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DEMON D’APRÈS LES PÈRES

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devant la tradition et devant In critique, Paris, 1905, p. 57-63. Celle opinion fait partie d’un système d’explication des symboles de l’Apocalypse, dont la réfutation ne serait pas à sa place ici. Disons seulement qu’entre l’Apocalypse et le mythe cosmologique babylonien, « il n’j a guère de commun que l’idée du combat. Ce ne sont pas des dieux que saint Jean nous montre en guerre les uns contre les autres, mais des anges et de pures créatures, et il n’entre dans aucun des détails que décrit longuement le poète chaldéen. » F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. i, p. 227. L’origine babylonienne du dragon n’est pas démontrée et les symboles de l’Apocalypse, notamment ceux duc. xii, sont plutôt d’origine juive. Les Septante avaient traduit par dragon plusieurs passages de l’Ancien Testament, où il est question du serpent. Exod., vii, 12 ; Deut., xxxii, 33 ; II Esd., il, 13 ; Ps. xci (xc), 15 ; Jer., lx, 31 ; Dan., xiv, 22, 27. Bousset, Die Oflenbarung Johannis, 2e édit., Gœttingue, 1896, p. 408413 ; Swete, The Apocalypse of St. John, Londres, 1906, p. 147-155. La démonologie de l’Apocalypse ne diffère pas, pour le fond, de celle de l’Ancien Testament ; elle est appliquée seulement aux destinées futures de l’Eglise, telles que les prévoit et les prédit le voyant de Patmos. Cf. Swete, op. cit., p. clxv-clxvi.

E. Haag, Théologie biblique, Paris, 1870, p. 346-347, 356, 415417, 460-462, 502-506 ; Ed. Stapfer, Les idées religieuses en Palestine ii l’époque de Jésus-Christ. 2’édit., Paris, 1878, p. 67-80 ; Smith, Dictionary of the Bible, 2e édit., Londres, 1893, art. Démon, Devil, t. I, p. 750-751, 779 ; art. Satan, t.JUI, p. 1143-1149 ; Schenkel, Bibellexikon, art. Satan und Dàmonen, t. v, p. 185191 ; Lindsay, Cyclopsedia of biblical literature, art. Démon, Satan, t. I, p. 659-661 ; t. iii, p. 773-777 ; Kirchenlexikon, art. Teufel, 2’édit., t. xi, col. 1439-1445 ; Hauck, Healencyclopàdie fiir protestantische Theologie und Kirche, art. Dàmonen, Teufel. t. iv, p. 408-410 ; t. xix, p. 564-574 ; Hastings, Dictionary of the Bible, art. Devil, Satan, t. ii, p. 590-594 ; t. IV, p. 407-412 ; Cheyne, Encyclopxdia biblica, art. Démon, Satan, t. I, col. 1069-1074 ; t. iv, col. 4296-4300 ; J. Schwane, Histoire des dogmes, trad. Degcrt, Paris, 1903, t. i, p. xviii-xxi ; H. Dulitn, Die bôsen Geister im A. T.. Tubingue, 1904 ; Hastings, Dictionary of the Christ and the Gospels, Edimbourg, 1906, t. i, p. 438-443 ; Œsterley, The Demonology in the Old Testament, dans Expositor, avril et juin 1907, p. 316-332, 527544 ; août 1907, p. 132-151 ; M. Hagen, Lexicon biblicum, art. Dæmones. Draco, Paris, 1907, t. ii, p. 3-10, 114-115 ; M. Hetzenauer, Theologia biblica, Fribourg-en-Brisçau, 1908, t. i, p. 560-574.

E. Mangenot.

II. DÉMON D’APRÈS LES PÈRES.

Les réflexions que M. Bareille a faites au début de son article : Angélologie d’après les Pères, t. i, col. 1192-1193, peuvent être répétées ici. Les Pères n’ont parlé des démons qu’en passant et n’ont publié aucun traité ex professo à leur sujet. Ils ont, d’ailleurs, présenté souvent des opinions divergentes, et parfois erronées, parce que l’Ecriture et la tradition ne leur fournissaient pas d’enseignement fixe sur la plupart des points qui constituent la démonologie. Beaucoup ont subi l’influence des écrits apocryphes, en particulier du livre d’Ilénoch. Aussi plusieurs sentiments, qui semblaient avoir d’abord prévalu sur les démons, ont-ils disparu à une étude plus attentive de la nature des anges déchus selon l’Ëcriture. — I. Dans les trois premiers siècles. II. Du ive au vie siècle. III. Du vie au xie siècle.

I. Dans les trois premiers siècles.

Les Pères apostoliques.

