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DESCENTE DE JÉSUS A IX ENFERS

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Denzinger, Enchiridion, n. 3 ; Hahn, Bibliolheh det Symbole, ï 38. La plus ancienne attestation du texte aujourd’hui reçu du symbole des apôtres se trouve dans un sermon du pseudo-Augustin, maintenant restitué saint Césaire, évêque d’Arles f 543). Il > a descendu ad inferna au lieu de descendit ad inferos. Pseudo-Augustin, Serm., ccxuv, De symbolifide et bonis moribus, P. L., t. xxxix, col. 2194-2195 ; Hahn, op. cit., §62. C’est aussi la leçon adoptée dans le symbole espagnol de l’archevêque Martin de Braga (-j-580). De correctione rusticorunx, édit. Caspari, Christiania, 1883 ; Hahn, op. cit., §54.

Cependant, auvii 6 siècle, ladescenteaux enfers manque encore dans la liturgie mozarabe : elle ne se lit pas dans la traditio symboli quia lieu au jour des Hameaux. Denzinger, Enchiridion, n. 6 ; Hahn, op. cit., S 58 ; P. L., t. LXXXV, col. 395. Mais le symbole de saint lldephonse († 669), Liber de cognitione baplismi, c. xlix, P. L., t. xcvi, col. 132, et celui d’Éthériuset de Beatus, écrit en 785, Etherii episcopi Uxamensis et Bcati presbyteri adv. EUpandum archiep, Toletanum libri duo, I. I, c. xxii, P. L., t. xcvi, col. 906, confessent : Crucifixus et sepultus. descendit ad inferna. Tertia die resurrescit. Denzinger, Enchiridion, n. 6. La même formule descendit ad inferna est reprise dans l’antique svmbole gallican que rapporte le Missale gallicanum vêtus, qui est de la fin du VIIe ou du commencement du viiie siècle, Denzinger, n. 7 ; Hahn, op. cit., §67 ; P. L., t. lxxii, col. 319 ; Mabillon, De liturgia yullicana, Paris, 1685, t. iii, p. 339 ; et aussi dans la Missa in symboli traditione du missel de Bobbio : Morluum et sepultum. Descendit ad inferna. Tertia die resurrexit a mortuis. P. L., t. lxxii, col. 489 ; Denzinger, n. 7. A la fin du sacramentaire de Bobbio, se retrouve un article tout semblable. Denzinger, n. 8. D’autre part, le symbole irlandais que nous a transmis le vieil antiphonaire de Bangor, porte : Crucifixus et sepultus, DESCENDIT ad INFEROS. P. L., t. lxxii, col. 597 ; Hahn, op. cit., § 76 e) C’est donc à partir du ive siècle que l’article descendit ad inferos paraît dans le symbole. Il n’y fait pas une entrée solennelle d’autorité, comme une définition destinée à combattre une hérésie. Il s’introduit peu à peu, d’une manière lente et sûre, parce qu’il fait partie, nous le verrons, de la doctrine anciennement prêchée et reçue, et aussi parce que les Eglises et les consciences chrétiennes ont jugé opportun d’affirmer ainsi ce point de leur foi. Il est bien évident que cette addition ne se fût point produite, et surtout ne se fût pas conservée, si elle n’avait eu d’autre but que d’exprimer une nouvelle fois, et de manière assez peu intelligible, la sépulture du Christ, qui est clairement indiquée par le mot propre, sepultus. Il suit de là encore qu’il n’y a pas lieu d’invoquer une controverse particulière pour expliquer l’insertion dans le symbole du descendit ad inferos.

Pourtant P. King, ressuscitant et développant une opinion déjà signalée par Amandus Polanus, a soutenu que c’est une visée polémique qui a produit notre article. The history of the Aposùes’creed, Londres, 1702. L’intention aurait été de protester ainsi contre l’apollinarisme. Apollinaire, on le sait, admettait bien que le Christ eût un corps véritable, animé par un principe vital d’ordre pareillement organique, mais il se refusait à reconnaître en lui l’âme supérieure, l’âme raisonnable et immortelle. Le Aôyo ; avait pris sa place et sa fonction. Proclamer alors le descendit ad inferos, confesser que l’âme du Christ, une fois séparée de son corps, est descendue aux enfers, aurait été un moyen très habile d’affirmer la réalité de l’âme humaine du Christ.

