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DES C ENTE DE JESUS Al’X E N FE B S

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mortificalus quidem ru, ■m-, vivificatus aulem spiritu,’m quo (spiritu) el his, qui in carcere erant, spirilibus venient prsedicavit, qui increduli fuerani aliquando, quando expectabant Dei patientiam in diebus Noe, cum fabricarelur arca, in qua pauci, id est oclo anima salves faclse sunt per aquam. — 1. Saint Pierre a pour IjuI de prouver incidemment l’universalité du salut apporté par le Christ : car, d’un côté, Jésus a sauvé les âmes depuis longtemps détenues aux limbes ; de l’autre, il sauve les chrétiens par le baptême. Dans la pensée du prince des apôtres, c’est le Christ qui est mis en cause, le Christ in spiritu, en tant qu’esprit, selon son âme et pendant que son corps reposait au tombeau. En cet état bien déterminé, le Christ est parti, jtopeu9etç. Il s’est véritablement déplacé’pour un voyage qui eut lieu entre sa mort et sa résurrection. Ce voyage doit s’entendre au sens propre, aussi réel que celui de l’ascension, exprimé de la même façon à l’endroit parallèle du c. îv, 22, TtoprjŒ’t ; el ; o-jpavôv. — 2. Il s’est rendu à la prison, cp’j), a/.r, , c’est-à-dire au ëëôl. En cette demeure, selon l’enseignement de Jésus lui-même, il y a au moins deux parties : à savoir, un lieu ou une place exclusivement réservée aux damnés ; une autre, appelée le limbus patrum, où les âmes des justes attendaient que le Messie vînt les délivrer et les conduire au ciel. C’est évidemment de cette dernière demeure qu’il est ici question. Cette portion du ëeôl est justement appelée une prison, puisque les âmes étaient là tout à la fois détenues, et privées de la vie bienheureuse. Cf. Is., XXXVIII, 18. — 3. Le Christ est allé vers les âmes, nvejjj.axa, des défunts : car jamais ce mot ne s’emploie pour désigner les hommes encore en vie. Il est allé aux âmes des hommes qui avaient été incrédules, en grec : qui avaient été rebelles, autrefois, àiretO/ioaoïv jiots, et nommément à l’époque du déluge. L’on peut, en effet, supposer que beaucoup parmi ces hommes qui refusèrent de croire à la parole de Noé, furent pris d’une crainte salutaire à l’instant du déluge, firent pénitence et obtinrent la rémission de leurs péchés. A première vue, ces détails semblent limiter très étroitement le nombre des âmes vers lesquelles le Sauveur s’est rendu de sa personne : car Yaliquando peut paraître restreint à l’époque de Noé… aliquando, quando expectabant Dei patientiam in diebus Noe, dum fabricaretur arca. Il faut néanmoins reconnaître au f. 19 une portée générale. Seulement l’apôtre caractérise, par leur état antérieur d’incrédulité, les âmes visitées par Jésus. Si saint Pierre mentionne spécialement les hommes du temps de Noé, c’est à titre d’exemple particulier, et parce qu’ils s’étaient montrés plus gravement coupables, et parce que l’efficacité de la passion du Christ s’est ainsi révélée plus grande à leur égard. Car l’opinion juive, même au temps apostolique, était que tous ceux qui avaient péri au déluge, étaient exclus du royaume ou du salut messianique. Cf. L. Cl. Fillion, La Sainte Bible [commentée, Paris, 1904, t. vm, p. 682-683. — 4. Et donc à ces âmes des défunts, le Christ est venu prêcher : ixrçp-jçe. Non, certes, qu’il ait voulu proprement les convertir, puisqu’il n’y a pas de conversion possible dans l’au-delà. Ce n’est pas non plus qu’il ait voulu signifier leur damnation à ceux qui étaient morts en état de péché, car cxr’pvEs ne peut avoir et n’a jamais cette signification ; et, d’ailleurs, au passage corrélatif du chapitre suivant, il est dit que la bonne nouvelle a été apportée aux —morts : vexpoï ; ti^yyiK^firi, mortuis evangelizaluni est. C’est donc l’Evangile ou la bonne nouvelle de la rédemption accomplie que le Christ a apportée aux âmes des morts. En leur appliquant le fruit de la rédemption, je veux dire la vision béatilique. il les a délivrées de leur prison, du lieu où elles étaient détenues dans l’état de privation de la vue de Dieu.

