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DIDASCALIE DES APÔTRES

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saints disciples de notre Sauveur, document ecclésiastique du nie siècle de notre ère. L’écrit original, en langue grecque, est perdu. Il n’en subsiste qu’un remaniement dans les six premiers livres des Constitution* apostoliques et plusieurs versions. Nous avons déjà exposé ici, voir t. iii, col. 1522-1523, comment la connaissance de la Didascalie a conduit, dès Kenaudot, mais surtout au XIXe siècle, à reconnaître la nature el l’origine des Constitutions apostoliques. Nous avons aussi indiqué les principales modifications que l’interpolateur, auteur du dernier ouvrage, a fait subir à la Didascalie. Ibid., col. 1523-1524. Le présent article comprendra donc seulement : 1. Versions. IL Sources. III. Enseignements. IV. Origine de la Didascalie.

I. Versions.

On connaît deux anciennes versions : latine et syriaque, et deux versions plus récentes déjà interpolées : éthiopienne et arabe.

1’Version latine. — Des fragments de cette version, à peu près les deux cinquièmes de l’ouvrage, sont conservés dans un seul manuscrit palimpseste, à Vérone. L’écriture est du vie siècle, mais la traduction a déjà été corrigée, et, surtout, elle cite la Bible d’après la Vêtus llala et non d’après la Vulgale. M. Hauler suppose donc que cette traduction est du rv « siècle. Elle contient les parties qui correspondent aux Constitutions apostoliques, i, 1-2, 5-7 ; 8-n, 2 ; 6-12 ; 14-15 ; 18-20 ; 20-22 ; 22-24 ; 25-28 ; 34-35 ; 57-59 ; iii, 6-8 ; 15-iv, 5 ; v, 7-8 ; vi, 7-12 ; 12-20 ; 22-23 ; 24-30, et à quelques canons coptes-arabes, canons 13-20. Voir t. ii, col. 1613. Tous ces fragments latins ont été édités par M. E. Hauler, Didascaliæ apostolorum fragmenta veronensia latina, in-8 c, Leipzig, 1900. M. Hauler avait déjà publié quelques-uns de ces fragments dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences de Vienne, t. cxxxiv, fasc. 3 (paru en 1896) sous le titre : Eine lat. palimpsest. l’ebersetzung der Didascalia apostolorum. Enlin F.-X. Funk a réédité cette version latine en comblant ses lacunes, comme texte parallèle aux Constitutions apostoliques. Didascalia et Constitutiones apostolo rum,

2 in-8°, Paderborn, 1906.

Le traducteur latin, sans souci du génie de la langue latine, a violenté, tourmenté sa phrase ; on pourrait même citer un grand nombre de mots qui ne sont qu’une pure transcription du grec, comme softslia, parochia, prosforir, orfanitas, plasma, paralipomenum. M. Viard, La Didascalie des apôtres, Langres, 1906, p. 14-15. On suppose souvent que l’auteur visait ainsi à rendre plus fidèlement son texte : nous croyons plutôt qu’il possédait mal la langue grecque, il suivait donc le texte de près, de crainte de contre sens s’il traduisait de manière un peu plus libre ; il transcrivait les mots grecs qu’il ne savait comment traduire en latin. Par endroits même, il traduisait et transcrivait ensuite des mots qu’il comprenait peu : universa dispensalio [quod dicit grsecus’mconomia]… intuminationem [quod dicit græcus folisma]. M. Viard, op. cit., p. 15. Comparons, par exemple, les premières lignes des traductions latine et syriaque aux Constitutions apostoliques.

Constitutions apostoliques

0Eûv yjTsîa T| y.aOoXixr,’Exxavjot’a, xal àjj.TceLàr/ a-jToû èxXexfbc, oî

TUTtlOTEVLÔTE ; EIÇ

xr, v aTtLavi, Oîoa ; ficiav ayTO’j, oî tï)V aioSviov xapr.ryjj.v/<ji 5tà 7ti<7xeco ; paoVLsiav aO Syriaque

(traduit mot à mot en grec)

  • I>UTEÎa Osoû xaî

àu/irEAtov âyioî T’ôî EXXAY)0-£a{ a-JToO xocOovtX7)f éxXex Toi ol iteittoreux6 teç si ; tï]v ctTiXavri TÏjî OcOCTEÊEia ; a-j TOÙ, Ol Ôlà 7ttOTc(OÎ

aùràiv x).V|povo|j.oiij.Evoi Tïjv aicô Latin

Deiplantatio vinete catholica Ecclesia ejus et electi sunt, qui ciediderunt in eam, quæ sineerrore est vera religio, qui œternum regnum fructuantur et per fidem regni ejus virtutem acceperunt

TO’j, Ol’jj-t XV.I

kutoû eiXtjçhSte ; Lai (leTOVfft’av -.v. x-y.’, -j [Iyeû|ueTo ; .

vtov aJTo-j fiaTt-et parlicipationem > v.’Xi, ol tu’, ., : - "-cti ejus Spiritus.

