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connaître certains détails intéressant l'Église de France. De gallica profectione Domni Pétri Damiani, P. L., t. cxlv, col. 863-880. On lui avait fait espérer que son office de légat se terminerait à la fin de juillet, mais son séjour se prolongea au point qu’il ne rentra à Fonte Avellana que le 28 octobre. Ce voyage, qu’il appelle « sa mort » à cause des dangers que lui firent courir les partisans de Cadaloûs, ne fut pas sans profit. Il nous a valu l'éloge mérité des moines de Cluny et la connaissance de certaines pratiques dans la récitation ou le cliant de l’office, jugées répréhensibles par Pierre Damien, ainsi qu’en font foi ses lettres à l’archevêque de Besançon et à l’abbé Didier du MontCassin.

Sa légation à Florence.

A Florence, il s’agissait d’apaiser les troubles suscités contre l'évêque Pierre, que les moines et leur parti accusaient de simonie. L’accusation parut peu fondée au cardinal légat. En se prononçant en faveur de l'évêque, Pierre Damien fut accusé lui-même de pactiser avec des simoniaques et dut se retirer sans avoir réussi, liais, dans sa lettre apologétique au peuple et aux moines de Florence, De sacramentis prr in iprobos administrai is, Opuscul., : <, /'.£., t. CXLV, col. 523-530, il affirme qu’il réprouve la simonie et ajoute, ce qu’il avait déjà nettement enseigné dans son opuscule Gratissimus, que les sacrements administrés même par des indignes sont valides. Cf. Baronius. Annales, an. 1063, n. 7-23. Écrivant à l’ermite Theuzon, qu’il regardait comme le principal instigateur des troubles Ilorentins, il le trouve bien osé de se permettre de juger les prêtres, les évéques, et même le pontife romain. Cf. Baronius, ibid., n. 24-28. Theuzon se soumit ; quant aux autres moines, ils s’adressèrent au pape, et cette affaire de Florence fut réglée avec d’autres dans le concile tenu à Borne. Cf. Baronius, ibiil., n. 31 -CI.

10° Sa légation on Germanie. — En 1069, nouvelle mission, mais cette fois en Germanie, pour empêcher le jeune empereur Henri IV de divorcer avec Berthe, qu’il avait épousée deux ans avant. Pierre Damien y fut plus heureux qu'à Florence. Dans le concile de Mayence, qu’il réunit pour traiter cette grave affaire, il fit entendre raison à l’empereur.

11 » Sa légation « Ravenneet sa mort. — Moins de trois ans après, il partait pour Ravenne, s ; i ville natale, qui avait été frappée d’excommunication par Alexandre II. Le grand coupable était l’archevêque, e( il venait de mourir. Pierre Damien représenta au pape qu’il D était pas juste de punir toute une église pour la faute d’un seul, Epist., I. I, epist. XIV, P. I.., t. cxuv, col. 221, et reçut mandat d’aller réconcilier ses compatriotes. G t acte de clémence fut le dernier service qu’il rendit i li cause de l'Église ; car. à son retour, saisi par un accès de fièvre, ildul s’arrêter à Fænza et y mourut le 32 février 1072, C étail la fête de la chaire de saint Pierre, remarque son biographe qui avait été son disciple, ut ea videlicet die qua prsescns meruit i » pastorali Prima tede locari, eadeni Pétri discipulum cœlestis euria in bealam tusi iperet sedem. On le voit, quels que fussent ses défauts, notamment tibilité ombrageuse qui l’a fait quelquefois coinj. Mit Jérôme, la vu de ce moine austère,

de ce réformateur infatigable, de ce champion zélé du siège apostolique, de cel humble démissionnaire des hautes charges ecclésiastiques, méritait bien l’estime contemporains. En l’envoyant en France comme légat, Alexandre il disait de lui : Noua n’en oonna dont l’autorité soit plus grande,

la nôtn. dam n glise romaine H est notre œil, et le

fei appui du sii ge apostolique. D ini on bref au

bénédictin Constantin Cajetan, éditeur dea œuvres de Pierre Damien, Paul V qualifiait noire ^ ; iint de <ioctoWH « public* iliristiansc et apostolicæ

seclis nobilem parlent. Léon XII lui a conféré le titre du docteur de l’Eglise, par son décret du 1 er octobre 1828. II. Action apostolique.

