alexandre y compris ou non. ainsi que Ptolémée Philométor, sont les dix prédéce seurs d’Antiochua Epiphane. Celui-ci, dans l’uneel l’autre opinion, est figuré par la petite corne de vu. 8, 20 sq.. et de viii, 9 ; c’est le roiartificii ux de mu, 23 sq., roi de l’un des quatre royaume ! macédonien, thrace, syrien, égyptien, issus de l’empire d’Alexandre, viii, 8, 9, 22 : i, 21 sq. Il persécute Israël "n les saints » jusqu’à ce que la domination sur tous les royaumes du monde soit accord/. victimes di - mssitôl son jugement < ! s ; i ruine. Auteurs, dmDûsterwald, p. 35. Le lils de l’homme » qui, dans vu 13-14, 1 i le royaume éti rait, suivant

la pluparl des critiques modernes, Israël lui-même parallèle parfait de vu. 13-14, avec vii, is. SB, 27 ; si i - pui isan i ennemies de Dieu -..ni bien

yml lans ce c. vil, par des animaux, la forme

humaine ne peut que symboliser le royaume spiri tuel des saint d’1 raël, mbole à symbole ; pareillement,

s’oppose., . ri de |.i mer, vil, 3, 17. Ce qui vient

sur l 13. un roya u me i des royau me- ; ni n. 44. ni XII, 3. qui traitent pourtant du

DICT. DE T11F.OI.. CATIIOI..

royaume spirituel, ne parlent d’un roi futur, d’un Messie personnel. Cette interprétation du « lils de l’homme » fut connue de saint Éphrem et acceptée par Aben-Ezra. Quelques critiques protestants, tels que von Lengerke, Bleek, Ewald, et d’autres plus récents, Boehmer, Reich Gottes und Menschensolin im Bûche Daniel, Leipzig, 1899 ; Grill, Untersuchungen ûber die Enlstehung des vierten Evangeliums, Tubingue, 1902, Baldensperger, Bousset, Volz, reviennent cependant au roi Messie de la presque unanime tradition juive et catholique.

La thèse de l’interprétation critique du livre de Daniel a été acceptée par quelques écrivains catholiques contemporains. ïurmel, Etude sur le livre de Daniel (extrait des Annales de philosophie chrétienne), Paris, 1902 ; Lagrange, Revue biblique, 190’i, p. 494 sq.. après d’autres appartenant à la première moitié du XIXe siècle. Voir Dûsterwald, op. cit., p. 31.

3° Autres interprétations (pour mémoire). — Le quatrième empire serait l’empire mahomélan, les empires grec et romain étant réunis en un seul, le troisième. Babbins du moyen âge. Voir Bevan, op. cit., p. 63. — Hitzig, Heidelbergpr Jahrbûcher, 1832, ii, et Bedepenning, Sludien und Kritiken, 1833, p. 863 sq., identifient ainsi les quatre empires : 1. Nabuchodonosor ; 2. les successeurs babyloniens de ce roi ; 3. les Médo-Perses ; 4. les Gréco-Macédoniens.

Pour quelques protestants du XVIIIe siècle, il ne s’agirait pas de quatre empires, mais seulement des règnes des rois babyloniens. Voir Dûsterwald, p. 36. — Selon Ewald et Bunsen, Daniel n’ayant pas habité Babylone, mais Ninive, les empires seraient : 1. assyrien ; 2. babylonien ; 3. médoperse ; 4. grec. Voir Dûsterwald, p. 36. — Pour Boehmer, Reich Gottes und Menschensolm, p. 82 sq., les quatre empires seraient moins quatre empires distincts que -quatre phases du règne des hommes, après lesquelles doit arriver le règne de Dieu.

V. Caractère littéraire.

Le livre de Daniel est une apocalypse juive. S’il n’est pas tout à fait la première apocalypse (il y en a de petites dans Isaïe, xi ; xxtvxxvii ; Zach., xii-xiv ; Joël. Malachie, iv), il est du moins le premier livre apocalyptique connu de la littérature hébraïque. Étant le premier, il a donné le ton aux autres ; et l’on a pu dégager d’eux tous, avec plus ou moins de bonheur, la caractéristique et comme la définition du genre. Cf. W. Bousset, Die Offenbarung Johannis, Gœttingue, 1896, Introduction, i, p. 1 sq. ; Apocahjplih Ijûdisc fie), dans Realencyclopâdie fur protest. Théologie, Leipzig, 1896, t. i, p. 612 sq. ; Die jûdische Apokah/ptik, Berlin, 1903 ; Baldensperger, Die 7ncssianisch-apokah/ptischen Hoffnungen des Judenthums, Strasbourg, 1903 ; P. Volz, Jûdische Eschatologie von Daniel bis Akiba, Leipzig, 1903, part. [, § I, p. isq. A ce point de vue, on peut considérer le livre de Daniel par rapport aux .mires apocalypses et par rapport aux œuvres des prophètes parmi lesquelles on le range aujourd’hui.

I Daniel et les apocalypses. — Ce que le livre di Daniel renferme île proprement apocalyptique parallèlement aux autres apocalypses, où tout, non plus, n’est pas jairement apocalyptique, c’est : l.une cosmologie, une vue déterministe ou providentielle de l’histoire de l’humanité, présentée en manière de prophétie, et par tant d’une certaine époque choisie par l’auteur jusqu’à un point d’arrivée considéré comme la fin d’un monde

i. Cette vue porte sûr un certain nombre de p. riodes successives, Ici, concrétisées en quatre empin à partir du temps.le i exil : Dan., tt. mi sq. ; Apocalypse de Baruch, xxxii xi, iv Esd., si-xii, la. figurées di

fai nus différente ! pour le même cycle restreint : lletioeli I xv-i :. on pour toute l’Iiistoire du monde et de l’hu maniié ; Jubilés, Oracles sibyllins, I. IV, i/7 sq.. kpoca lypse d’Abrabam, xxixj i de Baruch, un sq. ;

II. nII.. III Bl ICI, 12 17. Elle Se résout -muent en

IV.

3