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EMMANUEL — EMPÊCHEMENTS DE MARIAGE


contemporains (veâviç) ; Terttillien, autre adversaire des Juifs, démontre le sens messiani ^ue de l’oracle d’isaïe. Ad. Judœos, ix, P. L., t. ii col. 618. A Celse, Origéne reproche son ignorance ou sa dissimulation au sujet du même texte, véritable prophétie de la conception virginale. Cont. Céls., i, 34, P. (’.., t. xi, col. 725. F.n un mot, le passage d’isaïe, iiv 14, est, clieL les Pères et les écrivains des premiers siècles, une preuve classique pour établir le miracle de la conception virginale. Il n’y a pas même lieu de faire une exception pour saint Augustin. Pli. Friedrich, Die M analogie des hl. A ugu<tiuus, Cologne, 1907. « Comme ses prédécesseurs, remarque à ce propos F. Cavallera, quand il avait à parler de la conception virginale et des prophéties qui l’annonçaient, tout naturellement saint Augustin songeait au texte déjà utilisé par l’auteur du premier Évangile et le citait. La seule différence…, c’est qu’il ne s’attarde jamais comme eux à discuter en détail, et à justifier l’interprétation chrétienne de ce texte prophétique. Saint Augustin le cite… huit fois. Se sentant en pleine possession de la vérité, il lui paraît suffire de le rapporter pour que force prohante lui soit acquise de plein droit. » Cf. Contra Faust um mauichseum, 1. XIII. c. iii, P. L., t. xlii, col. 282-283 ; De civilate Dei, I. XVIII, c. xlvi, P. L., t. xi.i, col. 608, etc. Voir F. Cavallera, Saint Augustin et la prophétie de la Vierge M ère, dans les Recherches de science religieuse, juillet-août 1910, p. 380-384. « Un antique monument des catacombes romaines confirme la tradition écrite. Dans une chambre sépulcrale du cimetière de Priscille que M. De Rossi fait remonter aux confins de l’âge apostolique, Marie est représentée assise, la tête à demi couverte d’un voile… et portant dans ses bras l’enfant Jésus… Debout à côté de la Vierge Mère, un homme tient d’une main un volume roulé, et montre de l’autre une étoile. Dans ce personnage jeune et austère, vêtu en philosophe, M. De Rossi reconnaît Isaïe. Cette image, peinte au plus tard dans la première moitié du n c siècle, est donc une illustrai ion de l’oracle d’isaïe. » Mangenot, Dictionnaire de laBible, au mot’Almdh, 1. 1, col. 391. Voir t. i, col. 2012.

Une tradition aussi solidement établie n’a guère varié au cours des siècles parmi les écrivains catholiques. Quelques voix discordantes seulement : au xiie siècle, celle d’André de Saint— Victor, qui, dans son Commentaire d’isaïe, expose, sansoser la réfuter, l’opinion des rabbins faisant de la mère d’Emmanuel, la femme du prophète, cf. Richard de Saint— Victor, P. L., t. exevi, col. 601606 ; au XVIIIe siècle, celle d’un professeur d’exégèse, Isen bielil, enseignant au séminaire de Mayence que la prophétie d’Emmanuel ne concerne pas le Messie, ni au sens littéral ni même au sens typique, et que par conséquent la citation de saint Matthieu n’est qu’une accommodation historique, ou plutôt une simple allusion. Plusieurs facultés de théologie censurèrent cette affirmation et l’ouvrage où elle se trouvait exposée ; celuici fut condamné par le pape Pie VI, pareequ’il renfermait doclrinam et iiropositiones respective falsas, temerarias, scandal()sas, perniciosas, erroneas, hxresi (aventes et hæreticas, avec défense de le lire sous peine d’excommunication réservée au souverain pontife. Bullarium romanum, de Pie VI, n. ccxxx, Rome, 1843, t. vi, p. 146. Cf. Vigouroux, Dict. de la Bible, art. Isenbiehl,

Les récentes polémiques soulevées par un article de la Revue d’histoire et de littérature religieuses, marsavril 1907, p. 147-134 ; cf. aussi Loisy, Les Évangiles synoptiques, Paris, 1907, t. i, p. 336-340, ont donné occasion à la tradition catholique de s’affirmer une nouvelle fois, en défendant le dogme de la conception virginale et son annonce prophétique dans Isaïe. Cf. L. de Grandmaison, dans 1rs Finîtes, 20 mai 1907, p. 503-527.

