Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.djvu/339

Cette page n’a pas encore été corrigée
655
656
DKI’TKItONOME


ceptes à observer, ne peut pas èlre le Pentaleiique entier, comme le prétend l’abbé Troclion, Le Deutéronorne, Paris, 1887, p. 188. C’est le code, auquel le c. wxi est rattaché ; donc le Deutéronorne lui-même, lia il leurs, Moïse présente le contenu de ce livre comme une législation nouvelle qu’il promulgue au paysdeMoab, iv, 1-8, 41-49 ; v, 1 ; xii, 1 ; xxvi, 16 ; xxvii, 1 ; xxviii, 1, 15. Nous avons déjà remarqué que le livre est dit une loi, dont un" exemplaire devra être remis aux rois futurs au début de leur règne, xvii, 18, 19, et les termes de cette recommandation sont identiques à ceux de Deut., xxxi, 12, 13. Cette loi, ou au moins une de ses parties, devra être transcrite sur la pierre, lors du renouvellement de l’alliance, xxviii, 1-8. Les malédictions, portées contre les violateurs de cette législation nouvelle, xxviii, 15, rappelées, xxix, 20, 21, 27, atteignaient tous ceux qui n’observeraient pas « toutes les paroles de cette loi, qui sont écrites dans ce volume, » xxviii, 58, qui forme le Deutéronorne. Moïse fit écrire le cantique, xxxi, 19, qui est reproduit, xxxii, 1-43, et il rappela les bénédictions promises aux fidèles observateurs des préceptes écrits de cette loi, xxxii, 46. Ce livre législatif est donc de la main de Moïse, et l’épilogue, s’il n’a pas été rédigé par lui, a été au moins écrit par son ordre. Cf. J. Brucker, L’Église et la critique biblique, Paris, s. d. (1908), p. 105-106.

Témoignage des autres livres de l’Ancien Testament.

Ce témoignage du livre lui-même est confirmé par ce qui est raconté dans le livre de Josué. Le volume de la loi, que Josué doit connaître, méditer et faire observer, Jos., i, 7, 8, répond à celui qui est mentionné, Deut., xxviii, 58, d’autant mieux que les termes de la recommandation divine se rapprochent de Deut., xvii, 18-20 ; xxxi, 7, 23. L’alliance est renouvelée, Jos., iivi 30-35, conformément aux ordres donnés par Moïse dans le volume de sa loi, Deut., XXVIII, 58, avec les bénédictions et les malédictions indiquées, xxvii, 12-26. Le volume de la loi de Moïse, dont Josué, avant de mourir, recommande d’observer les prescriptions, est, d’après les expressions employées, Jos., iixxi 6, celui que Dieu lui avait ordonné de faire pratiquer, I, 7, 8. On comprend fort bien que Josué, le successeur immédiat de Moïse, ait eu 5 cœur de recommander spécialement au peuple la législation que son prédécesseur avait promulguée et écrite pour ce peuple, lorsqu’il était sur le point de pénétrer dans le pays de Chanaan. Cf._.l. Drucker, op. cit., p. 111-112.

Les recommandations de Josué ne semblent pas avoir été fidèlement observées. L’époque des Juges fut un temps d’anarchie religieuse, durant lequel, faute de roi, chacun faisait ce qui lui semblait bon. Jud., xvii, 6 ; XXI, 24. David mourant recommande à Salomon d’observer les préceptes divins, consignés dans la loi de Moïse, I (III) Reg., II, 3, et les termes qu’il emploie sont ceux du Deut., vi, 1 ; iiv 11. Amasias, : faisant périr les meurtriers de son père, épargna leurs enfants « selon ce qui est écrit dans la loi de Moïse où Jéhovah donne ce commandement. » II (IV) Reg., xiv, 6. Or cette prescription se trouve Deut., xxiv, 16. La plupart des rois d’Israël et de Juda furent infidèles et ne firent pas observer les prescriptions du Deutéronorne. Ainsi Jéhu ne marcha pas de tout son cœur dans la loi de Jéhovah, II (IV) Reg., x, 31 ; ce qui est une expression particulière au Deutéronorne. Le livre lui-même fut perdu et retrouvé dans le temple sous Josias. II (IV) Reg., xxii, 8 —xxiii, 25. Le prêtre juif qui fut envoyé aux tribus assyriennes, exportées à Samarie, pour leur enseigner le culte de Jéhovah, leur recommande d’observer une loi écrite et de ne plus adorer les idoles, Il (IV) Reg., xvii, 34-39, en des termes qui sont les expressions caractéristiques du Deutéronorne. Daniel parle de la loi divine, promulguée par les prophètes, violée par Israël, écrite dans le livre de Moïse, qui

