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DETERMINISME

DEUSDEDIT

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ris, 1894, 18P5 ; Couailbac, Lu liberté et la conservation de l’énergie, ln-8*, Paris, 1897 ; J. Guibert, Les croyances religieuses et les sciences de la nature, c. VI, 2’édit., Paris. 1908, p, 169-495.

G. FONSEGRIVE. DÉTRACTION. Voir MÉDISANCE.

DETTE. Voir RESTITUTION.

1. DEUSDEDIT I. Voir DlEUDONNÉ.

2. DEUSDEDIT II. Voir AdÉODAT, t. I, col. 394-395.

3. DEUSDEDIT, cardinal. — 1. Vie. II. Œuvres. III. Doctrine.

I. Vie.

On ignore également le lieu, la date de sa naissance, ses débuts dans la vie religieuse, et tout ce que l’on sait de lui se borne à fort peu de chose. Rérenger de Tours, dans le récit de sa comparution au synode romain de 1679, Mansi, Concil., t. xix, col. 762 ; P. L., t. cxLvin, col. 809, le cite comme cardinal et abbé de Todi. Il aurait donc été moine avant que Grégoire VII Je nommât cardinal-prêtre du titre des Apôtres in Ewlo.cia, c’est-à-dire de Saint-Pierre-èsliens ; il vécut sous les pontificats de Victor III et d’Urbain II, et mourut en 1099. Quant à savoir quel fut exactement son rôle au milieu des conflits suscités par la querelle des investitures— et par les agissements de l’antipape Clément III, c’est chose assez difficile. Fut-il chargé d’une mission en Allemagne, dont il profita pour recueillir des documents, ou y alla-t-il à titre privé et dans un but scientifique ? On ne saurait le dire. Mais certainement il s’y rendit, comme en témoigne ce passage de sa collection canonique : Juramentum futurï imperatoris. Hoc sacramentum invenit scriptor hujus libri in Saxonia, in monaslerio quod dicitur Luineburg. Collectio canonum, 1. IV, c. clxi.

On peut croire que, dans l’entourage de Grégoire VII, il fut sympathique à la personne de Bérenger, sinon à ses erreurs. C’est du inoins ce qu’affirme le fameux archidiacre, loc. cit., car il le cite à côtéd’Atto de Milan parmi ceux qui furent favorables à sa cause et avaient embrassé son parti.

Vis-à-vis de Guibert de Ravenne, l’ancien fauteur de Cadaloùs (l’antique Honorius II), l’ennemi d’Alexandre II, l’inspirateur de la plupart des complots tramés contre Grégoire VII, et qui avait fini par se faire élire luimême, à Brixen, en 1080, grâce à l’appui de l’empereur Henri IV et des simoniaques, sous le nom de Clément III, il se montra un adversaire décidé. Pendant de longues années Clément ne cessa d’agiter l’Église, soit à Rome, quand il s’en fut emparé, soit hors de Rome, avec la connivence du pouvoir impérial ; mais Deusdedit flagella ce Cleinens ou plutôt ce Démens, comme il l’appelle, composa en grande partie contre lui son Libellus contra incasores et symoniacoset reliquos scismaticos. Champion de l’Église, il prit énergiquement la défense du droit ecclésiastique contre l’empereur Henri IV, ses conseillers et ses juristes césariens. A l’exemple de quelques-uns de ses prédécesseurs et de ses contemporains, tels que Anselme de Lucques, BoniLo de Sutri, l’auteur anonyme de la Collectio Britannica, et Yves de Chartres, il composa un recueil de lois ecclésiastiques. Mais ses ouvrages, comme nous allons le voir, prouvent qu’il fut meilleur canoniste que théologien.

