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DAM

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aux péchés mortels déjà pardonnes qnanl à la coulpe. I ce ipii relient loin de Dieu les âmes jusqu’à leur entière purification, el les empoche jusque-là de jouir de l.i béatitude éternelle. Cf. Salmanl theologicus, tr. Mil. De vitiis et peccatis, disp. XVIII, dub. i, § I. n. 6, i. vin. p. 399 sq. ; Suarez, De / torio, disp. I.VI, sect. i, n. 2-4, Opéra omnia, t. xxii. p. 309 sq.

Cette peine du dam relatif que souffrent les âmes du purgatoire, est, cependant, malgré son intensité, bien différente de la peine du dam absolu dont sont aii les damnés dans l’enfer. Pour ceux-ci aucun soulagement ou adoucissement, ni aucune consolation ; mais le désordre, la révolte, le blasphème, le désespoir éternel. Obstinés dans le mal, ils ne consentent en aucune façon aux arrêts de la justice divine, et ils maudissent ce Dieu, pour lequel ils se sentent faits. et dont la possession pourrait seule leur procurer cette félicité, que tontes les puissances de leur être exigent et réclament sans cesse. Les âmes du purgatoire, au contraire, aiment Dieu et adorent les décrets de sa justice, même quand ils les font épouvantablernent souffrir. Elles ont la charité et la grâce sanctifiante. racine et fondement inébranlable de la gloire éternelle, à laquelle elles parviendront certainement, un jour. Elles le savent, et cette assurance est pour elles la source indéfectible d’une immense joie. Au milieu de leur supplice elles goûtent une paix inaltérable, inconnue sur terre. Cf. S. Iionaventure, In IV Sent., l. IV, dist. XX, part. II, a. 1, q. il ; Suarez. De purgatorio, disp. XI. VII. sect. ni. n. 1-10, Opéra omnia, t. xxii. p. 931-935 ; Bellarmin, De purgatorio, l. II, c. iv, v, xiv, Opéra omnia, t. il, p. 392-395, 403 ; Rinet, De l’état des dotes du purgatoire, c. n. S 2, La peine du dam, in-12, Paris, 1863, p. 13 sq. ; Mgr Gay, "/>. rit., t. il, p. 569-.">72. Si le cboix leur était donné, elles préféreraient rester en purgatoire, plutôt que de revenir sur la terre, où, cependant, en beaucoup moins de temps, elles pourraient, et avec infiniment moinsde soullrance, satisfaire à la justice divine ; mais où aussi elles seraient encore exposées à se perdre éternellement. La joie intense que leur procure la certitude de leur citut éternel, les ; uilo merveilleusement à supporter leur soullrance, quoiqu’elle ne la diminue en rien. Puis, comme elles sont confirmées en grâce, leur volonté est en tout conforme à la volonté de Dieu. Non seulement elles acceptent avec résignation ses décrets, mais elles j acquiescent avec amour et reconnaissance. Or, une peine volontairement acceptée et subie avec amour est moins pénible, en raison de son acceptation et de l’amour qui la fait accepter. C’est un fait d’expérience et une vérité reconnue par les théologiens, que la peine n’est, à proprement parler, que ce qui contrarie la volonté : lt ; rc est ratio poème quod uoluntati cottlrariatur. Cf. S. Thomas, /PIV Sr/it., I. IV, dist. XXI, q. i.a. I, q. iv ; Stuii. theol., I » II". q. VI, s 6 ; 5. Bonaventure, In IV Sent., I. IV, dist. XX. part. II, a. 1, q. i. Moins une peine est involontaire, moins elle contient de pénalité, quantum adimitur de involuntario, tantuni tollitur de pœnalitate. Cf. Suarez, De purgatorio, disp. XI. VI, sect. iii, n. 3. t. xxii, p. 917 ; Binet, Dr l’étal des âmes du purgatoire, <-. n. g 2 ; c. iii, S 1-2, p. 19-24, 27-32. 75-122 ; Billot, Disquisilio de natura et rationc peccali personalis, introductia ad tractatum de ptmitentia, part. I. c. ii, q.i xxwii, n.’.. m 8. Rome, 1897, p. 77 ; Monsabré, Exposition du dogme catholique, xcvn « conférence, I. purgatoire, in-8°, Pans. 1889, p. 23 sq. ; Faber, Le purgatoire, c. m. in-12, Paris, 1898, p. 39 i"

