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Elle créait donc dans l'âme une plus grande disposition à cette connaissance et à cet amour, et, par une suite naturelle, un plus grand besoin de connaître Dieu et de l’aimer. Donc, autant de grâces rejetées par le pécheur, autant de degrés inassouvis de puissance et de besoin d’aimer et de posséder Dieu. Chaque grâce méprisée a creusé davantage l’abîme éternel dans lequel l'âme s’est plongée. Les plus coupables sont donc plus aptes à sentir la privation du bien suprême, comme, dans le cie', les plus saints parmi les élus sont plus aptes à jouir de la présence et de la possession de Dieu. La -race dont les saints ont profité et qui a porté ses fruits en eux, a augmenté leur ressemblance avec l’exemplaire divin. C’est ce plus ou moins de perfection dans leur conformité avec lui qui les rend plus ou moins capables de jouir de la divine essence. De même, le mépris des grâces et les fautes accumulées ont augmenté, chez les damnés, leur degré de dissemblance avec l’infinie pureté et sainteté de Dieu. C’est ce plus ou moins d’opposition au bien suprême qui leur en fait sentir davantage la privation, et différencie en eux la peine du dam. Dieu est l’essence même de la bonté et de la félicité substantielle, comme dit le pseudo-Denvs. De divinis nominibus, c. i, S 3 ; c. iv. § 10, P. G., t. iii, col. 590, 707. Le malheur d’en être privé se mesure donc sur le degré d’opposition que le damné a avec ce bien suprême, dont les grâces reçues tendaient à le rapprocher, tandis que ces mêmes grâces méprisées tendent à le repousser davantage. Cf. Lessius, De perfectionibus moribusgue divinis, I. XIII, c. x.xix, n. 20 i, p. 503-507 ; Suarez, De angelis, l. VIII, c. v, n. 9, Opéra omnia, t. ii, p. 978 ; Salmanticenses, Cursus théologiens, tr. XIII, De ritiis et peccatis, disp. XVIII, dub. I, § 2, n. 7-10, t. viii, p. 400 sq.

De même donc que les élus, dans le ciel, jouissent davantage de la vision béatilique, suivant leurs mérites ! de même, les damnés, dans l’enfer, soutirent davantage de sa privation, en proportion des crimes dont ils se sont souillés. Cf. Saltnanticences, Cursus theolog., tr. II, De visionc Dei, disp. V, dub. i, t. I, p. 251.

C’est l’avis unanime des théologiens, comme ce fut aussi celui des saints Pires. Cf. S. Basile, In Ps. vii, "). /'. G., t. xxix, col. 238 sq. ; S. Jérôme, ('.'mira Jovinianum, I. II, n. 25, /'. /, ., t. x.xiii, col. 322 ; S. Augustin. Epist., ci xvii. n. i ; De liœr., n.82, /'. t., t. XXIII, col. 375 ; t. xiii, col. 15 ; Scot, In IV Sent., 1. IV. dist. XVI, q. i. a. I ; dist. I, . q, i, a, i ; s. Thomas, lu IV Sem.. I. ii, dist. XXXII, q. i. a. I ; Suarez, De angelis, I. VIII. c. v, n. 9, Opéra omnia, t. ii, p. 979 ; Salmanticenses, Cursus théologiens, tr. XIII, De vitiis ei peccatis, disp. XVIII, dub. i, g >, n. 7-10 ; §3, n. 1022. I. viii. p. ii il lus

VI. La peine du dam EN PURGATOIRE.

Les âmes du purgatoire souffrent-elles la peine du dam ? Si le mot dam es) pris dans son sens rigoureux et absolu, entant qu’il signifie l’exclusion définitive de la vie éternelle, la perte irrémédiable de la béatitude suprême, il ne

s’applique pas évidemment a l'état des i s, retenues

en purgatoire. La peine du dam, en effet, est encourue par le pécheur, parce qu’il O’si détourné de Dieu et a -i fin dernière dans la créature. Or, cette aversion à l'égard de Dieu n’existe pas dans les âmes imites du itoire. i n grand nombre d’entre elles n’ont commis que des péchés véniels qni ne les détournent pas de Dieu, mais s, , , ii simplement un obstacle dans leur marche vers lui. Quant anx autres qui eurent le malheur i. pécher mortellement, elles s, - sont repenties durant leur vie terrestre, et, par con i quent, convertie ! > Dieu et retourm ilm. La peine du dam nsaurait di en aucun I - on leur être infll

