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DANIEL (LIVRE DE :


t. xx, col. 397, a omis tous les tleutérocanoniques ; c’est qu’il a emprunté cette liste aux Juifs de Palestine, lesquels lui ont fourni celle du Talmud, Baba bathra, 15 a. Si, de l’origine à la fin du ive siècle, la Peschito ne contint pas Dan., ni, 51-90 (Polychronius, dans Mai, Scriptoruni veterum nova colleclio, Rome, 1825-1831, t. I c, p. 4) et probablement non plus les autres fragments, c’est que l’Ancien Testament ne vint d’abord aux Églises syriennes que par l’intermédiaire de la Synagogue attachée, en Asie, au seul canon hébreu. Si Origèue et, à sa suite, « Eusèbe, Apollinaire, d’autres auteurs ecclésiastiques et docteurs de la Grèce » sont allégués par saint Jérôme, In Dan., prolog., P. L., t. xxv, col. 493, comme fauteurs de la non-canonicité de ces fragments, il faut observer que le grand docteur n’a bien compris ni Eusèbe, ni Apollinaire, ni les « auteurs et docteurs », qui, tous, acceptèrent en réalité, leurs écrits en font foi, les parties deutérocanoniques des livres telles que les leur offrait la Bible grecque, et qu’il prêta à l’auteur des Stromates, ouvrage maintenant perdu, quelques-unes de ses idées toutes personnelles sur la question. Julius, op. cit., p. 36, 52 sq., 73 sq.

2 Canonicité aux iv et v siècles : . — A cette époque, tous les Pères grecs reçoivent comme canoniques les fragments de Daniel ; ils les citent couramment dans leurs écrits ; les listes qu’ils dressent des livres sacrés les mentionnent implicitement sous la rubrique Aavtr, X. titre de la version grecque qui les contint depuis l’origine : S. Athanase, Epist. féal., xxxix, 5, P. G., t.xxvi, col. 1176, 1436 ; S. Cyrille de Jérusalem, Cal., iv, 33, 35, 36. P.’.'., t. xxxiii, col.’ « 96 sq. ; S. Épiphane, De pond, et mens., xxii, xxiii, P. G., t. xi.iii, col. 277 ; et Ihrr., vin. (i. P. G., t. xli, col. 413 ; S. Grégoire de Nazianze, Carmen de gen. libror. inspir. Scriptural, I, 12, P. G., t. xxxvii, col.’(72 sq. : listes qu’il fautjuger d’après la pratique des ouvrages de ces Pères. Voir.lulius, p. 66-93. Les auteurs syriens, Aphraate, saint Éphrem, Cyrillonas, connaissent ces péricopes et les utilisent au même titre que tout passage de la Peschito officiellement canonique. VoirJulius, p. 94-98. Dans l’Église arménienne qui. au ve siècle, possède dans sa liible les trois péricopes daniéliques, le littérateur Mesrop, l’évêque de revand l./nick, le catholicos Jean Mantaguni en attestent aussi le caractère sacré. Voir Julius, p. 100-105. Par ses écrivains, les décrets de ses conciles, par quelques reliques de l’art qu’inspira sa doctrine, Il glise latine d’Italie, de Gaule, d’Espagne et d’Afrique accorde à ces morceaux le crédit d’Ecriture inspirée. Voir Julius, p. 105-1 î~>.

Duranl ces deux siècles, les seules voix discordantes fuient ci’lles de Polychronius. évéque d’Apamée et frère de Théodore de Mopsueste, et de saint Jérôme ; et encore les doutes du premier n’eurent-ils pour objet que Dan., iii, 21-90, voir Julius, p. 84, el le second ne Commença-t-il àse poser en adversaire des trois péricopes que vers l’an 390, après avoir subi, relativement à la canonicité îles livres, l’influence des rabbins, ses maîtres en hébreu. Unis ], . Prologus galeatus et le Prologue au Comment, in Dan., saint Jérôme range implicitement ces fragments o parmi les apocryphes », et après les avoir a marqués d’un obèle » comme’ni pas dans l hébr< u. affirme qu’ils ne prént nullement l’autorité d’Écriture sainte. Mais quoi qu il puisse écrire ainsi de ces morceaux, le solide Bethléhem ne peut éviter de les citer, dans ses ouvrages contemporains du Prologu » galeatus, presque sur le même rang que les passage d Écriture, lai puissante autour de lui la tradition qu’il confirme’de la sorte indirectement. Voir.lulius, p. 118, el t. ii, col. 1578. Canonù ité d partir du i / tù cle jusqu’à nos jour ».

