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G71 DEUTÉRONOME (PROPHÉTIE MESSIANIQUE DU) — DEVARIS 072

prétation qui joint le Messie à la série des prophètes d’Israël.

a) Le singulier sa : peut, de soi, équivaloir à un

pluriel et il est ici nécessairement collectif. Ce prophète du. 1°) avait déjà été promis par Dieu sur le mont Horeb ; il devait continuer la mission de Moïse, parler au nom de Dieu et transmettre aux Israélites tous les ordres du Seigneur, 18. On devra écouler ses paroles sous peine d’être exclu du peuple de Dieu, 19. On le distinguera du faux prophète, 20-22. Notons que, dans ces derniers versets, la série des faux prophètes est désignée par le singulier collectif n>= : . Donc le véritable N » 3J, prédit ici, n’est pas un personnage unique, le seul Messie ; il embrasse une série d’individus, qui seront prophètes de Dieu en Israël. D’ailleurs, de semblables noms singuliers collectifs désignent aux versets 10 et 11 les diverses espèces de devins chananéens. A des catégories interdites Moïse opposait une catégorie, autorisée en Israël, d’intermédiaires attitrés entre Dieu et son peuple.

b) Le contexte, en effet, oppose les prophètes aux devins et aux sorciers. En interdisant à son peuple ces derniers comme une abomination, Dieu cependant ne veut pas laisser Israël privé d’hommes qui lui découvrent l’avenir et lui révèlent ses propres volontés. A la place des augures, il suscitera d’entre les Israélites et au milieu d’eux des prophètes qui, comme Moïse, parleront en son nom et communiqueront ses volontés. Ces représentants autorisés de Dieu devaient donc exister en Israël d’une manière à peu près continue pour suppléer à l’absence des devins, les remplacer et empêcher qu’on ne les consultât. Si Israël avait dû attendre le Messie avant de connaître les volontés divines, il aurait couru dans l’intervalle le danger de recourir à ces devins païens, dont la consultation lui était prohibée. Dieu n’eût pas opposé de remède efficace au danger qu’il voulait prévenir. Le Messie devait seulement être un de ces prophètes.

D’ailleurs, c’était à la demande du peuple, qui redoutait les manifestations directes de Dieu, que Dieu avait promis à Moïse ce prophète, qui lui ressemblerait, qui, comme lui, serait en relations avec Jéhovah et parlerait au peuple en son nom. La promesse divine avait obtenu sa première réalisation en Moïse, qui dès lors servit d’intermédiaire entre Dieu et son peuple. S’il avait fallu attendre jusqu’au Messie pour avoir un second et unique prophète, semblable à Moïse, la promesse divine, rappelée par Moïse à la fin de sa carrière, aurait bien tardé à recevoir son exécution et aurait laissé la prière d’Israël inexaucée. Le prophète prédit devait remplir sa mission durant tout le cours de l’histoire israélite, et le Messie ne fut que le dernier de la série ainsi annoncée. Il ne faut pas urger la ressemblance avec Moïse et prétendre que ce prophète devait nécessairement être législateur comme Moïse. La ressemblance indiquée n’entraîne pas une égalité parfaite, qui ne s’est pas même rencontrée dans le Messie, supérieur à Moïse plutôt que son égal, mais seulement une communauté de mission et le rôle d’intermédiaire officiel entre Dieu et son peuple. Du reste, les prophètes d’Israël avaient le droit de porter des lois de par l’autorité de Dieu. C’est à tort que quelques Pères ont reconnu un privilège spécial au Messie dans la promesse que Dieu mettrait ses paroles dans sa bouche ; les mêmes termes sont employés par Dieu lui-même au sujet des prophètes. Is., li, 16 ; i.ix, 21. Tous ont parlé au nom du Seigneur et ont transmis ses ordres.

Enfin, les signes auxquels on reconnaîtra les faux prophètes, 20-22, indiquent qu’il est question de vrais prophètes dans la prédiction précédente. Ils sont donnés pour servir aux Israélites de critères au cours

des temps et pas seulement à l’époque du Messie. C’esl donc la série des vrais prophètes, qui était ainsi prédite comme une institution divine en Israël, qui devait dur i

autant que les autres institutions, autant que les JU( les rois et les prêtres, Dent., xvi, 18-xvni, 22, et se continuer jusqu’au Christ.

