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DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

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tiens. Puis, Origène se moque agréablement des larmes de ces anges. Les larmes sont salées et les eaux chaudes sont douces, l’audra-t-il admettre que ces anges versent des larmes douces ? N. 54, 55, col. 1268, 1269.

Quelques esprits sont liés pour des siècles à certains édifices ou à certains lieux soit par l’effet de la magie, soit à cause de leurs vices. L. VII, n. 5, col. 1428. Les démons commettent des fautes. Ils ont dévié de la voie qui conduit au bien, et se sont éloignés de Dieu. La magie cherche à empêcher leurs mauvaises actions. L. VII, n. 68, 69, col. 1517. Les anges devenus vicieux sont les anges du diable. Entre eux et les démons, il n’v a point de différence : ils sont tous mauvais. Celse prétendait à tort qu’ils sont les anges de Dieu. Qu’on prouve, si on le peut, qu’ils diffèrent des démons ! Dieu n’est pas leur prince ; selon les Écritures, leur prince est Beelzébub. Il ne faut pas se fier aux démons ; il faut mourir plutôt que de leur offrir des sacrifices. Us ne sont pas bienveillants pour les chrétiens ; les anges veillent pour qu’ils ne leur nuisent pas. L. VIII, n. 2527, col. 1553 sq. Les maux de la terre sont produits par eux, n. 31, col. 1564. L’âme d’un enfant païen est, dès la naissance, sous l’empire d’un démon. Il y a beaucoup de démons sur terre. Us ont pouvoir sur les méchants, mais pas sur les chrétiens, armés de l’armure de Dieu, n. 34, col. 1568-1569. Ils sont vaincus par les martyrs, n. 44, col. 1581.

Satan avait été nommé par Celse. L. VI, n. 42, col. 1360. Origène expose par suite ce qu’il pense de lui. C’est le mauvais, qui a été chassé du ciel, le serpent tentateur, Azazel, figuré par le bouc émissaire, Bélial, le prince de Tyr et le roi de Babylone. Son nom signifie adversaire ; il est l’adversaire du Fils de Dieu, n. 43, 44, col. 1364-1368.

Dans ses autres écrits, Origène parle encore, mais en passant, de Satan et des anges déchus. Le dragon a été créé avant l’homme. In Joa., tom. i, n. 17, P. G., t. xiv, col. 52. Il n’a pas été créé mauvais, lbid., tom. xii, n. 7, col. 136. Il a résisté à Dieu. Dan., x, 13. Il a abandonné son état, où il était sans tache et dans lequel il aurait persévéré, s’il l’eût voulu. In Episl. ad Philem., ibid., col. 1306. S’il est dit le prince de ce monde, ce n’est pas qu’il ait créé le monde ; c’est que dans le monde il y a beaucoup de pécheurs. Aussi est-il le prince, le diable de la malice et de toute iniquité. Sa faute a été un péché d’orgueil ; il s’est élevé dans les cieux et a voulu être semblable au Très-Haut. Origène, qui ne lui avait pas appliqué expressément les paroles du prince de Tyr, dans le De principiis, les met ici formellement dans sa bouche. In Num., homil. xii, n. 4, P. G., t. xii, col. 664, 665. Pécheur depuis le commencement du monde, il ne subit ni feu ni tourment en ce monde. Selecta in Exod., ibid., col. 292. A la fin de notre vie, le prince du siècle est comme un puhlicain, qui recherche ce qui lui revient en nous. In Luc, homil. xxiii, P. G., t. xiii, col. 1862. Les démons sont de la même nature que les anges ; la seule différence entre eux est celle qui existe entre un œil sain et un œil perdu. In Joa., tom. xii, n. 20, P. G., t. xiv, col. 625. Ils sont princes pour la ruine, sont exécrables, et on les invoque pour le mal, parce qu’ils sont mauvais, par prévarication toutefois et non par nature. ]n Eœod., homil. viii, n. 2, P. G., t. xii, col. 352. Ils ont encore leur libre arbitre, et il est nécessaire qu’ils l’aient, afin que les chrétiens puissent être éprouvés par leurs attaques. In Num., homil. xiii, n. 5-7, ibid., col. 673-675. Ils tendaient dos pièges à tous. In Mattli., tom. XV, n. 5, P. G., t. xiii, col. 1269. Origène pense cependant que quelques anges déchus, frappés de la puissance et de la divinité de Jésus, ont recouru à lui et l’ont prié en leur faveur. In Joa., tom. xiii, n. 58, P. G., t. xiv, col.512. Mais les démons se faisaient généralement passer pour les faux dieux du paganisme. In Exod., homil. vi, n.5.

