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DIEU (CONNAISSANCE NATURELLE DE)

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sans eux, il n’eût peut-être pas aperçus ou qu’il eût négligés ; la théologie positive fait de ces contingences une étude minutieuse, d’abord, parceque cette étude est nécessaire à l’intelligence des données traditionnelles, dont un théologien ne doit jamais s’écarter quand il expose les sources de la doctrine ; ensuite, parce que cette étude est très utile à l’interprétation des documents ecclésiastiques, dont le contenu doctrinal, invariable depuis les temps apostoliques, prend de nouveaux sens adversatifs à mesure que paraissent de nouvelles erreurs. Mais de la contingence même de ces faits résulte l’extrême difficulté, sinon l’impossibilité, de leur appliquer convenablement les régies de la méthode d’induction ; et c’est ce que, dans leurs affirmations de filiations et de dépendances, semblent oublier beaucoup de nos contemporains, dont la spécialité est d’exercer leur flair sur l’histoire des dogmes, sur la philosophie ou la théologie historiques, et plus généralement sur l’histoire plus ou moins comparée des religions. Dans toutes ces histoires à visées philosophiques, le sophisme non causa pro causa est l’abime perpétuellement côtoyé. Enfin, l’on accordera qu’il est bien hasardeux de prétendre déterminer exactement la genèse du théisme ou de l’athéisme dans un individu donné. Quù enim hominum scit quæ stint hominis nisi spirilus hominis qui in ipso est ? I Cor., il, 11.

3° Sous le bénéfice de ces réserves, nous pouvons nous dispenser de discuter beaucoup de prétendues causes de l’athéisme moderne souvent alléguées par des auteurs protestants, qu’il est inutile de nommer et qui ont soutenu longtemps, par exemple, que l’Église romaine est athée, parce que pélagienne ; que les scolastiques sont alliées, parce que disciples d’Aristote et donc partisans du système de la matière et de la forme, des générations spontanées, etc. ; que les jésuites sont athées, parce que leur politique est celle de Machiavel ; que les cartésiens sont alliées, parce qu’ils usent du doute méthodique, etc., etc. Nous pouvons de même négliger cette observation, que reprit, au xix, ; siècle, l’abbé Gaume dans sa lutte contre les classiques païens : ItaXorum philologiæ majusquam verm theologiæ studium,)>oeta>um Italorum elhnicismiun. Le luthérien Reimann, qui, un siècle avant damne, ne ces deux causes à l’athéisme des papisles italiens, s’appuie sur l’autorité de Philippe de Hornay, De verilate religionis christianæ, c. xxvi, p. 567, de Gisbertus Voêtius, Paralip., t. i, p. I 146, et de Bayle, Dictionnaire, p. 2920. Cf. Lotterus, De causis atheismi, Leipzig, 1711. Nous n’avons pas davantage < nous arrêter à uni’autre cause du’le l’irréligion, souvent mise en avant depuis Voltaire, à savoir le progrès cl.- lumières et des sciences Mise à la mode et exploitée par les philosophes du xviii » siècle, celle prétendue cause et excuse de l’athéisme est devenue, chez Auguste Comte, /" l<>i des trais états. Connue dans hdeui cas précédents, nous sommes ici en face du sophisme non causa pro causa, el d’une induction Incorrecte. I>u fait de la liaison contingente de l’athéisme et de la culture littéraire ou scientifique dans qui Iques cerveaux, on pisse à l’affirmation d’un rapport nécessaire, d’un l’ail universel. Or, il est historiquemenl prouvé que les vrais initiateurs du merveilleux progrès di iciences modernes ne furent ps alliées, que, parmi nos contemporains, beaucoup di i qu’il h -i de dévots. < » n saii i que les principe-, directeurs de la u ii n< plus favorabli me qu’à l’athéisme ou même .m déisme. Cf. le bon travail du protestant i. Navllle, La phy$iq[ dil. Pai ls, 1800. il est de mi me in que la théol i andement aidé su il ni de i i, ntiflqus tnodei n o prépart li ne i Voir, a o itijat, de bonnes indications, remarquées autrefois par Renouvier, dans Fréd. Morin, Dictionnaire de philosophie et de théologie scolastique, 2 vol., Paris, 1856, dans la troisième Encyclopédie théologique de Migne, t. xxi, xxii. Enfin, qui croit encore aujourd’hui à la loi des trois états’.'

