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ÉMANCIPATION — EMBRYOLOGIE SACRÉE’2404

montre indigne. Et toutefois l’émancipation ne peut lui être retirée qu’autant que, sur sa demande, des obligations par lui contractées ont été jugées excessives el réduites comme telles (art. 185).

Les dispositions législatives dont nous avons parlé jusqu’à présent, concernant la capacité civile des citoyens, n’ont rien de contraire au droit naturel, et donc obligent en conscience.

C. Antoine. EMBRYOLOGIE SACRÉE. — I. Définition. II. Devoirs par rapport à la vie naturelle des embryons humains. III. Devoirs par rapport à leur vie surnaturelle. I. Définition.

L’embryologie, de k’p.êpuov, embryon, X6y°Ci traité, est la science dont le but est d’étudier la formation des embryons dans le sein maternel, leurs développements successifs dans l’organisme qui les contient, et leur vie intra-utérine depuis la fécondation de l’ovule, ou conception, jusqu’à la naissance. Le mot embryon vient lui-même des deux mots grecs, àv, dans, fSp’jeiv, germer.

L’embryologie sacrée, celle dont nous avons à nous occuper ici, est une partie de la tbéologie morale. Elle considère non seulement le porps, comme l’embryologie d’ordre strictement médical, mais aussi et surtout l’âme des embryons humains. Elle fixe l’ensemble et l’étendue des devoirs incombant à certaines catégories de personnes, en raison des droits que les germes vivants, renfermés encore dans les entrailles de leur mère, ont à l’existence naturelle et au salut éternel.

Quelque minuscule que soit un fœtus, ne présenterait-il encore aucune apparence humaine, si une àme immortelle l’anime, les parents, comme aussi, quoique à des degrés divers, les curés, confesseurs, médecins, sages femmes, etc., ont l’obligation grave de ne rien négliger pour assurer à ces êtres vivants le bienfait de la continuation de la vie naturelle, et celui de leur régénération spirituelle par la grâce. Dieu veut le salut de tous les hommes, grands et petits. I Tim., ii, 4. C’est donc, à la fois, un précepte naturel et divin, que le produit de la conception ne soit pas volontairement troublé durant le temps de la gestation. Il doit pouvoir évoluer normalement, atteindre sa maturité et venir au jour, afin de vivre de la double vie de la nature et de la grâce. Le frustrer de l’une ou de l’autre est un crime. Plus cet être, vu sa faiblesse, est dénué de moyens de défense, plus il a droit à la protection de tous, mais de ceux-là surtout qui l’ont engendré, ou qui ont charge d’âmes.

II. Devoirs par rapport a la vie naturelle df.s EMBRYONS HUMAINS. — 1° Suivant les lois fixées par le créateur, l’enfant vient au monde vers la fin du neuvième mois qui suit la conception. Mais, dans l’immense majorité des cas, c’est avec le commencement du huitième mois de la vie intra-utèrine, que coïncide le développement organique nécessaire pour la continuation possible de la vie. Si donc un fœtus est rejeté du sein maternel avant la fin du septième mois, en supposant qu’il soit vivant au moment de la naissance, il ne tardera pas, le plus souvent, à succomber, malgré les soins les plus assidus dont on l’entourera. Cf. Preyer, Physiologie de l’embryon, in-8°, Paris, 1887 ; Jaccoud, Nouveau dictionnaire de médecine et de chirurgie, 40 in-8 », Paris, 1889, v Fœtus, t. xv, p. 15 ; v° Viabilité, t. xxxix, p. 446 sq. ; Mathias Duval, Atlas d’embryologie, in —4 », Paris, 1889.

Provoquer l’accouchement prématuré d’un foetus humain, vers le septième mois, c’est donc vouloir la mort de cet être qui, dans les conditions ordinaires de l’évolution embryonnaire, est déjà certainement vivant. C’est donc commettre un homicide. Voir AvORTEMENT, t. i, col. 2644-2652.