Mal », i par dam, on entend simplement le retard apporté.i la vision béatiflque ci a la pos et Ion di Dlen, l' - Imes du purgatoire j sont. ertainemenl

mises, et cette peine est pour elles extrêmement douloureuse. Cf. Suarez, De angelis, l. VIII, c. xiv, n. 14 ; De purgalorio, disp. XLVI, sect. i, n. 2, Opéra omnia, t. ii, p. 1038 ; t. xxii, p. 903. Vu sa nature néanmoins, elle ne se rapporte pas à la peine du sens, mais à celle du dam. Elle peut donc, et doit être appelée pœna damni secundum quid. C’est aussi à la peine du dam que saint Thomas la ramène. In IV Sent., I. IV, dist. XX, q. i, a. 2 ; dist. XXI, q. I, a. 1, q. in. D’après les théologiens, la peine du dam absolu est donc la privation perpétuelle de la béatitude suprême, et le dam relatif est le retard apporté à la jouissance de ce bien infini, à partir du moment où, suivant l’ordre de la providence, on devient apte à le posséder, et où l’on devrait en jouir. C’est au moment où l'âme se sépare de son corps, que, dégagée des liens terrestres, et inaccessible aux impressions des sens, l'âme sent s'éveiller en elle cette faim dévorante et cette soif de bonheur, qui, par une tendance irrésistible, la porte impétueusement vers Dieu, seul capable de la satisfaire et de la rassasier. Tant que l'âme n’entre pas en possession du bien souverain après lequel elle soupire de toutes les puissances de son être, elle subit une torture à laquelle tous les maux de la terre ne sauraient, en aucune façon, être comparés. Cf. S. Thomas, In IV Sent., l. IV, dist. XXI, q. i, a. 1, q. ni. La vision béatifique est un si grand bien, dit Suarez, que la posséder un seul jour, ou même une seule heure, cause un bonheur dépassant infiniment la joie que procurerait la possession simultanée de tous les biens de la terre, pendant une longue existence. La vision béatifique, accordée pendant quelques instants seulement, serait une récompense surabondante, et hors de toute proportion, pour toutes les bonnes œuvres que chacun pourrait accomplir, et pour toutes les épreuves que l’on pourrait subir ici-bas. Par suite, le retard apporté à cette jouissance pour l'âme qui, séparée de son corps, a un besoin impérieux de cette béatitude infinie, cause une peine dépassant incomparablement en amertume et en souffrance tous les maux de la terre. Lésâmes du purgatoire reçoivent de Dieu les lumières qui leur font comprendre combien grand est le bien dont elles sont privées. En même temps, s’allume en elles, pour la beauté infinie qu’elles connaissent, un amour si intense qu’il leur rend Péloignement de Dieu plus pénible et plus terrible que mille morts. Cf. Suarez, De pur gatorio, disp. XLVI, sect. iii, n. 1, Opéra omnia, t. xxii, p. 917 sq. ; Bellarmin, De purgalorio, 1. II. c. x, XIV, Opéra omnia, t. ii, p. 401, 403. Leur ardent amour pour Dieu fait leur supplice. C’est non seulement une faim insatiable et une soif inextinguible de Dieu : c’est une Bèvre de Dieu, fièvre brûlante, d’une incalculable intensité, car sa grandeur se mesure à celle de l’objet dont la privation les torture. C’est une douleur d’un autre ordre que toutes celles de la terre : douleur transcendante, comme est transcendant leur état d'âmes séparées du corps, état dont nous n’avons actuellement ni l’expérience personnelle, ni même l’idi’e, et qui leur donne la Faculté ><' souffrir d’une manière toute différente de cille dont on souffre en ce monde. Cf. Mb* Cay, De la ne ri tirs vertus chrétiennes ronsidérées dans l'étal religieux, c. xvii. De l’Eglise consicomme objet dû la charité, Il’partie, De l'église touffrante, 2 in-8°, Paris, 1874, t. H, p 663 568 ; Moi bré, Exposition du dogme catholique, xi ur conféitoire, m 8. Paris, 1889, p. 23 sq. Pour cire passible de cette peine du dam relatif, ou tecundum quid, il n’est pas néci di toui m

di Dieu pai li péché mortel, cm pour le dam

al. s, , lu ; mais il suffit de tOUl obstacle qui se ili>

entre l'âme avide de Dieu et Dieu lm mémi. < I obatacle à l'élan de l'âme vers Dieu qui l’attire avec tant i.- forci i est le pi i hé rénii I, ou la peine due encore