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DIDASCALIE DES APOTRES

DIDV.ME L’AVEUGLE

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Nous avons vu, par témoignage externe (saint Épiphane), que la Didascalie remonte au 111e siècle ; pour aller plus loin, on ne dispose plus que de la critique interne, c’est dire que le champ est ouvert à toutes les hypothèses et à toutes les incertitudes. M. llarnack a placé la composition de la Didascalie dans la seconde moitié du i IIe siècle, depuis il a préféré la première moitié ; Funk, au contraire, a indiqué d’abord la première moitié et depuis la seconde moitié ; Kaltenbusch a toujours tenu pour la fin du IIIe siècle, pendant que Zahn et d’autres semblent tenir pour la première moitié. Achelis et Flemming, op. cit., p. 370. M. Achelis lui-même, après avoir opiné pour les dix premières années du iiie siècle, reconnaît que la question est indécise et penche plutôt pour la lin. Ibid., p. 370-377. M. Marcel Viard propose « quelques années après 258, » p. 35.

Auteur.

L’importance et les prérogatives qu’il attribue à l’épiscopat et l’expérience qu’il semble avoir du gouvernement des âmes le désignent comme un évêque catholique du iiie siècle. Achelis et Flemming, p. 378 ; Viard, p. 35. Il devait être excellent administrateur et pasteur dévoué, mais il n’était pas théologien, il n’en a pas les formules, son ouvrage n’a aucune tendance dogmatique, mais est tout entier moral et disciplinaire. Encore la discipline canonique ne s’y trouve-t-i lie que sous forme homilétique, c’est-à-dire chargée de digressions, d’inutilités, de redites. « Sa pensée n’arrive pas à se manifester du premier coup, il sent toujours le besoin d’en reprendre l’exposé. Ce défaut se remarque principalement quand il se lance dans les théories générales ; dans les recommandations pratiques, il est plus sobre et plus précis. » M. Viard, p. 37. Il est peut-être d’origine juive, cela expliquerait sa connaissance des fêtes juives et de l’Ancien Testament qu’il utilise beaucoup plus que le Nouveau, Achelis et Flemming, p. 384 ; « il garde des sentiments de fraternelle compassion pour ses anciens coreligionnaires, en termes touchants il implore pour eux les prières des chrétiens pendant les fêtes de Pâques (c. xxi), aucune amertume quand il enseigne la déchéance du peuple élu (c. xxvi). » M. Viard, p. 37. Comme indice d’origine syrienne nous pouvons citer la comparaison de la diaconesse au Saint-Esprit, car dans cette langue « esprit » est féminin. Cf. Achelis et Flemming, p. 329.

M. Achelis, p. 381-384, croit que l’auteur de la Didascalie était médecin. En effet, il compare l’évêque à un médecin, p. 26 ; il compare longuement aussi la conduite à tenir envers les pécheurs aux diverses opérations que l’on peut être amené à faire sur un membre malade, p. 45-46 ; il sait même que des hommes « naissent avec des membres superllus, par exemple des doigts ou quelque chair de surcroît » que le praticien enlève, p. 47 ; ailleurs, p. 80, il donne de nombreux exemples de maladies. Cf. p. 106.

Si l’on demande comment ce médecin, juif converti, d’ailleurs fort honnête homme et pasteur dévoué, a pu commettre un tel faux littéraire. M. Achelis et M. Viard, p. 36, répondent que bon nombre d’Églises croyaient à l’origine apostolique de toutes leurs traditions disciplinaires, jusque dans leurs détails divergents ; il s’ensuivait que les mettre par écrit n’était que faire œuvre de secrétaire des apôtres et que l’on avait toujours le droit de signer l’ouvrage de leur nom. La question serait encore plus simple si l’auteur s’était borné à remanier et à interpoler un écrit apostolique plus ancien.

I. Éditions et traductions.

1° Syriaque : Didascalia apvslolorum syriace, Leipzig, 1854, sans nom d’éditeur (Paul de Lagarde) ; The Didascalia apostolorum in Syriac, par Margaret Dunlop Gibson (Horse semiticse, n. 1), Londres et Cambridge, 1903 ; F. Nau, La Didascalie, c’est-à-dire renseignement catholique des douze apôtres et des saints disciples

de Notre Sauveur, traduite du syriaque pour la premii-i’Paris, 1902 (extrait du Canoniale contemporain, février 1901