Salomon Jarchi. Moïse Mairnonide et hiinchi ont donc bien compris le sens de l’oracle deutéronomique en l’enlendant de la série des prophètes d’Israël ; ils ont eu le tort unique d’en exclure le Messie, qui devait être prophète. Denys le Chartreux mentionne cette interprétation, donnée par Rabbi l’aul (probablement Paul de Burgos) ; mais quoiqu’il la trouve catholique, il profère entendre les versets 15 et 18deNotre-Seigneur seul. In Deuleronomium, dans Opéra, t. ii p. 590-591. Des commentateurs catholiques ont joint le Messie à devanciers et à ses précurseurs. Leur interprétation a le double mérite de rendre exactement compte de la lettre et de maintenir très fermement l’interprétation messianique de l’oracle. C’est plus qu’une conclusion exégétique. Albert le Grand reconnaissait la prédiction de la série ininterrompue des prophètes d’Israël. Enarral. in Aggteum, ii &, Opéra oninia, Paris, 1892. t. xix, p. 507. Après Nicolas de Lyre, Tostat, Oleaster, Corneille de la Pierre, Bonfrère, Tirin, Calmet, Frassen, Beinke, le cardinal Meignan, les Pères Cornely, Knabenbauer, de Hummelauer et Murillo, nous l’acceptons. L’oracle ainsi entendu nous apprend que le Messie sera un prophèle juif et qu’il achèvera en Israël la mission des autres prophètes, ses prédécesseurs et ses précurseurs, en communiquant pleinement à l’humanité la révélation divine que tous devront recevoir.

Pour la première interprétation, voir Cajetan, In Dent., xviii. 15-19 ; Sherlock, De l’usage et des fins de la prophétie dans les divers âges du monde, discours vi, dans Sacra ; Scripturx cursus completus de Migne, Paris, 1840, l. xviii, col. 669-673, et dans Démonstrations évangéliques de Migne, Paris, 1843, t. iiv col. 519-523 : Bade, Die Christologie des A. T., 2— édit., 1858 ; Patrizi, Biblicarum quxstionum decas, Rome. I s ", p. 161-175 ; F. Vigouroux, Manuel biblique, 12’t’dit., 1 1906, t. i, p. 779 ; J. Corluy, Spicilegium dogmatico-biblicurn, Gand, 1884, t. l, p. 447-455 ; Ch. Trocuon, Le Deutéronome, Paris, 1888, p. 8-13, 119-120.

Pour ! a seconde, Corneille de la Pierre, Comment, in Deut., Lyon, 1732, p. 764 ; Calmet, Commentaire littéral, 2’édit., Paris, 1726, 1. 1 b, p. 497-498 ; Reinke, Beitràge zur ErkUirung des A. T., Munster, 1855, t. iv, p. 301 sq. ; Meignan, Les prophéties messianiques. Le Pentateuque, Paris, 1856, p. 619 sq. ; Id., De Moise à David, Paris, 1896, p. 292-313 ; Knabenbauer, Erklàrung des Propheten Isaias, Fribourg-en-Brisgau, 1881, p. 3-5 ; Cornely, Introductio specialis in didacticos et prophelicos V. T. libros, Paris, 1887, p. 275-277, 278-280 ; Œttti, Deuteronomium, Josua und Richter, Munich, 1893, p. 72 ; F. de Hummelauer, Deuleronomium, Paris, 1901, p. 371-377 ; M. Hetzenauer, Theologia biblica, Fribourg-en-Brisgau, 1908. t. i, p. 580-581 ; L. Murillo, San Juan. Estudio critico-exegético sobre il cuarto Evangelio, Barcelone. 1908, p. 175-177.

E. Mahgenot.

DEUTMAYR Bernard, bénédictin bavarois, né le 28 décembre 1717, mort le 29 juillet 1827. Profès de l’abbaye d’Oberaltach et docteur en théologie, il publia : E.rercitationes de juribus ecclesiasticis Gennanim specialibus, Straubingen, 1779 ; De jure publico universali ecclesiastico una eut » subjectis ex jure Germanise particulari neenon de nexii sacerdotium inter et imperium corollariis, in-8°, Ratisbonne, 1781 ; De limitibus utriusque potestatis neenon de juribus principum circa sacra, Straubingen. 1782.

Ilurter, Nomenclator. in-8° 1895, t. iii, col. 886.

B. Hh’l RTEBIZE.

DEVARIS Mathieu, littérateurgrec du xvi< siècle, ué à Corfou. Paul III (1534-1549) le nomma correcteur des manuscrits de la Bibliothèque vaticane. Sa mort eut lieu en 15(38. En dehors du Liber de grseese lingux particulis, qui le rendit célèbre comme philologue, il est l’éditeur des Actes du concile de Florence en grec :