partir du vr siècle, Is Canonicité dei parles deutérocanoniques du livre de Daniel, nettement et fer

ment affirmée au cours des siècles précédents, continue à être admise et appliquée jusqu’au concile de Trente et jusqu’à nos jours dans l’Eglise chrétienne et catholique. On n’ignore pas cependant, durant cette longue période, les objections de saint Jérôme ; mais les auteurs qui les ont reproduites, le moine breton du De mirabilibus Scriptural sacrée, P. L., t. xxxv, col. 2191, 2192 ; Rupert de Deutz, De div. of/iciis, iv, 16 ; v, 5, P. L., t. clxx, col. 110 sq., 126 ; Hugues de Saint-Victor, Erud. didasc, iv, 8, P. L., t. ci-xxvi, col. 783 ; Pierre le Mangeur, Hist. sc/iolastica, [’. L., t. cxcviii, col. 1447, 1450, 1466 ; Albert le Grand, Opéra, Lyon, 1651, t. viii, p. 69 ; Nicolas de Lyre, Postulai perpétua : , Rome, 1471, 1472 ; Denys le Chartreux, Enarratio in Dan., a. 14, Montreuil, 1900, t. x, p. 165 ; .1. L. Vives di Valence, édit. du De civilate Dei de saint Augustin, 152/, xvin, 31 ; J. Driedoens, De ecclesiast. Scripturis, Louvain, 1550, l. I, 4 ; Cajetan (Thomas de Vio), Commentarii, préface, Esther, x, ou n’en ont pas saisi la portée, ou ont cherché à les expliquer dans un sens favorable, suivant dans la pratique le courant auquel obéit le saint docteur lui-même ; ou enfin, si quelques-uns d’entre eux, comme le moine breton, Nicolas de Lyre, Vives de Valence et Cajetan, les adoptent d’une façon plus ou moins catégorique, n’ont exercé autour d’eux aucune influence marquée ou décisive. Voir Julius, p. 149, 160-163, 166, 168, 172-174.

III. Mode de composition.

L’antiquité n’a pas élevé le moindre doute sur l’unité de composition du Daniel hébreu-araméen. Spinoza, le premier, distingua dans ce livre deux mains différentes, l’une dans lesc.i-vn, l’autre dans viii-xii. Traclalus /nsloricopolilicus, , 19, édit. Haag, 1882, t. i, p. 508. Newton tint le livre entier pour « une collection d’écrils d’époques diverses » (i, ii— i ii, iv, v-vi, vii-xii). Observations upon thepropliecics of Dan. and the Apok. of St. John, Londres, 1732, p. 10. Selon Deausobre, Rentarques sur leNouveau Testament, La Haye, 1712, p. 70, les c. i-vi sont des « histoires que les Juifs postérieurs ont jointes aux prophéties » de viixii. liertholdt, Daniel, 1806, t. I, p. 49-81, rapporte le tout à neuf sources différentes (i, ii, iii, 1-30 ; ni, 311v, 34 ; v-vi, vii, viii, ix, x-xii). Eichhorn, Einleitung in das A. T., 1821. t. IV, p. 515 ; Meinhold, Die Komposit. des Bûches Daniel, 1884 ; Beitrâge tur Erklârung des Bûches Daniel, 1885, i ; Das Buch Daniel, 1889 ; Strack, Handbuch der theolog. Wissenschaft, 1885, t. i, p. 173, font composer d’abord ii-vi, puis vii-xii ; i s’est ensuite adjoint à la réunion de ces deux parties en manière d’introduction. Les raisons alléguées sont celles-ci : la dualité de langue (Spinoza, Newton) ; le changement de personne dans le récit (Deausobre, 3 » personne dans i-vi ; l « personne dans vii-xii) ; les antinomies entre i, 21, el x. I ; i, 1, et il, 1 ; v et il, plus des divergences d’éloculion et de style (Bertholdt). Néanmoins la critique, indépendante ou catholique, l’ail face à ces difficultés et maintient encore l’unité de composition du livre ; elle dit celui-ci œuvre d’un seul jet, « hâtive » même, et d’un seul auteur : aussi bien l’araméen de la première partie déborde-t-il sur la seconde (vil) ; le Changement de personne ne saurait prouver absolument ; les antinomies reçoivent une solution dans les commentaires ; des similitudes nombreuses et frappantes d’éloculion et de Style balancent les divergences. Au surplus, l’unité de la composition éclate par elle-même. Chacune des parties principales, i-vn et viii-xii, forme bien à part soi un tout logique : suite historique, suite prophétique ; mais elles se complètent aussi l’une l’autre, car tout le livre se développe d’après un plan lies apparent et un : annoncer, préparer le royaume messianique, supputer l’heure de sa

venue, (..il.- annonce se fait aux païens un c nu QUI

enfants d’Abraham (vu su) ; pour la bien accueillir, les

premiers doivent reconnaître par des preuves sensibles