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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE ;


de la pureté que l’incontinent : suit-il qu’il juge plus mal, et que son jugement n’a qu’une valeur purement relative ? L’idée de Dieu émeut et fait vibrer autrement l’homme pieux que l’impie, faut-il en conclure, comme on le fait, que l’impie n’a pas d’idée objectivement valable de Dieu, et que l’homme pieux n’a de Dieu que l’idée que son émotion peut lui en donner ? A ce compte, dans le fameux jugement de Salomon, celle qui par l'émotion de sa réponse fut jugée la vraie mère, ne l'était, et ne savait l'être, que par l'émotion que lui causa la proposition du roi. Qui ne voit que la réponse de cette femme et l’accent qu’elle y mit furent commandés par la réalité objective, par le fait de la gestation, de la parturition et de l’allaitement ? Salomon compta sur la réaction émotive de sa proposition pour distinguer la vraie mère, et nos juges d’instruction, qui épient « l’accent de vérité » d’un témoin, font de même ; mais tous savent et admettent que l'émotion et l’accent de vérité du témoin ne créent pas la connaissance du fait, qu’au contraire ils la supposent, et c’est précisément parce qu’ils la supposent, qu’on en tient compte. De même, l’indifférence du témoin est, dans bien des cas, la meilleure garantie de son témoignage : vérité admise de tous, mais que ne peuvent pas expliquer ceux qui tiennent que ce qui n’est pas émotionnel ne saurait atteindre le réel. C’est que la connaissance objectivement valable du réel est antérieure à la réaction affective. 111a autem nomina quæ præcedunt affectum, c’est-à-dire les formules purement conceptuelles et logiques, possimt esse œstimaliva realiter, sed formaliter non sunt. Ce qui signifie que la formule purement spéculative peut être prégnante de toutes les réactions affectives du sujet de façon à les légitimer logiquement, sans que subjectivement le sujet réagisse ; $unt lacrymx rerum, a dit le poêle dans le même sens. Par exemple, la formule abstraite du Credo, qui est l’objet direct de noire foi, n’est pas moins repré tentative de la réalité en soi, pour nous laisser froids à certains jours, quand par exemple nous avons une forte migraine. Os jours-là, le Credo reste pourtant la parole de Dieu, et par suite la vérité ; et le fait que nous ne réagissons pas, à cause de la migraine, n’en rien à la valeur objective de notification de la formule. Perez conclut : Patei ergo quid sitesse inlentionabquod, juxta dicta, non solum constituitur per triplicem opérai ionem logicam, sed per quartam rolili, et per quintam sestimati. Volilioenim estquædam illatin— i n’est pas nécessaire qu’il ait inférence formelle, de même plus haut il n’est pas question de jugement formel : les scolasliques connaissaient les apprehensiones virlualiter judicativa et illativse — ntelleclione, et cet timatio est Mario ex volitione Ant. Perez, In I n divi Thomm

tract, quinque, Rome, 1656, t. i. p. 3.

On voit par ce texte que l’admission des notions conceptuelles valables dans la vie morale et religieuse, loin

d'être gêne pour l’interprétation des faits, sert au

Contraire à les comprendre.

"ii nous objei lera que les scolasliques ne s’occupent jamais que des concepts i t des opérations logiqui que nous serions bien embarras é pour citer un autre auteur que Perez, qui parle d’une quatrième opération

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i fournil la réponse aux 'ions que fin m des tut rappi '"- moderniiti libéraux, pour con clure que nous n’avons la certitude du réel en religion que par l’intuition dans le sentiment ou l’expérience. — 1. Il y a, disent-ils, progrès dans la connaissance du réel divin par l’expérience ; donc l’expérience est le seul moyen de l’atteindre. — Réponse. —Nous admettons le fait du progrès, que nous expliquons très facilement sans avoir à concéder la conséquence que l’on déduit de ce fait. Cf. Kleutgen, Théologie der Vorzeit, Munster, 1874, t. v, p. 272 ; S. Bonaventure, Opéra, édit. Quaracchi, t. v, p. 55 ; Bossuet, Œuvres oratoires, édit. Lebarq, t. v, p. 10't.

2. Par la vie intérieure, disent-ils, on a une sorte d’intuition des vérités divines ; donc la connaissance du réel, qui ne peut être qu’intuitive, s’acquiert par l’expérience. — Réponse. — Dans le conséquent on prend pour accordée la non-valeur de la connaissance abstraite, c’est-à-dire précisément ce qui est en question. Quant à l’antécédent, nous concédons une sorte d’intuition, à condition qu’on ne prenne pas ce mot au sens où les théologiens l’emploient quand ils trailent de la vision intuitive. Cette équivoque écartée, l’emploi du motintuition n’a rien qui nous choque. Cf. Harent, Expérience et foi, dans les Etudes, 20 octobre 1907, p. 233. On le trouve équivalemment dans saint Thomas : In hac etiani rila purgato oculoper donum intellectus Deusquodammodo videri potest. Sum. l/ieol., I » II", q. i.xix, a. 2, ad 3° m. Huarez, De oratione, c. xiii, dit : quasi intuitu ; Benoit XIV définit la contemplation : simplex intellectualis intititus cum sapida dilectione. De bealificatione, 1. 111, c. xxvi. Le sens de cette expression se détermine par celui des termes auxquels on l’oppose, qui sont « méditation et discours ». Méditation et discours emportent proposition d’une vérité de foi, puis raisonnement, ell’ort conscient ; intuition, au contraire, signifie appréhension de la vérité de foi sans raisonnement, avec clarté et sans effort ; c’est ainsi que nous saisissons les premiers principes, et que nous voyons que deux et deux font quatre. Par la pratique de la vie intérieure, sous l’action de la grâce de Dieu, il arrive que le fidèle saisit les vérités de foi, comme on voit les premiers principes spontanément, sans elïort, avec clarté, qu’il leur donne son assentiment sans raisonnement conscient, et qu’ainsi tenues pour certaines, ces vérités, qu'énonce la formule traditionnelle, mieux péné trées sollicitent fortement les puissances affectives. Dans ce cas, l’illusion serait de croire que la formule abstraite n’exprimait pas objectivement de quoi justifier tout l'ébranlement ressenti. Parce qu’on a mieux compris le dogme, on en a été plus touché : et parce que les objets que nous voyons, nous sont plus distinctement présents à l’esprit et nous émeuvent plus que ceux qui sont absents, on dit ici par analogie que, dans ces cas, on a l’intuition de la réalité divine. Cf. Scaramelli, La direction mystique, trad. Catoire, S vol.. Tournai, 1863 ; l’auteur avait en vue Molinos et ses disciples, el par suite traite les questions précisément au point de vue qui nous occupe ici ; Schram, Theologia myslica, Paris, I Sis. Voir aussi Moisant. Dieu, l’expérieni métaphysique, Paris. 1907,

3. Dans l’expérience religieuse, on n’a pas consi ienci d’un travail intellectuel, la connaissance semble venir du dedans et non du dehors, du cœur plutôt que du

au. — Réponse. —Ce que i s venons de dire explique pourquoi la conscience de Pefforl rail défaut, qu’il n'} t ni effort, ni raisonnement explicite. La ade partie de l’observation, que nous admettons comme la premii re, a été députa longtemps i tpliquée par les thi dans le ti i rlus, à propos des habitudi acquises que nonlaissent nos icti rai naturels. Cf. de Coninck, De moral) la te, natu efferlibut acluum tupernaturalium in génère, etc., Ame. lisp il. dub. iii, n. Si, I n vertu « le l’unitédu sujet humain, tout ce quenou non*.