2° Mais, dans l’état actuel des sciences physiologiques, l’opinion communément reçue et qui paraît la plus sûre,

esl que l’animation du fœtus est immédiate, c’est-à-dire que l’âme est créée par Dieu et unie à l’embryon humain, au moment même de la conception. Voir Animation, t. i, col. 1305-1320. Il en résulte que le fœtus, à tout âge, est déjà homme, et que son expulsion volontaire avant terme est un crime d’homicide, non seulement quand elle a lieu vers le septième mois, mais encore quand elle est provoquée à n’importe quelle époque de la grossesse, serait-ce même très peu de temps après la conception. Du moment, en effet, que le fœtus a reçu le principe vital, c’est-à-dire l’âme immortelle, il est impossible d’assigner, sous ce rapport, aucune différence entre l’enfant qui vient de naître et le fœtus de quelques mois, ou même l’œuf humain fé’condé depuis quelques heures à peine. Cf. Escbbach, Disputationes physiologico-theologicie, tum medicis chirurgie, tum theologis et canonistis ulilts, in-8°, Rome, 1901, disp. III, part. I, p. 208-272 ; Coppens, Morale et médecine, Conférences de déontologie médicale, traduites de l’anglais par Forbes, in-8°, Einsiedeln, 1904, p. 55 sq. ; Lehmkuhl, Theologia moralis, part. ii, I. I, tr. II, c. iii, n. 74, 2 in-8°, Fribourg-en-lirisgau, 1902, t. ii p. 57 sq. ; Génicot, Theologise moralis institutiones, tr. VI, c. IV, § 1-2, n. 372-379, 2 in-8°, Louvain, 1905, t. i, p. 354-360.

: i " lîien plus, pour éviter cette expulsion avant terme

et si préjudiciable à la vie de l’enfant, les mères enceintes sont obligées en conscience à une très grande prudence. C’est pour des négligences de ce genre que, suivant l’enseignement des sciences médicales et physiologiques, une foule de germes vivants sont détruits et précipités dans la tombe, sans jamais avoir eu un berceau. Ces accidents arrivent surtout dans les premières semaines après la conception. Le fœtus n’a alors que de quatre à six millimètres de longueur ; il pèse quelques grammes à peine, et n’est représenté que par une masse homogène grisâtre, gélatineuse, allongée, et recourbée en demi-cercle. Cf. Jaccoud, Nouveau dictionnaire de médecine et de chirurgie, v° Fœtus, t. XV, p. 12 ; Sappey, Traité d’anatomie descriptive, 4e était., 4 in-4°, Paris, 1889, Embryologie, sect. II, c. II, t. IV, p. 809 sq., 844 sq. En cet état, il n’est que trop souvent rejeté, sans que la mère s’en aperçoive, avec quelques caillots de sang. D’après plusieurs auteurs, le nombre de germes ainsi détruits est incalculable : il dépasse de beaucoup celui des naissances normales. Ce seraient donc des nations entières qui sans interruption seraient fauchées par la mort et anéanties avant de venir à la lumière. S’il en est ainsi, comment ne pas gémir sur ces millions d’infortunés lues si peu de temps après leur conception, et privés à tout jamais du bonheur éternel ! Cf. Jaccoud, Nouveau dictionnaire de médecine, v° Avortement spontané, t. iv, p. 305-328.

Les causes de cette clfrayante mortalité sont multiples. Elles proviennent quelquefois du tempérament de la mère, ou de sa constitution physique, de sa trop grande jeunesse, ou aussi de son âge trop avancé. Parfois, c’est une disposition héréditaire et maladive ; d’autres fois, c’est l’influence d’un climat trop âpre ou trop débilitant, les changements brusques de température ; une vive émotion, une impression de tristesse, de trouble ou de joie, l’usage de vêtements trop’serrés, surtout des corsets qui compriment la poitrine et la laille. Ce sont aussi des travaux trop pénibles pour une femme, surtout quand elle est dans cet état : travaux qui nécessitent des efforts ou des exercices violents, des mouvements brusques et saccadés, comme, par exemple, ceux de la machine à coudre activée par le mouvement du pied, la marche, les danses, les bals, l’équitation, les voyages en voitures mal suspendues ou en chemin de fer. Les accidents de cette nature arrivant d’ordinaire dans les premiers temps qui suivent la conception, on ne saurait dire combien la mode des voyages