II. ŒuvrtES. — La première en date, qu’il publia sous Victor III et qu’il dédia à ce pape entre mai 1086 et septembre 1087, est sa Collectio canonum, celle que les correcteurs romains du Decretum de Gratien appellent Libri quatuor de rébus ecclesiasticis (e.r Vaticana). Elle suivit de près la collection d’Anselme de Lucques et précéda le Decretum de Bonizo de Sutri. qui se trouve dans Mai, Bibliotheca nova vet. Patrum,

Rome, 1854, t. iiv part. III, p. 2 sq. Elle.-. été éditée, d’après le codex Vaticanus 38.33, d’abord par Martinucci, Venise, 1869, et tout récemment par Glanvell, Paderborn, 19U.">. Le but de Deusdedit est de montrer que les laïques n’ont pas le droit d’interposer leur autorité dans la collation des bénéfices ecclésiastiques et que la prééminence dans le gouvernement de l’Église appartient exclusivement au siège romain. Dans son épître dédicatoire, P. L., t. Ci-, col. 1565-1570, il indique le sujet et la division de son travail. Primus liber, dit-il r conlinet privilegium auctoritatis Bomanse Ecclesise. Et quoniam sine clero Ecclesia esse non —potes ! , nec clerus absque rébus, quibus subsistai, huic subj< secundum et lertium de clero et rébus Ecclesise. Quia vero sseculi potestas Dei Ecclesiam subjugare nititur, libertas ipsius Ecclesise et clerici et rerum ejus tertio et ma : iime quarto libro evidenter ostenditur. Ses sources sont : 1° l’Écriture, quand il y a lieu ; 2° les canons des conciles, dont il prend le texte latin, quand il s’agit des conciles grecs, tantôt à la traduction de Denys le Petit, tantôt à celle qui est connue sous le nom de l’risca, quelquefois, mais plus rarement, à celle d’Isidore ; 3° les décrets des souverains pontifes, quelquesuns empruntés à la collection du pseudo-Isidore, plusieurs de Grégoire VII ; 4° les Pères, les lois de Justinien. l’histoire d’Anastase le Bibliothécaire, le Pontifical romain, le Liber diurnus, l’histoire de Paul Diacre, etc. Le tout forme un ensemble de 251 chapitres ou titres pour le 1. P 1, de 131 pour le 1. II e, de 159 pour le 1. IIP, et de 162 pour le 1. IV e.

Le second ouvrage du cardinal Deusdedit est son Libellus contra invasores et symoniacos et reliquos scismaticos, adressé aux clercs de l’Église romaine. Postérieur à la lettre d’Urbain II à Lucius de Pavie, en 1089 ou 1090, à laquelle il est fait allusion, et antérieure au concile de Plaisance du printemps de 1095. dont les décisions importantes auraient certainement été mentionnées, ce Libellus se compose de quatre chapitres. Les deux premiers, dans les manuscrits, sont placés après le Contra Guibertum d’Anselme de Lucques et ont été édités sous le titre de 1. IIe comme appartenant à ce canoniste, P. L., t. cxlix, col. 455-476. lisse trouvent aussi, mais augmentés d’additions nombreuses sur les sacrements des simoniaques, dans esLibelli de lite imperatorum et pontificum des Monumenta Germanise historica, Hanovre, 1892, t. ii, p. 300-340 ; mais Sackùr, leur éditeur, a eu soin de mettre entre crochets les parties ajoutées et de les faire suivre de deux chapitres nouveaux. Ibid., p. 3U-365. Déjà édité par Mai, Bibliotheca nova veterum Patrum, Rome, 1854, t. iiv part. 3. p. 77-11 i. Cette double rédaction des deux premiers chapitres du Libellus représente deux éditions, la première dirigée contre l’investiture laïque et la simonie, la seconde englobant les schismatiques avec les simoniaques, c’est-à-dire les guibertins et les henriciens ou partisans de l’antipape Clément III et de l’empereur allemand Henri IV. Bien que ce Libellus renferme des décisions canoniques et des témoignages empruntés aux Pères et aux papes, ce n’est pas à vrai dire une collection de canons du même genre que l’ouvrage précédent : c’est un traité à la fois canonique et théologique, une œuvre de polémique contre les envahisseurs et les trafiquants des biens ecclésiastiques, entachés de simonie ou de schisme. Le c. i sr, intitulé : Quod régi non liceat sacrosanctis ecclesiis episcopos constituere, condamne l’abus de pouvoir de l’empereur et des princes dans la provision des sièges épiscopaux. Le c. ii, De simoniacis, schismaticis et eorum sacerdotio et sacrifteio, condamne les simoniaques qui achètent ou vendent à prix d’argent les titres et les offices ecclésiastiques, et les schismatiques qui se contentent de recevoir gratuitement de la puissance séculière la provision des bénéfices ; il nie