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ÉMERY

IMMINENCE (METHODE D'

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mitigation de la peine des damnés, in-8 n. Tel est le titre de l'édition originale de cette dissertation à laquelle donna lieu un passage de saint Augustin, cité par Leibniz..Mais les exemplaires des Pensées de Leibniz qui la contiennent sont très rares, M. Émery qui pensait d’abord la donner en appendice ayant jugé dès le commencement du tirage plus prudent d’en différer la publication. L’abbé Jarry, ancien arebidiacre de Liège, en ayant rencontré quelques-uns chez un libraire de Munster, attaqua cette dissertation dans une brochure intitulée : Examen d’une dissertation sur la mitigation des peines des damnés, in-8 «, Leipzig, 1810. Cet opuscule de M. Emery a été réédité par P..1. Carie dans son ouvrage, Du dogme catholiquede l’enfer, in8 », Paris, 1842. - 15 » M. Émery a donnéde 1800a 1810 d’assez nombreux articles dans les Annales de l’abbé de Boulogne et dans les Mélanges de philosophie qui en sont la suite. Ces articles ne sont pas signés. M. L. lïerlrand dans {'Histoire littéraire de la Compagniede Saint-Sulpice, t. ii p. 26-27, en a dressé la liste. — 16° C’est sur les instances de M. Émery et guidé par ses conseils que le cardinal de Bausset composa l’Histoire de Fénelon et celle de Bossuet. Il eut part également à l'édition des Sermons choisis de Bossuet, publiée à Paris en 1803 par M. Clauselde Coussergues, et à l'édition abrégée du Génie du christianisme, 2 in12, Paris, 1804. Il a également publié les Lettres à vii évêque sur divers points de morale et de discipline concernant l'épiscopal (ouvrage de M. de Pompignan), 2 in-8°, Paris, 1802.

On a dans Barbier ou dans Quérard attribué à M. Émery quelques ouvrages qui ne sont pas de lui comme les Entretiens pacifiques de Marcier et de Clémile sur les affaires de la religion eu France (Amiens, 1802), œuvre de l’abbé Cazaintre du diocèse deCarcassonne ; les Témoignages de l’Eglise depuis les apôtres jusqu'à nos jours en faveur de lapromesse de fidélité, j 800-1802 ; l’Exposé des principes sur le serment de liberté et d'égalité, in-8°, Paris, s.d., en réalité œuvre de M. de Bausset publiée par l’abbé Godard, grandvicaire de Bourges, etc.

M. Emery a laissé en manuscrit plusieurs traités qu’il avait composés pendant qu’il était professeur à Orléans ou à Lyon : Traclalus de religione, de Ecclesia, île gratin, deaclibus humanis, legibus et peccatis, « les conférences et des mélangesde dissertations sur diverses questions théologiques, un bon nombre de lettres adressées à divers personnages. Au milieu des occupations multiples qui partagèrent ses soins, M. Émery trouvait le temps de correspondre avec les savants les plus éminents, traitant avec eux de science, de philosophie, de littérature, mais toujours avec une pensée plus ou moins dévoilée d’apologie de la religion. Avec Charles Bonnet, l’auteur de la Palingénésie sociale, il s’entretient de la philosophie de Malebrancbe ; avec l’abbé Sigorgne, de Descartes, Newton ou Leibniz, en particulier de l’explication donnée par cet abbé de la présence réelle selon le système de Leibniz ; avec le naturaliste André Deluc, sur la géologie, sur les joursépoques, sur les services que les sciences naturelles peuvent rendre à la religion ; avec l’helléniste Anse de Villoison, de certains ouvrages des Pères grecs ou de quelques auteurs grecs du moyen Age, etc.

L. Bertrand, Bibliothèque sulpicienne ou Histoire littéraire de la Compagnie de Saint-Sulpice, Paris, 1900, t. ii p. 10-35, 584-588 ; J. A. Gosselin, Vie de M. Émery, 2 in-8°, Paris, 18611862 ; SI" E. Méric, Histoire de M. Émery et de l'Église de France pendant la Révolution, 2 in-12, Paris, 1895 ; Picot, Notice sur la vie et les écrits de M. Émery, in-8°, Paris, s. d. 0'ette notice destinée h figurer en tête des Pensées de Descartes fut supprimée par la police, en sorte que les exemplaires qui la contiennent sont très rares) ; M" Depery, évêque de (iap, l’a reproduite et complétée dans la Biographie des hommes célèbres du département de l’Ain, 21n-8°, Paris et Lyon, 1835 ;

H. Icard, Observations sur quelques pages d’une Histoire de f Église relatives à la Compagnie de Saint-Sulpice, 2- édit., in-8*, Paris, 1887, p. 74, 87 ; Correspondance diplomatique et Mémoires inédits du cardinal Maury, publiés par M. Ricard, Lille, 1891, t. ii, p. 420-424 ; l’abbé Sicard, L’ancien clergé île France, 3 in-8°, Paris, 1903, t. iii, p. 519-550 ; Matériaux pour la vie de M. Émery, conservés en 12 in-fol. aux archives de Saint-Sulpice.