P. (’., t. xii, col. 335. Ils restent auprès des idoles, car ils ne sont pas encore jugés. Leur unique punition consiste à voir les idolâtres se convertir au christianisme, et les chrétiens qu’ils tentent pratiquer la vertu. /// Num., homil. xxvin. n. 8, ibid., col. 789. 790. Le lieu qu’ils occupent est l’air épais qui entoure la terre. Quelques-uns croient qu’ils ont besoin d’aliments. Origène pense qu’ils se repaissent de l’odeur des sacrifices. Ex/iorlatio ad martyr., n. 45, P. (’, ., t. xi. col. 621, 624. Cf. Cont. Celsum, l. III, n. 28, 36 ; l. IV, n. M ; l. VII, n. 5, 6. 35, 56, 64 ; I. VIII, n. 60. 61, ibid., col. 956, 965, 1070, 1428, 1429, 1489, 1501, 1512, 1608, 1609. Voir Iluet, Origeniana, I. II, c. ii, q. v, n. 30, P. G., t. xvii, col. 892-893. Les démons ne sont pas punis en ce inonde ; les supplices leur sont réservés pour l’avenir. In Exod., homil. ix, n. 6, P. G., t. xii, col. 359-360. Us périront et leur empire sera détruit, quand nos corps ressusciteront à la vie. ln t ibrum Jesu Nare, homil. viii, n. 4, col. 866-867 ; In Mat th., tom. xiii. n.9, P. G., t. xiii, col. 1116-1120. Il n’est pas permis d’adjurer les démons ; c’est une coutume judaïque. In Matlh. comment, séries, n. 110, ibid., col. 1269.

Jules l’Africain.

Ce contemporain d’Origène, dans un fragment de sa Clironograpliia, qui nous a été conservé par Georges le Syncelle, a donné une interprétation, qu’Origène n’avait pas su trouver, des fils de Dieu de Gen., VI, 2. Son texte contenait la leçon : ayye).oi to0 ÔsoO ; mais il lisait dans quelques manuscrits : -jio’t to0 6eov. Par ces fils de Dieu, il entendait les fils de Seth, ainsi nommés, parce que leur race n’a donné jusqu’à Jésus-Christ que des justes. Les filles des hommes étaient de la race de Caïn, si éloignée de Dieu et si dépravée. Il ajoutait toutefois que les « anges de Dieu », si on gardait cette leçon, ne pouvaient être que les mauvais anges, qui apprirent aux femmes le mouvement des astres, les nombres, les choses élevées et les arts, et qui furent les pères des géants, ensevelis par le déluge. P. G., t. x, col. 65. Sa première interprétation devait peu à peu faire disparaître la seconde.

10° Celle-ci pourtant avait pénétré jusqu’en Syrie, et Bardesane écrivait dans Le livre des lois du pays : « Nous comprenons que si les anges n’avaient pas eu aussi le libre arbitre, ils n’auraient pas eu commerce avec les filles des hommes, n’auraient pas péché et ne seraient pas tombés de leur place. » F. Nau, Bardesane l’astrologue, Paris, 1899, p. 31. — Les apocryphes clémentins, dont les sources sont syriennes et dont la rédaction n’est que du iiie siècle, voir t. iii, col. 213, connaissent la faute charnelle des anges qu’ils rattachent très explicitement au déluge. Dans les Récognitions, iv, 26, 27, P. G., t. i, col. 1325-1326, on attribue à ces anges déchus l’origine de l’idolâtrie, la connaissance des arts, la magie et la perversité humaine, qui a été punie par le déluge. Dans les Homélies, viii. 1219, P. G., t. ii, col. 232-237, on nous apprend que les esprits, qui vivent dans l’air, ne peuvent plus remonter au ciel. Ils enseignèrent aux hommes les arls et l’ornementation. Les géants, qu’ils engendrèrent, sont des anges inférieurs, qui mangent du sang. Ils furent lespremiers à manger de la chair, et leurs crimes furent la cause morale du déluge. — Dans les Actes de saint Thomas, œuvre gnostique du i IIe siècle, l’union des anges avec les femmes est aussi rapportée. Tischendorf, A et a apostolorum apocrypha, Leipzig. 1851, p. 218 ; M. Bonnet, Acta Philippi et Acta Thomse, 30, Leipzig. 1903, p. 149. — Zosime de Panopolis racontait aussi la. chute des anges et la révélation des secrets aux femmes d’après les Écritures anciennes et divines, c’est-à-dire d’après le livre d’Hénoch et le récit de la Genèse. Fragment cité par Georges le Syncelle, Gltronograpliia^ édit. Dindorꝟ. 1829, t. i. p. 24.

If 1 Le plus ancien commentateur latin de l’Apocalypse, dont l’ouvrage nous soit parvenu et qui est de la