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âmes soumises à la peine du dam relatif, la célébration des anniversaires expiatoires de vingt, trente, cinquante, cent ans et plus. Cf. S. Thomas, In IV Sent., l. IV, dist. XXI, q. i, a.3 ; Suarez, De pitrgatorio, disp. XLVI, sect. iv, n. 6, Opéra omnia, t. XXII, p. 921 sq. ; Bellarmin, De puigatorio, l. ii, c. ix, Opéra omnia, t. ii, p. MX) sq. Parmi les propositions condamnées par le pape Alexandre VII, le 18 mars ! 666, il s’en trouve une, la 43e, ainsi formulée : Annuum legalum pro anima rélictum non durât plus rjuain per eleeem annos. Cf. Denzinger, Enchiridion, n. 1014. Voir t. i, col. 746717.

D’ailleurs, cette notion du temps que nous avons pendant que nous vivons sur la terre, les âmes du purgatoire, séparées du corps, et soustraites à toute influence du monde sensible, l’ont-elles comme nous ? Quel rapport a leur vie nouvelle avec le temps qui s'écoule ? Comment peuvent-elles le mesurer et en apprécier le cours ? Y a-t-il pour elles une différence entre une minute et une heure, entre un jour et un an. entre une année et un siècle ? Pour elles, il n’y a ni jour, ni nuit ; ou plutôt tout est nuit. Ce ne sont pas les ténèbres extérieures des damnés ; c’est néanmoins l’absence de lumière. Dans ces conditions si différentes des nôtres, quel moyen ont-elles de se faire une idée de la marche du temps ? Cf. Mo r Gay, op. cit., c. xvii, p. 56ô sq. Une âme, plus tourmentée qu’une autre par cette peine, peut croire en être affectée depuis plus longtemps qu’une autre qui l’a précédée en purgatoire, mais qui souffre moins, tant l’appréciation de la durée est une chose subjective. Pour ceux qui mourront peu avant la fin du monde, et qui, sans être damnés, auront cependant à expier beaucoup, Dieu pourra augmenter l’intensité de la souffrance, et leur donner ainsi la perception d’une durée plus longue. Cf. S. Thomas, In 1 V Sent., l. IV, disp. XL VII, q. II, a. 3 ; S. Bonaventure, ii, IV Sent., l. IV, dist. XLVII, a. 2, q. iv. Tout ce qu’on peut assurer, c’est qu’au moment du jugement dernier, la peine du dam relatif n’existera plus pour personne, car, alors, le travail de purification étant terminé pour toutes les anus, les humains ne formeront plus que deux catégories : les damnés et les bienheureux. Et ceci est de foi. Matin., xxv, 46. Cf. S. Augustin, De civitate Dei, . XXI, c. xvi, P. L., t. xi. i, col. 731.

Vil. La PEINE DU l’AM mx LIMBES. — 1° Pour les enfants morts sans baptême. — Voir t. ii, col. 364-378. 2 La peine du dam pour les justes de l’Ancien Testament, avant l’immolation de Xotre-Seigneur. — usti s de l’Ancien Testament furent retenues dans les limbes jusqu'à l’accomplissement de la rédemption. Tant qu’il leur resta des fautes vénielles à expier, elles lurent évidemment soumises à la peine du dam relatif. Leur condition ne pouvait être meilleure qui' celle des ; 'imesqui soulTren i actuellement dans le

ttoire. Mais quand elles se trouvèrent entièrement

purifiées de leurs fautes personnelles, quel fui leur étal ?

< » n doil tenir d’abord pour certain que la vision

béatifique ne leur fut pas accordée avant l’achèvement

de la rédemption par la mort du Christ, sur la croix.

"r. ifNoire-Seigneur était la rançon que demandait pour 'tirs la justice divine, < cause de la faute

nelle. Mais, aussitôt âprele sacrifice du Calvaire,

I du Sauveur descendue aux limbes les lit entrer

en participation de la béatitude éternelle. Christusad

., , it, i descendent, omnet /nstns qui origami,

peccato adilricii tenebantut El sine aliqua

mor a, ad imperium Domini ac Salvatoris, omnet

ei confracti êunt « trs s. Augustin, Serm., ii, de

I. i. /'. /… t. sxxvi, col. 2060 Bq Cf.

s. I bornas, In l V Sent., I. 111, dist. X.VII ; I. IV. dist. Il ;

theol., III*, q. xlix, a.5 ; q. lii, a. 3 ; a. 1, adl

Tn M Sent. I. IV.diit, II. q, m.

