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DÉFAUTS

voni cachent vos vices, adoucissent vos dé buts, excusent VOS l'.Ull.

Les défauts rendent souvent insupportable celai qui les a. Ils lui attirent l’aversion et parfois même le mépris. Les imperfections ne produisent jamais nn résultat pareil. Tout au plus empêchent-elles, ou diminuent-elles l’admiration que susciteraient ses autres qualités. Sans imperfections, les personnes ou les objets sont admirables ; sans défauts, ils ne sont que ce qu’ils doivent être. L’imperfection est donc comme un diminutif du défaut.

Le vice, au contraire, en est plutôt un augmentatif. i plus qu’une privation, petite ou grande, comme le sont l’imperfection et le défaut : c’est une dépravation, un principe mauvais, capable de tout corrompre. et qui atteint l'être jusque dans ses profondeurs. Si l’on réussit, sans Irop de peine parfois, à suppléer à ce qui manque, ou à combler une lacune, il est bien autrement difficile de détruire un vice enraciné dans l’intime de l'être. Celui qui a des défauts est trop souvent insupportable j mais celui qui a des vices peut devenir dangereux. Les défauts sont plutôt dans l’esprit ; les vices, dans le cœur et dans la volonté ».

Un exemple fera mieux saisir ces différences. Le laisser-aller dans le maintien est une imperfection ; l’inégalité d’humeur, la puérilité, la timidité se rangent parmi les défauts ; la paresse, le mensonge, la luxure, la cruauté sont des vices.

Cf. S. Thomas, In IV Sent., 1. II. dist. VII, q. i ; l. IV, dist. II,

q. i, a. 1 : Sum. theol., [, q. xii, a. 4, ad 2 : q. xux.a.l ; II' II*.

q. xxxiii, a. 4, ad 3 ; Qutest. disp., I>" malo, q. XVI, a. 5 ; De

veritate, q. ix, a. 3 ; Poujol, Dictionnaire des facultés intellectuelles et affectives de l'âme, in-4° Paris, 1863, Introduction, p. 119 sq. ; I.afaye, Dictionnaire des S ; // ! édit.,

2 in-4° Paris. 1x72, l i. q. 680 sq., 763 sq.

II. Division.

Saint Thomas. Sum. theol., III », q. xiv-xv : Compendium theologise, c. ccxxxiv, indique comment les défauts sont susceptibles d'être classifiés. Il les divise en deux grandes catégories, chacune d’elles comprenant une subdivision semblable.

I. DÉFAUTS CORPORELS.

1° Affectant la nature humaine dans sa généralité, soit parce que cette nature, comme toute nature créée, est essentiellement limitée en elle-même ; soit parce qu’ils sont une suite aflliclive du péché » originel. Parmi eux. il faut signaler principalement la passibilité, c’est-à-dire l’assujettissement à la faim, à la soif, à la fatigue, aux maladies, à la mort. Ces défauts corporels, communs à tous, revêtent maintenant la forme de pénalités ; néanmoins, si, dans l'état d’innocence, l’homme en était exempt, ce n'était pas en vertu d’un privilège inhérent à sa nature, mais à cause d’un don, ou secours préternaturel, provenant de la libéralité île Dieu. Cf. s. Jean Damascène, Defide orthodoxa, . 111. c. xx. P. ff., t. xciv. cul. 1082 ; S. Thomas. Sum. theol., III', q. . a. i : Billot, De Verbo incarnâto, part. I, c. iii, § 3, Hes. xiii. m-s. Rome, 1904, p. 254 sq. 2° Affectant certains individus plutôt que d’autres.

Ces défauts corporels tiennent alors à des causes particulières ou sont la conséquence d’accidents fortuits. Par exemple : la cécité, la surdité, le mutisme, diverse » maladies, les vices de conformation et d’organisation, eie. Cf. s. Thomas, loc. cit.

ii. hi.i m / » vorai a. — On retrouve ici la même distinction que précédemment. — h Défauts moraui communs à tous 1rs hommes, soil a cause de l’imperfection essentielle de la nature humaine, soit à cause du péché originel. IIse ramènent à trois class une pour l’intelligence : l’ignorance ; deux pour la volonté : l’inclination < al. et la difficulté pour le bien.

ci', s. il a », toc cil.

