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DÉPÔT DE LA FOI — DESCARTES

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successives et par de fréqucnles interventions providentielles, est plus apte à transmettre la parole divine sans aucun mélange d’erreur ou de corruption. Pour maintenir et fortifier cette tradition, Dieu suscite fréquemment dans son peuple, presque à toutes les périodes de son histoire, des prophètes ayant la divine mission de combattre les erreurs opposée- ; ’t l’unité de Dieu et à son culte, et de garder dans toute son intégrité la croyance au seul vrai Dieu et son culte unique. 2° Le second caractère du dépôt de la foi dans l’Ancien Testament est sa perfectibilité successive, non par le travail de l’homme sur la vérité divine, mais par de nouvelles et plus complètes révélations, rendant la vérité plus manifeste à mesure que l’humanité approche de Jésus-Christ. Ce progrès de l’enseignement divin est particulièrement manifeste pour la manière dont s’accompliront dans la plénitude des temps l’incarnation du Verbe et sa mission rédemptrice. Observons d’ailleurs que, dans le plan divin, la révélation primitive contenant expressément le dogme de l’existence de Dieu rémunérateur et celui d’une libération future, renfermait implicitement toutes les vérités postérieurement révélées à l’humanité. S. Thomas, Sum. theol., II a II æ, q. I, a. 7. En ce sens, une réelle unité ou communion de foi relie l’Ancien au Nouveau Testament. Voir Communion dans la foi, t. iii, col. 428 sq.

Tei’tullien, De prsescriptionibus, c. xv, xxviii, xxxi, P. L., t. ii, col. 37, 40, 44 ; S. Irénée, Cont. hier., 1. I, c. x, P. G., t. vii, col. 552 ; Clément d’Alexandrie, Strom., VII, c. xvi, xvii, P. G., t. ix, col. 532, 552 ; Origène, Periarchon, 1. I, proœmium, n. 2, P. G., t. xi, col. 116 ; S. Vincent de Lérins, Commonitorium primum, c. xxii, P. L., t. L, col. G67 sq. ; S. Thomas, Sum. theol., II" II", q. I, a. 9, ad2’"" ; a. 10, ad 1°’" ; Grégoire de Valence, Analysis fulei catholicse, part. VIII, Ingolstadt, 1583, p. 313 sq. ; Rannez, In II"" II", q. xi, a. 2, concl. 1, Venise, 1602, col. 548 sq. ; De Lugo, De virtute fulei divinæ, disp. XX, sect. iii, n. 1Il sq. : Franzelin, De divina traditione et Scriptura, thés, xii, 4e édit., Rome, 1896, p. 112 sq. ; Hurter, Theologise dogmaticse compendium, 4’édit., lnsprucl ;, 1883, t.l, p.267sq., ’isê sq. ; Berthier ; Tractatus de locis theologicis, Turin, 1888, p. 233 sq. ; Peseta, Pra>lectiones dognuitiæ 2’édit., Fribourg-en-Brisgau, 1898, t. I, p. 317 sq. : Wilmers, De Christi Ecclesia, Ratisbonne, 1897, p. 454 sq., 469 sq. ; de Groot, Summa apologetica de Ecclesia catholica, 2’édit., Ratisbonne, 1892, p. 265 sq. ; Billot, Tractatus de Ecclesia Christi, 2’édit., Rome, 1903, p. 402 sq. ; De virtutibus infusis. thés. XII, Rome, 1901, p. 251 sq. ; L. de Grandmaison, Le développement du dogme chrétien, dans la Revue pratique d’apologétique du 15 juin 1908, p. 401436.

E. DUBLANCIIY.

DER-KENNIS Ignace, théologien ; dogmatique, né à Anvers le 3 mars 1598, entra dans la Compagnie de Jésus le 26 septembre 1614. Après avoir professé les humanités et la rhétorique, les mathématiques et la philosophie, il enseigna pendant dix ans la théologie à Louvain et fut des premiers à combattre les erreurs de Jansénius. Il gouverna ensuite les collèges d’Ypres et de Louvain ; il mourut dans cette dernière ville, le 20 juin 1656. Ses écrits théologiques sont nombreux ; nous indiquons les principaux : Positiones sacrée de auguslissimo sacramento eucharisties ralionibus illustratæ, Anvers, 1638 ; Thèses Iheologicse de gratia, libéra arbitrio, prsedestinatione, etc., in quibus doctrina theologorum Soc. Jcsu contra Cornelii Jansenii Augustinum defenditur, Anvers, 1641. C’est le premier ouvrage qui parut contre VAuguslinus de l’évêque d’Ypres, publié dans l’année même, Jansénius, étant mort (1638), par ses deux amis Libert Froidmond el Henri Calensis ; Eximio acadmod. reverendo D. Libei’o Fromondo et reverendo adm. D. Henrico Caleno,