lai., 1.111, tit. xlii, De baptismo, c. iii, Majores. C'était la réalisation de la prophétie de Zacharie, ix, M : In sanguine Testamenti tui emisisti vinctos luos de lacu in quo non est aqua… Divers manuscrits portent eduxisli vinctos tuos de lacu. C’est aussi le sens des Septante : Su èv oti’jxtxTt SiaO^xr, ; ao’j ÈÇanéaTEiXa ; Setjj.io’j ; co’j iv. Xâxxou o-Jx s') ; ovto ; j8wp. Cf. Suarez, In J77 am partent Sum. theol., disp. XLII, De loco ac statu animarum sanctarum ante C/iristi mortem, sect. i, n. 1-7 ; disp. XLIII, sect. iii, n. 2-5, Opéra omnia, t. xix, p. 697-699, 733 sq. ; Billot, De Verbo incarnato, part. II, c. iii, thés, lv, S 3, in-8°, Borne, 1904, p. 496-498.

Avant ce bienheureux moment, dès que les âmes justes de l’ancienne Loi eurent satisfait à la peine due aux péchés véniels, ou aux péchés mortels pardonnes, elles ne souffrirent plus la peine du dam relatif. La certitude de leur salut éternel leur donnait une joie bien plus grande que celle qui apporte tant de consolation aux âmes du purgatoire. Cf. S. Thomas, Sum. theol., III a, q. lii, a. 5, ad l" m ; Suarez, loc. cit., disp. XLII, sect. i, n. 12, t. xix, p. 701. Néanmoins, comme elles n'étaient pas encore admises à la béatitude céleste, objet de tous leurs vœux, elles ne cessaient de soupirer après elle. Ce retard, apporté à leur bonheur, ne fut pas sans leur causer une vraie tristesse, suivant le proverbe : Spes quæ dijfertur, af/ligit animam. Prov., xiii, 12. Saint Augustin rappelle que ces âmes saintes attendaient avec angoisse l’avènement du Christ, dans l’endroit où elles étaient reléguées ; et elles le suppliaient en gémissant de hâter le temps Je sa venue : Lacrymabiliobsecratione Christum orabant. Loc. cit., § 4, P. L., t. xxxvi, col. 2061. C’est aussi le sentiment de saint Grégoire le Grand : In ipsis inferni locis justorum animw sine lormento tenebantur ; grave lamen tmdium illis fuit, post solutionem carnis, adhuc speciem non videre creatoris. Moral., l. XIII, c. xi.iv, P. L., t. lxxv, col. 1038. Cf. S. Thomas, Sum. theol., III a, q. LU, a. 2, ad 2° ra et 4° m ; Suarez, loc. cit., disp. XLII, sect. i, n. 12-16, Opéra omnia, t. xix, p. 701 sq. ; Salmanticences, Ctirsus theologicus, tr. XIII, De vitiis et peccatis, disp. XVIII, S 1, n. 6, t. viii, p. 400. Tout porte à croire cependant que la divine providence, par des moyens à nous inconnus, tempérait leur peine, et les distrayait de cette tristesse. Cf. Suarez, De purgatorio, disp. XLVI, sect. iii, n. 4, Opéra omnia, t. xvii, p. 917.

3° Lu peine du dam pour les adultes païens morts sans autre péché grave que la faute originelle. — L’hypothèse qu’un païen adulte n’ait que des péchés véniels avec la tache originelle, paraît une chimère à saint Thomas et à beaucoup de théologiens. En effet, tout homme, au moment où il arrive au plein usage île la raison, est tenu, sou ? peine de péché mortel, de faire, selon ses forces et ses connaissances, un acte de charité' parfaite envers Dieu, soit d’une façon distincte et explicite, en le choisissant pour sa fin dernière, soit d’une manière virtuelle et implicite, en se proposant d’accomplir le bien moral, et de vivre suivant les lumières de -a raison. Cf. S. Thomas. In IV Sent., I. II, dist. XLII. a. T., ad 7°'" ; I. IV. dist. XLV, q. l, a. 3, ail ti 1 "" ; Sum. theol., I ' Il, q. I XI, B, li. QuSBSt.

disp., De malo, q. iii, a. 2, ad 8 om ; De veritate, q.xiv, a. Il ; Salmanticenses, Cursus théologie., tr. XIII. De vitiis et peccatis, disp. XX, dub, i, s' l-ti, n. 1-45, i. viii, p. 490-510. Voir Charité, i. ii. col. 2853 sq. Or, ajoute le saint docteur, si l’homme fait cel acte de charité en ei Dieu, H est justifié. Le péché originel

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