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387 DÉMON D’APRÈS LES SCOLASTIQUES ET LES THÉOLOG. POSTÉRIEURS 388

habitent donc par grvce, et non par nature. Ils sont corporels. Au premier jour, la lumière a été séparée des ténèbres, les bons anges des mauvais. Le diable est tombe par envie ou orgueil. Is., XIV. Il était plenu » sapientia, perfeclus décore, nihilo indigent sapienliæ Dei. Ezech., xxviii ; Is., xiv. Dieu avait prévu sa chute. Il l’a jeté dans l’air pour être précipité plus tard en enfer, II Pet., ii, 4 (où l’enfer désigne l’air). Les anges, délournés de Dieu, ne peuvent revenir à leur premier état, c. xxiv, col. 221. Le serpent tentateur était l’organe du diable, 1. III. c. il, col. 289. Les fils de Dieu sont les descendants de Seth, l. IV, c. xii, col. 337-338. Rupert ne parle pas des anges, quoiqu’il sût bien que les anges sont appelés fils de Dieu. Comment, in Job, P. L., t. CLXVIII, col. 967. Les démons, qui sont dans l’air en attendant le jugement, seront tourmentés par le feu qui leur a été préparé dés la création. Ils seront tourmentés conformément à leur nature, puisqu’ils ont des corps aériens. Lie S. Spirilu, l. IX, c. xxi, P. L., t. ci.xvii, col. 1824-1825.

Nouvel exposé dans le traité De glorificaiione Trinilalis et processione S. Spiritus, l. III, c. viii-xvii, P. L., t. clxix, col. 59-69. Les anges ont péché non par faiblesse ou ignorance, mais par orgueil. Ezech., xxviii, xxix. Le bel ange est devenu le prince des ténèbres. A cause de son orgueil, il est justement jugé par le Saint-Esprit, qui s’éloigne de lui. Non stalim cecidit. Ayant prévu sa chute, le Saint-Esprit ne l’a pas jugé tout de suite ni condamné ; il l’a éprouvé. Une fois la lumière séparée des ténèbres, les démons ne peuvent pas retourner à leur état primitif. Quelquesuns pensent que beaucoup d’anges de tous les ordres sont tombés ; cela n’est pas prouvé par l’Ecriture. Ils n’étaient pas encore établis dans leurs ordres avant la chute des démons, qui, autrement, n’auraient pas pu pécher. Satan est lié pour longtemps, plus tard il sera jeté dans l’abime.

Les esprits mauvais enviaient la gloire du créateur. Diabolus superbivit et sibimet ipse placuit tanquam sibi sufficiens. Comment, in Matlh., l. XIII, P. L., t. clxviii, col. 1627. Nabuchodonosor est le type du diable orgueilleux. In Danielem prophetam, c. il, P. L., t. clxvii, col. 1500-1501. Satan a été jugé par trois fois : quand il fut chassé du ciel à cause de son orgueil, à la malédiction du serpent, et au jugement de l’homme de péché. In Hab., l. II, P. L., t. clxviii, col. 603. Satan paraissait parmi les anges et devant Dieu, parce que Dieu voit tout. Dieu l’interroge, parce qu’il lui demande raison de ses actes, et Satan répond, parce qu’il ne peut rien cacher à Dieu. Comment, in Job, ibid., col. 967. Rupert n’entend pas des anges le tiers des étoiles entraîné par la queue du dragon. In Apoc, l. VII, ibid., col. 1047.

Quelques années plus tard, saint Anselme compose un traité spécial De casu diaboli sous forme de dialogue, 7’. L., t. clviii, col. 325-360. Voir t. i, col. 1338. Les anges ont tout reçu de Dieu, qui pourtant n’a pas donné au diable la persévérance, quia ille non accepit. Le diable, en effet, noluit tenere quod habebat, voluit deserere. Quomodo peecavil et voluit similis esse Dei : > Il n’a pas voulu reconnaître une volonté supérieure à la sienne ; il a voulu même que sa volonté propre soit supérieure à celle de Dieu. L’ange déserteur n’a pas pu revenir à la justice. Voir t. i, col. 1224. Il n’a pas pu prévoir qu’il tomberait. Il savait qu’il ne devait pas vouloir ce qu’il voulait et qu’il serait puni ; il n’a pas pu l’ignorer. Le mal est donc venu dans l’ange qui était bon, parce que celui-ci a volontairement abandonné la justice. Dans son Cur Deus liomo, 1.1, c. xviii, col. 389, saint Anselme a admis que le nombre des anges devait être complété par les hommes. II en tire cette conclusion relativement au nombre des anges tombes : Non sequitur tolangelos cecidissequot perseverarunt,

parce que le nombre des anges n’était pas parfait avant la chute des mauvais.