5*jva|uv xal (ietovii’ : %i toO àyiou KUTOÛ iZii.ti.-.’, :

— xxovete….

Tandis que le traducteur syrien est maître de son texte et ne craint pas d’intervertir les mots et d’ajouter ce qu’il croit nécessaire au sens ; le traducteur latin se traîne dans les non-sens et les contresens : I’Ianlalio vinesc est censé rendre vjt :  :’* xal ày-rf/oi., qui se trouve dans les Constitutions apostoliques, dans le svriaque et même dans une citation de saint Epiphane, Hser., xi.v, n. 5, P. G., t. i, col. 544, etqui appartient donc sans conteste à la Didascalie grecque ; quae sine errore est vera religio, semble un contre sens pour rendre t>, v àirvavfj tt, ; HeoæSelxz ; fructuantur est un barbarisme imaginé par l’auteur qui ne savait comment rendre xapiro-j(iEvo( par un équivalent latin ; per fidem ejus est transposé et oblige à répéter regni ejus.

Toutes ces fautes nous ont conduit à désigner saint Paulin de Noie comme l’auteur possible de cette traduction latine. Actes du XIVe congrès international des orientalistes, Paris, 1906, t. i, p. 35-38.

En l’an 408, saint Paulin adresse en effet à Rufin la traduction d’un ouvrage de saint Clément ; il le remercie de l’avoir dirigé vers les études grecques et réclame son aide pour poursuivre ces études : Kam quomodo jirofectum capere potero sermonis ignoti, si desit a quo ignora ta condiscam ? Credo enim in translatione sancti démentis, preeter alias ingenii met defecliones, hanc le polissimum imperitise mew penuriam considérasse quod aliqua in quibus intelligere vel exprimere verba non potui, sensu potius appreltenso, vel, ut verius dicam, opinata translulerim : quo magis egeo misericordia Dei, ut pleniorum mihi lui copiant Iribuat, cito. P. G., 1. 1. col. 1192-1193.

Ainsi, d’une part, saint Paulin a traduit, avant l’an 408, un ouvrage attribué à saint Clément ; d’ailleurs, il a mal fait son travail, par endroits il n’a pas compris, il n’a pas su rendre les mots, il a tâché de se borner au sens ; d’autre part, nous avons une traduction latine d’un ouvrage attribué à saint Clément (Didascalie et Canons) faite par un auteur qui avait étudié la Velus ltala (et non la Vulgate, composée par saint Jérôme vers l’an 400), mauvaise traduction d’ailleurs : son auteur, par endroits, n’a pas compris ni su rendre les mots grecs, il les a donc transcrits ou bien il les a traduits et ensuite transcrits ; par endroits, il a voulu se borner à rendre le sens et est tombé comme on l’a vu dans de nombreux contresens. Nous pouvons donc, sinon avec certitude, du moins avec certaines probabilités, identifier le traducteur latin de la Didascalie avec saint Paulin de Noie.

Ajoutons qu’un manuscrit palimpseste de la bibliothèque Ambrosienne de.Milan contient la traduction latine, faite par Rufin, des Récognitions attribuées à saint Clément et que ce manuscrit du vi « siècle semble être de la même main que le manuscrit de la Didascalie. Nous serions donc conduit aux résultats suivants : la version latine de la Didascalie a été faite par Paulin de Noie avant l’an 408, sur un texte grec fourni sans doute par Rufin. Saint Paulin a remis son travail à liulin en lui demandant ses conseils et Rufin a >an^ doute laissé dans sa bibliothèque cet ouvrage si imparfait. Au VIe siècle, un scribe, pour former un * Clément » complet, a transcrit et les Récognitions traduites par Rufin et la Didascalie traduite par saint Paulin. Sur ces deux manuscrits démembrés, on a transcrit du VII « au VIII’siècle les sentences d’Isidore et ils sont conservés sous cette dernière forme, l’un à Milan et l’autre à Vérone.