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plaint qu’on l’ail chargé par Burcrotl de la visite il un autre évêché. Mais le pape ne donna paa suite à sa demande, comprenant qu’un homme comme Pierre Damien était indispensable te, les cir constancee difficiles qui suivirent la mort de Nicolas II. survenue au mois de juillet 1061, rendirent sa nécessaire. Avec les partisans de la réforme, il contribua, le I er octobre, à élire Anselme de Lucques, Alexandre il

(1061-1073).

5 1 Sa retraite. — Celte fois, pensa-t-il. il aurait gain île cause auprès du nouveau pontife et pourrait fuir le monde corrompu et le faste qui entourait les princes de l'Église pour se retirer dans le cloitre. Il est prêt a consacrer le nouvel élu, comme son siège lui en donne le privilège, mais il entend se retireraprès avoir ilune charge qu’il n’avait nullement sollicitée, qu’on lui avait imposée de force ; il en a, du reste, manifesté déjà l’intention. Le pape consent à sa retraite, sans toutefois accepter sa démission. Tel n'était pas l’avis d’Hildebrand qui, jugeant sa présence utile à Rome et son appui indispensable, aurait voulu qu’il fût retenu bon gré malgré, au nom de l’obéissance. Cf. Baronius, Annales, an. 1061. n. 28. Pierre Damien trouva cette intervention indiscrète. Aussi, dans sa lettre au pape et à l’archidiacre, traite-t-il ce dernier de « verge d’Assur » et de sanctus Salanas, c’est-à-dire d’adversaire un peu dur, mais saint. Il compte bien ne pas rester oisif dans sa retraite et ne se désintéresser en rien des affaires de la réforme et des intérêts de l'Église. A l’occasion, il reprendra rang parmi les combattants, acceptera et remplira avec un zèle apostolique les missions qu’on voudra lui confier, soit en Italie, soit au delà des monts. En attendant, pour répondre au désir du pape, il compose la vie de deux de ses disciples, véritables ornements de l'Église, Rodolplie, évêque de Gubbio, et Dominique, surnommé le Cuirassé. Alexandre Il se plaint pourtant de la rareté de sa correspondance ; le saint s’en excuse sur ses travaux et ses occupations. Epist., l. I, epist. XV, col. 225 sq. mais il est heureux d’apprendre qu’on l’avait déchargé du comté d’Ostie ; pourquoi ne le déchargerait-on pas aussi de son évêché '.' Que le pape, du moins, travaille à réformer les abus dans le concile qu’il allait tenir. En finissant, Pierre Damien glisse huit vers, qui forment un précis îles devoirs pontificaux dans les circonstances présentes.

G" Il poursuit son œuvre de réforme. — Poursuivant dans le cloitre comme à Rome ses projets de réforme, il adresse une lettre aux cardinaux pour les exhorter à servir tic modèle, l'épiscopat consistant beaucoup moins, dit-il, dans la magnificence et le faste des ornements extérieurs que dans l’exercice de toutes les vertus. E/iist., l. II, epist. i, col.253sq. De même il démontre au pape, Opuscul., xxiv. que, d’après la ; et selon l’esprit de saint Augustin, les chanoines réguliers ne doivent rien posséder en propre, mais vivre en communauté avec les revenus de leur église. C’est ce que ratifia le concile romain de 1063, par le canon î. qni oblige les chanoines à vivre, comme des clercn guliers, d’une vie commune, à manger a la même table. à dormir sous le même toit et à s’en tenir aux biens de leur église. Alexandre II finit par accepter -a demission, car. dans l’acte de la dédicace de l'église de Saint-Martin des Champs à Paris, eu 1067, » n trouve la signature de Gérard, ancien prieur de Cluny, avi titre d'évéque d’Ostie. Cf. Mabillon, Annales, 1. I.M. n. 10 ; l. LXXIII, n. 7., S.

