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EMERY

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premières études au collège de Gex, tenu par les carmes, et termina ses humanités à celui des jésuites de Mâcon. Après avoir suivi le cours de philosophie au séminaire Saint-Irénée de Lyon, il vint à Paris, le 8 octobre 1750, étudier la théologie dans la petite communauté dite des Bobertins, dépendante du séminaire de Saint-Sulpice, et en même temps il y reçut les ordinations depuis la tonsure jusqu’au diaconat, qui lui fut conféré le 4 juin 1757. Au mois de novembre suivant, il entra à la Solitude ou noviciat de la Compagnie de Saint-Sulpice et y reçut la prêtrise le 11 mars 1758. Envoyé d’abord en 1759 au séminaire d’Orléans pour y professer la théologie dogmatique, il passa en 1764 à celui de Lyon pour l’enseignement de la morale, tâche particulièrement délicate en face de l’archevêque M. de Montazet et des partisans de l’appel. Avant de commencer son cours, il se lit recevoir docteur en théologie à l’université de Valence, 27 octobre 1764. Nommé supérieur du séminaire d’Angers au mois d’avril 1776, il fut élu assistant de la Compagnie de Saint-Sulpice l’année suivante, le 10 septembre 1782 supérieur général. A la prière de M. de Juigné, archevêque de Paris, il obtint l’abbaye de Notre-Dame de Boisgrosland, au diocèse de Luçon, 25 janvier 1781. Dans le gouvernement du séminaire et de la Compagnie, il montra un heureux mélange de prudence, de sagesse et de fermeté ; mais ses éminentes qualités se signalèrent surtout dans les circonstances difficiles où il se trouva jeté durant la Révolution et sous l’Empire. Chargé par M. de Juigné qui émigrait de prendre avec les vicaires généraux le gouvernement du diocèse de Paris, il y eut la part la plus importante en particulier dans la question des différents serments exigés successivement par l’autorité civile. Arrêté deux fois, le 19 mai et le 16 juillet 1793, et la seconde fois enfermé à la Conciergerie, cité devant le tribunal révolutionnaire, il ne perdit jamais le calme et la pleine possession de lui-même, consolant et fortifiant ses compagnons de captivité, les ramenant à Dieu comme Lamourette et Fauchet, et en préparant un grand nombre au sacrifice chrétien de leur vie. Le 25 octobre 1794, il fut rendu à la liberté. Dès que les circonstances le permirent, en septembre 1800. M. Kmery rétablit le séminaire en réunissant quelques jeunes gens à la Vache noire, rue Saint-.lacques ; au mois d’octobre 1803, il le transféra rue Notre-Dame-desChamps, à l’endroit où s'élève actuellement le collège Stanislas, et l’année suivante dans la maison de l’Instruction chrétienne, rue du Pot-de-Fer (où se trouvent les jardins du séminaire Saint-Sulpice, dans le haut de la rue Bonaparte). C’est là qu’il demeura jusqu'à ce que le 11 juin 1810 un ordre impérial l’expulsât du séminaire. Napoléon avait cependant grande estime de son mérite ; il l’avait nommé le 16 septembre 1808 conseiller titulaire de l’Université ; il avait voulu qu’il fût de la commission ecclésiastique de 1809 et de celle de 181 1, où ce simple prêtre, dans la séance du 17 mars, sut montrer tant de sagesse et de courage pour défendre les droits du Saint-Siège. Ce qui fit dire à Talleyrand : « M. Émery a l’adresse de dire franchement la vérité à l’empereur sans lui déplaire. » Un mois après environ, le 28 avril 1811, M. Kmery mourait au séminaire où il était revenu depuis le H. Banum certamen cet-tans obiil, comme le dit l’inscription gravée sur sa tombe, dans le petit cimetière attenant à la chapelle de Lorette du séminaire d’Issy.