à mai 1902) ; The Diilascalia aposluloi i ! ish, trans lated fromthe Syriac, par M. Dunlop Gibson (Hors eemitiae, n. 2>, Londres et Cambridge, 1908 ; Dit tyrteche Didaskalia, Iraduite et expliquée par Hans Achelis et Joli. Flemming, Leipzig, 1904 (Texte und Unterauch. de Gebbardt et Hurnack, t. xxv, fasc. 2). — 2° Latin : E. Hanter, IJine lut. palimpsest Uebersetzung der Didascalia apostolorum, dans les l rendus de l’Académie des sciences de Vienne, 1895, t. cxxxiv, fasc. 3, 1895 (publié en 1896 ;  ; E. Hauter, Didascalia ! apostolcrum fragmenta Veronensia latina accedunt canonum qui dicuntur apostolorum et Mgyptiorum reliquix, fa-ciculus prior, Leipzig, 1900 ; F. X. Funk, Didascalia et < —onstitutiones apostolorum, Paderboro, 1906 (texte de l’ancienne traduction latine complété à l’aide du syriaque ; on trouve aussi t. [, p. m-xiv, et t. ii p. xxvni-xxxii, 120-130, une étude sur la Didascalie arabe avec la traduction latine de la préface et des chapitres propres à cette version qui proviennent du Testamentum). — 3° Arabe et éthiopien : Thomas Pell Platt, The Elh Didascalia, Londres, 1834 (texte du. commencement de l’arabe, texte et traduction anglaise des vingt-deux premiers chapitres de l’éthiopien) ; F. N. Funk, Vie apostolischen Konstitutii Hottenbourg sur le Necker, 1891, p. 207-236 (traduction allemande du commencement et de quelques chapitres de 1 Oth et de l’arabe).

II. Ouvrages divers.

J. C. Grabe, An essay upon two Arabie mamiscripts in Ihe Bodleian Library, and lhat ancient book called the Dtclrine of Ihe Apostles, Oxford, 1711 ; Londres, 1712 ; Vansleb, Histoire de l’Église d’Alexandrie, Paris, 1677 ; Ludolf, Commentarius ad suam historiam .Ethiopicam, Francfort-sur-le-Main, 1691, ont analysé lesDidascalies arabe et éthiopienne ; .1. W. Bickell, Gesch. des Kirchenrechts, 1843 ; Hamack, Altchristliche Literaturgeschiclite, t. i, p. 517 ; Achelis, Realencyclopàdie fur prol. Théologie, 3e édit., t. i, p. 735 ; W. Riedel, Die Iiirchenrechlsquelle, Palriarchats Alexandrie », Leipzig, 1900 ; C. Holzhey, Die Abhiingigkeit der syrischen Didaskalia von der Didaché, dans Compte rendu du IV’congres intem. des catholiques. Fribourg, 1897, Sciences religieuses, p. 249-278 ; et Theoloyisch-prakt. Monatschrift, 1901, p. 515-523 ; O. Bardenliewer. Les Pères de l’Église, trad. banc. Paris, 1898, t. i. p. 45-47 ; F.-X. Funk, La date de la Didascalie des apôtres, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, t. II (1901), n. 4 ; Die arabische Didaskalia und die Konstit. der Apostel, dans Theol. Quartalschrift. 1904, p. 233-248 ; Marcel Viard, La Didascalie des apôtres, introduction critique, esquisse historique, thèse de doctorat en théologie présentée à la faculté catholique de Lyon, Langres, 1906. Voir l’indication des comptes rendus qui ont été donnés des traductions Nau, Gibson, Achelis-Flemming, dans Byzantinische Zeitschrift, t. xiii (1904), p. 246-247, 610612 ; t. xiv (1905), p. 683.

F. Nau.

2. DIDASCALIE DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST. C’est le titre donné par le ms. grec Yalic. 2072 du xie siècle à la « Constitution des saints apôtres », que nous avons analysée, t. III, col. 1536. Nous avons édité et traduit ce document, au plus tôt du ve siècle, peut être du VIIe au vin*, dans la Revue de l’Orient chrétien, t. xii (1907), p. 225-254.

F. Nau.

DIDYME L’AVEUGLE. — I. Vie. II. Ouvrages. III. Doctrine.

I. Vie.

Didyme, sans mériter au pied de la lettre les éloges enthousiastes de ses contemporains, ne laisse pas d’être une des figures les plus curieuses, sinon les plus grandes, du IVe siècle. Né vers 313 à Alexandrie, dès l’âge de quatre ans, selon Palladius, Hist. Laus., c. iv, P. G., t. xx.iv, col. 1012, de cinq ans, selon saint Jérôme, Chronic. ad an. Abr. 2388, P. L., t. xxvii. col. 695, il perdit la vue. Nulle part, il n’a parlé luimême de sa cécité, encore que moralement il en ait beaucoup souffert, S. Jérôme, Ejiist., î.xviii, ad CasIrutium, P. L., t. xxil, col. 652 sq. ; à peine y trouvet-on dans ses livres une seule et unique allusion, d’ailleurs très douteuse. In Prov., P. G., t. xxxix, col. 1624. La cécité du jeune Didyme décida probablement de l’orientation de sa vie et en assura certainement la tranquillité. La prière et l’étude furent dès lors les