Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/402

Cette page n’a pas encore été corrigée

781

DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE

782

et son effet, la substance et ses propriétés, ou à l’aide de l’application objective du principe de raison suffisante. La difficulté est grande pour Locke, puisqu’il croit à un immatériel. Il essaie donc, pour la résoudre, de prouver qu’à « bien approfondir les idées que’nous avons de toute substance, nous ne’connaissons pas mieux à fond la corporelle que l’incorporelle. » Essai, l. II, c. xxiii. Les cboses sont donc parfaitement égales des deux cùtés. A l’oreiller du doute substituons le cbarme des ténèbres en religion.

Dans la pbilosophie nominaliste, l’analogie se réduit à une vague ressemblance, et le raisonnement par analogie est de nulle valeur. Cf. Stuart Mill, System of logic, l. III, c. x. ; Ilamilton, Lectures on metaphysics and logic, édit. Mansel. Edimbourg, 1866, t. IV, p. 170. D’autres nominalistes, comme Kant, Prolégomènes, etc., § r>7, et Whately, Eléments of logic, 2e édit, p. 138, réduisent toute analogie à une ressemblance de rapports. Voir Analogie. Cf. llastings, Encyclopsedia of religion and ethics, Edimbourg, 1908, art. Analogy.

Le nominalisme idéaliste.

Nous employons ici le mot idéalisme dans le sens qu’on lui donne le plus souvent quand on l’oppose à empirisme, pour désigner les doctrines qui expliquent la genèse de nos concepts et des principes par la raison elle-même.

Hume avait déduit les conséquences du nominalisme jusqu’à détruire non seulement la connaissance des substances et des causes, mais bien les substances etles causes mêmes, sans en excepter la substance de son tnoi. La science devenait impossible. Kant parait s’être proposé de sauver du naufrage la science, tout en restant fidèle à la thèse protestante de l’impossibilité de connaître Dieu par la raison naturelle. Ce ~.i ait à la fois la ruine du déisme et du catholicisme, ces deux formes du naturalisme ou du pélagianisme pour les sectes piétistes. En gaulant la croyance en Dieu donnée par la conscience morale, on préserverait l’essentiel de la foi justifiante ; et il n’y aurait qu’à restreindre l’objet de la foi à la simple croyance en Dieu, pour pouvoir rester protestant quand même, tout en admettant le rationalisme de Lessing. Résoudre d’un seul coup un problème ; iusm complexe était difficile mules éléments de solution étaient dans l’atmosphère du monde protestant vers la tin du xviir siècle.

Kant savait que la science tendait à devenir mathé matique ; sauver les mathématiques, c’était donc sauver la science. II savait aussi, car en dehors du cartésianisme (’.'tan chose admise, que les mathématiques tint Thomas le concède après Aristote, font abstræl h’- substances et dea causes, et que l’activité du sujet pi i ie un rôle considérable dans la constitution de l’objet même dis mathématiques, le quantum abstrait, continu ou discret. D’ailleUI considération de la subjectivité de nos idées était à la mode depuis I 1 Locke, Spinoza, Leibaiz, Berkeley,’-te. Sans s’expliquer nettement sur l’objectivité de l’espace et du temps on discute encore sur - Kant mit en relief le côté subjectil de notre connaissance di ci - quantités, ! -ans trop de pi in lit des formes de notre sensibilité. Il fallait passer aux nutri -. Kant B’empara de I hypothèse nominaliste de la tubjectivité des relations di similitude, de ubslance, .’te., el nui tout ion ai I a persuadai .m lecteur cette hypothèse, en se servant adroitement >< hdeux formes de la si lisibilité. Il parvint ainsi a parler d d’un x inconnu ce que faisaient di ià Vutrecoui i, , , , , ., , i i’" « biais, h % en a moins dans Kant I" on m-’lit ordim ment consistait a pré » nb r, "ii’. l’objectivité dei rela l. etc. et celle du quantum al, -Ira., „.. ! , , , , je (/ „„„_ tu m abstrait, objet des sciences mathématiques, est hors des relations substantielles et causales, et de ce que, d’autre part, par les sciences nous atteignons le réel puisque nous agissons sur lui, on concluait que la connaissance des substances et des causes est hors de la science, hors de notre connaissance ; cependant la connaissance mathématique subsistait. D’ailleurs, de ce que notre activité est nécessaire pour qu’il y ait temps, animacomplet tempus, on concluait au droit d’ériger 1° représentation dos relations causales, etc., en pure fonction de notre activité. Ces points acquis, nos concepts expriment le réel, mais symboliquement, comme en mathématiques x est le symbole de l’inconnue. On connaît la suite, antinomies, critique des preuves de l’existence de Dieu, etc., qui repose sur le principe de Nicolas d’Autrecourt.

Après avoir accepté, dans la Critique de la raison pure, la distinction du connaître et du croire dont nous avons dit les origines nominalistes, Kant se donne l’idée de Dieu. Ainsi il peut croire en Dieu, qu’il désigne par une dénomination extrinsèque, fondée sur ses besoins subjectifs : Dieu devient un postulat. Mais il se déclare incapable de porter aucun jugement valable sur la nature intrinsèque de celui que sa conscience lui présente — mais dans son hypothèse nominaliste ne peut pas lui représenter — comme juste et bon. Critique du jugement, î 86. De cet agnosticisme croyant, qu’il légitime par l’exemple des proportions en mathématiques, Prolégomènes, - ?57, 58, il déduit l’impossibilité de la révélation proprement dite, el par suite de tout dogme ; mais il est protestant, et donne des formules de la Bible et de son Kglise une interprétation morale. La religion dans les limites, etc. Cf. i Herzog, Realencyclopâdie, 3e édit.. art. Theismus, p. 592.

Critique.


1. Le nominalisme prouve-t-il la subjectivité des relations de causalité, de raison suffisante, de similitude, etc., qui sont le fondement des universaux el des premiers principes et par suite des preuves de l’existence de Dieu’.'
2. Prouve-t-il que nous n’avons aucune connaissance des substances et des causes en soi, que nous ne pouvons que les désigner par des dénominations extrinsèques sans porter sur leur nature intrinsèque des jugements valables, et que par suite la connaissance de Dieu en soi nous est absolument impossible ?

A la première question, on répond que, sans exception, depuis Occam jusqu’à M. Bergson, les nominalistes se donnent la subjectivité des relations de cause a effet, de substance à propriétés, etc., mais ne démontrent pas cette hypothèse. M. Bergson, dans L’évolution créatrice, reproche avec raison à Kant de se donner les formes ou moules u priori el à Spencer de ne rendre compte de rien avec ses idées héréditaires. Pour se mettre hors de pair, .M. Bergson recourt à une seconde hypothèse : le monisme plotinien lui -cil a donner de l’apparence a l’hypothèse du subjectivisme. Maila logique enseigne que la probabilité des conclu-iondécroît a -mque l’on introduit dan- -cprémi plus de vues systématiques, et que cette probabilité Bl nulle si l’une des li introduite absurde. Nous pouvons donc conclure que les divi philosophiea nominalistes ne prouvent rien (mire li principes et les conclusionclassiques de la théologie naturelle. reposent sur les faits suivants. «.rnand distinguons un homme qui raisonne d’un animal qui brait, nonconnaissons nettement par le principe utilmie me propriété de la lubi tan I un qui e-t exclusive de certaines propriétés élue ubslance ds l’attire. de même, pour la eau son rapport avec l’effet, dont notre acli lonne mu., typiqui i I In nous objecta la