lettre par le professeur de théologie du collège

des jésuites de Louvain et adressée aux éditeurs de

l’Augustinus ; Thèses theologicm, apologelicæ ci mis adversus doctrinam Corn. Jansenii propu gnal Anvers, 1641. Ces thèses, ainsi que celles de

la grâce et du libre arbitre, Furent déféré) - i l Im prohibées par décrets pontificaui du 6 mars et du l aoûl 1641, comme contrevenant à la défense de traiter les questions De auxiliis ; elles ne sont plus dans l’édition officielle de [’Index de 1900 ; De heu uno, trino, créature, Bruxelles, 1645 ; Tractatus de creatione mundi seu opère sex dierum, Vienne. 1719.

Cf. E.-H. Reusens, dans Biographie par

l’Académie royale de Belgique, Bruxelles, 1865, t.|v, col. 679 sq. ; Sommei vu ; _iel, lliljlioihèque de la C" de Jésus, t. v. col. 1940-1944 ; Huiler, Nornenelator, t. i. p. 422 ; Dumas, Histoire des cit^q propositions de Jansénius, Paris, 1. 1 ; (Gerberon, ) Histoire générale du jansénisme, Amsterdam, 1701, t. î, p. 30.

P. Bernard.


DÉROGATION. Derogatur legicum pars delraltitur, abrogatur legi, cum prorsus tollitur. Ainsi prime le vocabulaire officiel du droit romain. Loi Cil. De verborum significatione ; loi XVI, au Digeste. La dérogation est un des trois modes par lesquels le législateur rend licites les actes contraires à la loi qu’il a portée. Llle se place entre l’abrogation et la dispense dont elle se distingue très nettement.

L’abrogation (voir ce mot, t. i, col. 126) ne laisse rien subsister de la loi, prorsus tollitur. La dispense laisse subsister au contraire toute la loi en elle-même. Elle en suspend seulement l’application pour un temps, pour une personne, pour un groupe, pour un cas concret. Voir Dispense. La dérogation atteint la loi elle-même comme l’abrogation, mais elle la laisse subsister en partie, en supprime certains articles tout en laissant leur valeur aux autres, ou bien encore elle déclare que toute une catégorie de faits ne tombe plus sous le coup de la loi.

La dérogation n’étant qu’une abrogation partielle, tout ce qui est dit à ce mot de l’agent abrogateur et des formes de l’abrogation trouve son application en matière de dérogation. Voir t. i, col. 127-129.

Le fait que la coutume peut déroger à une loi, comme d’ailleurs l’abroger, n’est pas en contradiction avec le principe que seul celui qui a porté la loi peut faire cesser l’obligation qu’il a imposée. Omnis res per guascumque causas nascitur, per easdem dissolvitur. En effet, la coutume ne produit son effet que par le consentement tacite du supérieur qui connaît et approuve les lois ecclésiastiques générales qui régissent la coutume. Il n’y a là qu’un cas d’abrogation ou de dérogation tacite analogue à ce qui se passe quand le supérieur porte une loi nouvelle inconciliable avec une disposition antérieure. Voir t. iii, col. 1997-1998.

Les commentateurs des Décrétâtes au titre De constitutiunibus, I, il.

P. Fourni.m i.


DESCARTES.
I. Le christianisme de Descartes.
II. Les rapports de la raison et de la foi.
III. Le doute méthodique.
IV. La théodicée de Descartes.
V. L’anthropologie cartésienne.
VI. La doctrine eucharistique.
VII. La morale de Descartes.

I. Le christianisme de Descartes.

René Descartes naquit à la Haye en’fontaine, le’. « mars 1596. Au collège des jésuites de la Flèche qui était alors, comme il l’écrit lui-même, < l’une des plus célèbres écoles de l’Europe, » il reçut une instruction complète. Il y apprit « tout ce que les autres apprenaient o et même un peu plus. Et cependant, cela ne satisfaisant pas sa passion de vérité et de certitude, il employa « quelques années à étudier dans le livre du monde el à tâcher d’acquérir quelque expérience. Apres quoi, dit-il. je pris un jour la résolution d’étudier aussi en moi-même et d’employer toutes les forces de mon esprit à choisir les chemins que je devais suivre, i Discours sur la méthode, 1’partie.

Ceci nous montre un esprit qui sort de tous les -entiers battus, qui se met à sa propre école ; et abandon