Ils ne disent à peu près rien sur la nature des démons. Ils parlent du diable, de Satan et doses anges, mais seulement dans un but pratique pour tenir les chrétiens en garde contre leur pernicieuse inlluence. L’Epitre dite de Barnabe, parlant des deux voies, met les anges de Dieu à la tête de celle du bien et les anges de Satan à la tête de celle du mal. Si Dieu est le Seigneur des siècles, Satan est le prince du temps présent, qui est un temps d’iniquité, xviii. Funk, Patres aposlolici, 2— édit., Tubingue, 1901, t. i. p. 90. Ses lecteurs, qu’on croit être des Juifs convertis, étaient, avant leur conversion, un temple où régnait 1 idolâtrie, et la maison des démons, parce qu’ils faisaient ce qui était contraire à Dieu, xvi, 7, p. 88. Saint Ignace met les Tralliens en garde contre les embûches du diable. AdTrall., viii, 1, p. 248. Selon lui, le chrétien qui honore l’évéque est honoré par Dieu ; celui qui secrètement agit contre l’évéque sert le diable. Ad Smyrn., ix, 1. p. 282. Dans les rapports avec le prochain, il faut imiter la bénignité de Xotre-Seigneur, pour qu’a aucune herbe du diable ne se trouve » en nous. AdEph., x, 3, p. 222. Quand les fidèles sont réunis nombreux pour louer Dieu, les puissances de Satan sont sans force, et l’accord des chrétiens dans la foi fait disparaître le mal que Satan apporte. Ibid., XIII, 1, p. 224. Ignace ne redoute par les durs tourments du diable, c’est-à-dire les persécutions des méchants, pourvu qu’il soit uni à Jésus-Christ. Ad Rom., v, 3, p. 258. Satan apparaît donc comme l’adversaire de Dieu et des chrétiens, et celui qui porle au mal et fait le mal. Parlant des docètes, l’évéque d’Antioche semble dire qu’après leur mort, quand ils seront sortis de leurs corps et devenus comme des démons, ils n’auront pas part à la résurrection glorieuse du Christ. Ad Smyrn., Il, p. 276. Il tient donc les démons comme incorporels. Cf. ibid., iii, 2. L’auteur de la 11* ad Cor., xviii, 2, p. 208, craint le jugement des impies, parce qu’il est pécheur, qu’il n’a pas encore fui toutes les tentations et qu’il est çncore au milieu des organes du diable. Le diable est donc pour lui l’esprit tentateur, qui pousse au mal. Hermas, dans le Pasteur, Mand., VII, i, 2, 3, p. 490, recommande de ne pas craindre le diable ; celui qui craint le Seigneur dominera le diable, qui n’a aucun pouvoir sur lui. Mais il faut craindre les œuvres du diable, qui sont mauvaises. Celui qui craint le Seigneur craint les œuvres du diable ; il ne les accomplit pas, mais s’en abstient. Ailleurs, rîermas dit que ceux qui marchent dans les commandements du diable doivent se convertir, parce que ces commandements sont difficiles, amers, durs et impurs. Il répète que les chrétiens n’ont pas à craindre le diable, qui n’a sur eux aucun pouvoir. Le diable veut faire peur, mais la peur qu’il inspire est vaine. Si on ne le craint pas, il s’éloigne. Mand., XII. iv, 6, 7, p. 51 1, 516. Le diable est dur pour ceux qui lui obéissent et il les opprime. Mais il ne peut dominer les serviteurs de Dieu. Il peut les attaquer, mais pas les vaincre. Si on lui résiste, il fuit vaincu et confus. Ils sont vains ceux qui le craignent comme s’il était puissant. Le diable tente les serviteurs de Dieu. Ceux qui ont une foi pleine lui résistent fortement, et il s’éloigne d’eux, n’ayant plus de piace par où entrer. Il va alors vers ceux qui sont vains, il trouve un en"droit par où entrer, et il fait en eux ce qu’il veut, et ils deviennent ses esclaves. C’est pourquoi l’ange de la pénitence recommande de nouveau de ne pas craindre le diable. Dieu apardonné aux coupables repentants, et les menaces du diable ne sont pas à redouter ; il est sans force comme les nerfs d’un homme mort. Mand., XII, v, 1-i ; vi, 1, 2, p. 516, 518. Tous ceux qui ont lutté avec le diable et l’ont vaincu seront couronn*’> : ce sont ceux qui ont souffert pour la loi. Sim., VIII, ni, 6, p. 562. Ces considérations morales nous présentent le diable comme l’adversaire et le tentateur des chrétiens, mais un adversaire qu’ils peuvent vaincre et qui n’a de pouvoir que sur ceux qui font ses œuvres.

Les Pères apologistes.

Tandis que les Pères apostoliques ne font guère que signaler l’existence du diable et son rôle de tentateur à l’égard des hommes, et demeurent ainsi dans la ligne des Evangiles, les Pères apologistes traitent explicitement de la nature des anyes déchus et de leur chute ; mais ils subissent