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DEMOCRATIE


s’est offerte à la sollicitude de l'Église. N’est-elle pas, par son principe même, la mère de tous les petits, la protectrice des opprimés ? Après avoir détruit l’esclavage antique et le servage féodal, l'Église doit encore améliorer le sort de l’ouvrier moderne. » Isaac Pereire, La question religieuse, Paris, 1878, cité par LeroyBeaulieu, La papauté, le socialisme et la démocratie, p. 8, 9. Aussi, quand Léon XIII eut répondu à ces aspirations par l’encyclique De condilione opificum, un observateur, étranger à la foi, mais clairvoyant, reconnut là un contact délibéré avec le monde nouveau du travail et de l’industrie, un contact nouveau lui-même, bien que conforme aux traditions constantes de l'Église. Spuller, L'évolution politique et sociale de l’Eglise, Paris, 1893, p. 10't, 119, 159, 162, 164, 170. Conformément à la justice et à la cbarité cbréliennes, le pontife blâmait l’individualisme de la Révolution, qui « avait détruit, sans rien leur substituer, les corporations anciennes », et, de la sorte, « livré à la merci de maîtres inhumainet à la cupidité d’une concurrence effrénée, les ouvriers isolés et sans défense. »

En regard de cette « misère imméritée », Léon XIII considère la puissance des spéculateurs qui accaparent les affaires, la concentration des entreprises et des marchés aux mains d’un petit nombre de riches et d’opulents, « qui imposent un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires. »

L'état de la question ainsi posé, l’encyclique se divise en quatre parties : 1° l’action des socialistes ; 2° l’action de l'Église, § Confidente)' ad argumentum aggredimus ; 'à" l’action de l'État, § Jam vero quota pars rem eilu. l « l’action des patrons et des ouvriers, § Postrcmo domini ipsique opifices.

I" L’action des socialistes vise toute à organiser la propriété collective du sol et des moyens de travail. Elle a n’aurait d’autre effet que de rendre la situation des ouvriers plus précaire, en leur retirant la libre disposition de leur salaire et en leur enlevant par le fait même tout espoir d’améliorer leur situation. » Donc, solution nuisible. De plus, injuste : l’individu serait lésé dans son droit naturel de posséder par lui-même les moyens qu’il prévoit nécessaires à sa vie, et les fruits du travail qu’il entreprend à ses lins, t Et qu’on n’en appelle pas à la providence de l'État, car l'État est postérieur à l’homme, et avant qu’il put se former, l’homme déjà avait reçu de la nature le droit de vivre el de protéger son existence, i A ce propos, réfutation occasionnelle de la nalionalisation du sol. De ce que Dieu donna la l are humain, il ne s’ensuit pas qu’il la livra à celui-ci comme à l’unique propre collectif, mais simplement qu’il laissa la délimitation des divers lypes de propriété à l’industrie humaine et aux institutions des peuples Déplus, le travail de défrichement, de culture et d amélioration incorpore à la terre uni fécondité el une plus-value telle ni Inhérentes à elle qu’on ne -aurait en jouir sans poc la terre elle-même. Injuste encore pour la famille, la doctrine socialiste, rar elle ôte à son chef le moyen d'éli ver Bes lilet de leur constituer un patrimoine. Léon Mil. a ce propos, revendique fortement l’autonomie de la famille dans il lat, el la supériorité d< droits dans la iphère de sa On propre et immédiate, pour le choix et l usage de toul ce que veulent sa conn indépi ndance. g Quod igitur démonêtravimut Injuste enfin pour la iliste ami ni rail m le us. et insupportable

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D’où Léon lil conclut que le premier fondement A i />/ ! 1 euleni euple, <', % ! l’inviolabilité de

Toute la critique du socialisme par l’encyclique tend à l'établissement de ce principe, qui est la contradictoire du principe socialiste, malgré les atténuations de prudence et de politique apportées à ce dernier par les maîtres du socialisme. Voir Communisme, t. iii, col. 592, 593.

2° L’action de l’Eglise, continue Léon XIII, enseigne d’abord le respect des inégalités de condition qui sont le résultat naturel des différences de talent, d’habileté, de force, et qui tournent au bien de tous, en diversifiant les fonctions à mesure des aptitudes. C’est la réprobation par l'Église des abus de la tendance égalitairc. En dehors même des catholiques, cette réprobation se rencontre également vigoureuse. Prins fait consister « l’utopie égalitaire » dans la « tendance à l'égalité des conditions. » De l’esprit du gouvernement démocratique, p. 7. Bougie observe qu’on ne saurait considérer l'égalité naturelle des hommes sans tenir compte de la valeur individuelle des personnes, si différentes de qualités et de mérites. Les idées égalitaires, Paris, 1901, p. 22, 27. Bryce décrit le respect des notoriétés et des valeurs individuelles qui s’allie toujours chez les Américains au sentiment très vif de l'égalité naturelle, civile et politique. La République américaine, t. iv, p. 522, 539. C’est donc un fait de nature et un principe de juste différenciation, que Léon XIII maintient dans l’ordre social, contre les excès de l'égalitarisme.

Il prémunit aussi le peuple contre l’espérance fallacieuse de posséder un paradis terrestre sans douleur ni travail et contre le principe antisocial de la lutte des classes., -* Illud ilaque slatuatur primo loco ; $ Est illud in caussa, de qua dicimus. Cf. Léon Poinsard, La guerre des classes peut-elle être évitée ?

L'Église, au contraire de ce faux principe, rapproche les classes en leur prêchant à chacune la justice dans son élat : à l’ouvrier, de fournir intégralement et fidèlement tout le travail auquel il s’est engagé par contrat libre et juste ; de ne point léser son patron dans ses biens et dans sa personne ; de ne point soutenir ses revendications avec violence et par l'émeute ; de fuir les discoureurs artificieux qui le corrompent avec des espérances exagérées et des promesses irréalisables. Aux patrons, de respecter la dignité de l’homme et du chrétien dans l’ouvrier, d’honorer le travail comme un noble moyen de sustenter sa vie ; de payer le salaire intégralement et fidèlement, et un juste salaire ; de respecter et de favoriser l'épargne du pauvre.

L'Église veut mémo rapprocher les classes jusqu'à une certaine amitié. § Sed Ecclesia tamen. La base chrétienne de cet intime rapprochement consiste danle sens vrai de la vie, qui montre le danger de la richesse pour la vie éternelle, et l’essentielle nécessite de bien se préparer à celle-ci par le bon usage, soit de la pausoit de la richesse. Avec ce sens chrétien de la ie, les riches distinguent aisément entre leur droit de -ion, qui est personnel, et leur droit d’usage, qui se limite personnellement au nécessaire et au convenable. Ils doivent leur superflu aux pauvres, à litre de charité' fraternelle. Léon Mil cite à ce propos saint Thomas, Sum. theol., II" II". q. xxxii, a. 1 ; q. i.wi, a. -. Le s. iichrétien de la vie montre également à tous

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