E. Levicsque.

ÉM1NENCE (MÉTHODE D'). Une fois admise la valeur du principe de causalité en dehors du monde des phénomènes, et posée à l’origine des choses l’existence du Parfait, de l’Acte pur, le philosophe doit essayer de caractériser l'Être premier que postule l’indigence des créatures. L’Ecole lui montre le chemin : elle se fait une notion rationnelle de Dieu par le triple procédé d’affirmation, de négation, d'éminence. Ces trois procédés s’appellent et s’enveloppent mutuellement : le dernier suppose les deux premiers et les complète ; le premier employé exclusivement conduirait à l’anthropomorphisme, le second à l’agnosticisme : seul le troisième aboutit à une connaissance positive moins indigne de Dieu, parce qu’elle le place explicitement au-dessus des limites et des contingences des conceptions humaines. C’est dire l’importance de ce procédé. La méthode d'éminence suppose une doctrine et appelle une terminologie appropriée. — I. Doctrine, méthode et langage de l'éminence au point de vue rationnel. II. Origine de la méthode et sa fortune.

I. Doctrine, méthode et terminologie. — 1° Doctrine. — Elle peut se résumer en cette phrase de saint Athanase : « Dieu est transcendant à tous les degrés de l'être créé et à toutes les catégories de la pensée humaine, » 6 -j-îp èxsévm « (Scott) ; o-Ja-ia ; xac àvÔpuTCÎvY) ; è-tvoJx- Û7càp-/iv. Oral. conl. génies, c. ii, P. G., t. xxv, col. 3. Elle se fonde sur l’analyse de l’idée de cause première et sur celle des concepts humains.

1. Eminence ontologique.

La causalité étant une communication d’un certain genre, la perfection de l’effet doit se retrouver dans la cause sous une forme quelconque, soit de la même manière, soit suivant une modalité supérieure : de la même manière, si l’agent est univoque, c’est-à-dire tend à produire un être de même espèce ; d’une manière éminente, si l’agentoccupe le rang d’une cause générale : ainsi le soleil contient ce qui s'épanouit sous son influence. Or, Dieu n’est point cause univoque ; il ne soutient avec ses créatures aucun rapport d’espèce ou de genre ; autrement il rentrerait dans la catégorie du fini et ne serait point ce que postule l’indigence de la créature. Il reste « que les perfections égrenées dans les créatures et dont chacune représente un aspect de l'être en acte, un acle défini et limité, une essence, devront se retrouver en lui, non telles qu’elles sont ici, mais à l'état de synthèse dans la virlualité totale de l’acte pur à la manière dont la lumière contient ce qui s'épanouit sous son influence. » Sertillanges, Agnosticisme ou anlhropomorp)nsme, ꝟ. 17. Cf. S. Thomas, Sum. Iheol., [ », q. IV, a. 2 ; q. XIII, a. 2 ; Cont. génies, 1. 1, c. xxviii. Ainsi Dieu n’est rien de ce qui est ou peut êlre : entre lui et sa créature, ni similitude d’espèce ou de genre, l’abîme infranchissable qui sépare le fini de l’infini ; il n’y a point cependant hétérogénéité absolue : comme cause première, Dieu est au-dessus du réel, mais le réel soutient avec lui un rapport, une proportion, une affinité ; Dieu est en infiniment mieux ce qu’est sa créature. En cela consiste son eminence ontologique. Cf. S. Thomas, Sum. Iheol., I", q. iv, a. 3, ad 1 » "> et 2>"' Elle fonde son eminence logique.

2. Eminence. logique. — S’il est un cas où la définition scolaslique de la connaissance : Aihequatio rei et intellectus ne s’applique pas, c’est dans le cas de Dieu. Nous n’avons de Dieu aucune connaissance directe et immédiate ; nous n’avons de lui ni intuition sensible.