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DÉCRÉTALES [LES FAI 581 210

affirme que, même condamné, l’accusé* pourra, sa pénitence accomplie, rentrer dans i exercice de son miniatère ecclésiastique ou du moins bénéficier « lime translation. C’est elle encore qui l’inspire quand il exige des témoins invoqués pour confirmer une accusation contre un évéque les mômes garanties qu’on demandée un accusateur ; qu’onne tienne compte que des aveux faits librement et sur les faits personnels à celui qui avoue, tout écrit extorqué par violence ou par fraude devant être considéré comme nul ; que l’accusé ait les pi us grandes facilités pour recueillir ses moyens de défense et les faire valoir.

L’indépendance réclamée pour les causes judiciaires de l’Kylise, des clercs et des évéques, le pseudo-Isidore la réclame aussi pour soustraire aux convoitises des laïcs, ou même de certains clercs, les biens ecclésiastiques, garantie de liberté pour le pouvoir spirituel ; il sanctionne même ses réclamations par la menace ou la réalisation de peines graves, comme l’excommunication, contre ceux qui auraient empiété sur les droits de l'Église. Et si, alin d’assurer cette indépendance des personnes et des biens ecclésiastiques, le pseudo-Isidore se tourne si franchement vers Rome à laquelle il reconnaii, mieux qu’on n’avait fait jusque-là, le pouvoir suprême, c’est qu’une église particulière, comme toute parlie divisée, ne peut trouver un appui efficace que dans son centre.

II ne suffit même pas à l'Église d'échapper à l’asservissement extérieur. Il faut éviter aussi le péril de la désorganisation intérieure ; et le plus sûr moyen d’y parvenir, c’est de fortifier de plus en plus les cadres de sa constitution. Au degré inférieur, la subordination du curé, cbef de sa paroisse, a l'évêque, chef du diocèse, comme les soixante-douze disciples furent soumis aux apôtres. Au dessus des curés, et sans aucun intermédiaire, l'évêque élu par le clergé et le peuple, avec la présence effective ou tout au inoins le consentement du métropolitain et des comprovinciaux. Le compilateur insiste sur cette thèse, qu’il ne doit y avoir qu’un évéque par civitas ou district, et que cet évêque sera consacré par trois évéques de la province. Par là, seront exclus les eborévéques destinés à déebarger de leurs soucis les évéques oisifs : ordonnés en général par un seul évoque et sans titre épiscopal, ces eborévéques sont considérés comme de simples prêtres. Au contraire, l'évêque d’un diocèse qui a gardé l’ampleur des civilates antiques, c’est la colonne qui soutient le diocèse et qu’il est dangereux d'ébranler. La constitution du diocèse est donc monarebique : celle de la province est oligarchique ; le métropolitain n’en est pas le souverain absolu, il n’est que le président d’une oligarebie formée parles dix ou douze suilragants réunis en concile provincial.

On voit très bien que la place laissée au primat ou au patriarebe national dans cette organisation est très restreinte : primat ou patriarebe n’ont qu’une vaine apparence de vie et de pouvoir.

Une le but poursuivi par le pseudo-Isidore soit bien celui que l’on vient d’indiquer, c’est-à-dire donner une assise plus forte au pouvoir de l'évêque, garantir son sie^e. la liberté de Bon ministère, son avenir, ses

biens, en un mot assurer l’indépendance île I i diocésaine contre les violences de laïcs puissants et la faiblesse des comprovinciaux apeurés ou jaloux, tout le prouve, depuis la préface où le compilateur dit qu’il

publie sa collection alin que les évéques ses coll.

ne soient plus tourmentés par les méchants, jusqu’au

nombre même des canons 1701 qu’il a fabriqués alin de garantir les évéques contre les accusations injustes.

v. Patrie. — C’est de toute cette histoire le point sur lequel les discussions ont été le plus vives et l’accord le plus malais, ', n n’est guère de pays chrétien pour lequel on n’ait revendiqui le douteux honneur d’avoir

donné naissance à la compilait) I ce furent

ontemporains, trompés par le nom el

d’Isidore, crurent que la collection venait d Esp Cette opinion, abandonnée depuis quatre siècles au

moins, n' ; ( pins traîné dans les temps modernes qu’un seul partisan : l’abbé P. S. Ulan< liastique,

leçon b » : ', . 1867, t. ii, p. 196. La collection vient m peu d’Espagne qn on n’a pu découvrir dans ce pays aucun manuscrit des Fausses Décrétâtes du ix* au xii l’on a même pu dire qu’avant la découverte de l’imprimerie I Mir. ie du pseudo-Isidore y était restée inconnue.