Il en va autrement, croyons-nous, d’une autre cause de la diffusion de l’athéisme dans les temps modernes, à laquelle nous avons fait allusion, le protestantisme. C’est ce qu’il est nécessaire d’expliquer, pour exposer clairement et dans son entier le côté théologique du problème de la connaissance naturelle de Dieu. Ces doctrines protestantes nous donneront la clef des erreurs jansénistes, traditionalistes et modernistes, et nous fourniront l’occasion d’indiquer le rôle du nominalisme et du pseudo-mysticisme dans le problème de l’athéisme et de l’agnosticisme.


IV. Le protestantisme.

1 » Un certain nombre de protestants allemands ont affecté de déclarer, après l’encyclique Pascendi, que leur protestantisme n’a rien à voir avec le modernisme. De même, beaucoup de catholiques ont été surpris, lorsqu’ils ont entendu la même encyclique rapprocher le modernisme du protestantisme, et les deux de l’athéisme. Le concile du Vatican, dans le préambule de la constitution Dei Filins, avait déjà souligné le fait de la coïncidence de l’apparition de la Réforme et de la diffusion de l’athéisme. Cf. Acta concilii Yalicani, dans Colleciio Lacensis, t. vii, col. 219. Il est à remarquer que le concile écarta une première rédaction où la filiation des doctrines parut trop inarquée. Cf. ibid., col. 507, 1612 sq., 1628, 1648 sq., 70, 91, emend. 9, n. 4 ; puis col. 96, nouvelle rédaction. Notons ensuite avec soin que ce préambule historique ou, si l’on veut, ce morceau d’histoire des doctrines n’est pas de foi ; la chose est évidente ; et le rapporteur eut soin de le déclarer en plein concile : cum præambulum. .. ad /idem, ad doctrina))/ minime pertincal, Acta, col. 91. Mais ce préambule reproduit la pensée commune des théologiens catholiques depuis le xvie siècle. Ainsi, par exemple les dissertations [X -XI du traité De religionc de Neubær dans Tlteologia Wirceburgensis, t. ii, écrites dans h seconde moitié du xviiie siècle, pourraient servir de commentaire au texte du concile et par suite à l’encyclique Pascendi qui ne fait guère, sur ce point, que répéter le concile.

Les deux faits suivants justifient la pensée commune des théologiens catholiques sur les rapports du protestantisme el de l’athéisme, ou de l’agnosticisme 1’Aux témoignages déjà cités du calviniste Viret et du jésuite Vasquez, on pourrait joindre ceux d’autres écrivains s’accordant à considérer la liberté de penser et la fluctuation entre les différentes sectes issues du protestantisme, comme liées au développement du déisme et de l’athéisme. Les controversistes protestants ci catholiques du xvr » siècle j reviennent fréquemment. Ainsi, pour lîacon de Verulam, la principale caus, de l’athéisme est la multiplicité’des religions, divisiones circa religionem. Sermones fidèles, xvi, de atheismo, I 1res, 1(538, p. 184. L’érudit Spizelius, de la confession d’Augsbourg, s’accordait encore mieux que Bacon avec VasqueL, qu’il cite à plusieurs reprises, De atheismo eradicaiido, Augsbourg, 1660 ; d’après lui. De atheismi radiée, epUt. ad Henr. Sleibomium, p. 30, cen’i I pu précisément la diversit ions, le mélange « les religions, le changement de religion, qui est la cause principale du mal. Cu/us i, cjuë religiot - i On accordera que le protestantisme libéral, qui ne > herche déjà plus à éi Iter î’agnosticis ie vers l’athéisme. < >r. de tous cotés, le proteatanlibéral se vante de n êti s que le dé’eloppement complet dei doctrines de Luther ! ds Calvin, On s. ut que les polémistes catholiques écrivirent de bonne lieun ipelaient les athéi Luthei ilvin.