Cf. Stentrup, Soteriologia, thés, xi.v ; Hundhausen, I)as ersle Pastoralschreiben de » Apostelfùrsteti Peints. Mayence, 1873, p. 343 Bq.j C. Pesch, Prsslectiones dogmaticee, De Verbo incarnate, part. II, sect. m, a. 4, § 2. Fribourg-en-Briegau, 1896, t. iv, n. 501, p. 243-244 : P. Dracb, Épilres catholiques, Paris, 1879, p. 99-100 ;. I. A. Van Steenkiste, Sanction Jesu Christi Evangelium secundurn Matthseutn, 3 édit., Bruges, 1882, " t. iv. p. 1308-1310 ; Id., Epi catholiese breviler explicatœ, 2 e édit., Bruges, 1887, p. 82-84 ; Th. Calmes, Epilres catholiques, Apocalypse, Paris, 1905, p. 40.

2° L’autre texte de saint Pierre est celui-ci : Qui reddent ralionem e qui paratus est judicare vivos et mortuos. Propter hoc enim et mortuis evangelizalum est, ut judicentur quidem (aoriste dans le grec) secundurn homines in ru nie, virant autem secundurn Deum in spiritu. I Pet., îv, 5-6. — 1. La particule enim, reliant les deux versets, montre que saint Pierre va expliquer ce qu’il a avancé dans la proposition précédente : que Jésus-Christ jugera les morts comme les vivants. Car, aux morts eux-mêmes, —/.ai vexpoîç, aussi bien qu’aux vivants, c’est-à-dire à ceux qui sont maintenant décédés comme aux vivants de l’heure présente, l’Évangile a été prêché ; on leur a annoncé la bonne nouvelle de la rédemption accomplie et la proximité du salut pour ceux qui étaient jusqu’alors retenus dans les limbes. Le but de cette évangélisalion, —va. ut, c’est qu’après avoir été jugés (judicentur, mais l’aoriste grec dénonce un fait passé) selon les hommes quant à la chair mortelle, c’est-à-dire, après avoir subi le jugement commun à tous les hommes, la mort, ces défunts vivent dans la sphère de l’esprit conformément aux opérations de Dieu. — 2. Ce passage est évidemment parallèle de m, 18-20 : des expressions analogues y désignent les mêmes choses. Ce second texte énonce, en termes généraux, le principe dont l’apôtre a donné, au c. m, l’indication avec une application particulière et concrète. Mais, ici, de même qu’au c. ni, comme il s’agit d’un ordre de choses très éloignées de notre conception et que l’écrivain touche seulement en passant, il y a toujours quelque obscurité, surtout quand on en veut venir à la précision des détails. Cf. Fillion, op. cit., p. 685-686 ; P. Drach, op. cit., p. 103-104 ; Van Steenkiste, Epistolae catholiese, p. 86-87.

3° Ces textes de la I, e Épitre de saint Pierre, le premier surtout, ont pris, dans la question de l’intelligence de la descente aux enfers, une place trop particulière pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en suivre l’histoire.

1. Durant les quatre premiers siècles, le passage du c. m fut communément invoqué, soit pour démontrer le fait de la descente, soit pour les essais d’explication. Au 11 e siècle, nous en avons déjà rapporté les preuves textuelles, l’Évangile de Pierre, il. s’inspire évidemment de la I a Pet., ni, 18-20, pour faire demander au Christ s’il a prêché les morts. Il en est de même pour llermas, quand il expose que les apôtres elles disciples allèrent, après leur mort, prêcher les trépasses, Sini., 1. xvi, l 1. G., t. n, col. 995-996 ; Funk, Opéra /’.iirum apostolicorum, Tubingue, 1881, t. i, p., ">: ! 2. et pour Clément d’Alexandrie, disant que le Seigneur n’est descendu aux enfers que pour prêcher l’évangile, si5ay, E).(ffao-8<xi. Strom., VI, c. v. P. G., t. îx. col. 268. Du ni e au v siècle, les Pères continuent de citer ou de rappeler le même texte. Ainsi Origène dit que le Sauveur se rendit convertir les âmes qui voulurent bien l’écouter. Gonl. Celsum, I. 11. n. 43, P. (.’.. t. XI, col. 865. Nous pourrions, après Bellarmin, mentionner saint Athanase, Epist. ad Epictetum, /’. (•’.. t. xxvi, col. 1050 sq. ; l’auteur déjà cité du livre De incarner lione ; saint Épiphane, User., î.xxvn, /’. G., t. xin. col. 642 sq.; saint Cyrille d’Alexandrie, De recta fuie