Celte peine du daiii relatif est donc pour les.’unes du

purgatoire un mystérieux mélange de souffrances Indicibles, d’inexprimables joies, t d’ineflabli b consolations. Par cela même, il doog est encore plus difficile

de nous en faire une idée, que de la peine du dam en enfer. La souffrance torturante s, ^ consolation

comprend mieux que celle qui tourmente en lait subsister, ou mieux en Causant une joie a laquelle nulle

.le la terre ni’saurait êtn -ujei

on pourra consulter avec fruit le Traité du /

linte Catherine de Cènes. Examiné d’abord l’ordre de l’archevêque de Paris, et approti professeurs de l’université de cette ville, en 1666, cf. (initia christiana, t. vii, p. 181, il le fut ensuite plus solennellement encore par

.i l’occasion du procès de canonisation de la saint approuvé juridiquement par Innocent XI, le 14 juin 1676. Cf. Acta sanctorum, t. v seplembris, p. 127. Saint François de Sales et le cardinal Bellarmin en faisaient le plus grand cas. Ecrit primitivement en italien, ce traité a eu de nombreuses éditions en di langues. Le bénédictin Lecbner en a donné une édition allemande. Leben und Sehriften der ld. Katliarina von (ienua, in-8°, Ratisbonne, 1859, p. "2’27 sq. In a ! assez étendu a été fait par le P. Faber, AU fur.’or tlte easy ways of divine Luve, in-12. Londres, 1861, p. 1570 sq. ; Tout pour Jésus, c. ! .. s. i. in-12. Paris, 1882, p. 367 sq. Le P. Marcel Bouix, de la Cornp ; .. de lésus, en a publié une traduction française ; Traité du purgatoire de sainte Catherin et, in-12.

Paris, 1883.

La durée de cette peine du dam relatif est absolument inconnue. Quelques auteurs, comme Soto, h, IV Sent., 1. IV. dist. XIX. q. in. a. 2. et Maldonat, De purgatorio, q. v, ont prétendu que la peine du purgatoire ne pouvait durer plus de dix ans ; mai raisons qu’ils en donnent ne reposent sur aucun fondement sérieux. La peine du dam. même relatif, étant plus terrible que toutes celles de la terre, ils se demandent comment Dieu l’infligerait plus longtemps pour des fautes vénielles qu’on peut si facilement expier en ce monde par de légères mortifications, ou simplement par l’usage des sacramentaux. Ils oublient manifestement que, durant sa vie mortelle, l’homme est sous le règne de la miséricorde, tandis que, plus lard, il tombe sous celui de la justice. Mais pourquoi lixer dix ans, et non vingt, trente, etc. ou seulement cinq et moins encore’.' Ils en appellent a la bonté de Dieu. Sans doute. Dieu est infiniment bon ; il est aussi infiniment juste. Lésâmes du purgatoire se soumettent avec amour à la douleur. Cf. M’Gay, o/>. cit., t. II. p. ôti’.t. Files savent que Dieu étant infiniment pur.

ne peuvent paraître en sa présence et jouir de Lui sans être entièrement purifiées. Cette purification, elles la désirent donc avec tant d’ardeur que, pour aucune raison, elles ne voudraient que leur supplice fût moins long ou moins rigoureux qu’il doit être pour les amènera la pureté i laquelle elles aspirent. Files souffrent ; mais „msso plaindre, ni murmurer. Elles sont plutôt extrêmement rccounai--antes a Dieu de leur avoir, par boule et miséricorde, pré] lyens

de purification, pénible-, il est vrai, mais qui assurent leur félicité. La prolongation de leur supplice ne leur

; dune pas opposée a la bonté de Dieu. Elle leur. n

est plutôt une preuve évidente.

nubien durera pour « Iles ci’dam relatif’.' Ces ! le secret de Dieu. Seul il connaît la gravite de ces fautes légères, qui ne -ont ni une perversion complète de l’être humain par rapport a sa fin dernière, ni une apostasie toi. île. mais qui écartent de la voie droite et qui, par suite, ont quelque chose de grave en soi. parce qu’elles offensent fin M nie majesté de Dieu. A Dieu seul il appartient de lixer et l’intensité et la dur. la peme Cette durée, il ne nous en a p.irévélé le terme. L’Eglise n’a rien défini non plus ; mai-, par sa

pratique, elle tait comprendre que cette durée peut être indéfiniment longue, puisqu’elle permet, en faveur des