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DIACONESSES

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586 sœurs dont 337, c’est-à-dire plus de la moitié, ont quitté l’habit. De 1836 à 1881, 1 054 sœurs ont été reçues à la maison de Kaiserswerth ; de ce nombre, 110 sont mortes comme diaconesses, tandis que 460, soit encore la moitié du reste, « ont, dit Schàfer, contracté mariage, sont rentrées chez des parents qui avaient besoin de leurs soins ou se sont engagées dans d’autres carrières. » Le même auteur se plaint de la défiance à laquelle les diaconesses se heurtent fréquemment auprès des particuliers comme des autorités publiques, et du petit nombre de recrues qu’elles font là où elles devraientsurtouten trouver, parmi les filles des pasteurs. .Malgré ses desiderata et ses imperfections, l’œuvre de Fliedner et de ses imitateurs a son mérite propre, que nous ne songeons pas à nier ou à dissimuler ; elle répond à une sorte de nécessité sociale. Les diaconesses ont rendu et rendent des services très appréciables, et beaucoup remplissent leurs devoirs avec une conscience et un dévouement dignes de tous éloges. Leur création et leur activité multiple feraient incontestablement honneur au protestantisme, si elles n’existaient et ne se maintenaient en grande partie à rencontre et aux dépens des principes mêmes du protestantisme. Des protestants, tels M. et M me Agénor de Gasparin, en France, le leur ont reproché et les ont combattues de ce chef. De fait, il ressort de ce que nous avons dit qu’elles s’organisent, se développent et se fortifient précisément dans la mesure où elles s’éloignent des théories fondamentales de la réforme sur l’individualisme religieux, sur la gratuité du salut, sur l’immoralité des vœux et des engagements delà vie monastique, sur l’inutilité ou le danger tant de la vie contemplative que d’une foule de pratiques extérieures, cultuelles ou ascétiques. Par contre, si leurs organismes restent faibles et branlants, s’ils soutirent de la tiédeur el de l’inconstance des membres, si les défaillances et les défections individuelles y sont de tous les jours, si le succès enfin ne répond qu’imparfaitement aux vues généreuses des créateurs et des promoteurs, cela tient à des lacunes doctrinales et à des pauvretés inorales que, seul, le retour à l’unité romaine pourrait combler. Il n’est personne, parmi les protestants éclairés et impartiaux, qui, comparant les sœurs de charité catholiques aux diaconesses, ne proclame la supériorité des premiêrea, sous le rapport de la vitalité interne comme de l’activité bienfaisante. Autant le fait est incontestable et incontesté, autant les raisons en sont manifestes. Les de charité s’pour toute la vie, de tout

leur cœur, Bans réserve ni arrière-pensée ; aux diacoii’ministère n’apparaît souvent que comme un d’attente, parfois comme un pis-aller provisoii Contre les difficultés inséparables de leur tâche, contre les angoisses du doute, contn oùts et découra gements éventuels, les premières trouvent un refuge el un appui BÛrs dans l’enseignement séculaire de l’J concernant notamment la nécessité et le mérite des œuvres charitables, l’excellence de la virginité et des vœux de religion ; cet appui et cet abri, les diaconesses chercheraient vainement dans le sentimentalisme’■t les ih’-ues, inconsistantes, du piétiame,

du néo-luthéranisme ou même de l’anglicanisme ; or, i trois tendant i — générales que semblent te

