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DAMIEN


vent, sur l’ordre de son supérieur, il dut exhorter ses frères ; il y déploya tant de zèle et y réussit si bien qu’il fut appelé dans des monastères voisins, où il exerça un apostolat apprécié. Bientôt (vers 1040) supérieur de Fonte Avellana, il fonde d’autres couvents. On aurait pu le croire exclusivement occupé à se sanctifier et à sanctifier ses religieux, à restaurer età renforcer la discipline monastique, tant il était épris de l’idéal de la vie claustrale, et tant les désordres et la décadence des mœurs réclamaient une direction vigoureuse, mais ni l’attention vigilante, ni les soins multiples qu’il ne cessa jamais de consacrer à la réforme du cloître et à la promotion de la vie religieuse n’absorbèrent l’activité de son zèle. Il avait, en effet, un puissant amour pour l'Église, qu’il voulait pure et féconde dans la conduite de tous ses ministres sans exception, d’un bout à l’autre de la hiérarchie ecclésiastique.

Ses rapports avec les papes.

Pendant la première moitié du XIe siècle, l'Église avait passé par de rudes épreuves. Durant plus de trente ans, les comtes de Tusculum exploitèrent le siège romain comme un fief de famille, en le faisant occuper successivement par les deux frères, Benoit VIII (1012-1024) et Jean XIX (1024-1033), et leur neveu, Benoit IX (1033-1048), qui, pape à douze ans, déshonora la tiare par ses débordements. Renversé par une émeute, en 1044, Benoît IX se voit opposer Sylvestre IV (1044-1046), rentre dans Rome par la force des armes et vend, dit-on, le pontificat à Jean Gratien, Grégoire VI (1045-1046), sauf ensuite à faire valoir quand même ses droits. On eut ainsi trois papes à la fois. Grégojre VI avait, du moins, pour lui, la droiture des intentions et le désir sincère de remédier aux maux de l'Église ; il sut choisir pour chapelain un homme de valeur, le célèbre Hildebrand, le futur Grégoire VII.

A ce moment difficile, Pierre Damien entre en jeu et prend contact avec la papauté qu’il va servir de toutes ses forces. Il commence par féliciter Grégoire VI de son élévation au souverain pontificat ; dans l’espoir de le voir combattre et bannir de l’Eglise le double fléau de l’incontinence des prêtres et de la simonie, il lui écrit pour lui dénoncer en particulier trois églises gouvernées par d’indignes prélats. « Par votre zèle contre l'évéque de Pesaro, dit-il, on jugera de ce que l’on doit espérer de bon pour les antres églises.

t., I. VII, epist. i, P. L., t. CXLIV, col. 206. Le concile 'I' Sulri déposa, pour cause de simonie, Sylvestre III et Benoît IX. Quanl à Grégoire VI, également déposé 'I après M |r Duchesne, Liber pontificalis, t. il, p. 271, ou volontairement démissionnaire à l’exemple de saint Grégoire de Nazianze, comme le croit Baronius, Annal., an. I0'M>, n. 3, il partit pour l’Allemagne avec Hildebrand. Son successeur, le pieux évêque de Bamberg, Suidger, prit le nom de Clément II (Kiili -lui : Pierre Damien reçoit mandat de l’empereur Henri III d’aller à Rome pour aider le nouveau pape de ses conseil-, mais il s’en défend tant qu’il n’aura pas reçu l’ordre même « lu pape. Dans la lettre qu’il écrit à ce sujet à Clément II. il a soin de notifier le désordre qui dans les églises de sa province, grâce au faste dei évoques, la plupart chargés de crimes." TravailleL, lui dit-il, ; i relever la justice qu’on foule aux pieds avec mépri d ei dei rigueurs de la discipline ecclésiastique pour que les méchants soient humilies et que les humb reprennent > l’espérance Epitt., I. I,

epist. m. P. /… I CXLIV, Col.

A la mort de Clément II, le comte de Tuscul fait

proclamer Benoit x. Mais ce dernier bb retire devant

indidal de l’empereur, Damase II 1048), qui ne

régna qu un mois à peine, el fut remplacé par lirunon

nisheim, évéque de Toul et parent d’Henri III.

