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l. cxi, col. 911-913. Œcuménius cite à son tour la parole de saint Justin. Il applique au diable Is., XIV, 14, et il ajoute qu’une fois tombé, il a cherché à faire aux hommes le plus de mal possible. Comment, in Episl. I Pelri, c. vii, P. G., t. cxix, col. 573.

Au xie siècle, Georges Cedrenus empruntée la Petite t'.encse, c’est-à-dire au livre des JuLilés, des détails sur la cbute des Kgrégores ou des veilleurs, mais il voit en eux des fils de Seth, nommés fils de Dieu à cause de la beauté de Setb. Ils vécurent proche du paradis jusqu'à l’an mille, menant la vie des anges. L’auteur premier de tous les maux, ne supportant pas leur genre de vie, les poussa à se souiller.vec les filles de Caïn. Ile ces unions naquirent les géants. Dieu en fit dévorer beaucoup par des globes de feu ou par la foudre ; les autres périrent dans le déluge sans s'être repentis. Les Egrégores avaient pris leurs femmes sur le mont Herrnon ; ils leur apprirent les venins et les incantations. Azaël, leur chef, apprit aux géants à fabriquer des glaives et des instruments de guerre. Chaque prince (deux cents étaient descendus sur la montagne) enseigna des secrets particuliers. Ces derniers traits qui se rattachent mal aux précédents, sont empruntés au livre d’Hénoch. Hisloriarum compendium, P.G., t. CXXI, col, 40-44. Michel Psellus a écrit un traité De deemonum operatione, P. G., t. cxxii, col. 82087(5. Sur la nature des démons, il dit qu’ils ont des corps, et qu’ils remplissent l’air, la terre, les eaux et le monde entier. C. x, col. 841. On les distingue en six genres. C. xi, col. 844-845. Ils ne sont ni mâles ni femelles, quoiqu’ils prennent parfois les formes extérieures des deux sexes ; ils parlent les langues des divers pays, où ils sont ; on peut les frapper et ils souffrent des coups qu’on leur administre. C. xvii, col. 860. Psellus a composé un autre traité : Quænam sint Greecorum opiniones de dœmonibus ? Col. 876-881. Théophylacte explique que les puissances de l’air habitent dans l’air sans y commander ni le gouverner. Celui qui était leur chef avant la chute est demeuré à leur tête après leur transgression. Expofitio in Epist. ad Eph., c. ii, 2, P. G., t. cxxiv, col. 1052. Il cite, lui aussi, la parole de saint Justin. Exposil. in Epist. I S. Pétri, c. v, 8, P. G., t. cxxv, col. 1249.

Au xii c siècle, Théophane Krrameus se demande d’où le démon sait que Jésus peut le tourmenter. Marc, v, 7. Il ne le sait pas de lui-même, puisque depuis sa chute il était devenu ténèbres ; il le sait par dispensation divine. Les démons demandaient de ne pas aller dans l’abîme, où ils savaient que d’autres y avaient déjà été jetés par Jésus. Craignant un pareil sort, ils préféraient être envoyés dans le corps des pourceaux. HomiL, ix, P. G., t. cxxxii, col. 276. Zonaras rapporte que le dragon, qui agissait par le serpent, a fait tomber les hommes par jalousie. Annales, l. I, n. 2, P. G., t. cxxxiv, col. 56. Les fils de Dieu, Gen., vi, 2, sont pour lui exclusivement des fils de Seth ; il ne parle même plus de l’interprétation qui y voyait des anges, n. 4, col. 60. A la même époque, Michel le Syrien, patriarche des jacobites (1166-1199), rapportait cependant encore les deux explications de ce passage. Voir t. i, col. 1255-1256.

En Occident.

Dans son Thésaurus, Eugippius emprunte à saint Augustin sa doctrine sur la chute et la nature du diable : tombé par orgueil, il est l’auteur du mal. C. xxxvi-xxxviir, P. L., t. lxii, col. 631-637. Il sera damné à la fin du monde. C. clxxxviii, col. 643. Saint Fulgence est aussi tributaire de saint Augustin. Hien n’a été créé par le diable. De incarnatione Filii Dei, n. 51, P. L., t. i.xv, col. 600. L’orgueil est le premier des péchés. Eccli., x, 15. Ad Monimunt, l. I, c. xvii, col. 165. Le diable n’est pas mauvais par sa condition première, mais par sa faute ; il a commis le premier péché, qui fut un péché d’orgueil. Epist., iii,