L’on a, depuis longtemps, démontré la gratuité absolue de l’opinion de King. Ilolger Waage, De asiate articuli quo in symbolo aposlolico traditur Jesu < : /<risti ad inferos descensus, Copenhague, 1836 ; Dictionnaire encyclopédique de la théologie catholique, trad.

( « osciller, v° Descente du Christ aua enfers, l 1869, t. vi, p. 231-233 ; Kattenbusch, Dos apostolische Symbolum, 1. 1, p. 11. Il est incontestable : res

ont quelquefois tiré argument, contre les apollinaii du dogme de la descente ; nix enfers. C’était de bonne guerre, le fait étant admis de part et d’autre. Hais il n’y a aucun indice que cette argumentation ait été l’arme principale, moins encore l’arme unique, avec laquelle les Pères combattirent l’apollinarisme.

Waage a victorieusement réfuté King ; mais il est tombé’dans un travers analogue, en prétendant que l’insertion de la descente aux enfers dans le symbole est due au désir de favoriser la doctrine du purgatoire, récemment découverte et répandue. C’était, selon lui, le seul moyen de rattacher cette invention nouvelle à la chaîne des vieilles croyances chrétiennes. L’auteur se libère du souci d’une démonstration positive, en avouant qu’il n’a pu trouver, pour son opinion, un seul témoignage historique de quelque valeur. Aussi s’est-il reporté sur des considérations a priori, tirées d’une façon toute personnelle et purement subjective d’envisager l’histoire des dogmes. Elles trahissent la volonté de ruiner la thèse catholique du purgatoire plutôt que la recherche indépendante de la vérité. Aussi ne nous arrêterons-nous pas plus à réfuter cette opinion que la précédente. Harnack lui-même, les ayant en vue toutes deux, conclut nettement contre elles : « Je suis, écritil, disposé à admettre que ce qui a fait accepter cet article, c’est moins le dessein de combattre l’apollinarisme ou de soutenir une théorie donnée sur l’état des âmes, qu’un effort pour présenter de la façon la plus complète les faits de la passion et de la glorification. » Harnack, dans Realencyclopôdie, art. Apostolisches Symbolum, t. i, p. 755.

La vérité est donc que l’article descendit ad inferos, à la différence des définitions ecclésiastiques, n’est pas sorti de la volonté d’exclure une erreur. Il n’a pas davantage éfé inspiré par le désir de faire prévaloir un intérêt particulier. Comme nous l’avons marqué, il est né de la conscience chrétienne, cherchant, sous le contrôle des autorités compétentes et avec leur concours, à compléter la formule de sa croyance touchant la vie, la mort et la glorification du Christ. Lorsque l’Eglise de Rome, après avoir peut-être, durant un certain temps, substitué le symbole grec de Nicée au vieux symbole romain, eut décidément accepté le symbole gallican, l’article de la descente aux enfers prit dans le credo sa place définitive. C’était chose déjà faite au IXe siècle, comme il paraît par YOrdo roman us de l’époque du pape Nicolas I e’(858-867), Dom Germain Morin, Revue bénédictine, 1897, Denzinger, 10e édit.. n. 6. Nous constatons aussi qu’Amalaire évêque de Trêves, dans son traité des Cérémonies du baptême, donne la formule symbolique : mortuus et sepultus* DESCENDIT au INFERNA, anima tantum. Epist. decseremoniis baplismi. P. L., . xcix, col. 896. Çà et là. certains manuscrits pourront bien l’omettre encore, et, de fait, Théodulfe d’Orléans paraît l’ignorer. Liber de online baptismi, c. iiv P. L., t. cv, col. 227. Nonobstant, l’insertion est devenue irrévocable. On voit renaître alors l’antique légende, suivant laquelle les douze apôtres auraient apporté au symbolechacun leur article particulier : et l’on attribue celui de la descente aux enfers à saint Thomas ou à saint Philippe. Le témoignage le plus ancien de cette attribution est le serin, ccxl, du pseudo-Augustin. P. L.. I. xxxix, col. 2189. ou encore le serm. i CXI i. ibid., col. 2190 : Hahn. Bibliothek der Symbole. § 12 : Thomas dixit : descendit a< ! inferna. On la retrouve, mais en faveur de saint Philippe, à la fin du sacramentaire de liobbio. Ad calcem sacramentarii Bobbiensis, P. L., t. lxxii, col. 580 : Andréas dixil passiim sub Poutio l’Halo, crucifixum et sepultum. —