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DÉTERMINISME

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n’en est pas moins vrai, soutient le déterminisme, que si les événements du monde ne sont pas déterminés, la science est impossible. Car il n’y a science que du déterminé. Si l’esprit humain ne peut pas formuler des lois et d’après ces lois établir des prévisions, il n’y a plus de science. Or, quelles lois certaines peut-on formuler dans un monde qui ne serait pas déterminé et quelles prévisions peuvent-elles être assurées ? » Ainsi que l’a fait souvent remarquer avec force Charles Renouvier, en raisonnant ainsi les déterministes prennent pour accordé précisément ce qu’on leur conteste. Il n’est pas douteux que ce qui est indéterminé n’est pas scientifique, mais la question est précisément de savoir si tous les événements du monde, si tout sans exception doit entrer dans le domaine de la science. Si la science peut et doit s’étendre à tout, si tout doit être nécessairement soumis à des lois incoercibles, alors le déterminisme [a gain de cause. Mais qui ne voit que c’est précisément là toute la question ?

Arguments métaphysiques.

Nous retrouvons la même pétition de principe dans les arguments métaphysiques. Le premier est celui de la prescience de Dieu. « Dieu voit tout d’avance, donc tout est prévu, et par suite des aujourd’hui demain est fixé, arrêté, déterminé. » Il suffit pour répondre de faire remarquer que Dieu, à proprement parler, ne prévoit pas, mais voit. Sa connaissance des événements du temps est intemporelle et de cette connaissance intemporelle on ne peut intelligiblement déduire quoi que ce soit par rapport aux événements du temps. Si l’on voulait appliquer à la connaissance de Dieu les règles ordinaires de la connaissance, on devrait dire : Dieu connaît les choses qui sont parce qu’elles sont et elles ne sont pas parce qu’il les connaît. — Mais ici intervient la toute-puissancc|de Dieu. « Si Dieu est tout-puissant, comment se peut-il qu’il ne fasse pas tout ce qui se fait et par suite que les choses et nos volontés comme tout le reste ne soient pas de simples dépendances de sa volonté’.’ » Tous les théologiens catholiques ont fait remarquer que c’est précisément parce que Dieu est tout-puissani qu’il a pu donner à la créature la liberté et toute l’indépendance compatible avec la nature de l’être créé. — Voici enfin la dernière raison du déterminisme, c’est que l’indéterminé, le vraiment libre, serait sans raison. « Il serait déraisonnable d’admettre que quoi que ce soit puisse arriver sans raison. Or, une action libre est par définition celle qui ne peut pas se ramener à ses antécédents, qui ne peut pas pliquer, car si l’on pouvait explique !’le choix, il i alors déterminé par les raisons mêmes qu’on en donnerait. Mais j| n’est pas possible à l’intelligence d’admettre que rien puisse arriver sans une raison sufHsante. Tout ce qui est rationnel es) déterminé, cela donc qui ne serait pas déterminé serait par là même Irrationnel. El l’irrationnel ne peut entrer dans la nature des choses car, autrement, le monde deviendrait inintelligible et notre connaissance n’aurait plus

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actes, peuvent demeurer de véritables raisons et cependant n’être pas semblables aux causes ou aux impulsions physiques. Nous pouvons agir raisonnablement sans qu’il soit nécessaire ni même possible de soumettre nos raisons à la mesure et au calcul. M. Bergson dans deux livres importants : Essai sur les données immédiates de la conscience, in-8°, Paris, 1889, et L’évolution créatrice, in-8°, Paris, 1907, a insisté avec raison sur le caractère purement qualitatif de nos événements spirituels. Ce n’est que par des artifices d’analogie que nous les assimilons à des faits physiques et la raison psychique est quelque chose de très différent de la causalité physique. Or, le déterminisme de la succession n’a jamais été conçu qu’en fonction de la succession des événements physiques. Nos actes peuvent donc n’être pas rigoureusement conditionnés par les événements antérieurs ou concomitants et ne pas pour cela manquer de raison. Leur raison profonde se trouve dans ce qui nous constitue à l’état de puissances libres —capables d’apporter dans l’univers des qualités nouvelles. Et l’existence de telles puissances n’est pas elle non plus sans raison. Car il n’y a dans le monde un domaine propre de la moralité que si de telles puissances existent. Dans un monde tout entier déterminé, le vice et la vertu, ainsi que Spinoza l’a admirablement déduit, ne sont que la nocuité ou la bienfaisance nécessaires résultant de la nature des êtres et ne sont pas du tout ce que l’humanité a toujours voulu signifier par ces mots. Le devoir, le droit, la responsabilité, le mérite, la sanction, toutes les notions morales changent de sens. Si le déterminisme est vrai, il n’y a pas de monde moral. La moralité se trouve donc être, en dernière analyse, la raison de la liberté. Si le déterminisme a tant de prises sur beaucoup d’esprits, c’est qu’il satisfait le besoin qu’a l’intelligence non seulement de tout expliquer, mais encore de tout unifier. Un monde déterminé présente en effet au plus haut point tout l’aspect d’un être unique, extérieurement modifié ou diversifié, mais constitué essentiellement par son unité, substance de Spinoza, matière des matérialistes, force des dynamistes. L’intelligence tend au monisme ; elle tend donc aussi au déterminisme. Mais l’aspect du monde montre que les différences n’ont pas moins de réalité que les analogies, et que la diversité existe aussi bien que l’unité. Si tout pouvait se ramener au passé et qu’il n’y eût rien de réel dans la nouveauté, comment pourrait exister l’aspect nu’de la nouveauté ! M. Bergson, op. cit., a

insisté avec beaucoup de force sur ces divers points et il semble bien qu’il faille tenir grand compte de ces incontestables constatations. En résumé, le déterminisme établit que si l’on considère le monde comme tout entier tributaire do la science positive, tout doit y être déterminé ; il pousse même un peu plus loin et il tend à montrer que si tout dans l’univers est objet d’intelice, d’une intelligence discursive et définissante telle que la nôtre, tout aussi doit j être déterminé. Mais la

question est précisé ni de savoir si le point de vue de

rallie n’esl pas aussi légitime que le point de vue de la science, si même la moralité » > di passe pas la science, si enfin I intelligibilité est la fin véritable de l’univers, si on n’a pas le droit de placer celle fin dans la l.oni.’. Si la si m ie

le vrai, mais la science ebaorbe-t-elle tOUl et la morale ll’a-t-elle pal’I i III p’T ie II X’I o il s |, — i.H-oii

nementa déterministes supposi ni la qui stion résolue

en faveur d’1 la science contre la morale, c’eal i reela

qu’ils soni tous viciés par la pétition de prini Ipe qui non— avon an chacun deux.

lit. IM-S, I’I i ni sur |f Moi t

arbitre 2° édlt, in