de tout temps, la situation des diaconesses. Voilà pourquoi plusieurs ont cru les reconnaître dans les veuves dont parle saint Paul. C’est en particulier l’avis deTeriullien, Aduxorem, 1. 1, c. iiv P. L., t. i, col. 1286, et de saint Épiphane, Jlecr., lxxix, 3-’t, P. G., t. xi.fi, col. 744-745. lit, de fait, les documents postérieurs, la Didascalie des apôtres, par exemple, iii, 1, et passim, sous le nom de veuves désignent assez souvent les diaconesses. C’est au point qu’ils appliquent sans plus à celles-ci, comme prescription antique et aposlolique, la règle de l’âge sexagénaire et que la Didascalie, m, 8, leur attribue le pouvoir d’imposer les mains aux malades. Cf. Didascalia et Constitutiones apostulorum, édit. Funk, Paderborn, 1906, t. i, p. 182, 196. Ici pourtant il y aurait plutôt lieu d’admettre entre diaconesses et veuves une distinction, qui se rencontre, elle aussi, et plus fréquemment peut-être, dans les textes anciens : les Constitutions apostoliques, III, 8, édit. Funk, t. I, p. 197, proclament que les veuves doivent « obéir aux évêques, aux prêtres, aux diacres, et de plus aux diaconesses, ê’-t [J.f, v y.a raïç 51aLovoiç ; » nous y lisons, VI, 17, Funk, t. i, p. 341 : « Qu’on prenne comme diaconesse une vierge pure, ou du moins une veuve tidèle, honorable, qui n’ait été mariée qu’une fois ; » et tandis qu’elles assimilent, viii, 19, 20, Funk, t. I, p. 525, le grade des diaconesses aux ordres sacrés, en déterminant la manière dont « l’évêque, avec l’assistance du presbyterium, des diacres et des diaconesses, leur imposera les mains, » elles déclarent, iivi 24, Funk, t. i, p. 529, que « la veuve ne reçoit pas d’ordination’ou d’imposition des mains : —/^P a où yeipo-coveîTai. » Il semble d’ailleurs que des personnes de soixante ans ou davantage auraient pu difficilement remplir toutes les fonctions que l’histoire des premiers siècles attribue aux diaconesses. Le Testament de Noire-Seigneur Jésus-Christ distingue aussi les veuves des diaconesses. Il détermine les qualités qu’elles doivent avoir, le rite de leur bénédiction par l’évêque, leurs attributions, leurs fonctions qui consistent à louer Dieu le samediet le dimanche et aux fêtes de Pâques, de l’Epiphanie et de la Pentecôte, de veiller sur les diaconesses, d’instruire les femmes catéchumènes, de reprendre les chrétiennes, de visiter les malades et d’oindre les femmes durant l’administration du baptême, 1. I, 4043, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 94-105. Pour les diaconesses, il n’indique aucun rite de bénédiction et ne leur reconnaît d’autre ministère que celui de porter l’eucharistie aux femmes malades, 1. II, 20, p. 142. Elles habitent dans une maison près de la porte de l’église, 1. I, 19, p. 26, et elles reçoivent la communion, après les enfants, avant les femmes laïques, tandis que les veuves communient après les diacres et avant les lecteurs, 1. I, 23, p. 46. Cf. p. 153-166. La Constitution ecclésiastique aposlolique, qui parle des veuves, voir t. ii, col. 1613, la Constitution ecclésiastique égyptienne et les Canons d’Hippolyte ne connaissent pas les diaconesses. Pour ces raisons, nous inclinons à considérer le collège des veuves visées par saint Paul, non pas comme identique, mais comme parallèle au collège des diaconesses, ayant servi, d’abord régulièrement, puis partiellement, .à le recruter. Les veuves qui occupaient d’abord le premier rang, ont peu à peu cédé la place aux diaconesses et celles-ci ont finalement rempli las fonctions des premières. Cf. Van Steenkiste Actus apostolornv} illustrait, 4e édit., Bruges 1882, appendice vi, De diaconissis.
2. Après saint Paul, le plus ancien témoin explicite de l’existence des diaconesses aux premiers temps du christianisme, se trouve être Pline le jeune, écrivant, vers l’an 111, a ïrajan, Epist., 1. X, epist. iixcv qu’il a soumis à la torture deux chrétiennes honorées du titre de « ministres », ou diaconesses : Quo magis necessarium credidi e.r duabus ancillis, quæ ministres
dicebantur, quid esset vert et per tormenta quxrere.