Voici la liste de ses ouvrages, relatifs à la théologie et à l’apologétique : 1° Esjn-it de Leibnilz, ou Recueil de pensées choisies sur la religion, la morale, l’histoire, la philosophie, etc., extraitesde toutes ses œuvres latines et françaises, 2 in-12, Lyon, 1772 ; traduit en allemand par Brung, l’ouvrage fut imprimé à Wittemberg en 1775-1777, 4 in-8°. Une seconde édition considérablement augmentée forme 2 in-8°, Paris, 1803 ;

elle a été reproduite par Migne dans les Œuvres complètes de M. lîmery, in-4°, 1857. Dans l'édition donnée à Bruxelles en 1838, 2 in-12, on a fait plusieurs changements ; en particulier on a ajouté une nouvelle collection des Pensées de Leibniz, recueillie plus tard par M. Emery, réimprimée en 1819 à la suite du Systema Iheologicum ou Exposition de la doctrine de Leibnitz sur la religion. — 2° L’Esprit de sainte Thérèse, recueilli de ses œuvres et de ses lettres avec ses opuscules, ouvrage également utile aux personnes régulières et séculières qui aspirent à la perfection, in-8°, Lyon, 1775 ; plusieurs nouvelles éditions ont élé faites en un in-8°ou en 2 in-12, en 1819, 1820, 1825, 1829, 1835, 1836, et dans le volume de Migne en 1857. — 3° Lettres (deux) au R. I'. La Lande, prêtre de l’oratoire, sur son Apologie de la Constitution civile du clergé, in-8°, Paris, s. d. (1791). — Troisième lettre au H. P. Lalande sur sa réponse aux deux premières lettres, in-8°. — 4° Principes de MM. Bossuet et Fénelon sur la souveraineté, tirés du 5e avertissement sur les lettres de M. Jurieu, et d’un Essai sur le gouvernement civil, in8", Paris, 1791. Le P. Querbeuf n’est pas l’auteur de cet ouvrage, comme le supposent Barbier, Quérard et le P. de Backer, mais seulement l'éditeur. Cf. L. Bertrand, Bibliothèque sulpicienne, t. ii p. 18. — 5° Observations sur la lettre d’un vicaire général île Toulouse, relative au serment de liberté et d'égalité, in-8°, Paris, s. d. (1795). — 6° Entretien eu forme de dialogue sur 1rs préjugés du temps contre la religion, in-8°, Paris, s. d. (1796). — 7° Mémoire sur cette question : Les religieuses peuvent-elles aujourd’hui, sans blesser leur conscience, recueillir île* successions et disposer par testament ? in-8°, Paris, s. d. (1797). Un le trouve à la fin du recueil des Œuvres de M. Émery, ('dite par Migne. U ne faut pas le confondre avec celui qui a élé inséré dans le corps du volume sous un titre à peu près semblable et qui n’est certainement pas de M. Emery. — 8° Le christianisme île François Bacon, chancelier d’Angleterre, ou Pensées et sentiments de ce grand homme sur la religion, i in-12, Paris, an VII (1799). Cet ouvrage a été vivement attaqué dans le t. xvni des Démonstrations évangéliques, publiées par.Mi^ne, col. 1013-1018. M. Gosselin a répondu à ces reproches dans la Vie de M. Emery, t. ; , p. 485-438. — 9° La conduite l’Eglise dans la réception des ministres de la religion, qui reviennent île l’hérésie ou du schisme, in-8°, Paris, 1800. Attaqué par un anonyme (l’abbé Aimé Guillon) dans la Politique chrétienne. novembre et décembre 1800, janvier 1801, M. rmiery répondit dans V Avertissement sur lu set-mule édition, qui parut revue et augmentée en 1801, in-12. — 10° Défense de la révélation contre les objections des esprits forts par M. Euler, suivie des pensées de cet auteur sur la religion, in-8°, Paris, 1805 ; nouvelle édition, Montpellier, 1825.— 11° Défense de l’Essai sur la tolérance, de M. Duvoisin, évêque de Nantes, contre les attaques île M. [Lambert], in-8°, Paris, 1805. Ce P. Lambert dominicain avait publié ; Lettre d’un théologien à M. l'évêque de Nantes, dans la Bibliothèque du cat/iolique et de l’homme degoùlde M. Lucet. — 12° Nouveaux opuscules de M. l’abbé Fleury, in-12, Paris, 1807. Corrections etadditions pour les Nouveaux opuscules de l’abbé Fleury, in-12, Paris, 1809. Les corrections et additions ont été fondues dans l'édition suivante : Nouveaux opuscules de M. l’abbé Fleury, 2 1 ' édit., in-12, Paris, 1818. — 13° Pensées de Descartes sur la religion et la morale, in-8°, Paris, 1801. Entête de cet ouvrage dont l’impression n'était pas achevée quand l’auteur mourut, M. Picot, rédacteur de L’ami de la religion, mit une Notice sur la vie et les écrits de M. Émery. Une2, î édition parut, in-8°, Tours, 1870. — 14° Éclaircissement pour la page 303 du premier volume des Pensées de Leibnitz, ou Dissertation sur ta