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sacramentelle, l’assistance à la sainte messe, la visite au saint-sacrement, la communion fréquente ou quotidienne ? On a vu au prix de quelles inconséquences et sous l’empire de quelles nécessités les fondateurs et organisateurs des diaconesses ont tenté d’imiter ces choses, de suppléer à ces ressources. Envisagés au point de vue de la logique et de la cohérence intrinsèque, tous leurs essais, tous leurs efforts se présentent encore moins comme des imitations que comme de malheureuses contrefaçons. Il est trop clair qu’à leurs prescriptions et règlements il manque une solide base théologique, et elle manquera nécessairement jusqu’au jour où, faisant un dernier pas, ils se décideraient à rendre leurs œuvres purement et simplement catholiques. En attendant, ce n’est pas seulement par leur constance, leur abnégation, leur aptitude et fous leurs mérites professionnels, c’est aussi par leur puissance de diffusion et de recrutement, que les sœurs de charité continueront à laisser loin, bien loin derrière elles leurs émules dissidentes. Sur ce dernier point, voici, empruntée à une source non suspecte, au Lexikon fur Théologie und Kirchenwesen, de Iloltzinann et Zopffel, Leipzig, 1882, une constatation digne de remarque ; « Dans la Prusse, où les protestants sont en majorité, il y a plus de sœurs de charité catholiques qu’il n’y a de diaconesses dans toute l’Église protestante ; le nombre des champs d’activité des premières en Prusse dépasse celui des établissements desservis par les diaconesses dans le monde entier. »

A consulter, en dehors de plusieurs ouvrages cités au cours de cet article :

1" Sur les diaconesses en général, Funk, Didascalia et Constitutiones apostolurum, I’aderborn, l’JOO, t. i ; Th. Raynaud, De sobria aUerius sexus frequentatione per sacros et religiosos homines, c. vin, Lyon, 1633 ; J. Morin, Commentarius de sacris Ecclesix ordinationibus, part. III, exercitatlo X: De diaconissis, earum ordinatione et ministeriis, secundum licclrsix grœcœ et latines praxim, Paris, 1655, p. 182-192 ; Thomaaein, Vêtus et nuva Ecclesix disciplina, Paris, 1688, c. xlix-li, p. 803-814; J. Pien (Pinius), dans les Acta sanctorum, t. xi. i, p. I-XXVin:De Ecclesix diaconissis; Binglian :, Origines ecclesiastici, 1. Il, c. xxu, Halle, 1751, t. i, p. 351 sq. ; Goar, Rituale Grœcorum, Paris, 1C47, p. 262-207 : llatlicr. De sacris eleclionibus, part. Il, sect. iv, c. n, n. 14-20, édit. Migne, col. 830 sq. ; Binterim, Dentwùrdigkeiten der christ. —kathollschen Kirche, part. I, sect. il, c. i, s 0, Mayence, 1825, t. i, p. 484-455 ; dom Parisol, Les diaconesses, dans la llevue des sciences ecclésiastiques (Lille) de 1890, 8’série, t. îx, p. 289304, 481-496 ; t. x, >. 193-209 ; Martfgny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, Paris, lue, ;, , art. Diaconesses, el Veuves chrétiennes ; Chr. Pescb, Pralectiones iogmaticx, Kribourg-en B is : iT, t. vu, p. 264 sq. ; Petau, dans YAppendix dt

mi) qui fait suite au Panarium de Baint Êpiphane, /’. c, t. xi.ii, col. 1079, 10*0 ; Hundhausen, dans le Kirchenlea

. Fribourg-en-Brisgau, Is84, t. m. art. Diaconissoi ; .i Wordsworth, The tninistry of grâce, c. v, 2, Londres, 1903, p. 276-282 ; S. Many, Pralectiones de sacra ordinatione I 1905, p. 170-183 ; une longue note de dom Leclercq, dans sa traduction de llefele. Histoire des conciles, Paris, 1908, t. il, p. 446-452.

2* Sur les données du JVouveai i aux

diaconesses, Beltamy, art Diaconesses, dans le Dictionn

la Bible, do > u, col. 1400-1401 ; Van Sleenklste, A dus

apostolorum illustrât), l* édit., Bruges, 1882, append. VI : De

Itres’le saint Paul, traduci

enlaire, Paris, 1905, 1. 1, p. 336 ; t. n, p. 139, 140, ii"-i 19.

.’. sur les diaconesses syriennes, Sln

■’’. III h.

ianiê, p. B47-886 1 ^

I24aq. ; Laxoy, De i 18, 202-206,’, s ■■il • uses publica tions’i’n i mfan U, •< vol., Haml rg, i s:•

fonat n if l/ï; :’1880 ; Monatssi hrifl fur m>.

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