c. xv, col. 334. Détourné deson créateur et condamné à la damnation éternelle, il a été jaloux de l’homme. De fide, n. 31, col. 687. Une partie des anges désobéirent au créateur et déchurent de leur rang. Ils seront punis au jugement, II Pet., Il, 4, et tourmentés par le l’eu éternel. Ils n’ont ^ardé rien de bon de leur condition première, et ils vivent dans l’air en attendant le jugement. De Trinitate, c. VIII, col. 501. Ils ont un corps aérien, tandis que les bons anges ont un corps élhéré ou de feu, c. IX, col. 505. Pour saint Césaire d’Arles, le diable est un archange. D’après les Statuta Ecclesise anliqua, 8, P. L., t. lvi, col. 880, qui sont de lui, le diable n'était pas mauvais par nature comme le prétendaient les manichéens ; mais il a péché par orgueil. Serm., CCXCVI, n. 4, dans l’Appendice de saint Augustin, P. L., t. XXXIX, col. 2311. Voir t. ii, col. 21722173 ; P. Lejay, Le rôle llu’ologique de Césaire d’Arles, dans la Bévue d’histoire et de littérature religieuses, 1905, p. 161-162.

Dans son commentaire de l’Apocalypse, écrit sous le règne de Tbeudis (531-548), Apringius de Béja parle peu de Satan. C’est l’ennemi du genre humain, qui tentait les habitants de la terre et que Jésus-Christ a lié pour toujours dans l’abîme parla vertu de sa croix, pour qu’il ne put séduire encore les nations. Après mille ans, il sera délié peu de temps, une heure, et par la volonté de celui qui lui commande. Ce sera après la résurrection, pour le jugement. Alors, l’auteur des ténèbres sera lié pour aller aussitôt à sa perte éternelle dans le feu éternel, où il sera reçu avec tous ceux qu’il a entraînés dans la faute de son orgueil. Ainsi le séducteur périra avec ceux qu’il a séduits. Dom Férotin. Apringius de Béja. Son commentaire de l’Apocalypse, Paris, 1900, p. 63-66. Un autre commentateur du même livre, Primasius, évêque d’Adruinète (-j- 586), reconnaît dans le tiers des étoiles, entraîné par le dragon, omne corpus malorum, sive in angelis quos de cselo secum pari ruina delraxit, sive in liominibus quos seduxit. Le combat avec Michel a lieu, non dans le ciel, mais dans l'Église. Le dragon représente à la fois le diable et ses anges, qui ei natura et roluntate similes sunt, et les hommes mauvais. Les démons ont été jetés sur terre, avant d’y avoir séduit les hommes. Comment, in Apoc, l. III, P. L., t. lxvhi, col. 873-875. Cassiodore ne doute pas, lui, que le combat du dragon et de Michel n’ait eu lieu au commencement du monde, quand le dragon, præcipitalus in lerramcorruit, ita ut locum beatitudinis ulterius non haberet. Complexioncs in Apoc, xii, P. L., t. lxx, col. lill. Le diable a été créé bon ; mais, après qu’il eut volontairement péché. Dieu en a fait l’objet des moqueries des anges, quando propter exsecrabilem percersitatem nativa dignitate privatus est. Exposit. in psalterium, ps. cm. 26, ibid., col. 736. Satan ou le dragon est le plus méchant des démons. Sa tête a été brisée, quando superbia ipsius de cxlo dejecta est et nativam clarilatem retinerenon mentit, qui se voluntaria obscurilate maculavit. Ibid., ps. lxxiii, 13, col. 531. Lui et ses ministres seront condamnés au jugement dernier. Ibid., ps. cvn. 7, col Les hérétiques ne peuvent pas dire que le diable et ses suivants seront rappelés un jour en grâce, puisque leur nom est effacé in œlernum et in sœculum sasculi. Ibid., ps. ix, 5, col. 81.

Saint Grégoire le Grand a souvent parlé des anges déchus et de leur chef, surtout dans ses Morales sur Job, où il interprète du diable les descriptions de Béhémoth et de Léviathan. Le premier ange apostat, créé avant toutes choses, s'était promptement enivré d’orgueil, lu 1 Haï. expositio, l. III, C. V, n. 9 ; l. IV, c. 1, n. 9, P. L., t. i.xxix, col. 205. 222. Crée bon, il avait péché volontairement. Moral., i. XXXII. q. 17, IS, P. L., t. lxxvi. col. 646. Il était la première et la plus nobledes créatures, Ezech.. x..i. 8, 9, tenantle premier