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DÉMON D’APRÈS LES PÈRES

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nés in Episi. Judée, P.’.'., t. îx, col. 732. Clément est en cela tributaire tin livre d’Ilénoch. Les anges sont tombés à cause de la faiblesse de leur volonté. Simm., VII, c. vii, col. 465. Les philosophesontappelé le diable le prince des démons. Strom., V, c. xiv, col. 136. Si les démons sont des dieux, chaque ville a les siens. Coh. ad Grsecos, c. ii, P. G., t. viii, col. 121. Saint Paul a dit qu’il fallait s’abstenir des viandes immolées, parce qu’elles sont offertes aux démons. Psed., l. II, c. I, col. 392. On a cru que les Ames des morts étaient des démons. Strom., VI, c. ni, P. G., t. ix, col. 249. Le feu éternel est préparé au diable et à ses anges. Coh. ad Grœcos, c. ix, P. G., t. viii, col. 193. Quand nous sommes délivrés du péché, nous sommes séparés de la conversation du diable. Ilml. Barnabe, qu’il cite, a bien dit que les pécheurs font les œuvres du diable, mais il n’a pas dit que les esprits habitent dans l’âme du pécheur. Strom., II, c. xx, col. 1060. Les pestes, les grêles, les tempêtes et choses semblables ne viennent pas seulement de troubles matériels ; ils sont produits habituellement par les mauvais anges. Strom., VI, c. ni, P. G., t. ix, col. 248. Voir t. i, col. 1196 ; t. iii, col. 156, 187. Si les Eclogse prophéties ; sont de Clément, il y dit que les démons avaient cru que Salomon était le Messie. Quand ils l’ont vu pécher, ils ont su clairement qu’il ne l’était pas. Les démons savaient tous que le Messie devait ressusciter des morts. Hénoch dit aussi que les anges transgresseurs ont appris aux hommes l’astronomie, la divination et les autres arts, 53, P. G., t. ix, col. 724.

L’Église d’Afrique.

De Carthage, nous avons les écrits de Tertullien et de saint Cyprien.

Selon Tertullien, l’existence de substances spirituelles ou démons a été admise par les philosophes. Socrate avait eu dès l’enfance un démon familier, Platon n’a pas nié l’existence des démons. Les poètes en parlent et le peuple, par ses imprécations, maudit Satan. Mais il y a deux catégories d’anges corrompus : l’une, plus corrompue, dont l’Écriture nomme le prince et dont l’activité est entièrement employée à la perte des hommes, et l’autre, qui est moins corrompue et qui est née d’eux. Les magiciens ont recoursauxdémonsqui rendent des oracles et sont adorés dans les dieux du paganisme. Apaloget., 22, 23, P. L., t. i, col. 404-416. Les génies sont aussi des démons. Ibid., 32, col. 447448. Cf. De anima, 39, P. L., t. ii, col. 718. Du reste, l’existence des démons est sentie par l’âme en raison des maux qu’ils produisent. On maudit Satan ; on l’appelle ange de malice, ouvrier d’erreur, celui qui a jeté le trouble dans le monde. A l’origine, en effet, l’homme a été trompé par lui et condamné à mourir en punition de la désobéissance que Satan lui a fait faire. De testimonio animai, 3, P. L., t. I, col. 612-613. Le diable n’est pas toutefois le créateur du monde, comme le prétendait Marcion ; c’est un archange menteur. Adv. Marcion., l. V, c. xviii, P. L., t. ii, col. 518-519. D’autre part, Dieu n’est pas le créateur du diable. Dieu a fait un ange ; il n’a pas fait le diable. Celui-ci s’est fait lui-même, en s’éloignant de Dieu. Par malice, il a menti et a trompé l’homme ; il a diffamé Dieu. Satan est un archange, le plus élevé des anges et le plus sage de tous, c’est le prince de Tyr, Ezech., XXVIII, 12, tombé du ciel ; il est l’auteur du péché ; mais il est puni par le moyen des hommes qu’il a vaincus. Il a lésé l’homme, et ex illo deliquit, ex quo deliclum semitiavil. Sa faute semblerait avoir existé du jour où il a fait pécher l’homme. Ibid., I. II, c. x, col. 296-297. Tout a été changé par le diable. De corona, 6, ibid., col. 84. Si Dieu est optimus, le diable est pessimus ; tout le mal vient de lui. Le mal a son origine dans l’impatience du diable : il supporta impatiemment que Dieu ait lait l’homme à son image ; il en conçut de la douleur, de l’envie, et il a trompé l’homme. Tertullien