in fnuis moraux affectant certains individus plutôt que d’autres. - Ces défauts moraui sont très nombreux. On n’en B pas ' ncore fail un classement lo gique. Noua indiquerons seulement ceux.pi ; - ri ncontrent le plusouvent,

1. Le manque de jugement ou de iii, , , v, », , *. _ i une véritable infirmité spirituelle, source d’une infinité de misères pour celui qui en est atteint, comme pour ceux qui l’entourent, ou qui sont obligés d’avoir de fréquents rapporta avec lui. Ce mal.

incurable. La vertu peut s’acquérir, avec des efloi

de la persévérance : le bon sens, ou le jugement, jamais.

Cf. S Chemin de la perfection, c. xiv.

2, La vanité et la suffisance. — Ceux qui ont ces défauts se rendent vile insupportables et ridicules. Aliu de s'élever au-dessus des autres, ils mettent de l’affectation en tout : paroles, actes, manier pédantisme, loin de leur attirer des éloges, provoque bmépris, et leur attire b-- traits mordants de la satire. Ils font parade de connaissances ou d’avantages qu’ils n’ont pas, et, si, par cet étalage emprunté', ils s’illusionnent eux-mêmes, ils ne trompent pas ceux qu’ils prétendent ainsi éblouir. Dans son langage imagé, saint François de Sales les appelle des « boutiques de vanité >. Entretiens spirituels, c. xvii. Œuvres pléles, 12 in-12, Paris. I<SG2, t. iii, p. 310sq.

'i. La fierté. — Ce défaut a beaucoup de relation avec le précédent ; mais il a. cependant, quelque chose de moins méprisable, car il ne va pas sans une certaine grandeur et une certaine dignité.

4. La violence et le penchant » la vengeance. — Malgré les analogies qu’ils présentent entre eux, défauts peuvent exister, l’un sans l’autre. Toute personne violente n’est pas pour cela rancunière, ou vindicative. La violence passe, parfois, comme une tempête qui accumule ruines sur ruines, mais qui ne dure pas. La rancune, ou l’esprit de vengeance, poursuit plus froidement son but. Aussi, danbien des cas. est-elle plus redoutable que la violence elle-m Celle-ci, malgré ses écarts accidentels, n’est pas incompatible avec un certain fond de bonté.

5. La dureté du cœur. — C’est une des formes les plus ordinaires de l'égoïsme. Elle rend insensible aux souffrances d’autrui, el porte même à y applaudir, comme si l’on jouissait davant n propre bonheur, en voyant des malheureux. Elle peut aller jusqu'à pousser à faire le mal, pour le seul plaisir de faire souffrir. C’est alors une sorte d’instinct mauvais, et quasi-bestial.

6. Le Irop d’empressement.

C’est une agitation fébrile dénotant un man pie d'équilibre entre les diverses facultés. L’activité n’est plus réglée par la raison, et si elle déploie de l’en -i de l’eni oiseuse. Elle se dépense en une foule d’occupations sans but sérieux et non méritoires, qui aboutissent, en somme, à une perte de temps. Souvent, en effet, on perd plu » de temps à faire des choses inutiles qu'à ne rien faire du t..ut. Cf. l’aber. Progrès de l'âme dans /il spirituelle, c. XII, in-12, Paris. 1856, p. 289-292.

7. La légèreté.

Elle est un grand obstacle a la réflexion, aux études sérieuses, a la suite dans les idées ou dans les actes, à la persévérance dans les résolutions

Elle produit l’inégalité d’humeur. Parfois, elle dégénère en étourderie et en puérilité, qui continuent, dans l’adolescence 1 1 jusque dans l'âge unir, les futilités de l’enfance. Dans les conversations, elle se manifeste par le récit d’un.' masse de dei.nl » des plus insipides, racontés en un babil interminable. Cotte inai de langage répond bien au vide de cet esprit dans lequel les l" n » ' es les plus disparate » se succèdent avec une étonnante rapidité et disparaissent de même. Ce llux de paroles n’apporte à ceux qui sont obligé » de le subir, que lassitude et ennui. Les occupations d une personne légère de caractère présentent la même empreinte générale de futilité. Quelquefois aussi, cette extrême mobilité de pensées i » l la suite morbide d’un