contient des malédictions et des serments, ix. 9-13, et sa description convient au Deutéronorne, dont le code est suivi de malédictions contre les violateurs de la loi. Esdras et Néhémie, dans la question des mari avec les étrangers, s’appuient sur le Deutéronorne. I Esd., ix, 1, 12, et Deut.. vu. 3 ; II Esd., xiii, 1, 3. et Deut., xxiii, 3. Le prophète Malachie, iii, 22, désigne le Deutéronorne comme la loi de Moïse. Les expressions employées sont strictement deutéronorniques, Deut., iv, 44 ; v, 28 ; xii, 1 ; xxv, 16, et l’IIoreb est donné comme le théâtre de la promulgation de cette loi. Cf. Deut., i, 6 ; iv, 10, 15 ; v, 2 ; ix, 8 : xviii, 16. D’ailleurs, on a constaté sa dépendance vis-à-vis du Deutéronorne. Mal., i, 8, et Deut., xv, 21 ; Mal., n. 16. et Deut., . xxiv, 3, etc. Voir A. Van Hoonacker. Les O petits prophètes, Paris, 1908, p. 700, 701, 710. Le cantique, Deut., xxxi, est cité, II Mach., iiv 6, connue l’œuvre de Moïse.

Témoignage du Nouveau Testament et de la tradition chrétienne.

Saint Pierre, parlant aux Juifs au temple de Jérusalem, cite Deut., xviii, 15, comme parole de Moïse. Act., ni, 22. Plusieurs Pères de l’Église, nous le verrons dans l’article suivant, ont entendu strictement de la prophétie messianique. Deut., xviii, 15, la parole de Noire-Seigneur : « Moïse a écrit de moi, » rapportée par saint Jean, v, 46. D’ailleurs, ils ont tous tenu le Pentateuque entier pour l’œuvre de Moïse. Quelques-uns ont eu l’occasion d’affirmer spécialement l’origine mosaïque du Deutéronorne. Saint Hippolyle commente dans ce sens Deut., xxxi, 9, 24-25. Achelis, Arabische Fragmente zum Pentaleuck, dans Hippolyius, Leipzig, 1897, t. i, p. 118. Saint Ambroise affirme que Moïse a écrit le Deutéronorne. In ps. cxviii, serm. ii, n. 13, P. L., t. xv, col. 1214. Saint Grégoire de Nysse, cité par Euthymius, Panoplia dogmatica, part. I, tit. iivi P. G., t. cwx, col. 260, affirme que Moïse a écrit le Deutéronorne. Saint Jérôme énumère les cinq livres de Moïse, dont le cinquième est le Deutéronorne. Epist., cxi., n. 2, P. L., t. xxii, col. 1167. Saint Augustin voit les cinq livres de Moïse figurés par les cinq pierres que David prit dans le torrent pour armer sa fronde. Serm., xxxi, c. v, iiv P. L., t. xxxviii, col. 198, 199, et dans les cinq portiques de la piscine de Bethsaïde. Serm., cxxiv, c. ni, ibid., col. 687. Le pseudo-Athanase, Epist. ad Marcellin., n. 5, 32, P. G., t. xxvii, col. 17, 20, 14. qui est du IVe ou du v c siècle, rappelait que Dieu avait ordonné à Moïse d’écrire un cantique et le Deutéronorne tout entier. L’auteur de la Synopsis Scripturx sacræ, attribuée à saint Athanase, n. 9, P. G., t. xxviii, col. 308, dit que Moïse a écrit le Deutéronorne ; il est du commencement du vie siècle. Procope de Gaza déclare expressément que le Deutéronorne. résumé des livres précédents, est de la main de Moïse. In Deut., P. G., t. i.xxxvii, col. 893-894. Junilius sait de la tradition des anciens que Moïse a écrit les cinq premiers livres historiques de l’Ancien Testament, bien que leurs titres ne mentionnent pas son nom. De partions divinx legis, 1. I, c. viii, P. G., t. i.xvin, col. 28. Cf. Kihn, Theodor von Mopsuestia und Junilius Aftgr canus als Eregeten, Fribourg-en-Brisgau, 1880, p. 180. Saint Isidore de Séville connaît même le temps que Moïse mit à rédiger ce livre. Qusest. in V. T., in Deut., i, 2, P. L., t. lxxxiii, col. 359.

Témoignage des Juifs et des rabbins.

L’historien juif Josèphe, qui était palestinien d’origine et vivait au I er siècle de notre ère, attribue explicitement au législateur hébreu le récit même de son trépas qui termine le Deutéronorne. Ant. jud., IV, vin. 48. Philon, juif helléniste du même temps, rapporte comme une merveille que Moïse, sur le point de mourir, fit par inspiration divine le récit prophétique de sa mort. De vila Mosis, I. III, Opéra, Genève. 1613, p. 538. Ce