ne veut pas rechercher s’il a élé mauvais avant d’être impatient, ou s’il a été mauvais et impatient simultanément ou séparément. Ce qui est certain, c’est qu’il a péché le premier et qu’il a profité de son expérience pour faire pécher l’homme. De patientia, ">. l’.L., t. i, col. 1256-1257. Aussi Tertullien appelle-t-il le diable semulus, le jaloux. De psenilenlia, .">. ibid., col. 1235 ; De anima, 20, P. L., t. ii, col. 683. Il le dit : Noster i>b divortium semulus et ob Dei gratiam iniidus. Il fait persécuter les chrétiens par les païens ; mais il est soumis aux chrétiens. Apologet., 27, P. L., t. i, col. 135. La persécution vient du diable, mais par la permission de Dieu, pour éprouver les chrétiens. De fuga, 2, P. L., t. ii, col. 104-106. Il a envié Notre-Seigneur et l’a tenté. De patientia, 16, P. L., t. i, col. 1285-1287. Les hérésies viennent du diable. De prsescript., 40, P. L., t. n. col. 54-55. Satan se change parfois en ange de lumière, Adv. Marcion., l. V, c. XII, ibid., col. 502 ; mais, alors même, il ne perd pas sa nature corrompue. De resurrectione, 55, ibid., col. 677.

C’est au livre d’Hénoch, qu’il tient pour canonique, que Tertullien emprunte le récit de la chute des anges. Ils se sont précipités du ciel sur les filles des hommes. Pour leur donner la beauté qu’elles n’avaient pas, ils leur révélèrent les secrels de la nature, l’art de la parure, les autres arts et l’astrologie. Nous les jugerons ; nous renonçons à eux, au baptême. Ils ont abandonné le ciel pour contracter un mariage charnel. De cultu fœminarum, l. I, 2-4, P. L., t. I, col. 1305-1308. Ils ont été condamnés par Dieu pour cette faute. Ibid., l. II, 10, col. 1328. Ces desertores Dei, amalores fxminarum, furent proditores hujus curiosilatis (l’astrologie). D’eux vient aussi l’idolâtrie. C’est pourquoi ils ont été condamnés. Le ciel est interdit aux mathématiciens comme à leurs anges : la même peine d’exil est appliquée aux maîtres et aux disciples. De idololatria, 9, ibid., col. 671. Les femmes doivent être voilées pmpter angelos, a dit saint Paul, I Cor., xi, 8, 10. parce que angeli propter filias hominum desciverunt a Dec. Ici, Tertullien se réfère au texte de la Genèse, vi, 2, et de l’expression : « filles des hommes >. il conclut que les anges aimèrent des filles vierges, encore chez leurs parents, et des veuves, mais pas des femmes mariées. De oratione, 22, ibid., col. 1186-1187 ; De virginibus velandis, 7, P. L., t. ii, col. 899. Voir t. i, col. 11951196.

Satan et ses anges ont rempli le siècle : il y a des idoles partout. Vénus et Bacchus sont deux démons. Les démons sont dans les idoles, dans les théâtres, au cirque, qui sont les pompes du diable. De spectacuUs. 7, 8, 10, 12, 26, P. L., t. i, col. 639, 640, 643, 645, 657. Dans le paganisme et le mithriacisme. ils ont imité le christianisme. De prsescript., 40, P. L., t. ii, col. ôi. De corona, 15, ibid., col. 102 ; Ad uxorem, l. I, 6. 7. P. L., t. i, col. 1284. Les songes viennent souvent des démons. De anima, 47, P. L., t. il, col. 731-732. Presque en chaque homme il y a un démon ; aussi faut-il recourir aux exorcismes pour échapper à son inlluence. Les démons sont auteurs des prestiges des magiciens. Ibid., 57, col. 748-750. Cf. A. d’Alès, Lu théologie de Tertullien, Paris. 1905, p. 151, 156-161 ; , 1. Tunnel, Tertullien, Paris, 1905, p. 123, 182-185, 188-189, 238-240.

Saint Cyprien a, sur la chute de Satan et des anges, les mêmes idées que Tertullien. Il faut toujours être prêt à repousser les tromperies du diable et à lutler contre lui. Le diable est trompeur par envie. L’exemple de nos premiers parents le montre, lnter initia slalini mundus et periit primus et perdidit. llle angelica majestale subnixus, ille cselo acceptas erat et chants, poslquam hominem ad imaginem Deifaclum conspexit, in zelum nialivolo lirore prorupit, non prius alterum dejiciens instinctu : e10 quam ipse : elo