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4(13 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTERIEURS 404

Voir Cajetan, t. ri, col. 1321, 1325. Crediderim ego dæ mones esse spiitnus iereos, et id consonare verse philosophiæ rationi, ut quemadmodum invenitur vegetativum sine sensilivo, et sensitivum sine tecundum locum motivo, et intellectinum sine secundum locum motivo ; ita inveniatur seau/dam locum molivum sine sensilivo, quod est ponere BUJUS mohi AEREOS &P(imis, constantes ex intellectivo et secundum locum motivo. Et est sermo de motu progressivo, absqne sensilivo. Verum appellatione aeris, non intelligo elementum aeris, sed SUBTILE CORPUS, nostris sensibus ignotum ; corpus simplex et incorruptibile ; natum moveri localiter ab anima ad omnes différentiels posili 0711s, absejue pugnanlia aliqva ex natura corporis …ut nullus labor inveniatur in motu illo. Comment, in Epist. ad Eph., c. II.

Cette opinion singulière de Cajetan ne trouva aucun adepte, et il est, dans l’ordre des temps, le dernier des théologiens de quelque valeur, ayant attribué aux démons un corps matériel, fùt-il d’une nature inconnue. Aujourd’hui la spiritualité absolue des démons, aussi bien que celle des anges fidèles, est considérée comme certaine et il y aurait témérité à prétendre que les démons ont un corps éthéré, aérien, igné : en un mot, matériel, quelque subtil qu’on le suppose. Voir t. i, col. 1268-1269.

b) Intelligence des démons. —Elle fut obscurcie, en quelque façon, par la soustraction des lumières surnaturelles, provenant de la grâce ; mais non par la privation des lumières naturelles de leur entendement, car celles-ci leur sont restées entières.

c) Volonté des dénions. — S. Thomas, Sum. theol., I a, q. LXIV, a. 2. Elle est tellement obstinée, endurcie et confirmée dans le mal, qu’ils ne peuvent réellement accomplir aucun bien.

Les démons, dans tous leurs actes, ne cherchent et ne veulent que le mal. Si, parfois, un de leurs actes parait bon en soi, il est toujours vicié par quelque circonstance mauvaise. Quand les démons disent la vérité, par exemple, c’est pour mieux tromper ensuite. Quand ils confessaient la divinité du Christ sur la terre, ce n’était pas pour lui rendre gloire, et lui attirer des adorateurs, mais pour mieux le combattre. Les démons, en elfet, selon la doctrine de saint Thomas, ne peuvent faire des actes qu’en les conformant à la lin qu’ils se sont proposée dans leur révolte première, car ils y ont adhéré de toutes les forces de leur être, au point que, depuis lors, ils n’en peuvent vouloir une autre. Or, cette fin est perverse en soi : c’est la guerre à Dieu, et, par suite, à tout ce qui est bien. Donc, tous leurs actes, d’une façon ou d’une autre, sont dirigés vers le mal.

Pour infirmer cet argument. Vasque/., Commentarii et disputationes in l" m partent Summse theologicse sancti T/iomse, disp. CCLXXXIX, dit que, si cette raison était fondée, on aurait le droit d’en conclure que, sur la terre, tout homme en état de péché mortel ne peut rien faire de bon moralement, et pèche dans tous ses actes. Mais, comme le remarquent les Salmanticenses, Cursus theologicus, tr. VII, De angelis, disp. XIII, duh. il, § 2, n. 60 sq., t. IV, p. 788 sq., cette conclusion, vraie des damnés en enfer, est fausse pour les hommes qui, vivant encore sur terre, n’adhèrent pas au mal d’une manière inllexible, comme les démons, carils peuvent encore s’en détourner. lien est différemment après la mort. Comme le répète très souvent saint Thomas, le péché, une fois commis, est, pour 1rs purs esprits, ce que la mort est pour l’homme. Après la chute, le péché fait, en quelque sorte, partie de ia nature des démons, et n’en est plus séparable. Hoc ipso quod dmmon adhmreat indeclinabiliter ullimo fini perverso, illa adhœsio QUODAMMOD0 PBRTITUR fA n i// n 1/ akgeli. El ideo oporlet, ut sicut in quovis

actu angelico débet quodammodo splendere propria natura angelica ; ita etiam Hrix adhxsio uis, atque adeo quivis actu » , vel erit ipsa adh sive volitiit perverti finis, vel aliqua parlicipatio

illius. Luc cit., n. 61, t. iv, p. 789.