7 // lutte fui, tnCadatoùs. — Dans l’intervalle, Pierre Damien avait pris une part prépondérante dans l’affaire de l’antipape Cadaloûs. Dès la fin d’octobre 1060, c’est-à-dire quelques 1 jours à peine après l'élection d’Alexandre II. le parti toujours remuant di’s comtes de Tusculum, d’accord cette loiavec le parti germanique, s'était prononcé en laveur de ce Cadaloûs,

au mépris « lu décret de 1039 sm les élections pontificales. A tout prix, il fallait écarter Honorins II et conjurer le schisme. Résolument, c’est à l’antipape luimême que s’en prend Pierre Damien. Condamné comme

il l’a été pour crimes, il ne devrait pas, lui écrit-il, pactiser avec la faction qui l’a placé sur le Biège de Rouie ; son élection est nulle, parce qu’elle a été lait

romaine, du sénat, du clergé et du peuple, alors que le siège était déjà légitimement pourvu ; si non, gare au jugement de Dieu. Epist. I. 1. epist., x, /'. L., t. exi.iv, col. 237-247. loin de tenir compi' di i treilles remontrances, Cadaloûs pénètre danRome i t s’j maintient par la force des arn Aussitôt, nouvelle lettre, plus virulente encore et le moindre ménagi ment. Epist., I. I. epist. xxi, ibid., col. 2V8 sq. Pierre compare le faux Honorins II au traître Judas et aux pires tyrans qui ont persécuté l'Église. A l’archevêque de Ravenne, qui paraissait hésiter entre les deux papes, il déclare qu’Honorine est un intrus, que son élection est anticanonique, qu’il s’est fait introniser de nuit à main armée et qu’il incapable d’interpréter le moindre verset des psaumes. Epist., I. 111, epist. îv. ibid., col. 291-292.

D’autre part, il importait de détacher de l’antipape le parti allemand. C’est pourquoi Pierre Damien s’adresse directement à l’empereur et le conjure d’agir en protecteur de l'Église, à l’exemple de Constantin contre Arius, de frapper Cadaloïis, seul moyen de rendre la paix à l’Eglise et de s’attirer sur lui-même la protection du ciel, sans quoi il est facile de prévoir combien funestes seront les conséquences. Epist. A. VII. epist. ut. col. 437 sq. Si vous êtes le ministre de Dieu, pourquoi ne défendez-vous pas l'Église de Dieu ? lui dit-il. Pour lui, il se déclare prêt à tout souffrir pour la défense de l'Église romaine. Mais que pouvait faire le jeune empereur ? Car il n'était encore qu’un enfant. Heureusement il avait été confié à la direction d’Annon. archevêque de Cologne, et celui-ci n’avait pas hésité à prendre parti en faveur d’Alexandre II. Cela ne suffisait pas. il devait faire prévaloir en Allemagne sa manière de voir, et c’est ce que lui demande instamment Pierre Damien. Epist., I. III, epist. VI, ibid., col. 29429ô. Parla même occasion, et en vue du concile qu’Annon devait tenir, il lui fait parvenir sa Disputatio synodalis, Opuscul., iv, P. L.. t. cxi.v, col. 67-87. qui n’est autre chose qu’un dialogue imaginé entre un avocat du roi et un défenseur de l'Église romaine. L’avocat prétend que l'élection d’Alexandre II s’est faite sans le consentement du roi, le défenseur réplique que celle d’Ilonorius II s’est faite à l’insu de Rome et en faveur d’un sujet absolument indigne. Ce qu’il y a de certain que, dans le concile réuni par ses soins au sujet du schisme, Annon fit lire, en présence du jeune Henri, l’opuscule de Pierre Damien, et que l’antipape fut condamne, le 28 octobre 1062. Cf. Raronius, Annales, an. 1062, n 28-68. I D Italie, le succès lut plus lent i venir ; ce n’est qu’au concile de Mantoue. tenu en lob ! , d’après Baronius, en 1067 d’après les notes de Theiner, Annales, an. I<x>i. n. 2-36, note-, n. l-ô. qu’Honorius Il fut définitivement réduit. Pierre Damien, prié <le se rendre à ce concile en passant par Rome, s’excuse de ne pas se rendre à Rome, mais promet île se trouver à Mantoue. Epist., 1. 1, epist. iii, col. 285 sq.

8° Sa légation en I En 1063, Pierre Damien

eut deux missions à remplir, l’une à Florence, l’autre en France. En Gaule, il s’agissait de trancher le différend survenu entre Dragou, évêque de Màcon, et Hugues, abbé de Cluny, sur la question de savoir -i l’abbaye était exempte de la juridiction épiscopale et directement dépendante du pape. Pierre Damien le trancha au concile de Chàlons, en faveur de l’abbé contre l'évêque. Son voyage et sa mission ont i ' contés par un anonyme contemporain, qui nous fait