Abélard s’est peu occupé des démons. Il leur attribua la possession de la charité. Dialogué inlerphil judseum et christianum, P. L., t. CLXXViti, col. 1659. Dans son.Sic et non, 47, col. 1415-1417, il a reproduit des témoignages de saint Isidore, de saint Augustin et d’Eugippius en faveur de la chute des anges avant la création de l’homme, et d’autres de saint Cyprien et de saint Jérôme, affirmant quelle a eu lieu au moment de cette création. Dans le 16e de ses articles, qui ont été condamnés en 1141, il niait l’intervention directe du démon et bornait son action à l’emploi des forces naturelles, des éléments et des plantes. Voir t. i, col. 45. 47.

Hervée de Bourgdieu explique que Lucifer a voulu être le maître des anges : il semble le faire précipiter directement dans l’enfer. Comment, in Isaiam, l. II, P. L., t. CLXXXI, col. 164-166. Cependant, il appelle Satan le prince de l’air. Comment, in Episl. ad Epli., n, col. 1221.

Saint Bernard attribue la chute de Lucifer à l’orgueil. Serm., i, de lempore, n. 3, P. L., t. clxxxiii, col. 36 ; In rogationibus, serm. i, n. 1, col. 296 ; In Canlica, serm. xvii, n. 5 ; lxi.x, n. 3, 4, col. 857, 1113-1114. L’orgueil du diable appartient au premier degré de ce vice qui est la curiosité. Le diable n’avait pas prévu sa chute. Tractalus de gradibus superbiæ, part. II, c. x, n. 3136, P. L., t. clxxxii, col. 959-962. Il a été précipité dans l’air. In Canlica, serm. liv, n. 4, P. L., t. clxxxiii, col. 1040. Il ne subira la peine du feu de l’enfer qu’après le dernier jugement. Voir t. il, col. 770.

Robert Pullus déclare que l’ange, créé libre, poluit malum. Il se demande : Quale ? et il répond : De excellenli natura intumuit, au point de vouloir s’égaler à Dieu. Non perduravit in verilate. Dès qu’il fut, il vit Dieu, quoiqu’il ne l’ait pas connu complètement. Malgré cette connaissance de Dieu, il a pu cependant ne pas prévoir sa chute. Auparavant, il était opus Dei bonum, optimum ; après, il est devenu subslanlia non boita, nec Dei creatura (en tant que mauvais). Les démons, licet incorporel, peracto judicio, subiront dans l’enfer des peines corporelles. Ils soutirent déjà des affections de l’air, où ils habitent, mais ils sont réservés pour de plus grandes souffrances. Sent., l. II, c. iv-vi, P. L., t. clxxxvi, col. 721-725. Ils sont tombés des neuf ordres ; ils servent leur prince dans leur ordre. Robert Pullus essaie d’expliquer comment il peut en être ainsi et comment le service répond à la nature première de ces anges déchus. Quanta leur prince, il était summus ou inter summos, plus exactement un chérubin, Ezech., xxviii, 12, nisi forte ordine seraph, interprelatione cherub. Quoi qu’il en soit, magnus fuit et plus de se quam esset sentit. Les démons étaient d’accord avec lui et leur chute est irréparable. Quelquesuns pensent que le prince des démons n’était pas si élevé. Toutefois, il n’a pas goûté le bonheur de la vie parfaite : nolendo accipere, amisit ; continua cecidit. Sent., l. VI, c. xi.v-xi.vm, col. 887-891.

Roland Bandinelli. plus tard le pape Alexandre III, affirme que les démons ont été créés bons, et bien qu’il ait subi l’influence d’Abélard, il s’écarte du maître au sujet de leur béatitude et il n ion lie qu’ils n’eurent jamais la charité qu’Abélard leur avait attribuée. Gielt, Die Sentenzen Bolands, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. 8993. Ils n’avaient pas prévu leur chute, qui a été volontaire. Ils savaient qu’ils faisaient mal, aussi sont-ils endurcis dans le mal, p. 95. Selon lui, ils ne sont pas de tous les ordres, puisque la division hiérarchique des anges a suivi la chute du diable et l’entrée des bons anges dans la béatitude, p. 101.

Hugues de Saint-Victor enseigne que les anges ont été créés bons et libres. Leur séparation en bons et en mauvais s’est faite par la conversio des justes et Vaiersio