Léon l 1048 1054 L< - ennemis de l’austère réfor Damien le dénoncèrent au

nouveau pontife. L’ayant appris, Pierre écrit au pape pour le prier, avec autant de fermeté que de modestie, de surseoir à toute décision le concernant avant d’avoir été entendu. « Je ne cherche la faveur d’aucun mortel ; je ne crains la colère de personne ; je n’invoque que le témoignage de ma propre conscience. » Epist., l. I, epist. iv, ibid., col. 208-209. Une telle franchise ne dut pas déplaire à Léon IX, car nous le voyons se faire aider par Pierre Damien dans la réforme du clergé. C’est alors que notre saint composa son fameux Gomorrhianus, Opuscul., vii, P. L., t. cxlv, col. 159-190, contra quatrimodam carnalis contagionis polhttionem. Est-ce à la suite de cet ouvrage, dont le pape lui sut gré, que Léon IX, au concile de Rome de 1049, prononça des peines canoniques contre les clercs coupables ? Nous l’ignorons et le pontife lui témoigna même quelque froideur, à laquelle Damien se montra très sensible. Toujours est-il que le décret se trouve répondre aux vues de Pierre, qui le loue dans son Opuscul., vi, Gratissimus, t. cxlv, col. 150-151.

Son cardinalat.

A Léon IX succède Victor II, qui meurt le 28 juillet 1057, et est suivi dans la tombe par l’empereur Henri. L’empire était vacant, on en profite pour nommer le cardinal de Lorraine, qui fut Ktienne IX (X) (1057-1058). Ce pape, au nom de l’obéissance, impose à Pierre Damien le titre de cardinalévêque d’Ostie. Il meurt trop tôt pour accomplir l'œuvre de la réforme que ne cesse de poursuivre Pierre Damien ; et sa mort permit au parti des comtes de Tusculum de fomenter un schisme par la nomination de Jean, évêque de Velletri, sous le nom de Benoit X (1058-1059). Mais. le nouveau cardinal proteste aussitôt et traite Benoit X de simoniaque et d’intrus. Il rejoint à Sienne Hildebrand, qui revenait d’une mission, et contribue à l'élection de l'évéque de Florence, Gérard de Bourgogne, qui prit le nom de Nicolas II (1059-1061). Très vraisemblablement, c’est sur les conseils d’Hildebrand et de Pierre Damien que Nicolas II porta le célèbre décret de 10.".9, par lequel, pour assurer désormais l’indépendance des élections pontificales, le choix du pape était exclusivement confié au collège des cardinaux, le dernier mot devant rester aux c.uilinaux-évéques, l’empereur ne conservant plus que le droit de confirmation et le peuple celui d’approbation. Cf. Scheffer-Boichorst, Die Neuordnung der Papstwahl ditrc/t Nicolaus II, Strasbourg, 1879.

Pierre Damien. plus que jamais décidé à poursuivre sa campagne contre les vices de l'époque, écrit à Nicolas II, Opuscul., xvii, Decœlibatu sacerdotum, /'. L., t. CXLV, col. 379-388, pour qu’il réprime l’incontinence des clercs qui scandalisait les fidèles et avilissait le sacerdoce. Dans le même but, il s’adresse au cardinal Pierre, à l'évéque de Turin et à la duchesse Adélaïde, pour les presser d’arrêter le cours des débordements <iu clergé et de mettre en vigueur le décrel de Léon IX contre les clercs incontinents et leurs concubines. Opuscul., xviii. Avec Anselme de Lucques, le futur Alexandre II, il est envoyé à Milan pour y réglei affaires ecclésiastiqueet rend compte de sa mission à Hildebrand. devenu archidiacre de l'Église romaine.

Ictus Mediolani, de privilégia romane Eccle Opuscul., v. t. cxlv, col. 89 98.

.v Projets de démisi ion Déjà il -Mine, . renoi à l'épiscopat pour se retirer dans la solitude de Fonte Avellana. Epist., I. I, epist. nu, Dans une lettre, Opuscul., xi. De abdicatione episcopatus, i. i ». col 123-442, h té igné qu’il j aurai ! renoncé

aussitôt.quela mort i|e < ; lui qui le lui avait im]

di foro il avail pu obtenir son congé, mais que

ne I.. i ni pas obtenu alors a cause des troubles

de l'Église, il li dem nde à présent que l’Kglise . -i en paix. Il insiste de nouveau dans son Apologeti eus ob dimissum episcopatu U., ut, art se