3. A ce témoignage, du commencement du ne siècle, on ne peut en ajouter un autre, qui lui serait postérieur d’une cinquantaine d’années. Il a été attribué au pape Soter (165-174) par le pseudo-Isidore. Celui-ci a supposé qu’à cette époque des femmes consacréesà Dieu s’étaient attribué le droit d’encenser autour de l’autel et de toucher les vases sacrés, comme les vestales brûlaient de l’encens et tenaient le simpulum dans les sacrifices. Cf. Labbe, Concilia, t. I, col. 586 ; Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, Paris, 1865, p. 205. L’interdiction attribuée à saint Soter a été conservée dans le Décret de Gratien, c. Sacratas, dist. XXIII. édit. Friedberg, Leipzig, 1879. t. i, col. 86 : « Soter pape à tous les évêques d’Italie. Il a été rapporté au siège apostolique que des femmes consacrées à Dieu, ou des religieuses, se permettaient, chez vous, de toucher les vases sacrés et les saintes pâlies et de faire des encensements autour de l’autel. Qu’une telle pratique soit abusive et digne de répression, c’est ce qui n’est douteux pour aucun homme sage. En conséquence, par application de l’autorité de ce saint-siège, nous voulons que toutes ces choses soient radicalement supprimées, et cela le plus têt possible ; et de peur que cette peste ne se répande davantage, nous ordonnons qu’elle soit au plus vite bannie de toutes les provinces. » D’ailleurs, les diaconesses, distinctes des veuves, n’apparaissent en Occident qu’au Ve et au VIe siècle.
2o Origine du nom.
Si la fonction et l’ordre des diaconesses remontent à l’aurore du christianisme, il n’en est pas de même de leur nom propre et caractéristique. La diaconesse s’est appelée d’abord, dans l’Église grecque, soit r Siaxovo ; . comme chez saint Paul, soit yjv/] ôiâxovo ; , soit même /vjpa, et dans l’Église occidentale, diacona, vidua, virgo canoitica. Cf. Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 329. Ce n’est qu’au IVe siècle, avec la traduction latine de la Didascalie et avec les Constitutiones afo slolorum, que nous voyons apparaître le terme nouveau, en grec comme en latin, de diaconissa. Cf. Didascal., ii, 26, Funk, t. i, p. 104 ; Const. apost., iii, 11 ; vi. 17 ; vm, 19, 28, 31, Funk, t. i, p. 201, 341, 524, 530, 532. Mais les Constitutions continuent à evnplojer concurremment les désignations anciennes r, Siâxovo ; , il. 26, 58 ; iii, 8, 16, Funk, t. i, p. 103, 171, 197, 211, et r : —, r, Stdcxovoç, iii, 16, Funk, t. i, p. 209. Les diaconesses sont encore nommées 7 ; pe<jo-jTiô*e : , seniores, dans un concile tenu à Laodicée vers 360, can. 11, et par saint Épiphane, Hær., lxxix, n. 4, à cause évidemment de l’âge généralement requis pour la promotion à cette charge. Cf. Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq. t. i, p. 1003-1005.
II. Fonctions.
Le rôle des diaconesses s’est développé avec le temps ; on constate aussi des différences locales très notables. Nous tâchons de le résumer en nous tenant aux grandes lignes de son complet épanouissement.
1 » Dans les Églises latine et grecque. — Pour l’Église grecque, et aussi, bien que moins directement, pour l’Église latine, la période classique du diaconat féminin est principalement représentée par la Didascalie (me siècle) et les Constitutions apostoliques (lin du iv). En consultant ces sources, nous constatons que le ministère de la diaconesse était avant tout un office de charité et d’hospitalité, analogue à celui que les diacres remplissaient. Les diaconesses devaient : a) prendre soin des pauvres et des malades de leur sexe et, au besoin, les visiter à domicile, Didascalie, ni, 8, 12, Funk, t. i, p. 196, 208 ; Con.’.t. apost., iii, 16, Funk, t. i, p. 209 ; S. Épiphane, Hier., lxxix, n. 3 ; b) exercer une sorte de direction et de surveillance à l’égard des « veuves ecclésiastiques », qui étaient tenues de Iput obéir, Const. apost., iii, 8, Funk, t. I, p. 199 ; et l’on