D’autres, plus nombreux, ont prétendu que l'œuvre fut fabrique* ni les mêmes qui, ne voulant

remarquer dans la collection que les passages favorables au pape, s’en allaient répétant : It fecit cui prodi Les autres arguments qu’ils invoquaient n’ont pas la valeur qu’ils leur attribuaient : de la dépendance du pseudo-Isidore avec les capitula Angilramni on ne peut rien conclure, car on ignore la patrie des capitula, et la dépendance, facile à constater, avec le Liber ti/icalis, ne prouve pas davantage, ce dernier ouvrage se trouvant non seulement a Home, mais dans les principales églises et abbayes de France.

Nul aujourd’hui ne cherche plus la patrie du pseudoIsidore en Espagne ni à Rome, ni même en dehors de l’empire carolingien. D’une part, en efiet. le compilateur s’est servi, avee YHispana, de deux collections ayant des attaches particulières avec la France : la Dionysio-Badriana, envoyée par le pape Adrien à Cbarlema-ne, et la Quesnelliana, d’origine galloromaine. Il est évident, d’autre part, que si le pseudoIsidore a poursuivi un but, et le but que l’on vient de marquer, il a du le faire en vue d’un pas déterminé, où la situation de l'Église était précisément celle à laquelle les pièces fabriquées pouvaient porter remède : en vue d’un pays où les évéques étaient en butte aux persécutions des bues puissants, où ni leur personne, ni l’exercice de leur ministère, ni lindépendance de leurs biens n'étaient assurés, où l’on avait des exemples tout récents d'évêques accusés et déposés sans avoir pu se défendre. Enfin, les meilleurs et les plus anciens manuscrits de la collection, même le Vaticanus (vtO, l’un des plus intéressants, sont d’origine franque. C’est donc l’empire franc qui est la patrie du pseudoIsidore. Mais si l’unanimité s’est faite sur cette conclusion, elle ne l’est pas sur la province de l’empire franc où se trouvait l’atelier du faussaire. Les uns cherchent cet atelier dans la province de Mayence. d’autres dans celle de Reims, d’autres dans celle de Tours.

] Province de Mayence. — Elle eut « les partisannombreux dont le crédit est mjourd’hui très diminué. Voici les arguments que l’on fait valoir en sa faveur : 1. la parenté des Fausses Décrétâtes avec les capitulants de Itenoit Lévite qui se donne comme diacre de Mayence ; 2. le grand parti que le compilateur a tiré de la correspondance de saint Boniface, évéque de Mayence ;

: i. la conformité de vues entre les évéques de Mayence

qui désiraient vivement ressaisir les pouvoirs variée <i nombreux de saint Boniface, en particulier garder un nombreux cortège de suffraganls, el le pseudo-Isidore qui requiert pour le tropolilain une ville. in cienne et une donI. une au moins de suiïragants : or. depuis la mort de s, m fondateur, la metropol Mayence Be voyait morcelée de plus en plus. C'était, Sincmar l’atteste, une opinion reçue dans la seconde moitié du iv siècle, que la compilation venait de Mayence. Telle est la thèse de Blasco, de Marea, Baluxe, Knusl, Wasserschleben, Gocke, Pitra, Deniin On a répondu que ces arguments nom pas toute la valeur que ces historiens leur attribuent : car, I. nous ne gavons rien de la patrie ni de la personne de Benotl Lévite, el l’inscription à Otgar et a Mayence paraît bien