En racontant sa vie, nous avons signalé quelques-uns des actes de son zèle apostolique. Nul plus que lui ne fut animé du désir de réformer l’Eglise. Il en sentait l’urgente nécessité et il en connaissait les moyens. Il y travailla dans la mesure de ses forces et ne cessa jamais d’y convier les papes. S’il fut « l'œil » d’Alexandre II et le « ferme appui du siège apostolique, » il fut aussi l'émule d’Ilildebrand, qu’il ne vit pas monter sur le siège de Pierre. Il a droit à être compté au nombre de ceux qui, au XIe siècle, voulurent libérer l'Église de la double plaie qui la rongeait à l’intérieur, l’immoralité et la simonie, et assurer son indépendance vis-à-vis du pouvoir civil par une entente harmonieuse et réglée.

Dans le cloître.

Homme du cloître, il est particulièrement pénétré de l’esprit de saint Augustin et de saint Benoit ; il marche de pair avec les grands moines de son siècle, saint Bomuald, le fondateur de l’ordre des camaldules, en 1012, saint Odilon († 1048) et saint Hugues († 1109), abbés de Cluny, Didier, abbé du Mont-Cassin, le futur Victor III († 1087). Bien n'échappe à son regard vigilant. Il entend que les moines pratiquent la pauvreté, ne gardent pas d’argent, ne multiplient pas leurs sorties et ne s’occupent point des affaires du siècle ; car il y a là un danger pour la vertu, et c’est une faute pour quiconque a fait profession de mépriser le monde. Opuscul., xii, De conlemptu sœculi. La prière de nuit avec ses vigiles ou nocturnes, et celle de jour avec les matines ou laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et compiles, s’imposent à eux. A propos du symbole dit de saint Athanase, qu’on récitait depuis peu, croyait-il, de son temps, à l’office, il remarque que c’est avec raison qu’on l’a placé à l’heure de prime, parce que, la foi étant le fondement et la source des vertus, il convient d’en réciter le symbole à la première heure du jour, qui donne le branle à toutes les autres. Opuscul., De horis canonicis. A la prière, les religieux doivent joindre la pratique du jeûne, de la mortification, des disciplines corporelles, selon la règle ordinaire ; mais, pour peu qu’ils aient à expier des péchés commis dans le monde, il convient qu’ilsajoutent à l’observance commune des pénitences proportionnées. Opuscul., XIII, De perfeelione nionachorum. Ses deux opuscules xiv, De ordine eremilarum, et XV, De suse congregationis iustitutis, montrent le genre de vie qu’il faisait pratiquer aux religieux de Fonte Avellana et à ceux qui dépendaient de sa congrégation : quatre jours de jeûne par semaine, depuis l’octave de Pâques à la Pentecôte, et de saint Jean-Baptiste au 5 septembre ; cinq jours, depuis l’octave de la Pentecôte jusqu'à la fête de saint Jean-Baptiste, et depuis le 5 septembre jusqu'à Pâques ; deux carêmes, celui de Noël et de Pâques, où l’on jeûnait tous les jours, excepté le dimanche et certaines fêtes ; trois semaines sans jeûne durant toute l’année, aux octaves de Noël, de Pâques et de la Pentecôte ; outre les heures canoniales, chant quotidien du psautier ou d’une partie pour les défunts ; fréquentes disciplines ; les autres exercices rappellent ceux de la Règle de saint Benoît et îles Institutions de Cassien, Aux i rmites de sa con iion, il rei mandait le jeûne du samedi en

l’honneur de la sépulture de Notre-Seigneur, Opuscul., i.iv, et la veille <l< Noël, de l’Epiphanie, de saint Marc, de i.i Penti tint Jean Baptiste, et « les fêtes de

apôtres. Opuscul., lv. Il était grand partisan des fia ellation corporelles surérogatoirea ; il donna conmee è un moine de ce qui se pratiquait, à ce sujet, n tnona itère, Epist., l. V, epist, viii, col. 349 sq lettre, devenue publique, excita le mécontentement laïques et des texte qu’un tel a

était préjudiciable aux péniteno canoniques ! H sa