7. Châtiment.

En punition de leur révolte, les démons ont été condamnés, pour l’éternité, à la double peine du dam et du feu.

a) La peine du dam. — C’est incomparablement la plus terrible de toutes les peines de l’enfer, et, auprès d’elle, le tourment même du feu éternel, si atroce soit-il, n’est presque rien. Voir Dam, col. 9-11. Mais si cette peine du dam est si épouvantable, comment les démons peuvent-ils garder assez de liberté d’esprit, pour tenter les hommes sur la terre, les tromper, et travailler avec tant de persévérance et d’habileté à leur perdition ? Les sentiments que les démons manifestent parfois durant les exorcisines paraissent davantage encore opposés à la douleur de leur damnation. Ils ricanent, ils rient, et se moquent des assistants. Satan prend plaisir à être adoré. C’est à lui qu’étaient dressés les temples consacrés autrefois aux faux dieux. Maintenant encore, là où la lumière de l’Evangile n’a pas dissipé les épaisses ténèbres du paganisme, il règne, et il tient à garder son empire. Au sein même des nations chrétiennes, que d’ellorts ne fait-il pas pour reconquérir le terrain perdu ? Ces préoccupations et ces goûts ne paraissent guère compatibles avec la torture épouvantable que subissent les damnés, et que doit endurer surtout le prince des légions infernales, le plus coupable et le plus châtié de tous les maudits. La peine du dam, plus terrible que le feu même de l’enfer, ne fait donc pas tant soulfrir les démons.

Si une douleur intense suspend les opérations de nos facultés, même intellectives, parce que notre intelligence et notre volonté ont besoin du concours des oix corporels même pour les opérations qui leur sont propres, il n’en est pas ainsi des purs esprits, ni des âmes séparées de leur corps. Leur mode de souffrir est très différent du notre dans l’état présent, et la peine du dam n’enlève aux démons ni leur activité naturelle, ni une certaine joie à faire le mal.

b) La peine du feu. — Sur la nature de ce feu, et sur la manière dont il peut torturer de purs esprits, voir Enfer. On enseigna communément que les démons, qui sont répandus dans l’air, y éprouvent la peine du feu. Cajetan et Melchior Cano, In l : ’m part. Sum. theol., q. xciv, a. 4, pensèrent cependant que ce supplice leur était réservé pour l’époque qui suivra le jugement dernier. Toutefois Cano pensait que les démons les plus coupables restaient continuellement en enfer, et que les moins coupables demeuraient dans l’air pour tenter les hommes sans être alors soumis à la peine du feu. Le cordelier Feuardent rappela que saint [renée et les premiers Pères disaient que le diable ignorait sa condamnation avant la venue de Jésus-Christ. Bellarmin, De béatifie, et canonisai, sanctorum, c. vi, Controvcrs.. IV" controv., 1. 1. Milan. 1721. t. n. p. 635, déclara que saint Justin, saint [renée, saint tpiphane et Œcuménins, qui l’ont prétendu, se sont trompés. Mais Maldonat et Petau reconnurent que la plupart des anciens avaient ajourné le supplice de l’enfer pour les démons après le jugement, Petau tenait cependant l’opinion opposée pour vraie, parce qu’elle a prévalu dans l’Église, l’.slius, In 1 r Sent., 1. II, dist. VI. § 12. t. ii, p.."> :  !, rejette aussi le sentiment des anciens. Il n’admet pas que Satan suit lie’des maintenant et ne puisse venir sur terre ; et il semble dire qu’il est ordinairement dans l’air, quoiqu’il descende parfois en enfer et passe quelque temps entre deux missions. Quant à la manière dont les démons subissent sur terre la peine du feu, on se rallia on bien au sentiment de saint Thomas, Billuart, De angelis, diss. VI, a. 3. § 2, Lon,