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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE)


que de se donner beaucoup de peine pour comprendre de son mieux ce qu’ila bien voulu nous révélerde luimême et de ses œuvres. J’ai signalé tout à l’heure l'écart qui, par suite du développement de la vie religieuse profonde, apparaît au fidèle entre la formule abstraite et le Dieu vivant de son cœur. Les pages glacées de saint Thomas et de Suarez n’auraient-elles pas, d’aventure, pour but d’expliquer cet écart apparent, d’en faire comprendre le sens, d’en mesurer la portée ? Jusqu'à preuve du contraire — et on ne me la fournira pas — je pense que l'étude approfondie des grands théologiens reste la meilleure apologétique contre les modernistes, qui prennent occasion de cet écart apparent pour nier la portée ontologique des notions abstraites sur Dieu et en général des formules dogmatiques. Aller dans l'étude des mystères divins jusqu’au bout de l’analyse conceptuelle et logique, c’est le meilleur antidote contre la défiance de la pensée spéculative, que peut faire naître la réflexion sur les caractères de la croyance vécue et vivante. Là où les modernistes, pour n’avoir pas rompu l’os et atteint la substantifique moelle du dogme objectif, concluent que « la formule est vide de sens et de valeur, qu’elle est irréelle, o le théologien voit intellectuellement que la parole divine, la langue de l'Église ont un sens tellement plein, une valeur ontologique tellement riche que les battements de cœur, les enthousiasmes de la foi, les folies d’amour religieux de toutes les générations ne seront jamais adéquats à l’objet que cette parole sacrée et cette langue officielle nous manifestent. Comprise autant que l’intelligence humaine peut la comprendre, la formule révélée nous découvre l’objet de notre foi, bien au-dessus de ce que l’amour réuni des hommes et des anges pourrait nous faire soupçonner, s’il nous était donné de pouvoir l’analyser. Ce qui est vrai des vérités révélées, l’est, toute proportion gardée, des formules philosophiques..Mais pour mettre dans un livre la métaphysique sur Dieu dont nous parlons, il ne suffit pas de l'écrire avec son coeur, il faut de la pensée pure ; et celle-ci est en quelque sorte impersonnelle, c’est-à-dire t, pour ceux qui ne sont pas formés à cette discipline, glaciale. Il paraît donc que les pages décolorées des théologiens, loin d'être une preuve de leur ïndilTérence à la vie spirituelle intime et profonde. lui 'ont en réalité' ordonn

Le préjugé de religion académique et d’intellectualisme exclusif écarté, serrons de près le raisonnement qu’on nous oppose : La ie intérieure itteint la réalité spirituelle ; donc, en dehors de l’expérience intérieure, de la foi du cœur, pas de connaissance rationnelle de Dieu, valable.

Sur l’antécédent de cel enthymème, mettons-nous d’accord quant aux points suivants : a) Il est vrai que la vie intérieure des chrétiens atteint la réalité spirituelle. || est vrai que les mahométans, qui croient i du vrai Dieu, atteignent la même réalité, bien que d’une autre manière, puisqu’ils n’ont pas la vertu théologale di foi. b On convient aussi que sans m vitale du sujet, l’individu n’atteint pas cette réalité. Beaucoup di nts des modernistes

prouvent que, dans la connaissance religieu. nous ne

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175. I que l’encyclique /' rail

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toutes les religions se valent, et qu’il n’y a pas pour eux de moyen de montrer la vérité de l’une et la fausseté des autres. Comment le feraient-ils, puisque, d’après eux, d’une part les principes abstraits n’ont pas de portée ontologique en dehors de l’expérience intérieure, et d’autre part tous les hommes ont une expérience religieuse qui atteint la réalité divine ? On ne voit donc pas comment ils pourraient convenablement exclure de la vraie religion, par exemple les hallucinés de nos hôpitaux qui se croient le Père éternel, celui des Monod qui s’est dit le Messie, le fondateur de l’Agapeinone, bref tous les fanatiques, derviches hurleurs, etc. Mais pour simplifier la présente discussion, laissons de côté ce point et convenons de ne parler pour le moment que de l’expérience religieuse des bons chrétiens.

Le sens de l’antécédent étant ainsi bien déterminé, et concédé, nous demandons par quelle « conséquence » passe-t-on, de la proposition : la vie intérieure des bons chrétiens atteint la réalité spirituelle, à cette autre proposition : les formules religieuses, en dehors de l’expérience intérieure, n’ont pas de portée métaphysique ? Cette inférence est légitime, si l’on sous-enlend dans l’antécédent le mot seule, en d’autres termes, si l’on donne un sens exclusif à la proposition : la vie intérieure atteint la réalité spirituelle. Et c’est bien en réalité ce que font les modernistes.

En effet, l’appel aux mystiques et aux grands chrétiens, l'étalage des bénéfices de l’apologétique nouvelle, la description émue des expériences religieuses tendent à suggérer au lecteur que seule l’expérience intérieure al teint l'être substantiel ; quand le lecteur esta point, on lui glisse la conclusion, et le tour est joué. Mais a) l’appel aux mystiques est un leurre : a. parce que les mystiques supposent explicitement la foi, une pensée de foi, par exemple, celle de la présence de Dieu, c’est-à-dire une connaissance notionnelle au début de leurs expériences ; et, seuls, les pseudo-mystiques comme Molinos nient la valeur ontologique de cette pensée initiale proposée par la foi. b. Il est vrai que Gerson et quelques autres ailleurs admettent la possibilité d’une connaissance subséquente à l'état affectif, sans connaissance antécédente..Mais alors il faut dire : quelques mystiques et non pas : les mystiques. De plus, ces quelques mystiques n’admettent la connaissance subséquente que comme un cas singulier. Pour le reste des cas. ils parlent comme tous les autres. — b) L'étalage des avantages de l’apologétique nouvelle, en vue d’amener le lecteur à penser que seule la vie intérieure atteint le réel, est une amorce assez grossière. Elle sert à la fois à dissimuler les concessions que l’on fait aux agnostiques, et à donner de l’apparence aux moyens que l’on propose, par la beauté de la fin. « La pensée moderne est jalouse de la notion d’immanence, etc. ; si nous ne concédons rien, nous serons sans action sur noire temps. » le n’en crois rien ; mais, soit ! Suit-il de là que seule la vie intérieure atteint le réel ? Nos théories, fussent-elles de Kant, changent-elles l’ordre causal du monde ? — et La description émue de la vie spirituelle des bons catholiques, aux fins de produire la ne stion en

f.neur de la aieur exclusive de la connaissance issue de l’expérience, couvre un triple sophisme.

n. On nous décrit avei ïnes modalités de la

vie intérieure. Mais I numération complet*

parties.' Non, les éUlfl que l’on denit sont triés sur le

volet ; "n néglige, de parti pris, ceux qui contrediraient la thèse, par exemple le Pail de la foi sans amour dans l'étal île péché, Denzinger, ii, 740, le fait de i i en Dieu sans la foi dans l’hérétique formel, le fait de

la foi dans Vacedia, le fait de la foi dans ce que saint

Jean i la Croix appelle la nuit obscure, ou encore le Lut di la foi dans t oraison de pan foi, ete i i puis,