Quelques commentateurs, tant protestants que catholiques, pensent qu’au sens littéral et historique le pro phète parle d’un enfant connu de ses contemporains et qu’il n’a en vue la naissance du Messie qu’en un sens figuratif eu typique ; à l’appui on invoque l’autorllé de Grotius, de Calmet et quelquefois, mais à tort, de liossuel. La difficulté capitale de cette interj relation, c’est l’inaptitude absolue d’une conception et d’un enfantement d’après les lois ordinaires de la nature a figurer par avance la conception et l’enfantement d’une vierge.

Longtemps l’exégèse protestante. ! vu un oracle messianique dans les paroles d’isaïe au roi Achaz. Au xix’siècle encore, Rosenmiiller, Keil, Delitzsch, etc., ont été les défenseurs de l’interprétation traditionnelle, et de nos jours, Davidson, Driver, etc., en reconnaissent le bien fondé, mais de plus en plus elle est abandonnée pour l’une ou l’autre des opinions rapportées plus haut. Pour les uns, il n’y a dans le passage d’isaïe, iiv 14, que l’expression de la joie de la délivrance symbolisée dans le nom d’Emmanuel. Lichten berger, Encyclopédie des sciences religieuses, Paris, 1878, au mol Emmanuel ; Cheyne, Encyclopsedia biblica, Edimbourg, 1899-1903, au mot Immanuel. Pour les autres, il y est bien question de l’annonce de la naissance extraordinaire d’un libérateur, mais analogue à celle que l’on trouve dans les fables de la mythologie païenne, surtout de l’Ancien Orient. Alfred Jeremias, Babylonisches im Neuen Testament, Leipzig, 1905, p. 47 sq. ; Gressmann, Der Ursprung der isrælilisch-jùdischen Eschatologie, Gœttingue, 1905, p. 270. La réfutation de ces affirmations a sa place dans une étude sur la conception virginale. Cf. L. de Grandmaison, loc. cit. ; E. Mangenot, Les Évangiles synoptiques, Paris, 1911, p. 129-131, 136-139, et la bibliographie.

Les commentaires d’isaïe, anciens et modernes, dont les plus importants sont mentionnés dans l’ouvrage du P. Condamin, Le livre d’isaïe, Paris, 1905, p. xv-xviii ; les dictionnaires et encyclopédies Vigouroux, Dictionnaire de la liible, aux mots Almah et Emmanuel, tous deux de Mangenot ; Ilastings, A Dictiunary of the Bible, au mot Immanuel, de A. B. Davidsun ; Cheyne, Encyclopsedia biblica, au mot Immanuel, de Cheyne, les mots Messianisme, Prophéties, Jésus-Christ donnent aussi des indications sur le même sujet ; les théologies de l’Ancien Testament en général, et des livres prophétiques en particulier traitent, avec plus ou moins d’abondance, la question de l’Emmanuel.

Quelques ouvrages plus spéciaux : lîossuet, Explication de la prophétie d’isaïe sur l’enfantement de lasainte Vierge, dans ses Œuvres, édit. de Versailles, 1815, t. Ht, p. 1-29 ; Reinke, Die Weissagung von der Jungfrau und vom Immanuel, Munster, 1848 ; Fillion, Essais d’exégèse, Lyon, 1884, p. 1-99 ; Corluy. Spicilegium dogmatico-biblicum, Gand, 1884, t. i, p. 394-421 ; Mredenkamp, Vaticinium quod de Imm. edidit.les., 1880 ; Budde, Uebcr das siebente Cap. d. Duchés Jes., dans les Études dédiées à M. le D" Leemans, 1885 ; Giesebreeht, Die Immanuelweissagung, dans Studien und Kriliken, 1888. Voir aussi une série de dissertations citées dans Corneille de la Pierre, Cor>iment. Script, sac, Paris, 1866, t. xi, p. 197-198 ; cf. Perret, La prophétie d’Emmanuel, dans la Revue pratique d’apologétique du 15 octobre 1910, p. 81-99, et les travaux mentionnés au cours de l’article.

A. Clamer.

EMPÊCHEMENTS DE MARIAGE. — I. Notion et division de ces empêchements. II. Pouvoir de les établir. III. Dispenses qui peuvent y remédier.

I. Notion et différentes espèces.— 1° Notion. — L’empêchement de mariage est un obstacle légal, en vertu duquel le mariage ne peut être contracté validement ou au moins licitement.

L’empêchement est un « obstacle légal », c’est-à-dire une défense légitime, émanant de la loi naturelle, divine ou humaine. Il a pour effet juridique de rendre invalide, outoutau moins illicite, le mariage contracté avant l’enlèvement de cet obstacle. Il existe, en cll’et, deux genres d’empêchements de mariage : les uns, dirimants, qui non seulement s’opposent à ce que le mariage soit li-^ cite, mais encore l’invalident et le rendent impossible